Chapitre 90
Les batailles
La trinité militaire de l'islam
Le blocus commercial imposé par Muhammad a pour résultat trois confrontations majeures entre les musulmans et les Mecquois. Les trois batailles sont chacune de type très différents: une victoire inespérée, une défaite humiliante et une “drôle de bataille” sans combat. Les trois événements sont des contextes favorables pour la “descente” de versets coraniques très à propos. Les interventions surnaturelles et les gestes magiques sont aussi récurrents.
Cette trinité de la tradition militaire musulmane est décrite avec un luxe de précisions. Mais cela ne doit pas faire oublier que tout ceci est une question de religion137 .
§ 576. — La “ Mère des Batailles”: Badr.
C’est un autre épisode138 essentiel de la naissance de l’islam, qui va conditionner ses rapports avec les infidèles pour plusieurs siècles 139et qui a même des répercussions doctrinales140 .
Il s’agit à l’origine d’un raid de pillage organisé par Muhammad contre une caravane des Mecquois revenant de Syrie, au niveau d’un petit point d’eau141 . L’interception dégénère en petite bataille rangée du fait de l’intervention d’un colonne de secours. Mais peu habitués au combat, les marchands mecquois cèdent devant un adversaire moins nombreux, mais résolu, avide, organisé. Les musulmans récupèrent un butin important, des prisonnier à rançonner, et massacrent plus d’un vingtaine de chefs mecquois, affaiblissant du coup pour longtemps la capacité de réaction de la cité. C’est l’occasion pour Muhammad de venger les affronts subis pendant sa prédiction mecquoise. A partir de ce moment, Muhammad et sa petite bande prennent de l'assurance : les "Hypocrites" médinois sont maintenant surveillés, et les reproches contre les juifs commencent à pleuvoir dans le Coran142 .
Le chroniqueur principal, Tabari, semble ravi de conter cet épisode, et il est particulièrement à l’aise dans la description des scènes de combat. Il l’est moins quand il faut évoquer l’attiude de Mohammad à l’égard des puits, qui sont comblés et qui servent de fosse commune aux chefs ennemis.
Depuis, Badr est pour les musulmans l’archétype de la victoire militaire sur les infidèles. Ainsi, le nom de code de l’offensive des troupes de Sadate sur le canal de Suez, contre Israël, est encore Badr, quelques 1300 ans plus tard.
1. — La portée théologique de la bataille.
Ce combat médiocre par le nombre des effectifs en présence obtient un retentissement énorme dans la culture musulmane puisqu’il constitue la première victoire sur les infidèles, miraculeuse puisqu’inespérée: elle serait donc due à l’intervention d’Allah, de Gabriel, et des anges. De nombreux versets du Coran font référence à l’épisode.
Résumé de l’action.
(Yaqut, Buldan I).143
Un combat célèbre par lequel Allah fit triompher l’islam et trancha entre la vérité et le mensonge.
Le soutien d’Allah.
(Tabari, Tafsir 4/78).
Allah a promis aux Muhammad le jour144 de Badr qu’il les assisterait dans leur combat, à la condition qu’ils continuent d’être obéissants envers lui, et qu’ils évitent ce qu’il interdit. Mais ils le firent seulement le jour du combat du fossé145, et il les assista aussi quand ils assiégèrent les Banu Nadir et Banu Qurayza.
2. — La cible: la caravane des Quraysh.
Chaque année, deux caravanes de la Mecque vont et viennent de Syrie, pour faire le lien entre la Méditerranée et l'Arabie dite "Heureuse". Elles concentrent sur le dos des chameaux une fortune considérable en marchandises et en argent.146
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 137).
Dans la seconde année de l'hégire, le premier jour du mois de ramadan, le prophète fut averti qu'une caravane mecquoise, chargée de nombreuses marchandises, venait de Syrie sous la conduite d'Abu Sufyan, ibn Harb ibn Amir ibn As147, et d'autres personnages considérables de la Mecque. Dans le livre des Expéditions148, il est dit qu'ils étaient en tout soixante et dix personnes. Cette nouvelle fut apportée au prophète par Gabriel, qui lui dit:
- Pars à la recherche de la caravane ; elle passera près des puits de Badr, elle ne peut pas éviter de passer par cet endroit.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 427).
Plus tard, l’envoyé apprit qu’Abu Sufyan ibn Harb arrivait de Syrie avec une grande caravane des Quraysh, transportant leur argent et leurs marchandises, accompagnée par vingt ou trente hommes, parmi lesquels Makrama ibn Nawfal (...) et Amir ibn al As (...).
3. — L’attaque de la caravane.
Tout est raconté avec un luxe de détail, qui fait presque oublier que Badr n'est qu'un acte de brigandage qui dégénère en petite bataille.
(Corpus coranique d'Othman 8/7-8). 149
Rappelez-vous quand Allah vous promettait qu’un des deux groupes150 serait à vous, quand vous désiriez que fut à vous le groupe non redoutable151 , alors qu’Allah voulait réaliser la vérité par son arrêt et exterminer jusqu’au dernier des infidèles, tout cela afin de réaliser la vérité et d’anéantir le faux, en dépit des coupables.
Discours avant la bataille.
(Corpus coranique d'Othman 8/20-29).152
Ô vous qui croyez153 !
Obéissez à son apôtre!
Ne vous détournez point de lui alors que vous entendez!
Ne soyez pas comme ceux qui ont dit : nous avons entendu , alors qu'ils n'entendent point.
Les pires des êtres, aux yeux d'Allah, sont les sourds et les muets qui ne raisonnent point.
Si Allah avait reconnu en eux quelque bien, il les aurait fait entendre.
Mais même s'il les avait fait entendre, ils se seraient détournés et se seraient écartés.
Ô vous qui croyez!, répondez à Allah et à l'apôtre, quand celui-ci vous appelle vers ce qui vous fera vivre!
Sachez qu'Allah s'interpose entre l'homme et son coeur et que, vers lui, vous serez rassemblés!
Préservez-vous d'une tentation d'abjurer qui n'atteindra pas spécialement ceux qui parmi vous auront été injustes !
Sachez qu'Allah est terrible en son châtiment!
Rappelez-vous quand vous étiez peu, abaissés sur la terre, craignant que les gens ne vous ravissent!
Allah vous a alors donné refuge.
Il vous a assistés de son secours.
Il vous a attribué d'excellentes nourritures, espérant que peut-être vous serez reconnaissants.
Ô vous qui croyez!, ne trahissez ni Allah ni l'apôtre! sans quoi vous tromperiez la confiance mise en vous, alors que vous vous trouvez savoir.
Sachez que vos biens et vos enfants sont tentation! alors qu'auprès d'Allah est une immense rétribution.
Ô vous qui croyez!, si vous êtes pieux envers Allah, il vous donnera une salvation, vous fera remise de vos mauvaises actions et vous pardonnera.
Allah est détenteur de la faveur immense.
Le départ de la bande.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 137).
Le prophète fit réunir ses compagnons et donna l'ordre de partir dans le temps même du jeune.
-Allah m'a promis, leur dit-il, de me livrer leurs biens, de glorifier ma religion et de nous rendre maîtres de leurs personnes.
Il ne leur dit point:
-Nous prendrons la caravane.
Mais les hommes pensèrent qu'ils la prendraient et qu'ils n'auraient pas de grands efforts à faire. Soixante et dix hommes partirent en toute hâte. Le lendemain, le prophète, après avoir établi comme son lieutenant à Médine Abu Lubaba ibn Abdul Mundhir, partit lui-même avec trois cent seize hommes.
D'après une autre version, il n'avait avec lui que trois cent treize hommes, ou, d'après une autre plus exacte, trois cent quatorze hommes. Ils partirent précipitamment, sans prendre leur armement complet. Deux d'entre eux avaient des chevaux, soixante et dix étaient montés sur des chameaux, les autres étaient à pied. Le prophète montait sa chamelle nommée Adhba, ainsi appelée parce qu'on lui avait fendu les oreilles154. Ces troupes étaient composées de soixante et dix-huit muhajir et de deux cent trente-six ansar155.
(Corpus coranique d'Othman 9/92).
Il n'y a pas de raison pour s'en prendre à ceux qui, venus à toi, pour que tu leur fournisses une monture, et auxquels tu dis:
-Je ne trouve aucune monture à vous donner.
...sont repartis les yeux débordants de larmes, tristes de ne pouvoir en faire la dépense.
Liste de participants à la bataille de Badr.
(papyrus égyptien de Khirbet al Mird, VIIIème siècle).156
Ce texte est un des tout premiers documents musulmans, chronologiquement, et presque le seul à ne pas dépendre de la Tradition officielle. Mais il est parvenu dans un état très fragmentaire. Il serait l’oeuvre d’un chroniqueur ou d’un commentateur de chroniques. En soi, il n’apporte pas grand chose. On note tout de même pour la première attestation d'un certain Muhammad “ de la Mecque”157 .
Et A... Waqid ibn Abdallah... et son messager...depuis at Tak et Shar.... appartenant aux Banu Adiyy ibn Kab... appartenant aux Banu... al Mughira et Hakam ibn Sh. Quatorze mois après le mois de muharram le noble... Ils sont partis de... pour Badr et... Muhammad pour Badr. Alors ils se sont rencontrés à Badr... à environ dix-huit mois du noble muharram. Muhammad de la Mecque, et les Quraysh... et de la Mecque, mille hommes en petits groupes. Et Majid ibn...
4. — Les secours mecquois.
Conscients du danger que courent leur caravanes et la fortune de chacun, les Mecquois réagissent. Mais on sent qu'ils ne sont guère habitués à ce type d'opérations. Il est rare d'être à la fois bon marchand et bon guerrier.
Les textes présentent l'ensemble des tractations, débats et décisions qui ont lieu dans la petite république marchande de la Mecque.
Opération de renseignement.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 138).
Il leur ordonna de se rendre auprès des puits de Badr et d'y prendre des informations sur la marche de la caravane. Les Arabes, dans le désert, ont la coutume, quand une caravane vient faire halte près d'un puits ou à une station, d'y apporter des provisions et des vivres, pour les vendre aux gens de la caravane, et de faire avec eux des affaires, en vendant et en achetant. Arrivés près de Badr, les deux Banu Johayn y virent un homme qui avait apporté des provisions et qui les avait déposées là, en attendant la caravane. Ils s'approchèrent du puits, firent coucher leurs chameaux, et vinrent pour interroger cet homme. Alors ils aperçurent deux femmes qui s'adressaient réciproquement des réclamations. L'une disait à l'autre :
-Rends-moi l'argent que tu me dois.
L'autre répondait:
-Demain la caravane arrivera près de ce puits, je vendrai quelque chose et te rendrai ton argent. Les deux émissaires, en entendant ces paroles, ne dirent rien, remplirent d'eau leurs outres, montèrent sur leurs chameaux, partirent et vinrent avertir le prophète.
L’enquête sur les brigands de Yathrib.
(Tabari, Histoire des prophètes III 139).
Ils n'eurent pas plus tôt quitté le puits, qu'Abu Sufyan et Amir ibn As, y arrivèrent, seuls de leur caravane. Abu Sufyan, en passant sur le territoire de Yathrib158 , s'était enquis des mouvements du prophète et de ses compagnons. S'étant avancé encore de deux étapes, il avait quitté la caravane en disant à ses gens:
-Restez ici, j'irai au puits de Badr pour m'enquérir si quelqu'un de Yathrib, des compagnons de Muhammad, est à la recherche de notre caravane.
Abu Sufyan et Amir ibn As, vinrent donc à Badr, donnèrent de l'eau à leurs chameaux, burent eux-mêmes, remplirent leurs outres et questionnèrent l'homme qui était assis près du puits. Interrogé par eux sur son nom et sur le nom de sa tribu, il leur dit qu'il s'appelait Medji, fils d’Amir, des Banu Johayna. Abu Sufyan lui demanda ensuite:
-As-tu quelques renseignements sur les brigands de Yathrib159 ? Est-ce que quelqu'un d'entre eux est venu à ce puits avant nous?
Mejdi répondit:
-Tout à l'heure deux hommes y sont venus, ont bu, ont abreuvé leurs chameaux, sont remontés sur leurs montures et sont repartis.
-Ne t'ont-ils rien dit ? demanda Abu Sufyan.
-Non.
Abu Sufyan demanda ensuite à quel endroit les chameaux étaient restés. S'y étant rendu, il trouva leur crottin ; en prenant un peu, il l'éparpilla. Des noyaux de dattes en sortirent. Il dit à Amir ibn As:
-Ces hommes étaient de Médine ; Muhammad est sur nos traces, lui ou des gens envoyés par lui.
-Comment le sais-tu? lui demanda Amir.
Abu Sufyan dit:
-Les gens de Médine, seuls dans le Hedjaz, donnent à manger aux chameaux des noyaux de dattes. Ils remontèrent ensuite sur leurs chameaux et revinrent à l'endroit où était leur caravane, à deux étapes de Badr.
Abu Sufyan engagea immédiatement un homme nommé Dhamdham ibn Amir, de la tribu de Ghifar, qui possédait un chameau très rapide, et le dépêcha à la Mecque. Cet homme promit de s'y rendre en trois jours, quoique la caravane en fut éloignée de six journées de marche. Abu Sufyan lui recommanda, quand il entrerait dans la ville, de crier au secours. Il lui dit:
-Rends-toi sur le mont Abu Qobays160 , et crie, de façon à être entendu de tous les habitants de la Mecque, que tu es parti, envoyé par moi, de telle station, pour leur annoncer que Muhammad et les brigands de Médine161 sont sur mon chemin, et que, s'ils tiennent à leurs biens, ils arrivent ; sinon, qu'ils ne trouveront plus rien.
Dhamdham partit, la caravane restant à la distance de deux étapes de Badr, de même que le prophète, qui l'attendait à son passage près des puits.
L’organisation des secours mecquois.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 140).
Le lendemain, Abbas162 vint au temple163 et alla s'asseoir à sa place. Les Quraysh avaient pris place, chacun dans un cercle. Tout à coup des cris se firent entendre dans la vallée, et tous se précipitèrent hors de la ville dans la direction de la voix. Pendant ce temps, Abbas accomplissait ses tournées autour du temple. Ces cris étaient poussés par Dhamdham, qui était arrivé et qui fit comme Abu Sufyan le lui avait ordonné. Il alla au haut du mont Abu Qobays, et cria de façon à être entendu de tous les habitants. Ceux-ci furent stupéfaits ; car il n'y avait pas un seul chef de famille qui n'eut dans la caravane un capital.
Abu Jahl, Oqba et les principaux Quraysh firent proclamer une levée générale. On fit en deux jours les préparatifs de guerre et l'on partit le troisième jour. Tous les chefs et grands personnages de la Mecque prirent part à l'expédition, ou envoyèrent des hommes à leur place, sauf la tribu des Banu Adi ibn Kab, qui étaient des personnages considérables et n'étaient pas soumis à Abu Jahl et à Oqba ; en outre, ils n'avaient pas de marchandises dans la caravane.
(...)
Le troisième jour après l'arrivée de Dhamdham, mille hommes sortirent de la Mecque, piétons et cavaliers, montés sur des chevaux arabes et sur des chameaux de course, tous complètement armés. A la porte de la ville, Abu Jahl inscrivit les noms de tous les hommes qui composaient l'armée. Tous étaient pleins de joie et dirent:
-Muhammad pense qu'il en sera d'Abu Sufyan comme d’Amir ibn al Hadhrami, dont la caravane venant de Ta’if, chargée de quelques fruits, de dattes et de raisin, et escortée de quatre hommes, a été enlevée, et lui-même tué par les quelques hommes envoyés par Muhammad. Nous lui montrerons aujourd'hui comment nous protégeons nos biens et notre religion, et comment nous arracherons les hommes de ses mains. Ils emmenèrent avec eux le frère d’Amir ibn al Hadhrami, et lui dirent:
-Nous allons venger la mort de ton frère, nous allons tuer celui qui a accompli le meurtre et celui qui l'a ordonné.164
La colique et les fesses jaunes...
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 146).
Oqba répliqua :
- Ton frère n'est pas assez important pour qu'il faille faire la guerre pour lui avec ce grand nombre d'hommes. Si tu veux quitter la tribu des Abd Shams, quitte-la ; dégage-toi de tous liens avec elle, si tu veux, et va où tu voudras.
Amir vint dire ces paroles d’Oqba à Abu Jahl, qui, se trouvant au milieu de plusieurs hommes, dit :
-”Oqba a la colique”, expression proverbiale, chez les Arabes, pour dire que quelqu'un a peur. Abu Jahl avait le sobriquet “aux fesses jaunes”165 . Il avait reçu ce sobriquet parce que, à cause d'une infirmité qu'il avait, il teignit la partie postérieure de son corps avec du safran ; quand on voulait l'injurier, on lui donnait ce nom. Quelques-uns prétendent que cette infirmité lui était venue dans son enfance quand, luttant un jour avec Muhammad, celui-ci l'avait jeté par terre et lui avait rompu une artère166. Les infidèles quraysh avaient coutume de couvrir leurs corps et leurs vêtements de safran dissous dans de l'eau, de façon à être complètement jaunes167 , et ils ne se purifiaient pas ; car de tous les parfums, le plus agréable pour eux était le safran, que l'on va chercher dans le Kirman et sur le territoire de Hamadan168. Quant au bois d'aloès, à l'ambre et au camphre, ils étaient peu estimés, parce qu'on en apporte en grande quantité par la voie de mer, de même que le musc, que l'on apportait, par la voie de mer, de l’Inde169 .
Or, lorsque Abu Jahl, en parlant d’Oqba, prononça les paroles que nous venons de dire, celui-ci répliqua :
-Demain on verra qui a la colique, de moi ou de celui “aux fesses jaunes”.
Oqba se proposa donc de marcher en avant ; mais les autres étaient divisés, les uns voulaient s'en retourner, les autres ne le voulaient pas. Talib ibn Abu Talib, engagea son oncle Abbas à s'en retourner avec lui170. Mais Abbas, n'osait pas, par crainte d'Abu Jahl et des Quraysh171 .
5. — La préparation de l’affrontement.
Les deux camps se mesurent l'un à l'autre: leur taille, leur mentalité et leur idéologie diffèrent totalement. On passe peu à peu de l'opération de police à la bataille rangée. Le genre littéraire du récit de bataille impose alors une rapide revue des forces en présence.
L’objectif des musulmans.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 148).
Après avoir été averti par Gabriel que la caravane s'était sauvée et qu'une armée venait à sa rencontre, le prophète réunit ses compagnons pour délibérer avec eux sur ce qu'il y avait à faire. Tous les muhajirun et les ansar étant présents, il leur demanda leur avis. Abu Bakr se leva le premier et dit:
-Ô envoyé d'Allah, nous ferons ce que tu voudras et ce que tu ordonneras. Ceux-là sont nos parents ; mais nous avons cru en toi, et nous avons accepté ta religion, et nous avons renoncé à eux. Nous avons fait de nos corps et de nos ames ta rançon ; nous lutterons contre eux pour toi ; ou Allah te fera triompher d'eux et fera triompher ta religion, et l'infidélité sera exterminée dans le monde ; ou nous périrons tous pour toi.
Le prophète remercia Abu Bakr, lui donna des éloges et lui dit de s'asseoir ; car il désirait savoir si les ansar prendraient ou non ce même engagement, sachant bien que les muhajirun lui prêteraient aide et secours, tandis qu'il craignait que les ansar et les gens de Médine ne s'en retournassent ; car, dans la nuit d’Aqaba, alors qu'ils avaient prêté serment au prophète, Sad ibn Moath, lui avait dit172 :
-Ô envoyé d'Allah, viens avec moi à Médine!
Le prophète avait répondu :
-Je n'ai pas encore reçu de message ni d'ordre d'Allah à cet égard. Allez, j'enverrai mes compagnons et attendrai les ordres qu'Allah me donnera.
Sad avait répliqué :
-S'il en est ainsi, nous ne sommes pas responsables de ta vie et de ta sûreté jusqu'à ce que tu viennes à Médine.173
Les chevaux des musulmans.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah, notes).174
Une personne lettrée m’a dit qu’à Badr, les musulmans avaient les chevaux suivants:
al Sabal appartenait à Marthad ...
al Ghanawi
Bazaja appartenait à al Miqdad ibn Amir al Bahrani (d’autres disent que son nom était Sabha).
al Yasub appartenait à al Zubayr ibn al Awwam.
Les polythéistes avaient cent chevaux.
La lettre de Urwa sur la bataille.175
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1284-1288).176
Urwah a écrit à Abd al Malik ce qui suit:
Tu nous as écrit pour nous demander des renseignement sur Abu Sufyan et les circonstances de l’expédition. Abu Sufyan ibn Harb est venu de Syrie à la tête d’envion 70 cavaliers de tous les clans des Quraysh. Ils étaient alllés faire du commmerce en Syrie et revenaient ensemble avec leur argent et leurs marchandises. Le messager d’Allah et ses compagnons furent informés à leur sujet. Ceci est arrivé après que les combats aient éclaté entre les deux camps et que des gens aient été tués, tels que ibn al Hadrami à Nakhlah, et que des Quraysh aient été faits prisonniers, parmi lesquels un des fils d’al Mughirah et leur client ibn Kaysan. Les responsables en étaient Abd Allah ibn Jahsh et Waqid, confédérés des Banu Adi ibn Kab, avec d’autres compagnons que le messager d’Allah avait envoyé avec Abdallah ibn Jahsh. Cet incident avait provoqué un état de guerre entre le messager d’Allah et les Quraysh et ce fut le début du combat dans lesquels ils s’infligèrent mutuellement des pertes ; cela arriva avant qu’Abu Sufyan et ses compagnons aillent en Syrie.
Abu Sufyan et ses compagnons qui étaient avec lui suivaient de retour de Syrie suivaient la route côtière. Dès que le messager d’Allah le sut, il appela ses compagnons et leur parla des richesses qu’ils possédaient et de leur faible nombre. Les musulmans se préparèrent donc sans autre objectif qu’Abu Sufyan et ses cavaliers. Ils pensaient qu’il n’y avait rien d’autre qu’un butin facile à prendre et ils n’imaginaient pas qu’il y aurait une grande bataille à leur contact. C’est que ce qui concerne ce qu’Allah a révélé:
Rappelez vous quand Allah vous promettait qu’un des deux groupes serait à vous...177
Quand Abu Sufyan sut que les compagnons du messager d’Allah étaient en marche pour les intercepter, il envoya un message pour les Quraysh, qui disait:
-Muhammad et ses hommes sont sur le point d’intercepter votre caravane, alors venz protéger vos biens.
Quand les Quraysh l’apprirent, et comme tous les clans des Kab ibn Luayy étaient représentés dans la caravane d’Abu Sufyan, le peuple de la Mecque commença à s’agiter. Un corps de troupe fut tiré des clans intégrés dans les Banu ibn Luayy, mais sans personne du clan des Banu Amir, à l’exception du clan subalterne des Malik ibn Hisl.178
Ni l’envoyé d’Allah ni ses compagnons ne surent que cette force était levée, jusqu’ à ce que le prophète n’atteigne Badr, qui était sur l’itinéraire que les cavaliers des Quraysh avaient pris, c’est-à-dire la route côtière vers la Syrie. Abu Sufyan évita Badr et se rapprocha de la route côtière de peur d’une embuscade à Badr.
Le prophète avança et passa la nuit près de Badr. Il envoya al Zubayr ibn al Awwan à la tête d’un groupe de ses hommes, au point d’eau de Badr. Ils ne pensaient pas que les Quraysh étaient venus contre eux, mais alors que le prophète était en prière, quelques porteurs d’eau des Quraysh firent leur apparition pour tirer de l’eau au puit. Parmi ces porteurs, il y avait un esclave noir des Banu al Hajjaj. Les hommes que le messager d’Allah avait envoyé avec al Zubayr le capturèrent tandis que ses camarades purent s’enfuir vers les Quraysh. On l’amena auprès du prophète à son bivouac, et on le questionna à propos d’Abu Sufyan et de ses compagnons, sans l’idée qu’il faisait partie de ce groupe. L’esclave leur dit ce qui concernait la forcede secours, qui l’avait levée, qui étaient ses chefs, et il leur donna des informations exactes. Mais les informations étaient bien mal venues, puisque l’objectif principal était Abu Sufyan et ses compagnons.
Pendant ce temps, le prophète priait, se levant et se prosternant, mais voyant et entendant aussi ce que disait l’esclave. Quand l’esclave dit que les Quraysh étaient venus pour le rencontrer, ils avaient commencé par le battre en le traitant de menteur, disant:
-Tu essaies de cacher les intentions d’Abu Sufyan et de ses compagnons.
Ils le battaient très sévèrement et l’interrogeaient sur Abu Sufyan et ses compagnons, alors qu’il n’avait aucune connaissance d’eux, puisqu’il n’était qu’un porteur d’eau et enfin, il dit:
-Oui, c’est bien Abu Sufyan.
En réalité, le convoi était en dessous d’eux, comme il est dit dans les paroles d’Allah:
-Quand vous étiez sur le versant le plus proche et les ennemis sur le plus éloigné, tandis que des gens montés étaient en dessous de vous...179.
Quand l’esclave leur dit cela “c’est le Quraysh qui est venu contre vous”, ils l’avaient battu, mais quand il dit “C’est Abu Sufyan”, ils le laissèrent tranquille.
Quand le prophète vit ce qu’ils avaient fait, il quitta la prière, ayant entendu l’information que l’esclave avait donnée. Il assurent tous que le messager d’Allah a dit:
-Par celui dans la main duquel repose mon esprit, vous l’avez battu quand il disait la vérité, et vous le laissez quand il ment.
Ils répondirent:
-Il nous a dit que les Quraysh sont venus.
Il dit:
-Il dit la vérité. Les Quraysh sont venus protéger leurs cavaliers.
Il fit appeler l’esclave et le questionna, et l’esclave lui dit tout sur les Quraysh et il ajouta:
-Je ne sais rien sur Abu Sufyan.
Il lui demanda aussi combien ils étaient et l’esclave dit:
-Par Allah, je n’en sais rien ; ils sont nombreux.
Ils affirment que le prophète a dit:
- Qui les a nourri le jour d’avant-hier?
L’esclave donna le nom de celui qui les avait nourris.
Puis il dit:
-Et combien de chameaux a t-il tué pour eux?
-Neuf.
Puis il dit:
- Qui les a nourris hier?
L’esclave donna le nom de celui qui les avait nourris.
Puis il dit:
-Et combien de chameaux a t-il tué pour eux?
-Dix.
-Ils doivent alors être entre 900 et 1000.
effectifs des Quraysh ce jour là étaient en fait de 950.
Le prophète alla vers le puit et descendit de son cheval. Il fit tirer l’eau du puit et posta ses hommes autour de lui, attendant l’arrivée d el’enmi. Quand le messager d’Allah est arrivé à Badr, il a dit:
-C’est là que nous combatttrons.
Les Quraysh s’aperçurent que le prophète avait atteint Badr, et l’avait occupé. Ils s’approchèrent, et on dit que le prophète dit alors:
-Ce sont les Quraysh, qui sont venus avec leur vacarme et leur orgueil, pour nous affronter et montrer que votre messager est un menteur. Ô Allah, je te demande ce que tu m’as promis.
A l’arrivée des Quraysh, il prit de la poussière et la jeta à leurs visages, et Allah les mit en fuite. 180
Avant que le prophète ne rencontra la force de la Mecque, un cavalier d’Abu Sufyan et son convoi est venu ves eux, et dit:
-Rebroussez chemin! signifiant ainsi que les Quraysh étaient sur le point de faire retraite, alors qu’ils étaient en fait à al Juhfah.
Ils lui dirent:
-Par Allah, nous ne reculerons pas sans passer par Badr, pour rester là trois nuits, de telle façon que les gens du Hedjaz venus pour nous voir puisse nous voir, pour qu’aucun Arabe qui nous voit avec notre armée et n’ose nous attaquer.
-Ne soyez pas comme ces infidèles qui sortent de leur habitat, avec pompe et ostentation publique...181
La force mecquoise et le prophète se rencontrèrent et Allah donna la victoire à son messager, humilia les chefs des infidèles, et rassasia la soif de revanche des musulmans182.
L’élite des Mecquois: le foie de la Mecque.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 436).
L’envoyé demanda combien ils étaient et quand ils dirent “beaucoup”, il demanda leur nombre, mais cela ils ne le savaient pas ; alors il demanda combien de chameaux avaient été sacrifiés chaque jour, et quand ils répondirent “entre neuf et dix”, il dit:
-Alors ces gens sont entre 900 et 1000.
Il demanda combien de nobles des Quraysh étaient parmi eux. Ils dirent:
-Oqba, Shyaba, Abul Bakhtari, Hakim, Nawfal, al Harith ibn Amir, Tuayma, al Nadr, Zamaa, Abu Jahl, Ummaya, Nabih, Munabbih, Suhayl, Amir ibn Abdu Wudd.
L’envoyé s’approcha des gens et dit:
-Cette Mecque est en train de vous jeter des morceaux de son foie!183
La pluie sur Badr.
(Corpus coranique d'Othman 8/11).
Rappelez-vous quand Allah vous recouvrait un sommeil -sécurité venue de lui- quand, du ciel, il faisait descendre sur vous une eau pour vous purifier, pour chasser de vous la souillure du démon, pour ranimer vos coeurs et affermir vos talons.
Le combat pour l’eau.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 148).
Un homme nommé Aswad ibn Abdul Asad, de la tribu de Makhzum, dit :
-Je jure que je boirai à leur bassin!
Et il s'en approcha. Hamza ibn Abdul Muttalib, se précipita sur lui, et, d'un coup de sabre, lui coupa une jambe. Aswad tomba, et traîna son corps et la jambe détachée, dont le sang coulait, vers le bassin, en disant :
-Je m'y plongerai, j'y mourrai, n'importe ; au moins aurai-je gâté leur eau.
A ces mots, il se plongea dans le bassin. Hamza le frappa d'un autre coup et le fit tomber dans l'eau, qui fut mêlée de sang184 . D'autres infidèles s'approchant pour boire, les musulmans voulurent les en empêcher. Mais le prophète leur dit :
-Laissez-les ; car tout infidèle qui boira de cette eau sera tué.
Il arriva ainsi que le prophète l'avait dit. Ensuite les infidèles cherchèrent de l'eau à d'autres puits, à la distance de deux ou trois parasanges, parce qu'il n'y avait d'eau que dans les puits qui étaient occupés par le prophète.
Les révélations matinales
(Corpus coranique d'Othman 8/43-46).185
Quand vous étiez sur le versant le plus proche et les ennemis sur le versant le plus éloigné, tandis que les gens montés étaient en dessous de vous -, si vous vous étiez convenu d'un rendez-vous, vous vous seriez opposés sur le choix de ce rendez-vous, mais tout advint pour qu'Allah accomplit un ordre qui reçut exécution, pour que périt celui qui périt sur vue d'une preuve et pour que vécut celui qui vécut sur vue d'une preuve.
En vérité, Allah est certes audient et omniscient.
Rappelle-toi quand, en songe, Allah te faisait voir les ennemis peu nombreux car s'il te les avait fait voir nombreux, vous auriez perdu courage et auriez discuté sur l'affaire, mais Allah vous a donné apaisement.
Il connait les pensées des cœurs.
Rappelez-vous quand Allah, au moment de la rencontre, faisait apparaître vos ennemis peu nombreux à vos yeux et vous minimisait à leurs yeux, pour qu'Allah accomplit un ordre qui reçut exécution!
A Allah reviennent les ordres.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 149).
Lorsqu'ils y arrivèrent, ils apprirent que le prophète les avait déjà occupés186 . Ils firent halte derrière une grande colline de sable, qui empêchait les deux armées de se voir, mais non de s'entendre. Le prophète se trouvait sur le terrain rapproché des puits, tandis que les Quraysh étaient sur un terrain éloigné des puits, dans la vallée, comme il est dit dans le Coran:
... Vous étiez plus rapprochés dans la vallée et les ennemis étaient plus éloignés, etc187
(...)
A son réveil, il fit part de son rêve à ses compagnons, et l'interpréta dans ce sens que les ennemis seraient mis en fuite. Il est dit dans le Coran:
... Allah t'a montré en songe les ennemis peu nombreux ; s'il te les avait montrés en grand nombre, vous auriez perdu courage, etc188
(...)
...et de même l'armée ennemie semblait peu nombreuse aux yeux des musulmans, qui prirent courage, comme il est dit dans le Coran: ... Allah les fit paraître peu nombreux à vos yeux, etc. 189
7. — Le combat.
L'assaut est donné, alternant chocs de masses et duels entre héros. C'est l'occasion de pages glorieuses et sanglantes, qui parfois dépassent le sens du raisonnable : de l'eau souillée à propos, des dattes encourageant le jihad, des membres volant en l'air, des bâtons transformés en sabres par magie, des anges armés par milliers frappant l'ennemi, tout concourt à la féérie du combat de Badr ; l'outrance et la fantaisie lui enlèvent du coup toute crédibilité aux yeux des historiens.
Le cri de guerre des musulmans.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah, notes).190
Le cri de guerre des compagnons de l’envoyé était:
-“Un seul! Un seul!191
Le rôle tactique de l’eau.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah, 439).
...al Hubab (...) demanda à l’envoyé:
-Est-ce ici l’endroit qu’Allah t’a ordonné d’occuper, pour que nous ne puissions ni avancer, ni reculer, où est-ce une question d’opinion, ou de tactique militaire?
Comme il répondit que c’était la dernière solution, il fit remarquer que ce n’était pas la meilleure place où se mettre, et qu’ils devraient plutôt aller vers l’eau, plus près de l’enemi et de s’arrêter là, de bloquer les puits d’à côté, et de construire une citerne avec de l’eau dedans ; ainsi, ils pourraient combattre un ennemi qui n’aurait plus rien à boire. L’envoyé admit que c’était un bon plan et il fut aussitôt appliqué192 ; les puits furent bloqués ; une citerne fut construite et rempli d'eau pour que les hommes puissent remplir leurs récipients.
Les combats singuliers.193
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 154 ).
Le premier qui sortit des rangs de l'armée des infidèles fut Oqba, à cause du reproche qu'Abu-Jahl lui avait fait de manquer de courage. Il était de taille plus élevée que tous les Quraysh, et l'on ne trouvait pas de casque assez large pour sa tête. Il roula un turban autour de sa tête, revêtit sa cuirasse, prit toutes ses armes et vint se placer entre les deux armées. Son frère Shayba et son fils Walid le suivirent. Oqba défia les musulmans à un combat singulier194.
(...)
Le prophète dit à Ali ibn Abu Talib, à Hamza ibn Abdul Muttalib, et à Obayda ibn Harith ibn Abdul Muttalib :
-Allez, vous êtes leurs égaux et de la même famille qu'eux.
Obayda, le plus âgé d'entre eux, se plaça en face d’Oqba ; Hamza, devant Shayba, et Ali, devant Walid. Ces derniers étaient jeunes tous les deux: Ali n'avait pas encore vingt ans. Hamza était âgé de cinquante-trois ans. Ali attaqua Walid et le fendit en deux. Hamza tua également son adversaire Shayba. Otba, luttant avec Obayda, le frappa d'un coup de sabre qui lui coupa la cuisse, de sorte que la moelle sortit de l'os. Ali et Hamza accoururent, tuèrent Oqba et emportèrent Obayda dans leur camp195 . Le prophète, le voyant dans cet état, lui dit:
-Sois content, ô Obayda, tu n'es séparé du paradis que par le dernier souffle de ton âme ; tu entreras dans le paradis éternel.
Obayda dit:
-Si Abu Talib vivait encore, il verrait que j'ai réalisé ce qu'il a dit dans son vers :
Nous ne vous l'abandonnerons pas avant que nous
et nos enfants soyons tués autour de Muhammad.
J'ai plus de mérite que lui. Le prophète lui dit :
-Tu as plus de mérite que lui ; car lui n'a fait que le dire, mais toi, tu l'as réalisé par le fait.
La datte ou le paradis.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 156).
Le prophète excitait toujours ses soldats. Un homme d'entre les ansar, nommé Omayr ibn Hammam, tenait dans la main quelques dattes, qu'il mangeait sous les yeux du prophète. Celui-ci, en exhortant les soldats, dit:
-Il ne vous faut, pour obtenir le paradis, que trouver le martyre.
Omayr, entendant ces paroles, jeta ses dattes, en disant :
-S'il en est ainsi j'ai assez d'une datte jusqu'à ce que j'entre dans le paradis.
Il tira son sabre, se lança dans les rangs des ennemis, en frappa et en tua plusieurs, et fut tué lui-même.
(An Nawawi, Le Jardin des Vertueux 1315).196
Anas a dit : "Le messager d'Allah et ses compagnons se mirent en route de façon à être les premiers à la vallée de Badr. Puis arrivèrent les idolâtres. Le messager d'Allah dit :
-"Nul de vous ne croira être arrivé le premier à un endroit sans que je n'y sois déjà avant lui".
A ce moment les idolâtres s'avancèrent et le messager d'Allah dit :
-"Debout à un Paradis ayant la largeur des deux et de la terre!".
Umayr Ibn Al Hamam Al Ansari dit :
-"Ô messager d'Allah! Un Paradis large comme les cieux et la terre?".
Il dit : "Oui",
Umayr dit :
-"Quelle chose formidable!"
Le messager d'Allah lui dit :
-"Qu'est-ce qui te porte à dire : "Quelle chose formidable?""
Il dit :
-"Rien d'autre, Ô messager d'Allah, qu'un espoir d'être de ses méritants".
Il lui dit :
-"Et tu en es effectivement".
Il sortit alors quelques dattes de son carquois, se mit à les manger puis dit :
-"Si je vivais tout le temps qu'il faut pour manger ces dattes, ce serait une trop longue vie".
Il jeta donc les dattes puis combattit l'ennemi jusqu'à ce qu'il fût tué".
(ibn Sa’d, Tabaqat I 216).
Ukkasha ibn Mishan brisa son sabre le jour de Badr. L’apôtre d'Allah lui donna un bâton qui se transforma dans sa main en un sabre aiguisé de fer pur, et à la lame solide.
Le sourire d’Allah.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 445).
...Awf ibn Harith (....) demanda:
-Ô envoyé d’Allah, qu’est ce qui fait que le seigneur sourit avec joie à son serviteur?
Il répondit:
-Quand il plonge au milieu de la masse ennemie sans cotte de maille197.
Awf enleva la cotte de maille qui était sur lui et la jeta: puis il saisit son sabre, attaqua l’ennemi et à la fin, il fut massacré.
L’épieu de Badr.
(Bukhari, Sahih 64/12, 3).
Az Zubayr a dit:
-Le jour de Badr, j’ai rencontré Obayda ibn Sayd, couvert d’armures au point qu’on ne voyait plus que ses yeux. Ce personnage, qu’on avait surnommé Dhat al Karsh, le dit:
-C’est moi Dhat al Karsh.
Aussitôt je fondis sur lui et lui transperçait l’oeil avec mon épieu. Il tomba mort.
(...)
Je posais le pied sur lui, et, m’arc-boutant, j’eus toutes les peines du monde à retirer l’épieu dont les extrémités furent faussées. L’envoyé d'Allah me demanda mon épieu ; je lui remis et il le prit. Abu Bakr le lui demanda et le prophète lui donna ; à son tour, Omar le demanda et Abu Bakr lui remit...
La surprise de Gabriel.
(ibn Sad, Tabaqat II 29).
Alors que l’apôtre d'Allah combattait les polythéistes à Badr, Gabriel a surgi sur une jument rousse. Il avait des mèches sur son front, une cotte de maille et la pointe de sa lance était couverte de poussière198 . Il dit:
-Ô Muhammad! Allah m’envoie et m’a commandé de ne te laisser que si tu es content. Es tu content?
-Oui, je suis content!
Alors il le quitta.
Le secours des anges tueurs.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 156).
Pendant qu'ils parlaient ainsi, Gabriel vint avec mille anges, se présenta au prophète et lui dit :
-Sois content ; Allah m'a envoyé à ton secours avec mille anges.
Puis il lui récita ce verset du Coran:
Le jour où vous demandiez l'assistance de votre Seigneur, il vous exauça. Je vous assisterai, dit-il, de mille anges se suivant les uns les autres. 199
Le prophète dit :
-Ô, mon frère Gabriel200, mille anges!
Gabriel dit:
-Trois mille, ô Muhammad.
- Trois mille! répéta le prophète
- Oui, cinq mille , répliqua Gabriel.
Aussitôt le prophète sortit en courant de la cabane pour porter aux musulmans cette bonne nouvelle.
Il cria à haute voix :
-Allah a envoyé trois mille anges à votre secours.
Ils répétèrent dans leur joie : Trois mille!
-Oui, cinq mille, répliqua le prophète201.
Ensuite Gabriel récita au prophète le verset suivant :
Allah vous a secourus à Badr, car vous étiez faibles...
Alors tu disais aux fidèles : Ne vous suffit-il pas que votre Seigneur vous assiste de trois mille anges? etc. 202
Le prophète récita le verset aux fidèles. Il vit comment les anges, tenant dans leurs mains des batons, se mettaient en ligne avec les musulmans.
Allah leur avait ordonné de se tenir dans les rangs des musulmans.
-Car moi, leur dit-il, j'ai jeté la crainte dans les cœurs des infidèles, et vous, frappez-les sur la tête, sur le cou et sur tout le corps.
Il est dit dans le Coran :
Ton Seigneur dit aux anges : Je suis avec vous, etc. 203
Lorsque les anges se disposèrent à charger l'armée impie, le prophète ramassa une poignée de poussière et la jeta contre les infidèles, en disant :
-Que vos faces soient confondues204 !
Allah commanda au vent de porter cette poussière aux yeux des infidèles, qui en furent aveuglés. Chargés par les anges, qui étaient en avant des fidèles, ils se mirent à fuir. Les anges les poursuivirent, les frappèrent de leurs bâtons et les firent tomber. Chaque coup qu'un ange portait à un infidèle lui brisait tous les os de son corps, depuis la tête jusqu'aux pieds, et lui rompait les veines et les nerfs ; l'homme tombait et remuait convulsivement, sans qu'aucune blessure fut visible sur son corps, et sans que son sang coulât. Quand les fidèles arrivaient, ils attaquaient les hommes ainsi frappés, leur faisaient des blessures et faisaient couler leur sang. Les compagnons du prophète ont raconté :
-Il y eut des hommes dont la tête fut séparée du corps et la nuque brisée avant que notre épée les eut atteints. Il y en avait d'autres qui, lorsque nous les attaquâmes, étaient étendus par terre, agonisant, mais sans blessure. Leurs corps étaient brisés, mais la vie ne les avait pas encore quittés. Nous reconnûmes que cela n'était pas de notre fait, mais l'oeuvre d'Allah.
Il est dit, en effet, dans le Coran205 :
Ce n'est pas vous qui les avez tués, mais Allah ; ce n'est pas toi qui as jeté la poussière, mais Allah, etc206 .
8. — Les exécutions des prisonniers.
Le combat est sans doute médiocre, mais cela n'empêche pas le massacre qui suit d'être spectaculaire: il y a les morts au combat, où le sabre tranche un peu au hasard et il y a ensuite les décapitations vengeresses207 . L'ensemble est clos d'une manière atroce, par le dépôt des cadavres dans un puits. C'est la conclusion sanglante de la période mecquoise, après de multiples malédictions contre ses ennemis, dont le Coran lui-même porte la trace.
L’exécution d’Abu Jahl.208
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 161).
Lorsque le prophète donna l'ordre de rechercher Abu Jahl, de ne pas le laisser échapper, de le chercher parmi les morts et de le lui amener mort ou vif, parce que, disait-il, c'était un homme dangereux, l'un des ansar, nommé Moadh ibn Amir ibn al Jamuh, ne songea qu'à chercher Abu Jahl. Il le rencontra enfin dans le camp des infidèles, monté sur un cheval arabe ; il était avec son fils Ikrima. Moadh, le frappant de son sabre, lui enleva le bras droit, et Abu Jahl tomba de son cheval. Ikrima accourut et, d'un coup de sabre, coupa le bras de Moadh, qui se sauva. Moadh vivait encore, n'ayant qu'un bras, sous le califat d’Othman.
D'après une autre version, Abu Jahl serait tombé de cheval, ayant une jambe coupée. Ikrima se tenait devant son père, et ne le quittait pas. Un autre homme des ansar, nommé Moawwidh ibn Afra, vint à y passer, et, voyant Abu Jahl assis, le sang coulant de sa jambe, il lui asséna sur les épaules un coup de sabre qui pénétra jusqu'à la poitrine. Abu Jahl tomba dans la poussière. Ikrima s'approcha, frappa Moawwidh et le tua. Voyant que son père était perdu, il s'en alla. Abdallah ibn Masud, l'un des plus faibles des musulmans, s'était dit :
-Je m'occuperai des morts ; j'irai voir lesquels d'entre les Quraysh ont été tués.
En examinant les cadavres, il trouva Abu Jahl, qui avait encore un souffle de vie. Il le retourna, l'étendit sur le dos et s'assit sur sa poitrine. Addallah n'avait pas d'autre arme qu'un bâton. Abu Jahl avait un grand couteau ; Abdallah le prit pour lui trancher la tête. A ce moment, Abu Jahl ouvrit les yeux pour voir qui il était. Reconnaissant Abdallah, qui, avant l'islam, avait été son berger, il lui dit :
-Ô pâtre des timides moutons, à quelle place t'es-tu assis!
Abdallah répliqua:
- Qu'Allah soit loué de m'avoir accordé cet honneur!
- Quel honneur vois-tu en moi? dit Abu Jahl. Tu vois qu'on a tué tant de nobles Quraysh ; prends-moi avec eux! Mais à qui est la victoire ?
Abdallah répondit:
-A Allah, à son prophète et aux croyants.
Abdallah lui trancha la tête, la porta au prophète et la jeta sur la terre devant lui.
Le prophète se prosterna et rendit grâces à Allah.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 452).
.... Alors je lui ai tranché la tête et je l’ai apportée à l’envoyé en disant:
-Voici la tête de l’ennemi d’Allah, Abu Jahl.
Il dit:
-Par Allah, en espérant qu’il n’y en a pas d’autre! (c’était une forme de serment pour lui).
-Oui, ai-je répondu, et j’ai jeté sa tête devant l’envoyé et il rendit grâce à Allah.
(Muslim, Sahih 32-3296). 209
Abdurrahmân ibn Awf210 a dit : Etant dans le rang le jour de Badr, et regardant à ma droite et à ma gauche, je m'aperçus que j'avais à mes côtés deux ansâr, encore tout jeunes. Je souhaitai me trouver entre des voisins plus solides au combat; mais l'un d'eux, en me faisant signe de l'œil, me dit :
-"Mon oncle, est-ce que tu connais Abu Jahl?".
- "Oui, fils de mon frère, lui répondis-je, et que lui veux-tu?".
- "On m'a dit, reprit-il, qu'il avait injurié l'envoyé d'Allah; par celui qui tient mon âme entre Ses mains, si je le vois, mon ombre ne quittera la sienne jusqu'à ce que je le tue ou que lui me tue".
Je m'étonnai fort de ce langage, lorsque mon autre voisin me fit signe de l'œil et me tint les mêmes propos, je ne tardai pas à apercevoir Abu Jahl qui tournoyait dans la mêlée.
- "Eh bien!, dis-je aux jeunes hommes, voilà votre homme, celui que vous cherchez".
Ils volèrent vers lui et le sabrèrent à mort. Puis, ils se rendirent auprès du prophète et l'informèrent de leur exploit.
- "Lequel de vous l'a tué?", leur demanda-t-il.
- "C'est moi!", répondirent-ils tous deux.
- "Avez-vous essuyé vos sabres?", reprit-il.
Ils dirent que non. Alors il regarda leurs sabres et leur dit :
-"Vous l'avez tué, tous les deux; mais ses dépouilles appartiennent à Mu`âdh ibn `Amir ibn Al Jamûh".
En effet, les deux hommes étaient Mu`âdh ibn `Amir ibn Al Jamûh et Mu`âdh ibn `Afrâ'. (le sabre de Mu`âdh ibn `Amir ibn Al Jamûh portait des traces du contenu de l'abdomen, attestant que c'était lui qui avait achevé le meurtre tandis que l'autre n'avait fait que blesser Abu Jahl).211
(Muslim, Sahih 19/4436).
... l’envoyé d’Allah dit, après la bataille:
-Êtes-vous surs de ce qui est advenu d’Abu Jahl?
ibn Masud est parti chercher les informations. Il sut que les deux fils de Affra l’avaient frappé, et qu’il gisait, proche de la mort. Il le prit par la barbe et dit:
-Es-tu Abu Jahl?
(Muslim, Sahih 32-3358).
D'après Anas ibn Mâlik, l'envoyé d'Allah a dit (après la bataille de Badr) :
-"Qui de vous peut aller voir ce qui est arrivé à Abu Jahl?".
ibn Masûd partit alors et le trouva frapper à mort par les deux fils d'Afrâ. Il le prit par sa barbe et lui dit :
-"C'est toi Abu Jahl?".
Celui-ci répondit :
-"Y a-t-il un homme plus noble que moi, que vous ayez tué?". - ou suivant une variante : que les siens aient tué?
D'après le transmetteur, Abu Mijliz a ajouté : Abu Jahl a dit :
-"Si seulement un autre qu'un laboureur m'a tué!"
(Dawud, Hadith 14/ 2703).212
Je dis:
-Ô ennemi d’Allah, Abu Jahl, Allah rejette un homme qui est loin de sa miséricorde.
Je n’avais pas peur de lui à ce moment. Il répondit:
-C’est très étrange qu’un homme soit tué par son propre peuple.
Je l’ai frappé avec une épée émoussée. Cela n’a pas marché, alors son épée est tombée de sa main, et je l’ai frappé avec elle jusqu’à ce qu’il soit mort.
(Muslim, Sahih 19/ 4341).
-Peu après, j’ai vu Abu Jahl.
Il se déplaçait parmi les hommes. J’ai dit aux deux garçons:
-Ne voyez-vous pas? C’est celui que nous cherchons.
Aussitôt, ils se ruèrent sur lui, le frappèrent de leurs sabres jusqu’à ce qu’il meure. Ensuite, ils retournèrent vers le messager d’Allah et l’informèrent. Il demanda:
-Lequel d’entre vous l’a tué?
Chacun d’eux dit:
-Je l’ai tué.
Il dit:
-Avez vous nettoyé vos sabres?
Ils dirent:
-Non.
Il examina les sabres et dit:
-Vous l’avez tué tous les deux...
Oqba ibn Abu Muayt l’Ommeyade.
(Maqrizi, Livre du contentieux 25).213
Un autre membre du clan des Banu Ummaya était alors Oqba ibn Abu Muayt Aban ibn Amir ibn Ummaya, qui fut un des plus acharnés opposants et persécuteurs du messager d’Allah jusqu’au moment où il l’affronta à Badr, où il fut capturé, amené devant l’apôtre d'Allah. Muhammad ordonna qu’il soit exécuté.
Oqba protesta:
-Hélas pour moi! pourquoi dois-je être tué, ô Quraysh? Pourquoi serais-je le seul à être exécuté parmi tous les autres captifs?
L’apôtre d'Allah répliqua:
-A cause de son hostilité persistante envers l’apôtre d'Allah!!
Oqba cria:
-Ô Muhammad, sois clément envers moi! Traite-moi comme les autres captifs, qui sont de ton peuple et du mien! Ô Muhammad, qui va se charger de mes enfants?
Le prophète répondit:
-Le feu infernal!
Ensuite, ils l’exécutèrent en le décapitant.
On dit aussi que l’apôtre d'Allah ordonna qu’il soit crucifié, et qu’il a été le premier à être crucifié au temps de l’islam.
(...)
L’apôtre d'Allah a dit à Oqba:
-Par Allah, je vais certainement te tuer!
Ceux qui étaient présents protestèrent:
-Vas-tu le tuer lui seulement, parmi tous les Quraysh?
Il dit:
-Oui, en vérité. Une fois, il m’a appuyé le cou et l’arrière de la tête contre le sol avec son pied, alors que j’étais en train de faire la prière.... Une autre fois, alors que j’étais aussi en prière, il me jeta sur la tête la membrane foetale d’une brebis. Donc, je vais le tuer.
Rêglement de compte après la victoire.
(Corpus coranique d'Othman 8/5-8).
De même que ton seigneur t’a fait sortir de ta demeure, avec la vérité, alors qu’une partie des croyants avait certes aversion pour cela, de même ils disputent contre toi, prophète, au sujet de la vérité même après que celle-ci se soit manifestée, comme s’ils étaient poussés à la mort, alors qu’ils sont dans l’expectative.
Rappelez-vous quand Allah vous promettait qu’un des deux groupes serait à vous, quand vous désiriez que fut à vous le groupe non redoutable, alors qu’Allah voulait réaliser la vérité, par son arrêt, et exterminer jusqu’au denrier des infidèles, tout cela afin de réaliser la vérité et d’anéantir le faux, en dépit des coupables.
Menaces contre les vaincus.
(Corpus coranique d'Othman 8/19).
Infidèles!
Si vous cherchez où est le succès, le succès est là, devant vous.
Si vous cessez d’être hostiles, cela sera un bien pour vous.
Si vous recommencez, nous recommencerons, et votre masse ne vous servira à rien, fut-elle nombreuse.
Sachez qu’Allah est avec les croyants!
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1335).214
Salamah ibn Salamah a dit:
-De quoi nous félicitent-ils? Par Allah, nous n’avons rencontré que des vieilles femmes chauves215 , comme des chameaux entravés pour le sacrifice, et puis nous les avons massacrés.
Le messager d’Allah sourit et dit:
-Mon neveu, c’étaient les membres du sénat216.
Malédiction contre les vaincus.
(Corpus coranique d'Othman 3/7-11).
Seigneur! tu es celui qui réunira les hommes, en un jour sur lequel n'est pas de doute.
Allah ne manque point à sa promesse.
En ce jour ni leurs biens ni leurs enfants ne serviront à rien, contre Allah, à ceux qui auront été infidèles.
Ceux-là seront matière ignée217 pour le feu.
Leur sort sera comme le sort des gens de Pharaon218 et de ceux qui furent avant eux: ces gens, ayant traité nos signes de mensonges, Allah les a fait périr pour leurs péchés219 .
Allah est terrible en son châtiment.
Dis à ceux qui ont été impies: Vous serez vaincus et rassemblés vers la géhenne.
Quelle détestable couche!
Vous avez eu un signe en deux troupes qui se rencontrèrent: une troupe combattait dans le chemin d’Allah alors que l’autre était infidèle.
A vue d’oeil, ils se voyaient à nombre égal.
Allah assiste de son secours qui il veut.
En vérité, en cela est un objet de réflexion pour ceux doués de clairvoyance.
Déploration d’une soeur220 pour un frère exécuté.
(Poème de Qutayla).221
Cavalier, prends ton élan et galope
jusqu’à Uthayl: tu atteindras ce lieu
après quatre jours, si tout est propice.
Dis à mon frère qui gît là, tué,
que du campement mon salut j’envoie,
qui fait ruer nos chevaux de bataille.
Pour toi, ô disparu, coulent mes larmes,
lait ruisselant de seins généreux,
qui m’étouffent lorsque je les retiens.
Cavalier, lorsque mon salut, là-bas,
tu porteras en longs cris douloureux,
le mort t’entendra t-il? Sa bouche est close.
Ses cousins eux-mêmes l’ont frappé
de leurs sabres sanglants à Uthayl
acharnés à rompre les liens du sang.
On l’a traîné, accablé sous les chaînes
dont on l’avait chargé, et vers la mort conduit
dans les liens, comme une main entravée.
Ô Muhammad, issu de parents nobles,
ta bonté n’aurait causé aucun mal222 ;
bien qu’irrité, le généreux pardonne.
Si tu avais voulu une rançon,
nous t’aurions envoyé des dons précieux,
les plus rares qu’on pût trouver ici.
Parmi ceux que tu as vu dans l’erreur,
al Nadir était ton parent le plus proche,
digne d’être affranchi de l’esclavage.
Le meurtre d’Abu Jahl raconté dans un manuel français pour enfants musulmans.
(La Voie du Petit Musulman tome 5, p. 47).223
Abderrahmane ibn Awf rapporte l’anecdote suivante: alors que j’étais debout dans les rangs le jour de la bataille de Badr, j’ai regardé à droite et à gauche et j’ai aperçu deux adolescents médinois dont j’aurai aimé avoir la même force. l’un d’eux me fit signe et me dit:
-Connais-tu Abou Jahl?
-Oui, répondis-je; pourquoi m’interroges-tu à son sujet, jeune homme?
Il reprit: j’ai appris qu’il insultait le Prophète. je jure que si je l’aperçois, je ne le quitterai pas tant que l’un de nous n’aura pas achevé l’autre. Je fus très surpris de ses propos et voilà que l’autre me fait signe et me dit la même chose. Soudain, j’aperçut224 Abou Jhal parmi la foule et je leur lança225 : voilà l’homme que vous cherchez. Il226 se jetèrent alors sur lui et le frappèrent jusqu’à la mort avec leurs épées. Ils allèrent ensuite chercher le Prophète pour lui annoncer la nouvelle.
-Qui l’a tué? interrogea le Prophète.
Chacun d’eux répondit:
-C’est moi qui l’ai tué!
Il les interrogea à nouveau:
-Avez-vous essuyé vos épées?
-Non, répondirent-ils.
Puis le Prophète scruta les deux épées et leur lança:
-Vous deux l’avez tué!
9. — Le sacrilège du puits.
Muhammad, pour une raison inconnu pratique un rituel inédit: il jette les corps des ennemis dans un puits asséché puis les insulte. Toute la rancoeur des années mecquoises ressort d’un coup.
On sent dans cet épisode que l’entourage de Muhammad est très embarrassé par cet acte d’un irrespect total: ces combattants sont musulmans mais ils ont encore de la famille dans l’autre camp.
La Tradition islamique elle-même est mal à l’aise.
Les cadavres jetés dans le puit.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 162).
A la tombée de la nuit, les musulmans revinrent au camp, cessant la poursuite. Le prophète ordonna de traîner les cadavres au bord d'un certain puits sans eau, et de les y jeter, sauf Omayya227 ibn Khalaf, dont le cadavre était entré immédiatement en décomposition, et que l'on ne pouvait pas déplacer ; on l'enfouit dans la poussière. Le prophète, se plaçant au bord du puits dans lequel on avait jeté les cadavres, appela chacun des morts par son nom et dit :
-Ô Oqba, ô Shayba, ô Abu Jahl, ô vous tels et tels, vous étiez tous mes parents ; vous m'avez accusé de mensonge, tandis que des étrangers ont cru à mes paroles ; vous m'avez chassé de ma patrie, des étrangers m'ont accueilli ; vous m'avez combattu, et des étrangers ont combattu pour moi. Tout ce qu'Allah m'a promis, la victoire sur vous et votre châtiment, s'est réalisé sur vous. Les compagnons du prophète lui dirent:
-Ô envoyé d'Allah, parles-tu à des morts?
Le prophète répliqua:
-Ils entendent et comprennent comme vous-mêmes, seulement ils ne peuvent pas répondre. Ensuite le prophète rentra au camp.
L’insulte aux cadavres.
(Bukhari, Sahih 59, 314).
Le jour de Badr, le prophète ordonna que les corps de vingt quatre chez des Quraysh soient jetés dans un des puits secs de Badr. C’était une habitude du prophète, quand il faisait la conquête d’un peuple, de rester sur le champ de bataille pour trois nuits. Donc, la troisième nuit de Badr, il ordonna que sa chamelle soit sellée, puis il sortit suivi de ses compagnons, qui se disaient entre eux:
-A coup sûr, il est en train de faire quelque chose d’important.
Il s’arrêta au bord du puit, et il appela les corps des infidèles Quraysh par leurs noms et patronymes:
-Toi, untel fils d’untel et untel fils d’untel! Cela vous aurait plu davantage d’obéir à Allah et à son prophète? Vous avez réalisé ce que notre seigneur vous a promis? Avez-vous compris ce que votre seigneur vous a promis?
Omar dit:
-Ô envoyé d’Allah! Tu parles à des corps qui n’ont plus d’âmes!
L’envoyé d’Allah répondit:
-Par celui qui tient dans ses mains l’âme de Muhammad, tu n’entends pas mieux que ce qu’ils entendent.
(Bukhari, Sahih 23, 87, 2).
Après avoir considéré un instant les cadavres jetés au fond du puit, le prophète leur adressa les paroles suivantes:
-Vous avez trouvé maintenant la réalisation des promesses de votre seigneur.
Puis comme on lui faisait remarquer qu’il interpellait des morts, il répondit:
-Vous n’entendez pas mieux qu’eux, mais ils ne peuvent répondre.
(Bukhari, Sahih 23/ 452)
Le prophète ordonna que les cadavres des païens soient jetés dans une fosse commune... Le prophète s’adressa aux morts des Quraysh jetés dans la fosse commune, leur dit:
-Vous n’avez pas respecté le lien tribal qui vous unissait au prophète sorti de votre tribu....228
Puis il ajouta:
-Comment trouvez-vous à présent les promesses que vos divinités ont faites? Sont-elles vraies?...
(Bukhari, Sahih 64/10, 17).
... Le jour de Badr, le prophète ordonna de jeter dans un des puits mauvais et peu fréquenté229 de Badr ving quatre cadavres des infidèles de Quraysh.
Quand le prophète avait remporté une victoire sur l’ennemi, il campait trois jours en pleine campagne. Le troisième jour qui suivit la bataille de Badr, il donna l'ordre de seller sa monture et, aussit'ot qu'elle fut sellée, il se mit en marche suivi de ses compagnons. Nous pensions qu'il allalit à quelque entreprise, lorsque, arrivé à l'orifice du puits, il s'arrêta et se mit à interpeller les cadavres par, leurs noms et celui de leurs pères, en criant :
-Ô untel, fils d'untel, ô untel, fils d'untel, êtes-vous contents d'avoir obéi à Allah et à son envoyé? Nous, nous avons trouvé que les promesses de notre seigneur se vérifiaient, et vous, avez-vous trouvé que les promesses de votre seigneur s'étaient vérifiées?
-Ô envoyé d'Allah, dit alors Urwa, est-ce que tu adresses la parole à des corps sans âmes ?
-Par celui qui tient l'âme de Muhammad entre ses mains, répondit l'envoyé d'Allah, vous autres vous entendez moins bien ce que je dis qu'ils ne l'entendent eux-mêmes.
Suivant Qatada, Allah avait fait revivre ces cadavres pour qu'ils entendissent les paroles du prophète. Ces injures, ces humiliations et cette vengeance provoquèrent leurs remords.
(Musa ibn Oqba).230
Des compagnons de l’envoyé d’Allah lui ont dit:
-Parles-tu aux morts?
Il répondit:
-Vous ne pouvez pas entendre ce que je dis mieux qu’ils n’entendent.
al Walid, l’Ommeyade.
(Maqrizi, Livre du contentieux 33).231
Un autre parmi eux fut al Walid ibn Oqba ibn Rabia. Il a été tué à Badr, comme infidèle, par Ali. Ce Walid était l’oncle maternel de Muawiya.
Shayba, l’Ommeyade.
(Maqrizi, Livre du contentieux 25).232
Un autre d’entre eux 233 fut Shayba ibn Rabia ibn abd Shams, l‘oncle paternel de Hind, la mère de Muawiya. Il se rassemblait avec les Quraysh pour comploter des choses pénibles contre l’apôtre d'Allah. Allah lui a donné la mort sur le terrain de la bataille de Badr, parmi tous les ennemis d’Allah qui ont été tués.
10. — La défaite de la Mecque.
Les bourgeois mecquois n'étaient pas habitués à combattre et encore moins à se faire massacrer de cette façon, hors de toute règle, au nom d'une nouvelle idéologie de terreur. On devine leur effroi. Les sources musulmanes dressent de longues listes des morts et ajoutent le nom d'Abu Lahab, archi-ennemi de Muhammad, mort d'une façon naturelle mais évoquée horriblement comme une superbe revanche du dieu de Muhammad. A elle seule, cette mort représente l'émoi de tous les habitants confrontés à cette violence nouvelle.
Le désaccord sur les pertes.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 163).
Les auteurs qui ont rapporté les traditions ne sont pas d'accord sur le nombre des hommes tués et des prisonniers. Les uns prétendent qu'il y a eu quarante-cinq prisonniers ; d'après d'autres, il y en a eu moins. Muhammad ibn Jarir, dans cet ouvrage234 , dit, ainsi que j'ai lu dans le récit des guerres sacrées et dans d'autres livres, qu'il y a eu soixante et douze hommes tués et autant de prisonniers. Mais il n'y a pas désaccord sur le nombre des morts musulmans, qui s'élevait à quatorze, six muhajir et huit ansar. Leurs noms se trouvent dans le Livre des Batailles.
L’annonce de la défaite.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 164).
Il vint, s'assit en face de Safwan et raconta la défaite. Ils furent tous stupéfaits. Il leur nomma ensuite ceux d'entre les chefs qui avaient été tués ou faits prisonniers. Il passa sous silence le nom d'Omayya ibn Khalaf, ne voulant pas le dire en présence de Safwan235 . Comme il énumérait ainsi un grand nombre de personnes et de chefs, Safwan ne le croyait pas ; il dit:
-Cet homme est fou, il ne sait pas ce qu'il dit ; il ne connait personne. Si vous voulez vous convaincre qu'il est fou et qu'il dit tout cela dans sa folie, demandez-lui ce qui est advenu de moi, pour voir ce qu'il dira: vous reconnaîtrez qu'il est fou. Ils lui demandèrent donc ironiquement des nouvelles de Safwan.
Il répondit :
-Safwan est ici, assis près de vous ; vous vous moquez de moi. Mais, par Allah! son père Omayya et son frère Ali ont été tués.
En entendant ces paroles, Safwan poussa des cris et se mit à pleurer, de même que tous les autres. Il y eut des cris et des lamentations dans toute la ville.
La mort d’Abu Lahab.236
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 165).
Abu Lahab était malade ; lorsqu'il apprit cet événement, la douleur produisit en lui une dysenterie, et, le lendemain, son corps, couvert de pustules noires pestilentielles, se décomposa, et il mourut. Son cadavre resta trois jours dans sa maison ; personne ne pouvait le toucher ni l'enterrer, à cause de sa putréfaction et de sa puanteur237. Enfin, son fils Oqba démolit la maison et le laissa sous les décombres. Les pleurs et les gémissements continuaient à la Mecque nuit et jour.
Le rappel de la malédiction contre Abu Lahab.
(Corpus coranique d'Othman 111).238
Les mains d’Abu Lahab ont péri!
Il a péri!
Ses troupeaux et sa fortune ne lui ont servi à rien.
Il sera exposé à un feu ardent, tandis que sa femme, portant du bois aura au cou une corde de fibre.
Catalogue des pertes des Mecquois.239
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 508-511).
Les pertes des Quraysh à Badr furent les suivantes:
Clan des Banu Abdu Shams:
Hanzala ibn Abu Sufyan ; al Harith ibn al Hadrami et Amir ibn al Hadrami, des alliés ; et Umayr ibn Abu Umayr et son fils, deux affranchis ; et Ubayda ibn Sayd ibn al As ibn Umayya que al Zubayr ibn al Awwam a tué et al As ibn Sayd qu’ Ali a tué ; et Uqba bin Abu Muayt que Asim bin Thabit a tué ; et Oqba ibn Rabia que Ubayda ibn al Harith a tué ; et Shayba ibn Rabia que Hamza a tué ; et al Walid ibn Oqba qu'Ali a tué ; et Amir ibn Abdullah, un allié des banu Anmar ibn Baghid qu' Ali a tué.
Total: 12.
Clan des Banu Nawfal ibn Abdu Manaf:
al Harith ibn Amir que Khubayb ibn Isaf a peut-être tué ; and Tuayma ibn Adiy ibn Nawfal que Ali a tué, aors que d’autres disent que c’est Hamza.
Total: 2.
Clan des Banu Asad ibn Abdul Uzza:
Zamaa ibn al Aswad ; et al Harith Zamaa ; et Uqayl ibn al Aswad ; et Abul Bakhtari qui était aussi al As ibn Hisham que al Mujadhdhar ibn Dhiyad al Balawi a tué ; et Nawfal ibn Khuwaylid qui était aussi ibn al Adawiya al Adiy de Khuzaa ; c’est lui qui avait lié avec une corde Abu Bakr et Talha ibn Ubaydullah, quand ils sont devenus musulmans, ce qui leur a donné le surnom de “Les attachés ensemble”. Il était un des notables des Quraysh. Ali l’a tué.
Total 5 hommes.
Clan des Abdul Dar:
al Nadr ibn al Harith dont on dit que Ali l’a exécuté en présence de l’envoyé d'Allah à al Safra ; et Zayd ibn Mulays affranchi de Umayr ibn Hashim ibn Abdu Mana.
Total 2.
Clan des Banu Taym ibn Murra:
Umayr ibn Uthmn ; et Uthman ibn Malik que Suhayb ibn Sinan a tué.
Total 2.
Clan des Banu Makhzum240 ibn Yaqaza:
Abu Jahl ibn Hisham (Muadh ibn Amir lui a tranché sa jambe). Son fils Ikrima a tranché la main de Muadh et l’a jetée au loin ; alors Muawwidh ibn Afra le frappa de telle façon qu’il le rendit inoffensif ; puis Abdullah ibn Masud l’acheva vite et lui trancha la tête quand l’envoyé demanda qu’on le recherche parmi les morts ; et al As ibn Hisham que Omar a tué ; et Yazid ibn Abdullah, un allié des Banu Tamin ; et Abu Musafi al Ashari, un allié ; et Harmala ibn Amir, un allié ; et Masud ibn Abu Umayya ; et Abu Qays ibn al Walid ; et Abu Qays ibn al Fakih ; et Rifaa ibn Abu Rifaa ; et al Mundhir ibn Abu Rifaa ; et Abdullah ibn al Mundhir ; et al Sayb ibn Abul Sayb ; et al Aswad ibn Abdul Asad que Hamza a tué ; et Hajib ibn al Sayb ; et Uwaymir ibn al Sayb ; et Amir ibn Sufyan ; et Jabir ibn Sufyan, deux alliés des Tayyi .
Total 17.
Clan des Banu Sahm ibn Amir:
Munabbih ibn al Hajjaj que Abul Yasar a tué ; et son fils al As ; et Nubayh ibn al Hajjaj ; etAbul As ibn Qays ; et Asim ibn Awf.
Total 5.
Clan des Banu Jumah:
Umayya ibn Khalaf qu’un auxilaire des Banu Mazin a tué ; et son Ali ibn Umayya que Ammar a tué ; et Aws ibn Miyar.
Total 3.
Clan des Banu Amir ibn Luayy:
Muawiya ibn Amir, un allié des Abdul Qays que Ali a tué ; et Mabad ibn Wahb, un allié des Banu Kalb ibn Awf que Khalid et Iyas les deux fils de al Bukayr ont tué.
Total 2.
Ainsi, le nombre des Quraysh tués à Badr a atteint 50241 .
Complément sur le décompte d’ibn Ishaq.242
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah).243
Ceux des Abd Shams: Wahb ibn al Hàrith des Banu Anmar, un allié ; et Amir ibn Zayd un allié du Yémen.
Total 2.
Ceux des Banu Asad ibn Abdul Uzza: Uqba ibn Zayd, un allié du Yémen et Umayr un de leurs affranchis.
Total 2.
Ceux des Abdul Dar: Nubayh ibn Zayd et Ubayd ibn Salit un allié de Qays.
Total 2.
Ceux des Banu Taym ibn Murra: Malik ibn Ubaydullah, frère de Talha, qui a été fait prisonnier, et qui est mort en captivité, donc il est compté avec les morts ; et certains ajoutent Amir ibn Abdullah ibn Judan.
Total 2.
Ceux des Banu Makhzum: Hudhayfa ibn Abu Hudhayfa que Sad ibn Abu Waqqas a tué ; et Hishàm ibn Abu Hudhayfa que Suhayb a tué ; et Zuhayr ibn Abu Rifaa que Abu Usayd a tué ; et Al Sayb ibn Abu Rifa que Abdul Rahman ibn Awf a tué ; et Aydh ibn al Sayb qui a été capturé, puis racheté, et ensuite, il est mort sur la route d’une blessure que Hamza lui avait faite ; et Umayr un allié des Tayyi ; et Khiyar un allié de al Qara.
Total: 7
Ceux des Banu Jumah ibn Amir: Sabra ibn Malik, un allié.
Total: 1
Ceux des Banu Sahm ibn Amir: al Harith ibn Munabbih que Suhayb a tué ;
Amir ibn Abu Awf ibn Dubayra que Abdullah ibn Salama al Ajlani a tué ; d’autres disent, Abu Dujana.
Total 2.
(Bukhari, Sahih 64/10, 3).
Le jour de Badr, le prophète et ses compagnons firent sur les infidèles 174 prisonniers et tuèrent 70 personnes.
Abu Sufyan a dit:
-Badr fut une revanche ; la guerre a des retours de fortune.
Poésie funéraire féminine, sur les morts de Badr.
(Hind bint Oqba et Safiya bint Musafir).244
Ô mes yeux, sois généreux avec mes larmes,
Pour le meilleur des fils de Khindif245
Qui n’est jamais rentré chez lui.
Le clan est tombé sur lui un matin,
Les fils de Hashim et les fils d’al Muttalib246
Ils lui ont fait goûter la pointe de leurs sabres
Ils l’ont attaqué encore alors qu’il était sans défense,
Ils l’ont attrapé, dénudé, pillé,
avec la poussière sur son visage ;
Pour nous, il était une puissante montagne,
Couverte d’herbe, plaisante à voir ;
Comme pour al Bara, que je ne veux pas mentionner,
Puisse t-il obtenir pourtant les bonne schoses qu’il espérait.
Hélas pour mes yeux douloureux et troubles
La nuit se prolonge, le soleil levant se cache!
J’ai su que les nobles chefs
Le destin les a saisis pour toujours
Que les cavaliers ont fui avec l’armée et
Les mères ont délaissé leurs enfants ce matin.
Redresse-toi Safiyya, n’oublie pas leurs familles
Et si tu pleures, ce n’est pas pour ceux qui sont loin.
Ils étaient les piliers de la tente.
Quand ils cassent, le toit de la tente est sans soutien247 .
Elégie de Kab ibn Ashraf248 sur les morts de Badr.
(ibn Hisham, Conduite de l’envoyé d'Allah 548-9).
La meule de Badr a broyé les guerriers,
un tel malheur arrache des sanglots et fait couler des pleurs.
Les princes de l'humanité ont été tués près de leurs citernes.
Vous ne pouvez pas vous laisser exterminer!
Des rois ont été étendus dans la poussière.
Plus d'un homme pur, célèbre et considéré,
a été frappé dans cette bataille,
qui donnait l'hospitalité aux étrangers,
distribuait à pleine main lorsque les étoiles de la pluie manquaient,
et était un seigneur auquel revenait le quart du butin.
Des hommes, dont l'indignation me plait, disent:
ibn Ashraf est un trembleur ; ils ont raison.
Lorsque mes amis ont été tués,
pourquoi donc la terre ne s'est-elle pas entr'ouverte
pour engloutir tous ses habitants?
Que celui qui a amené ce malheureux événement
soit blessé par un coup de lance, qu'il devienne aveugle
et sourd et vive éternellement dans l'angoisse!
On m'a raconté que la mort d'Abul Hakim a attristé
et profondément affligé tous les fils de Al Mughira.
Près de Abul Hakim sont les deux fils de Rabia ;
Munnabbih pas plus que Tobba249 et les autres tués n'ont pu échapper à leur sort.
On m'a raconté que Al Harith ibn Hashim agit en homme de bien
et rassemble des guerriers pour visiter Yathrib avec une troupe armée,
car cet homme généreux et respecté défend sa dignité.
11. — Le sort des prisonniers.
Pour tenter d’illustrer le débat sur le sort des prisonniers250 , Tabari accumule les citations coraniques, plus ou moins bien adaptées. Il est lui-même un commentateur réputé de ce texte. Ici, l’effet est presque comique.
Deux options s’offrent aux musulmans: exterminer les prisonniers ou en demander une rançon.
Omar veut tuer les prisonniers, ce qui prive la communauté d’une immense raçon ; Abu Bakr est plus pragmatique: la communauté musulmane de Médine est encore très pauvre et elle doit exploiter ce gisement humain.
Muhammad donne raison au second, et l'on se livre au marchandage.
Théologie du châtiment et de la miséricorde .
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 166).
Le prophète fut satisfait de cet avis ; il sourit et dit :
-Ô Abu Bakr, il en est d’Omar comme de Gabriel, qu'Allah envoie partout où il y a un châtiment ou un fléau à porter, comme au peuple de Lot et au peuple de Pharaon251 . Toi, tu es comme l'ange Michel, qu'Allah envoie toujours pour porter la clémence ; c'est lui qui porte la pluie, qui porte la clémence d'Allah au peuple de Jonas, qui en détourne le châtiment, et qui fait sortir Jonas du ventre du poisson. Tu es encore comme Abraham, qui, par pitié pour son peuple, a dit :
Que celui qui me suivra soit des miens ; que celui qui me désobéira.... mais tu es indulgent et miséricordieux! 252
Tu es comme Jésus, qui a dit :
Si tu les punis, ils sont tes serviteurs. Si tu leur pardonnes, tu es le puissant, le sage.253
Omar est comme Noé parmi les prophètes ; car Noé a dit :
Seigneur, ne laisse subsister sur la terre aucun des incrédules! 254
Il est comme Moïse, qui a dit: Seigneur, détruis leurs biens, etc.255
Vous avez raison l'un et l'autre ; maintenant attendons ce qu'ordonnera Allah. Pendant la séance même, Allah révéla le verset suivant:
Il n'a pas été donné à un prophète d'avoir des prisonniers, sans faire un grand massacre sur la terre, » etc. 256.
Dans les anciennes religions, on brûlait le butin ou on le cachait sous terre, de sorte que personne ne put y toucher, et l'on tuait les prisonniers257.
Le sort des captifs et Gabriel.
(ibn Sad, Tabaqat II 23).
En vérité, Gabriel est venu auprès du prophète pour le conseiller à propos des captifs de Badr. Il a dit:
-Tue les si tu veux, ou demande une rançon si tu veux. Mais dans ce dernier cas, 70 d’entre vous seront tués l’an prochain.
L’apôtre d'Allah appela ses compagnons. Ils arrivèrent pour la plupart. Il leur dit:
-Voici que Gabriel m’a donné le choix entre tuer les prisonniers ou demander une rançon, mais dans ce dernier cas, 70 d’entre vous seront tués l’an prochain.
Il dirent:
-Nous prenons les rançons, et ainsi nous gagnerons de la force sur eux, et 70 d’entre nous entreront au paradis!
(ibn Sad, Tabaqat II 24).
L’apôtre d'Allah a proclamé le jour de Badr:
-Attention! Je ne suis obligé par personne du peuple des polythéistes, à l’exception de Abu al Bakhtari, donc si vous le capturez, libérez-le.
L’apôtre d'Allah lui accordait l’amnistie.
Il se trouve qu’il avait été massacré...
La question des prisonniers dans le Coran.
(Corpus coranique d'Othman 8/68-71).
Il n'est d'aucun prophète de faire des captifs avant qu'il ait à merci les infidèles sur la terre.
Vous voulez, croyants ce qu'offre ce monde, alors qu'Allah veut, pour vous, la vie dernière.
Allah est puissant et sage.
N'était une prescription d'Allah venue précédemment258 , un tourment immense vous aurait touchés, à propos de ce que vous ai pris.
Mangez, sur ce que vous avez pris en butin, ce qui est licite et: excellent, et soyez pieux envers Allah! Allah est absoluteur et miséricordieux.
Ô prophète ! dis à ceux des captifs qui sont entre vos mains : Si Allah reconnait quelque bien en vos cœurs, il vous donnera mieux que ce qui vous a été pris et il vous pardonnera.
Allah est absoluteur et miséricordieux.
S'ils veulent vous trahir, ils ont déjà trahi Allah auparavant.
Mais celui-ci vous a fait vous saisir d'eux.
Allah est omniscient et sage.
12. — Le partage du butin.
Le principal problème réside dans le partage du butin, source de trouble et de mécontentement: chacun revendique selon son rang et son rôle dans la victoire ; le chef doit faire preuve d’autorité dans ces moments, et rappeler qu’il a pour lui une puissance supérieure, toujours à disposition.
La solution est dans le Coran, dit-on....
Disputes pour le butin.259
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 456).
L’envoyé ordonna ensuite que tout le butin qui avait pris dans le camp soit rassemblé, et les musulmans se disputèrent à ce sujet. Ceux qui avait pillé le revendiquait, e tceux qui avaient combattu et poursuivi l’ennemi affirmaient que s’ils n’avaient pas été là, il n’y aurait pas eu de butin et que s’ils n’avaient pas combattu, personne n’aurait été capable de piller quoi que ce soit. De même, ceux qui protégeaient l’envoyé contre l’ennemi estimaient qu’ils avaient un droit égal, parce qu’is avaient voulu s’emparer du butin eux aussi, mais ils avaient craint que l’ennemi ne revienne à la charge et donc ils étaient restés autour de l’envoyé d'Allah.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 166).
Le prophète ne prit aucune décision, parce que, dans toutes les religions, dans celle du Pentateuque comme dans celle de l’Evangile260 , le butin est une chose sacrée. Il attendit une révélation divine. Enfin Allah lui révéla, le verset suivant:
Ils t'interrogeront relativement au butin261 ; dis : La disposition du butin appartient à Allah et à son prophète. Craignez Allah et soyez d'accord, etc. 262
Le prophète ne prit aucune décision, car Allah n'avait pas manifesté sa volonté. On réunit tout le butin et les prisonniers en un seul endroit, et l'on y plaça un gardien, l'un des ansar, nommé Abdallah ibn Kab, de la tribu des Banu Najjar. Le prophète lui ordonna de rester à son poste jusqu'à ce qu'Allah eut fait connaître sa volonté.
(Dawud, Hadith 14/2731).263
L’envoyé d’Allah dit le jour de Badr:
Celui qui a fait tant aura tant.
Les jeunes partirent en avant et les vieux restèrent près des drapeaux et ils n’en bougèrent pas. Quand Allah leur apporta la victoire, les vieux dirent:
-Nous vous avons soutenu. Si nous avions été battus, vous vous seriez retournés vers nous. Ne prenez pas le butin pour vous seuls et que nous en soyons privés.
Les jeunes refusèrent de le donner264 :
-L’envoyé d’Allah nous l’a donné.
Alors Allah s’exprima:
-Ils s’interrogent à propos des biens pris comme butin de guerre. Dis-leur: ces biens sont à la disposition d’Allah et de son envoyé. Le seigneur l’ordonne..., même si une partie des croyants n’est pas d’accord. Cela se révélera bénéfique pour eux. De même, obéissez moi. Je connais les conséquences de tout cela bien mieux que vous.
Le butin de Badr.
(ibn Sad, Tabaqat II 18).
Le prix des rançons des prisonniers fut d’abord de 4000, puis 3000, 2000, et 1000 dirhams, mais l’apôtre d'Allah obligea même ceux qui n’avaient pas d’argent.265 Parmi eux, il y avait Abu Azza al Jumahi. L’apôtre d'Allah prit comme butin ce qu’ils avaient avec eux. Il nomma Abdallah ibn Kab, des ansar, comme gardien (...)266. L’apôtre d'Allah se réserva le sabre Dhu al Faqar, qui appartenait à Munabbih ibn al Hajjaj, en plus de sa part. Il lui était spécialement destiné267 . L’apôtre d'Allah donna leur butin aux musulmans qui avaient été présents à Badr et à huit autres restés derrière, par sa permission. Il leur donna les parts et les récompenses. L’apôtre d'Allah prit sa part comme les autres musulmans. Elle incluait le chameau d’Abu Jahl, sur lequel il avait combattu.
Le butin de Badr: la sourate dite “du butin”.268
(Corpus coranique d'Othman 8/1-18).
Les croyants t'interrogent , Prophète !, sur le butin.
Réponds :
Le butin est à Allah et à l'envoyé d'Allah.
Soyez pieux envers Allah!
Établissez la concorde entre vous!
Obéissez à Allah et à son envoyé! si vous êtes des croyants.
Les croyants sont ceux dont le cœur frémit et la foi augmente lorsqu'Allah est invoqué et quand ses signes leur sont seulement communiquées.
Ce sont ceux qui, sur leur seigneur, s'appuient, qui accomplissent la prière et font dépense en aumône sur ce que nous leur avons attribué.
Ceux-là sont les croyants, véritablement.
Ils auront de hauts degrés auprès de leur seigneur, pardon et généreuse attribution.
De même que ton seigneur t'a fait sortir de ta demeure, avec la vérité, alors qu'une partie des croyants avait certes aversion pour cela, de même ils disputent contre toi, prophète !, au sujet de la vérité après que celle-ci s'est manifestée, comme s'ils étaient poussés à la mort, alors qu'ils sont dans l'expectative.
Rappelez-vous quand Allah vous promettait qu'un des deux groupes serait à vous, quand vous désiriez que fut à vous le groupe non redoutable, alors qu'Allah voulait réaliser la vérité, par son arrêt et exterminer jusqu'au dernier des infidèles, tout cela afin de réaliser la vérité et d'anéantir le faux, en dépit des coupables.
Rappelez-vous quand vous demandiez secours à votre seigneur et qu’il vous exauça, vous disant: je vais vous donner en renfort mille anges ayant compagnon en croupe.
Allah ne le fit que comme bonne nouvelle pour vous, afin que par cela se tranquillisassent vos cœurs.
Le secours victorieux ne vient que d'Allah.
Allah est puissant et sage.
Rappelez-vous quand Allah vous recouvrait du sommeil - sécurité venue de lui -, quand, du ciel, il faisait descendre sur vous une eau pour vous purifier, pour chasser loin de vous la souillure du démon, pour ranimer vos cœurs et affermir vos talons!
Rappelez-vous quand votre seigneur inspirait les anges, leur disant: je suis avec vous. Affermissez ceux qui croient! je vais jeter l'effroi dans les coeurs de ceux qui sont infidèles. Frappez donc sur les cous!
Frappez-les sur les doigts !
C'est qu'en effet ces infidèles se sont séparés d'Allah et de son envoyé.
Or quiconque se sépare d'Allah et de son envoyé est puni, car Allah est terrible en son châtiment.
Voilà votre sort!
Goûtez-le269 et sachez que les infidèles auront le tourment du feu!
Ô vous qui croyez!, quand vous rencontrerez ceux qui sont infidèles, en marche contre vous, ne leur montrez point le dos!
Quiconque leur montrera le dos, en ce jour - sauf s'il se détache pour un autre combat ou s'il se retire pour rejoindre un autre corps -, celui-là encourra la colère d'Allah, et son refuge sera la Géhenne.
Quel détestable devenir!
Croyants! vous n'avez donc point tué ces infidèles, mais c'est Allah qui les a tués.
Tu n'as point visé quand tu as visé.
C'est Allah qui a visé afin de faire éprouver aux croyants une faveur venue de lui.
Allah est audient et omniscient.
Voilà votre sort.
Sachez qu'Allah va réduire à rien le stratagème des infidèles!
13. — La victoire prodigieuse.
La théologie est rudimentaire: quand les musulmans ont gagné, la victoire vient d’Allah, et ils n’ont pas à s’en vanter. En revanche, plus tard, quand ils seront battus, ce sera de leur faute. Quoiqu’il fasse, l’être humain, aussi méchant soit-il, est perdant. L'islam puise ces conceptions primitives dans des mécanismes séculaires du monde religieux sémitique.
Explication théologique de la victoire.
(Corpus coranique d'Othman 3/119-124).270
Certes, Allah vous a secourus à Badr, alors que vous étiez humiliés - soyez pieux envers Allah! peut-être serez-vous reconnaissants -, Allah vous a secourus quand, prophète!, tu disais aux croyants:
-Ne vous suffit-il pas que votre seigneur vous donne en renfort trois mille de ses anges, vers vous descendus ?
Mais oui! si vous êtes constants et pieux et si les ennemis marchent sur vous derechef, votre seigneur vous donnera en renfort cinq mille de ses anges lancés par lui.
Allah ne fit cela que comme bonne nouvelle pour vous, afin que, par cela, se tranquillisassent vos cœurs.
Le secours victorieux ne vient que d'Allah le puissant, le sage.
Il fait cela afin que vous tailliez en pièces ceux qui sont infidèles, pour quel vous les culbutiez et qu'ils s'en retournent déçus.
Prophète! tu n'as nulle part à l'ordre divin: ou bien le seigneur reviendra de sa rigueur envers eux -, ou bien il les tourmentera parce qu'ils ont, été injustes.
A Allah ce qui est dans les cieux et sur la terre.
Il pardonne à qui il veut et il tourmente qui il veut!
Allah est absoluteur et miséricordieux.
Le jour de la salvation.
(Corpus coranique d'Othman 8/42).
...si vous croyez en Allah et à ce qu’il fit descendre sur son serviteur, au jour de la salvation, au jour où les deux troupes se rencontrèrent.271
Allah, sur toute chose, est omnipotent.
La récompense des vainqueurs de Badr.
(Corpus coranique d'Othman 57/10).
Qu'avez-vous à ne point faire dépense dans le chemin d'Allah, alors qu'Allah possède l'héritage des cieux et de la terre ?
Ils ne seront point égaux272 ceux qui auront attendu et ceux qui, parmi vous, auront fait dépense et combattu avant le succès273 : ces derniers seront plus hauts en hiérarchie que ceux qui auront fait dépense et combattu après le succès.
A tous pourtant Allah promet la très belle récompense.
Allah, de ce que vous faites, est informé.
Poésie musulmane sur la victoire.
(Hassan ibn Thabit, Diwan 44).274
Quelqu’un peut-il dire si les Mecquois savent
comment nous avons massacré les infidèles dans leur mauvaise heure?
Nous avons tué leurs chefs dans la bataille
Et ils sont revenu comme une puissance amoindrie ;
Nous avons tué Abu Jahl et Oqba avant lui,
Et Shayba est tombé les mains en avant.
Tuma lui aussi, dans la poussière du combat.
Des hommes nobles et généreux
nous en avons massacré beaucoup,
de lignées élevées, illustres, parmi ce peuple.
Nous les avons laissés pour servir de repas aux hyènes
Et plus tard, à rôtir dans le feu de l’enfer.
Les cavaliers de Malik et ses affiliés n’ont été d’aucune utilité
Quand nous les avons rencontrés à Badr.
14. — Sanctuaire et pèlerinage.
Le site de la bataille devient un lieu de pèlerinage pieusement visité au fil des siècles par les participants au Hajj, et pieusement décrit; les voyageurs européens font aussi une visite à l'endroit.
Badr, lieu de pèlerinage au XIIème siècle.
(ibn Jubayr).275
Au début du Zhur, nous reprîmes la route pour camper près de Badr et y passer la nuit. Nous nous levâmes à minuit et arrivâmes à Badr alors il faisait jour. Badr est un village où les palmeraies se touchent. Il possède une citadelle construite au sommet d’une haute colline. On accède à Badr par le fond d'une vallée. La ville possède une source jaillissante. L'emplacement du puits, face au champ de bataille de l'islam où a été livré le combat. qui a glorifié la foi et humilié les polythéistes, est maintenant une palmeraie et l'emplacement des martyrs de la foi se trouve derrière. Le mont de la Miséricorde où les anges sont descendus se trouve à gauche, en entrant, en direction d'as Safra. En face se dresse le mont des Tambours qui ressemble à une dune allongée et qui porte ce nom à cause d'une légende qu’aiment beaucoup la plupart des musulmans qui prétendent qu'on entend les battements des tambours, chaque vendredi. Ce serait donc un rappel permanent de l'autre victoire du prophète à cet endroit. Mais Allah seul connait l’inconnu! L'emplacement de la cabane du prophète (...) est contigu au mont des Tambours et le lieu du combat se situe en face. Dans la palmeraie du Puits ,se dresse une mosquée qui dit-on, a été érigée sur l’ emplacement où la chamelle du prophète (...) s'est agenouillée. Un bédouin habitant à Badr nous a confirmé qu'ils entendent bien les battements des tambours dans cette montagne, mais il nous dit que c'était tous les lundis et jeudis.
Badr, lieu de pélerinage au XIVème siècle.
(ibn Battuta).276
Nous quittames Safra et campâmes à Badr où Allah donna la victoire à son envoyé, tint sa noble promesse et extermina les chefs polythéistes. Badr est un village où les palmeraies sont ininterrompues et où voit une forteresse dans laquelle on entre par le fond de la vallée, entre des montagnes. À Badr, jaillit une source dont les eaux bouillonnent, puis se répandent. L’emplacement de la fosse où furent jetés les polythéistes, ennemis d’Allah, est maintenant un verger et le cimetière des martyrs se trouve au-delà de cet endroit. La montagne de la Miséricorde où sont descendus les anges se situe à gauche en allant à Safra. En face se dresse la montagne des Tambours qui ressemble à une dune allongée.
Le théâtre des combats au début du XIXème siècle.
(J. L. Burckhadt, Travels in Arabia, Londres, 1829, p 406-7).
Badr est située dans une plaine bordée vers le nord et l'est par des montagnes abruptes ; au sud, par des collines rocheuses, et à l'ouest, par des collines de sables mouvants. La caravane du hajj en fait souvent une halte ; et nous avons trouvé l'endroit où ils avaient campé, juste à l'entrée de la ville, quatre mois auparavant, encore couvert de carcasses de chameaux, de fragments de tissus et des restes d'ustensils cassés, etc. Badr est connu dans l'Histoire arabe pour la bataille que Muhammad a menée contre une force supérieure des Arabes Quraysh, pendant la deuxième année de l'Hégire, Arabes venus à l'aide d'une riche caravane venant de Syrie, que Muhammad avait prévu de piller. Bien que très malade, j'ai marché avec les hajji277 de Mascate, pour inspecter le champ de bataille, et pour cela nous avons guidé par un homme de Badr. Au sud de la ville, à une distance d'un mille, au pied des collines, se trouvent les treize tombes278 des 13 fidèles et amis du Prophète, morts à ses côtés. Ce sont de simples montées de terre, entourée d'une lignée de cailloux et proches l'une de l'autre. Les Quraysh, nous a dit le guide, étaient postés sur la colline derrière les tombes, alors que Muhammad avait divisé sa petite troupe en deux groupes, l'une avec lui qui avançait dans la plaine contre l'ennemi, et une réserve donnée à Ali ibn Abu Talib, avec l'ordre de se poster sur la colline sableuse sur le côté ouest.(...)
§ 577. — Ohod: la joie dans le martyre.
En novembre 625279, les musulmans affrontent à nouveau les Mecquois, venus en nombre, accompagnés de leurs femmes, au nord de Médine, sur les flancs de la montagne Ohod280. L’engagement tourne d’abord à l’avantage des partisans de Muhammad, mais ceux-ci se désorganisent au moment du pillage des biens ennemis. Les Mecquois en profitent pour revenir à la charge et remporter la décision. Ils ne poussent pas plus loin et c’est Muhammad, au contraire, qui procède à une démonstration de force, aussitôt après.
Le combat a entraîné de nombreux pertes humaines et le chef lui-même est bousculé et blessé: c’est l’occasion d’exhalter la beauté du martyre au combat, pour des siècles, dans une surenchère rhétorique sans égal. C’est aussi un moment où le chef des musulmans exécute et fait assassiner divers opposants, pour venger ses propres pertes281 et pour procurer un dérivatif à la colère de ses troupes.
L’importance de la bataille tient aussi au fait qu'il s'agit une défaite, qu’il est indispensable d’expliquer théologiquement, au-delà du thème de la défaillance humaine282, pour non seulement éviter la déception des musulmans, mais pour attiser leur envie de revanche et leur soif de combattre et d'abattre.
Il y aurait283 donc de nombreuses allusions à l’épisode dans le Coran: exhortations aux troupes, menaces fulminantes contre les ennemis, admonestations envers les hypocrites et les juifs, peu enclins à combattre. L’expérience de la défaite démontre aussi à Muhammad la fragilité de son emprise sur la communauté de Médine: c’est par conséquent le prélude à la suppression totale des oppositions internes.
(ibn Hauqal, Configuration de la Terre 29).284
Ohod est une montagne au nord de la ville, et c'est la plus proche de la cité, à environ deux parasanges. Ses abords consistent en terrains de culture, qui appartiennent aux Médinois.
Une allusion coranique?
Un extrait du Corpus coranique semble coïncider avec les phases de la bataille: il est probable que l'exégèse a glosé de manière disproportionné à partir de ces quelques mots.
(Corpus coranique d'Othman 3/152).
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1. — La revanche.
L’esprit de revanche chez les Mecquois est bien mis à profit par Abu Sufyan, qui peut alors organiser la riposte.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 555).
Une fois que les infidèles mecquois eurent connu le désastre à Badr et après le retour des survivants à la Mecque, et le retour d’Abu Sufyan à sa caravane, Abdullah ibn Abu Rabia, Ikrima ibn Abu Jahl285 , Safwan ibn Ummaya, avec les hommes dont les pères, les fils, les frères avaient été tués à Badr, allèrent parler à Abu Sufyan et ceux qui avaient leurs marchandises dans la caravane, et dirent:
-Hommes des Quraysh, Muhammad nous a fait souffrir et a tué les meilleurs de nos hommes, alors allons avec cet argent pour le combattre, et ainsi, nous aurons l’espoir de tirer vengeance de ce que nous avons perdu. Et c’est ce qu’ils firent.
Une poésie vindicative d’Abu Sufyan.
(Tabari, Histoire des prophètes VII 1366).286
Il récita les vers suivants, pour exhorter les Quraysh:
Demi-tour et attaquez Yathrib et sa population
Il se sont assemblés, c’est un butin pour vous.
Même si le jour du puit est allé en leur faveur,
Ce qui viendra après tournera en notre faveur.
Je jure que je n’approcherai pas de femmes
Et que l’eau des ablutions ne touchera ni ma tête ni ma peau
Jusqu’à ce que je détruise les tribus des Aws et
des Khazraj ; vraiment, mon coeur est en feu.
Le rassemblement des forces mecquoises.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 189).
Après avoir essuyé la défaite de Badr, les Quraysh disaient entre eux:
-Nous n'aurons pas de repos avant d'avoir pris notre revanche sur Muhammad.
Ils envoyèrent des lettres et des messagers à tous les Arabes pour demander leur assistance. Ikrima ibn Abu Jahl et Safwan ibn Omayya, personnages considérables parmi les Quraysh, qui, l'un et l'autre avaient perdu leur père au combat de Badr, rassemblèrent les propriétaires des biens que Zayd ibn Haritha, avait enlevés à la caravane de Syrie conduite par Abu Sufyan, et leur dirent:
-L'armée de la Mecque va partir à cause de vous et de vos biens. Que chacun de vous contribue aux dépenses.
Les autres répondirent:
-Nous ne vous donnerons rien ; nous préparons nous-mêmes une armée, et nous prendrons nous-mêmes notre revanche. Donc, pendant un an, les Mecquois rassemblèrent une armée, dont ils donnèrent le commandement à Abu Sufyan. Ils choisirent d'entre les Arabes qui se présentaient tous ceux qui étaient distingués par leur courage. (...)
Aux portes de la Mecque, Abu Sufyan passa l'armée en revue ; elle se composait de trois mille hommes complétement armés, partie habitants de la Mecque, partie Arabes bédouins. Deux cents d'entre eux avaient des chevaux, les autres des chameaux. Sept cents hommes étaient armés de cuirasses. Ils marchèrent sur Médine ; arrivés aux portes de la ville, ils s'arrêtèrent près d'une montagne et dont la hauteur est d'un mille.
2. — La morosité à Médine.
Chez les vainqueurs, l’ambiance n’est pas bonne ; les sources accusent surtout les munafiqun, “Hypocrites”, de menées subversives. On en peut en savoir plus, mais les Médinois n’ont guère envie de se battre en masse pour un prophète. Ils craignent aussi, suivant la mentalité ancienne, une revanche méritée de leurs adversaires de Badr. Alors, le Coran intervient pour essayer de réveiller leur agressivité.
(ibn Sad, Tabaqat II 43).
L’apôtre d'Allah a vu dans un rêve qu’il avait mis une forte armure, le sabre Dhul Faqar, brisée au niveau de la pointe, une vache sacrifiée poursuivie par un bélier. Il raconta le rêve à ses compagnons et l’interpréta ainsi287 :
-Médine était la forte armure, l’entaille dans le sabre signifiait une blessure pour lui, le sacrifice de la vache signifiait qu’un grand nombre de ses compagnons serait tué et le bélier représentait l’armée qui serait tuée par Allah.
Dissension à Médine avant la bataille.
(Corpus coranique d'Othman 73-75).
En vérité, parmi vous, il est certes quelqu’un qui temporise.
Si une calamité vous atteint, il dira: Allah m’a comblé d’un bienfait puisque je n’ai pas été témoin avec eux.
Mais si une faveur d’Allah vous vient, ce personnage dira -comme si nulle affection n’existait entre lui et vous- :
-Plût au ciel que j’eusse été avec ces croyants et que j’eusse obtenu un succès immense288 .
(Corpus coranique d'Othman 3/118).
Rappelle quand deux parties289 d’entre vous songèrent à fléchir alors qu’Allah était leur patron!
Que sur Allah s’appuient les croyants!
Encouragement des troupes avant la bataille.
(Corpus coranique d'Othman 8/66).
Ô prophète, encourage les croyants à combattre!
S’il se trouve, parmi vous, vingt hommes constants, ils en vaincront deux cents290.
S'il s’en trouve cent, ils vaincront mille qui sont infidèles, car ceux-ci forment un peuple qui ne comprend pas.
Le cri de guerre des musulmans.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah, notes).291
Le cri de guerre des compagnons était ce jour: “tue! tue!”.
La réaction des Médinois.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 190).
Lorsque le prophète reçut cette nouvelle, les gens de Médine furent dans la crainte ; car ils savaient que les incrédules venaient pour venger le sang versé à Badr. Le prophète ayant convoqué ses compagnons pour délibérer avec eux, Abdallah ibn Obayy ibn Salul, chef des Khazraj292, qui était un des munafiqun, présent dans l'assemblée293 , parla ainsi:
-Ô envoyé d'Allah, il faut que nous restions ici, que nous les laissions approcher jusqu'aux portes de la ville, dans laquelle nous nous enfermerons et où nous combattrons. Ici les femmes et les enfants, en lançant sur eux des pierres, pourront nous être utiles, et les ennemis se trouveront moins nombreux que nous. Mais si nous sortons à leur rencontre, leur nombre sera supérieur au nôtre ; car Médine ne fournira pas trois mille combattants. Nous n'avons pas souvenir que jamais, du temps du paganisme, du temps des Tobba294 du Yémen, et même avant cette époque, quelqu'un ait attaqué la ville de Médine sans s'en retourner vaincu et ruiné.
Le prophète agréa ces paroles et dit :
-J'ai rêvé cette nuit que mon sabre était ébréché et que je mettais ma main dans une cuirasse.
La cuirasse parait signifier la ville de Médine, dans laquelle je m'enfermerai. Quelques-uns des compagnons du prophète, muhajirun et ansar, qui avaient assisté à la bataille de Badr, tels que Ali ibn Abu Talib, Omar ibn Khattab. Moadh et d'autres, dirent :
-Ô envoyé d'Allah, cela n'est pas juste. Jamais on n'est resté chez soi, l'ennemi étant aux portes, sans devenir, un objet de mépris. Conduis-nous hors de la ville, afin que nous combattions ; nous leur ferons voir un combat comme celui de Badr.
Le prophète répliqua:
-Préparez-vous, accomplissons la prière du vendredi et partons. C'était le septième jour du mois de shawwal. Les hommes s'équipèrent, le prophète accomplit la prière, se revêtit de son armure, et, monté sur un cheval de noble race, il quitta sa maison à contre cœur. Lorsque les hommes remarquèrent l'hésitation du prophète, ils lui dirent :
-Ô envoyé d'Allah, si tu hésites à partir, nous nous soumettons à ta volonté ; reste, si tu le veux.
Le prophète répondit:
-Que ne le disiez-vous plus tôt? Maintenant que j'ai revêtu mon armure, je ne veux pas reculer. Il n'est pas convenable, après avoir pris les armes, de les déposer sans avoir combattu.
La question des juifs.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 559).
... les auxiliaires demandèrent:
-Ô envoyé, va t-on demander de l’aide à nos alliés, les juifs?
Il dit:
-Nous n’avons pas besoin d’eux.
Premier appel aux armes contre les Mecquois.
(Corpus coranique d'Othman 8/40-46).
Et combattez-les jusqu'à ce que ne subsiste plus de tentation d'abjurer et que le culte en entier soit rendu à Allah S'ils cessent, ils seront pardonnés, car Allah, sur ce qu'ils font est clairvoyant. S'ils tournent le dos, sachez qu'Allah est votre maître !
Quel excellent maître!
Quel excellent compagnon295 !
Quelque chose que vous preniez, en butin, sachez que le quint en appartient à Allah, à l'envoyé d'Allah, au proche de celui-ci, aux orphelins, aux pauvres, au voyageur, si vous croyez en Allah et à ce qu'il fit descendre sur son serviteur, au jour de la salvation, au jour où les deux troupes se rencontrèrent.
Allah, sur toute chose, est omnipotent.
Quand vous étiez sur le versant le plus proche et les ennemis sur le versant le plus éloigné, tandis que les gens montés étaient en dessous de vous -, si vous vous étiez convenu d'un rendez-vous vous vous seriez opposés sur le choix de ce rendez-vous, mais tout advint pour qu'Allah accomplit un ordre qui reçut exécution, pour que périt celui qui périt sur vue d'une preuve et pour que vécut celui qui vécut sur vue d’une preuve.
En vérité, Allah est certes audient et omniscient.
Rappelle-toi quand, en songe, Allah te faisait voir les ennemis peu nombreux car s’il te les avait fait voir nombreux, vous auriez perdu courage et auriez discuté sur l’affaire, mais Allah vous a donné apaisement.
Il connait les pensées des coeurs.
Rappelez vous quand Allah, au moment de la rencontre, faisait apparaître vos ennemis peu nombreux à vos yeux et vous minimisait à leurs yeux, pour qu’Allah accomplit un ordre qui reçut exécution!
A Allah reviennent les ordres.
Second appel aux armes contre les Mecquois.
(Corpus coranique d'Othman 8/61-67).
Que ceux qui sont infidèles ne croient pas nous devancer!
Ils ne sauraient nous réduire à l'impuissance.
Préparez, contre ces infidèles, ce que vous pourrez de force et de chevaux par quoi vous effraierez l'ennemi d'Allah et votre ennemi et d'autres, en dehors d'eux, que vous ne connaissez pas et qu'Allah connait!
Quelque chose que vous dépensiez, dans le Chemin d'Allah296 , vous sera exactement rendu et vous, vous ne serez point lésés.
S'ils inclinent au contraire à la paix, incline vers celle-ci , prophète !
Appuie-toi sur Allah!
Il est l'audient, l'omniscient.
S'ils veulent te tromper.... que ton suffisant soit Allah!
C'est lui qui t'a déjà assisté de son secours et de celui des croyants.
Il a mis l'affection entre les cœurs et si tu avais, prophète !, dépensé en totalité ce qui est sur la terre, tu n'aurais pu mettre seul l'affection entre leurs cœurs.
Mais c'est Allah qui a mis l'affection entre eux.
Il est puissant et sage.
Ô prophète ! qu'Allah soit ton suffisant ainsi que pour les croyants qui t'ont suivi !
Ô prophète!, encourage les croyants à combattre! S'il se trouve, parmi vous, vingt hommes constants, ils en vaincront deux cents.
S'il s'en trouve cent, ils vaincront mille de ceux qui sont infidèles, car ceux-ci forment un peuple qui ne comprend pas.
Dès maintenant, Allah vous a procuré allègement et a reconnu en vous une faiblesse.
S'il se trouve, parmi vous, cent hommes constants, ils en vaincront deux cents.
S'il s'en trouve mille, ils en vaincront deux mille, avec la permission d'Allah.
Allah est avec les constants.
3. — Départ de la troupe musulmane.
Les troupes musulmanes partent dans une ambiance déjà morose quand les Médinois d'ibn Ubayy pratiquent une forme de résistance passive. Il faut montrer notamment que Muhammad lui-même ne veut pas combattre, pour lui ôter toute responsabilité dans la défaite.
(ibn Sad, Tabaqat II 44).
L’apôtre d'Allah sortit, portant son armure et sa cotte de maille. Il avait ajouté une grande ceinture de cuir au milieu, pour suspendre un sabre. Il mis un turban sur la tête, prit un sabre et mis son bouclier dans son dos.
En route vers Ohod.
(Waqidi, Livre de des expéditions 19).
Ils prirent le chemin vers les fermes et les propriétés des Banu Haritha ; alors qu’ils passaient par la palmeraie de l’aveugle Mirba ibn Qaythis, celui-ci leur jeta de la terre au visage en disant ces mots:
-Même si tu es le messager d’Allah, tu ne dois pas pénétrer dans mon jardin.297
Sad ibn Zayd le frappa avec l’arc sur la tête, ce qui le fit saigner.298
La défection des hommes d’ibn Ubayy.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 193).
Enfin il partit à la tête de mille hommes. Dans cette troupe, il y avait, outre le cheval du prophète, un autre cheval, appartenant à un homme nommé Abu Borda ibn Niyar, l'un des Banu Harith, des Banu Aws. Le prophète avait laissé comme son lieutenant à Médine ibn Umm Maktum. L'étendard du prophète était porté par Mosab ibn Omayr, l'un des muhajirun.
Abdallah ibn Obayy, n'avait suivi l'armée qu'à contre-coeur. Lorsqu'on fut arrivé à un lieu nommé Shawt, à la distance d'une demi-parasange de Médine, il s'arrêta et dit:
-Je ne sais où je vais. Il ne faut pas suivre un homme qui rejette l'avis des grands pour écouter celui des enfants ; il ne faut pas aller à la mort gratuitement.299
Entouré d'un grand nombre de personnes, il dit :
-Je retourne à Médine: que tous ceux qui désirent leur salut reviennent.
Trois cents hommes le suivirent300 .
Le prophète ne s'en retourna pas, mais il envoya l'un des ansar, nommé Abdallah ibn Amir, après Abdallah ibn Obayy, pour le rappeler, lui et ses hommes. Cet homme leur dit :
-Où allez-vous, ô nos frères musulmans? Abandonnerez-vous le prophète d'Allah, sur le conseil d'un hypocrite? N'avez-vous pas honte devant Allah?
Abdallah ibn Obayy répliqua:
-Nous ne savons pas pourquoi vous vous mettez en campagne. Vous n'aurez pas à combattre ; vous vous en irez sans avoir eu affaire à l'ennemi.
Malgré toutes les instances d’Aldallah ibn Amir, les trois cents ne voulurent pas revenir, et cet homme quitta l'armée. Mais Gabriel apporta le verset suivant :
... Ils dirent : Si nous savions que vous dussiez combattre, nous vous suivrions. Certes, en ce jour, ils étaient plus près de l'infidélité que de la croyance. 301
Le prophète dit:
-Allah est avec nous, cela suffit302 .
Et il continua sa marche.
Les forces musulmanes.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 193).
Il s'arrêta là, à l'heure de la prière de l'après-midi, et passa ses troupes en revue. Il y avait sept cents combattants, soit à pied, soit montés sur des chameaux. Le prophète et un autre avaient des chevaux. Cent hommes étaient armés de cuirasses. De même qu'à Badr, le prophète renvoya ceux qui étaient trop jeunes, tels que Abu Sayd al Khudri ; Aldallah ibn Omar ; Zayd ibn Thabit303 ; Osayd ibn Zuhayr ; Al Bara ibn Azib. Tous ces jeunes gens, excepté Abu Sayd, avaient déjà voulu prendre part à l'expédition de Badr, mais le prophète les avait renvoyés. Il voulut agir de même avec Samura ibn Jondab, et avec Rafi ibn Khodaydi ; mais, voyant la taille élevée de ce dernier, il lui permit de rester. Alors Samura ibn Jondab, dit :
-Ô envoyé d'Allah, tu permets à Rafi de rester et tu me renvoies ; cependant, quoique je sois de petite taille, quand je lutte avec Rafi, je le fais tomber.
Le prophète l'autorisa également à suivre l'armée. Puis, ayant résolu de passer la nuit à cet endroit, il dit :
-Il nous faut un guide qui nous conduise par un chemin plus court, afin que nous puissions livrer le combat demain ; nous occuperons la montagne et nous l'aurons à notre dos.
On lui amena un guide, nommé Abu Haythama, des Banu Haritha.
Les archers musulmans.304
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 560).
L’envoyé disposa ses troupes pour la bataille, environ 700 hommes. Il mit à la tête des archers Abdullah ibn Jubayr (...) qui se distinguait ce jour là par ses habits blancs. Il y avait 50 archers, et il dit:
-Tenez la cavalerie à distance par vos flèches et ne les laissez pas venir sur nos arrières, que l’issue soit en notre faveur ou non ; et gardez vos positions pour que nous ne soyons pas surpris.305
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 194).
Le prophète envoya à l'entrée de ce défilé cinquante archers, des ansar, sous les ordres d’Abdallah ibn Jubayr, l'un des Banu Amir ibn Awf. Il leur donna les instructions suivantes :
-Si l'ennemi se tourne de votre côté pour passer par ce défilé, repoussez-le en lui lançant des traits. Restez fixes à ce poste, soit que nous soyons victorieux, soit que nous succombions, jusqu'à ce que je vienne vous trouver ; car Allah m'a promis la victoire.
Les deux armées prirent ainsi leurs positions.
4. — La bataille.
Elle a moins d'importance théologique que Badr et pour cause. Elle est donc décrite avec ce qui apparaît comme un esprit de sérieux. On repère donc les troupes et leur disposition, les phases, les déplacements tactiques.
Le face à face.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 194).
Au lever du soleil, ils arrivèrent au mont Ohod. Le prophète plaça son armée en face des Quraysh ; elle était appuyée à la montagne, pour que l'ennemi ne put pas la tourner ; mais comme elle était composée d'un petit nombre de combattants, et que les troupes de l'ennemi, au contraire, étaient fort nombreuses, celles-ci l'enveloppèrent par-devant et par-derrière. Les ennemis se mirent en ordre de bataille, et Abu Sufyan donna le commandement de l'aile droite à Khalid ibn Walid306 , qui se trouvait à la tête de cinq cents hommes. L'aile gauche, formée également de cinq cents hommes, était commandée par Ikrima ibn abu Jahl. L'étendard des Quraysh était, selon l'usage307, porté par les descendants d’Abd ed Dar ibn Kusayy. Abu Sufyan leur dit:
-Le sort de la guerre est attaché à l'étendard ; car aussi longtemps que l'étendard reste debout, l'armée tient pied. J'ai appris que, dans la journée de Badr, vous avez jeté l'étendard, cédant à la terreur, et l'armée s'est mise à fuir. Si, aujourd'hui, vous voulez agir de même, je vais le confier à d'autres.
Ils répondirent:
-Nous ne céderons à personne notre honneur héréditaire ; mais nous montrerons aujourd'hui plus de vaillance que nous n'en avons jamais montré.
Et ils remirent l'étendard entre les mains de l'un d'eux, homme très brave, nommé Talha ibn Othman ibn Abd ed Dar. Ensuite les Quraysh ayant formé leurs lignes de bataille, Abu Sufyan fit placer le chameau qui portait l'idole de Hobal308 devant les rangs et ordonna aux femmes de se tenir derrière les rangs ; puis il dit aux soldats:
-Si vous ne voulez pas combattre pour votre religion309, au moins combattez pour venger le sang versé à Badr et pour les femmes.310
Le prophète, en disposant ses troupes en ordre de bataille, plaça Zubayr ibn Awwam, avec cent hommes, en face de Khalid ibn Walid ; Miqdad ibn Al Aswad, avec cent hommes en face d’Ikrima, et donna l'étendard à Moslah ibn Omayr, qu'il plaça devant les rangs. Il y avait sur le mont Ohod un défilé par lequel les infidèles pouvaient s'avancer pour prendre l'armée musulmane par-derrière.
Le choc des hommes et des armées.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 194).
Ensuite le prophète dit à Zubayr ibn Awwam:
-Au nom d'Allah, charge!311
Zubayr attaqua Khalid, et du premier choc il le fit fuir. Le prophète et ses compagnons exprimèrent leur admiration. Abu Sufyan s'opposa avec mille hommes à Zubayr et le fit reculer jusqu'à sa première position. Talha, qui tenait l'étendard des infidèles, homme d'une bravoure héroïque, se plaça devant Ali ibn Abu Talib, et, brandissant son sabre, lui dit:
-Ô Ali, vous dites que vos morts vont en paradis et que les nôtres vont en enfer. Viens maintenant lutter avec moi, tu m'enverras en enfer avec ton sabre, ou je t'enverrai en paradis par le mien.
Ali répliqua:
-Je t'enverrai en enfer, s'il plaît à Allah.
Ils commencèrent la lutte, et Ali, le frappant de son sabre, lui coupa une jambe. Talha tomba et avec lui l'étendard des infidèles, qui fut relevé par un autre membre de la famille d’Abd Dar. Talha dit à Ali :
-Grâce, ô mon cousin!
Ali le quitta, en disant :
-Je ne te crois pas digne de l'enfer ; tu ne vaux pas assez pour mériter l'enfer.
Le prophète entendit ces paroles et sourit. Ali rentra dans les rangs. Ensuite le prophète ordonna à ses troupes de faire une charge générale.
Le sabre d’Ali.
Cette arme est célèbre dans l’islam, ne serait que par son apparence: l’objet volé à l’ennemi est porté en offrande à Muhammad par Ali. Celui-ci récupère ensuite le sabre qui devient un des emblèmes du shiisme.Il se distingue par un aspect très particulier: il possède deux pointes et son tranchant est cranté, ce qui lui permet de trancher la chair par delà les cottes de mailles, et d'extirper les viscères des corps transpercés312 . En somme, c’est une efficace scie à chair et à métaux313, plutôt que l’emblème d'un très hypothétique pacifisme musulman. 314
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 197).
Ali ibn Abu Talib, combattait dans les premiers rangs. Il asséna un coup de sabre sur la tête d'un infidèle, couvert d'un casque très fort: il fendit le casque et tua un homme ; mais son sabre se brisa. Il revint auprès du prophète et lui dit:
-Ô envoyé d'Allah, j'ai tué d'un coup de sabre un infidèle, mais mon sabre s’est brisé, et je n'en ai pas d'autre.
Le prophète lui donna son sabre Dhul Faqar, en lui disant315:
-Prends-le, ô Ali.
Il pensait qu'il ne le prendrait pas et qu'il ne pourrait pas le manier. Cependant Ali ayant pris le sabre et se jetant dans la lutte, le prophète le vit combattre avec violence, frapper avec Dhul Faqar en avant, en arrière, à droite et à gauche. Un Quraysh s'étant présenté devant lui, se couvrant de son bouclier, Ali le frappa de façon que le sabre pénétra à travers le bouclier et le casque, fendit la tête de cet homme et traversa son corps jusqu'à la poitrine.
Le prophète, en voyant cet exploit, dit:
-Il n'y a pas de sabre comme Dhul Faqar, et il n'y a pas de héros comme Ali316.
Le sabre d'Abu Dujana.
(Musa ibn Oqba 65).317
L’envoyé portait deux cottes de maille le jour d’Ohod, et il prit un sabre en criant:
-Qui veut prendre ce sabre avec son droit ?
Des gens se levèrent pour le prendre, mais il refusa de leur donner, jusqu’à ce qu’Abu Dujana (...) se dressa pour le prendre. (...)
Il demanda:
-Quel est son droit, envoyé d’Allah?
Il répondit:
- Que tu frappes l’ennemi jusqu’ à ce qu’il s’affaisse.
(...)
Il partit au combat en disant:
-Je suis l’homme qui a pris le sabre
Quand le prophète a dit cette phrase:
-Use de son droit pour le salut d’Allah, le seigneur, qui vraiment apporter toute nourriture.
Une chanson de Hind.318
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 198).
Les infidèles triomphaient. Abu Sufyan excitait leur courage, et les femmes, revenues de la montagne, se tenaient derrière l'armée, en battant du tambour de basque pour encourager les soldats.
Hind, femme d'Abu Sufyan, sautillait et dansait, en chantant ces vers :
Nous sommes filles de l'étoile du matin319 :
nous foulons sous nos pieds des coussins .
Nos cous sont ornés de perles :
nos cheveux sont parfumés de musc.
Si vous combattez, nous vous pressons dans nos bras:
Si vous reculez, nous vous délaissons.
Adieu l'amour!
(ibn Sad, Tabaqat II 47).
Les femmes des polythéistes commencèrent à battre cymbales, tambours et tambourins pour motiver leurs hommes en leur rappelant ceux qui étaient morts à Badr. Elles chantaient:
Nous sommes les filles de l’Etoile du Matin.
Nous avançons sur des selles à coussin de cuir.
Si vous avancez, nous vous embrasserons,
Si vous tournez le dos, nous vous rejeterons,
par une séparation sans aucune tendresse.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 562).
Hind bint Oqba se leva parmi les femmes qui étaient avec elle, et elles prirent des tambourins qu’elles frappaient derrière les hommes pour les encourager, alors que Hind chantait:
Ô vous hommes d’Abdul Dar,
Protecteurs de nos arrières
Frappez avec chaque lance acérée!
Une flèche magique.
(Muslim, Sahih 31/5932).320
... le jour d’Ohod... quand un polythéiste attaquait les musulmans. Alors l’envoyé d’Allah lui dit:
-Tire une flèche.
... j’ai tiré une flèche sans plume et je l’ai atteint à tel point qu’il est tombé et que ces parties intimes321 étaient visibles322. Le messager d’Allah riait et j’ai même vu ses dents de devant.
(Muslim, Sahih 43/4264).
Sa'd ibn 'Abu Waqqâs a dit :
-"Le jour de la bataille d'Uhud, j'ai vu à droite et à gauche de l'envoyé d'Allah deux hommes vêtus de blanc. Je ne les avais pas vus auparavant et ne les revis pas par la suite".
- "C'étaient, ajoute le transmetteur, Gabriel et Mikâ'îl".
Le tournant de la bataille.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 196).
Les musulmans tuèrent les infidèles et se mirent à piller. Les cinquante archers que le prophète avait placés à l'entrée du défilé pour le garder, voyant cet état de choses, se dirent entre eux:
-L'ennemi est en fuite et les musulmans prennent du butin ; nous n'aurons rien ; allons aussi pour piller.
Leur chef dit:
-Ne désobéissez pas aux ordres du prophète ; restez ici.
Alors ils disputèrent entre eux: les uns disaient qu'il fallait rester, les autres qu'il fallait prendre part au pillage. Enfin trente d'entre eux allèrent pour piller, et vingt restèrent à l'entrée du défilé. Khalid ibn Walid, tourna la montagne, avec environ deux cents hommes, attaqua ces vingt archers et les tua sur place. Il sortit par le défilé et tomba sur les derrières de l'armée musulmane, qu'il fit charger avec le sabre. Un cavalier courut après Abu Sufyan et l'armée quraysh pour les avertir. Abu Sufyan ramena les Quraysh, qui recommencèrent la lutte et chargèrent avec leurs sabres l'armée musulmane, par-devant et par-derrière. L'étendard des infidèles, qui était tombé lors de leur fuite, fut relevé par un nègre abyssin, nommé Sawab323 . Les musulmans furent étonnés de le voir flotter de nouveau, et lorsqu'ils aperçurent Khalid, sur leurs derrières, massacrer les fidèles, ils se mirent à fuir. Les infidèles triomphèrent et les entourèrent. Le prophète resta fixe à son poste. Il appela ses compagnons et encouragea les soldats ; mais aucun d'eux ne répondit à son appel, comme il est dit dans le Coran. Abu Bakr et Omar furent blessés, et se retirèrent. Othman ibn Affan324 , avec deux ansar, s'enfuirent et se cachèrent derrière la montagne.
(Bukhari, Sahih 58/ 161).325
Le jour de la bataille d’Ohod, les païens étaient complètement battus. Alors Satan cria très fort:
-Ô esclaves d’Allah! faites attention à ceux qui sont derrière vous!
Alors les rangs de devant attaquèrent ceux de l’arrière.
(Bukhari, Sahih 83/15, 5).
Urwa ibn Zubayr rapporte qu’Aïsha a dit:
Le jour d’Ohod, les polythéistes éprouvèrent une défaite inoubliable pour eux. Iblis se mit alors à crier:
-Eh! Adorateurs d’Allah, attention à vos derniers rangs!
Huzayfa ibn al Yama regardant devant lui aperçut son père.
-Mon père! mon père! s’écria t-il.
-Par Allah, dit Aïsha, avant qu’on peut pu s’interposer cet homme était tué.
-Allah lui pardonne! dit alors Huzayfa.
Par Allah, ajoute Urwa, Hufayza ne cessa jusqu’à sa rencontre avec Allah de conserver le douloureux souvenir de cet événement.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1394).326
Un cri s’éleva alors:
-le butin! le butin!
Et Abdallah cria:
-Pas si vite! Rappelez-vous les ordres que le prophète d’Allah vous adonnés!
Ils refusèrent de l’écouter, et partir. Quand ils rejoignirent les autres, Allah se détourna de leurs visages, et 70 musulmans furent tués.
5. — La mort d’Hamza.
Cet oncle paternel de Muhammad est déjà un personnage bien connu à la Mecque pour son courage, son habilité et son goût excessif pour le vin327 : un personnage dans l'esprit de la jahiliyya. Il met ensuite son caractère emporté au service de Muhammad, dont il assure la protection, par solidarité tribale et par esprit d'aventure. Il met ses compétences au service de la petite troupe qui s’initie au pillage de caravanes, parce qu’il est au départ le seul à avoir des compétences militaires.
C'est le martyr le plus célèbre de l'islam: sa mort à la bataille d'Ohod en fait un véritable héros guerrier pour toutes les générations328 . Le plus piquant est qu'il est pas véritablement musulman et ce n'est que par le martyre finalement qu'il s'islamise pour de bon et pour la postérité. S'il n'avait pas été aussi efficace sur le plan militaire, nul doute que ce coq de village ivrogne aurait grossi les rangs des "hypocrites"329.
En un mot un personnage haut en couleur, stupide mais sympathique, du genre qui est utile à toutes les causes, bonnes ou mauvaises, et qui y plonge totalement, essayant avec succès de ne pas réfléchir à ce qu'il fait.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 200).
Quant aux musulmans, les uns étaient en fuite vers Médine, les autres étaient blessés, d'autres se cachaient dans la montagne.
Pendant toute la route, Hind avait répété à Wahshi330 que, s'il tuait Hamza, elle lui donnerait tous les objets précieux qu’elle portait sur elle. Elle était couverte de quantité d'ornements et de vêtements. Lorsque toutes les femmes furent descendues de la montagne et que le combat eut recommencé des deux côtés, Hind chercha Wahshi, ôta de son corps tous les ornements, les mit sur une place, et dit :
- Voilà que je viens d'accomplir ma promesse, il te reste à accomplir la tienne. Va tuer Hamza et reviens prendre tout ceci.
Wahshi se munit d'un javelot et alla à la recherche de Hamza. Arrivé sur le champ de bataille, il le trouva luttant avec un infidèle, nommé Siba ibn Abdul Ozza ; c'était un homme encore jeune, tandis que Hamza était âgé de cinquante-cinq ans. Le nom de la mère de Sibal était Ray.
Hamza lui dit:
-Enfant de Ray, résiste à ce choc!
Et en même temps, il l'assaillit, lui asséna un coup et le tua. Lorsqu'il s'en allait, Wahshi, caché derrière un bloc de pierre, lui lança son javelot, qui le frappa dans le bas-ventre. Hamza voulut se jeter sur lui, fit quelques pas, puis ses forces l'abandonnèrent et il tomba. Wahshi s'approcha, reprit son javelot, frappa de nouveau Hamza et le tua ; il s'en alla ensuite, vint trouver Hind, reçut d'elle les bijoux, quitta le champ de bataille et se rendit dans le camp ; car il n'avait plus personne à combattre331.
Le destin de Hamza.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah, notes).332
Quand l’envoyé se dressa au dessus du corps de Hamza, il dit:
-Je n’ai jamais été aussi meurtri que maintenant. Jamais je n’ai été autant en colère.
Puis il ajouta:
-Gabriel est venu à moi, et il m’a dit que Hamza avait été inscrit parmi les gens du sept cieux: “Hamza ibn Abd ul Muttalib, le lion d’Allah et le lion de l’envoyé333”.
L’envoyé, Hamza et Abu Salama ibn Abdul Asad avait été frères de lait, qu’une affranchie d’Abu Lahab avait allaités.
La colère de Muhammad.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 584).
... l’envoyé d'Allah alla chercher Hamza et le trouva au fond de la vallée avec son ventre ouvert et sans son foie, et son nez et ses oreilles coupés334 . (...) L’envoyé dit (...):
-Si Allah me donne la victoire sur les Quraysh dans le futur, je mutilerai trente de leurs hommmes.
Quand les musulmans ont vu le chagrin de l’envoyé et la colère qu’il avait contre ceux qui avaient ainsi traité son oncle, ils dirent:
-Par Allah, si Allah nous donne la victoire dans le futur, nous les mutilerons comme aucun Arabe n’a jamais mutilé quiconque.
L'allusion coranique?
Tout ce qui a été écrit sur le compte d'Hamza et de sa mort édifiante a peut-être été suscité pour expliquer un verset particulier.
(Corpus coranique d'Othman 3/139).
Il n'es écrit à personne335 de mourir sinon avec la permission d'Allah. Ecrit fixé! Quiconque désire la récompense336 de la vie immédiate, nous lui en donnons une part, et quiconque désire la récompense de la vie dernière, nous lui en donnerons une part. Nous récompenserons ceux qui sont reconnaissants.
6. — La défaite.
Comment expliquer la défaite? La bataille avait débuté par des invocations religieuses dans les deux camps : suivant une conception très moyen-orientale, le dieu le plus puissant devait donc l'emporter. Bien évidemment, l'historiographie et l'exégèse musulmanes refusent cette conception traditionnelle. On a alors recours à de vieux discours bien usés, juifs et chrétiens : les hommes sont fautifs, la responsabilité entière leur est attribué et la défaite est finalement une épreuve purificatrice.
La responsabilité véritable semble provenir d'un petit groupe d'archers qui abandonne son poste pour piller les biens des Mecquois, ce qui permet à ces derniers d'effectuer une manoeuvre tournante avec leur petite cavalerie, commandé par l'affreux Khalid. Les musulmans sont pris à revers et de panique ; ils s'enfuient, sous le regard furieux de leur chef.
Exclamation de Muhammad.
(Waqidi, Livre des expéditions 19).
Ce jour là, Muhammad a dit:
-Je suis le descendant de toutes les femmes et en outre, je suis le prophète, je ne suis pas menteur et je suis le fils d’al Abd al Muttalib.337
(ibn Sad, Tabaqat II 49).
L’apôtre d'Allah restait à sa place et ne cessait de lancer des flèches avec son arc. Quand les flèches furent épuisées, il se mit à jeter des pierres. Un groupe de 14 de ses compagnons (...) resta pour le protéger. L’apôtre d'Allah fut touché au visage. Ses incisives reçurent un coup et ses joues et son front furent blessés. ibn Qamia l’attaqua avec son sabre et le frappa sur le côté droit, mais Tahla ibn Ubayd Allah le sauva de sa main, en y perdant ses doigts.
(An Nawawi, Le Jardin des Vertueux 1317).
Toujours selon lui : "Mon oncle Anas ibn Nadr manqua à la bataille de Badr. Il dit :
-"Ô messager d'Allah! J'ai manqué à ta première bataille contre les idolâtres. Si Allah me donnait l'occasion de prendre part au combat des idolâtres, Il verrait sûrement ce que je ferai".
Quand ce fut le jour de Ohod, les musulmans battirent en retraite.
Il dit :
-"Seigneur Allah! Je te présente mes excuses pour ce qu'ont fait ceux-ci (ses compagnons) et je me déclare innocent de ce qu'ont fait ceux-là (les idolâtres)".
Puis il s'avança et trouva devant lui Sad ibn Muadh. Il lui dit :
-"Ô Sad ibn Muàdh! Le Paradis, par le Seigneur d'al Nadir338, je sens déjà son odeur en-deçà du mont Ohod".
Sa'd rapporte : "J'ai été incapable de faire ce qu'il a fait".
Anas raconte : "Nous trouvâmes sur son corps plus de quatre vingts blessures de sabres, de lances ou de flèches. Nous trouvâmes que les idolâtres avaient mutilé son cadavre après l'avoir tué à tel point que personne ne le reconnut si ce n'est sa soeur grâce aux extrémités de ses doigts".
Anas ajoute : "Nous étions convaincus que le verset suivant a été descendu à son sujet et au sujet de ses semblables : Parmi les croyants se trouvent des hommes qui ont tenu loyalement leurs engagements vis-à-vis d'Allah. Il en est parmi eux qui ont atteint leur fin inéluctable. 339 ".
La rumeur de la mort de Muhammad.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 202).
Moslab ibn Umayr, qui se tenait près du prophète, fut atteint par un trait et mourut. L'étendard tomba et toucha la tête du prophète. Oqba ibn Abu Waqqas340 , frère de Sad, lança contre lui une pierre, qui l'atteignit aux lèvres, lui brisa deux dents du devant et lui déchira la lèvre inférieure ; le sang coula sur sa barbe. Une autre pierre lancée par Oqba l'atteignit entre les sourcils et le blessa au front: le sang inonda ses yeux et son visage. Pendant que le prophète était occupé de ses blessures, un autre infidèle, nommé Abdallah ibn Qamiya, le frappa d'un coup de sabre au côté droit, sans pouvoir le blesser ; mais le prophète tomba de cheval, et ne put se relever, à, cause de la pesanteur de ses cuirasses et à cause de sa faiblesse, ayant perdu beaucoup de sang. Abdallah pensa avoir tué le prophète. Il prit son cheval et cria :
-J'ai tué Muhammad!
Les compagnons du prophète, entendant ce cri, furent saisis de terreur, et les dix hommes qui l'avaient entouré, se dispersèrent. Ali ibn Abu Talib, combattait toujours au milieu de la mêlée, sans connaitre la situation du prophète. Celui-ci, étendu sur le côté, et ne pouvant se relever, était resté seul. Il finit, en faisant des efforts, par pouvoir s'asseoir sur la terre.
Un de ceux qui avaient été auprès de lui au moment où il tomba, et qui s'étaient sauvés, se rendit au camp des musulmans, et, rencontrant Sad ibn Abu Waqqas, il lui dit :
-Va, ton frère a tué le prophète.
- A quel endroit? demanda Sad.
Cet homme le lui indiqua. Sad se mit à rechercher son frère, pour le tuer. Ne le trouvant pas, il passa au milieu des morts, et aperçut le prophète, le visage inondé de sang ; mais il ne le reconnut pas. Le prophète, empêché de se lever par la pesanteur de ses cuirasses, cria, tout en restant assis :
-Musulmans! c'est moi, le prophète d'Allah, où allez-vous?
Sad, entendant sa voix, le reconnut, s'approcha et le trouva assis, le visage ensanglanté. Il n'y avait auprès de lui que deux hommes, Qatada ibn Numan, et Sahl ibn Hunay. Sad embrassa les pieds et les mains du prophète, qui lui dit :
-Ô Sad, crois-tu que des gens qui ont ensanglanté le visage du prophète d'Allah puissent prospérer?
(ibn Maja, Hadith Qudsi 221).341
ibn Maja l'a rapporté aussi, dans ses Sunen342 , chapitre sur le mérite du martyr dans la voie d'Allah, en ces termes:
Jabar ibn 'Abdullah , rapporte ce qui suit: Lorsque Abdullah ibn Amir ibn Harâm, fut tué, le jour de Ohod, Le messager d'Allah m'a dit:
-Ô Jabar! Veux-tu que je t'apprenne ce qu'Alah a dit à ton père?
J'ai dit:
-Bien sûr.
Il a dit:
-Allah n'a jamais parlé à quelqu'un autrement que de derrière un voile. Il a parlé à ton père en lui disant: “ Ô mon serviteur, demande-moi tout ce que tu voudras, et je te le donnerai!” Il lui dit: “Tu me ressuscites, et je mourrais dans ta voie une seconde fois”. Il lui a répondu: “J'ai déjà décrété qu'ils ne reviendront pas à cette vie terrestre”. Il a dit alors: “Seigneur, informe ceux que j'ai laissés derrière moi!”. Allah fit descendre alors ce verset: “
Ne crois pas que ceux qui sont tués dans la voie d'Allah soient morts...” Jusqu'à la fin du verset. 343
La joie sauvage des femmes.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 200).
Hind et les autres femmes allaient au milieu des morts musulmans et leur coupaient le nez et les oreilles. Hind, de sa propre main, coupa le nez, les oreilles et la langue de Hamza, lui ouvrit le corps, en arracha le foie et le porta à sa bouche ; elle le déchira avec ses dents et le macha ; mais elle ne put l'avaler, et le rejeta: tant étaient ardents ses sentiments de haîne et de vengeance. Depuis ce jour, elle était appelée “Celle qui mange le foie”.344
Oqba ibn Rabia l’Ommeyade, et Hind.
(Maqrizi, Livre du contentieux 29).345
Un autre parmi eux346 fut Obqa ibn Rabia ibn Abd al Shams ibn Umayya, un de ceux qui s’opposa à Allah et à l’apôtre d'Allah jusqu’à ce qu’il soit tué, comme infidèle, à la bataille de Badr; ce fut Hamza qui le tua. Cet Oqba était le père de Hind bint Oqba, qui a mangé le foie d’Hamza, et l’a recraché, en a utilisé des morceaux pour se faire des bracelets aux chevilles et aux poignets. Elle avait donné à Washi, le meurtrier de Hamza, un des bijoux qu’elle portait, fait d’onyx et d’argent, et des bagues d’argent qui étaient sur ses doigts de pied - le tout dans un état de joie malsaine due à la mort de Hamza, parce qu’il avait tué son père Oqba le représentant suprême de l’incroyance, à la bataille de Badr. D’autres disent que c’est Ubayda qui a tué Oqba.
La blessure d’Obayy.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 200).
Obayy ibn Khalaf, laissa l'armée à sa droite, et, marchant au milieu des morts, il chercha le prophète. Quand le prophète était encore à la Mecque, Obayy lui disait chaque jour :
- J'élève une chamelle ; j'espère que, monté sur elle, je te prendrai et te tuerai.
Le prophète lui avait répondu :
- C'est moi qui te tuerai, s'il plaît à Allah.
Lors de l'affaire de Badr, Obayy était resté à la Mecque, mais son frère Omayya avait pris part au combat et avait été tué. Obayy, étant venu à Ohod, chercha le prophète qu'il rencontra au moment où Sad lançait ses flèches. Sad se disposait à tirer sur lui ; mais le prophète lui dit :
-Ne le frappe pas, laisse-le approcher.
Obayy s'approcha et visa le prophète avec sa lance, en disant :
-Qui, ô Muhammad, te sauvera de ma main?
Le prophète répliqua :
-Allah me sauvera de ta main ; mais il ne te sauvera pas de la mienne.
Ensuite il se leva et prit la lance de Harith, qui était près de lui. Obayy était complètement couvert par son armure ; il n'y avait que le cou qui était découvert. Le prophète le frappa de la lance au cou et le blessa. Obayy poussa quelques cris de douleur, tout en demeurant sur son cheval, et se retira en gémissant. Il vint au camp et cria:
-Mes amis, Muhammad m'a assassiné de sa propre main.
On lui dit :
-Ne crie pas, ta blessure n'est pas assez grave pour que tu doives craindre la mort.
Obayy répliqua :
-Je ressens une douleur mortelle: Muhammad m'avait prédit qu'il me tuerait ; sa prédiction se réalise.
Il continua à se lamenter ainsi, et lorsque l'armée des infidèles reprit le chemin de la Mecque, il mourut en route347 .
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 575).
Quand il revint vers les Quraysh, il avait une petite égratignure sur le cou, qui ne saignait même pas. Il dit:
-Par Allah! Muhammad m’a tué!
Ils répondirent:
-Par Allah! Tu as perdu courage. Tu n’es pas blessé.
Il répondit:
- Il m’a dit à la Mecque qu’il me tuerait, et , par Allah, s’il m’avait craché dessus, il m’aurait tué.
L’ennemi d’Allah mourut à Sarif alors qu’ils le ramenaient à la Mecque.
La fuite des musulmans.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 201).
Le prophète, étant sur pied, vit les musulmans qui s'enfuyaient vers Médine. Il se rendit avec ses compagnons sur une colline de sable et cria:
-Mes amis, je suis ici, moi, le prophète d'Allah!
Mais ceux-là, tout en entendant sa voix, ne revinrent pas ; car ils n'y croyaient pas ; ils se dirent entre eux:
-Le prophète d'Allah a été tué.
Il est écrit dans le Coran:
... Lorsque vous preniez la fuite et que vous ne regardiez personne, tandis que le prophète vous appelait derrière vous... » 348
L'un des ansar, nommé Aws ibn Nadhr ibn Malik, apprenant la fuite des musulmans, avait pris ses armes et était sorti de Médine. Il vint au camp et trouva couchés derrière une pierre Abu Bakr, Omar, Talha et Zuhayr. La chaleur était ardente. Il leur dit :
-Que faites-vous ici?
-Ô Aws, lui répondirent-ils, le prophète a été tué.
Il répliqua:
-Voulez-vous vivre après lui? Pourquoi ne vous jetez-vous pas dans la mêlée pour combattre et mourir avec lui?
- Nous sommes blessés, dirent-ils.
Aws passa outre et aperçut Ali, qui continuait seul à combattre. Il lui dit :
-Ô Ali, le prophète est mort.
Ali répliqua :
-S'il est mort, je ne veux pas lui survivre.
Aws avança en combattant, jusqu'à ce qu'il trouvât la mort.
Le prophète restait toujours au même endroit, appuyant son visage contre celui de ses compagnons en pleurant. En voyant Omar et Abbas ibn d’Abdul Muttalib, qui le cherchaient parmi les morts, il les reconnut ; il appela Omar, qui alors le reconnut également à sa voix et qui répondit :
-Me voilà, ô envoyé d'Allah!
Il s'approcha, et, voyant son état, il pleura, baisa son visage et ses mains et dit:
-Ô envoyé d'Allah, les hommes croyaient que tu étais mort ; s'ils apprennent que tu es vivant, ils se rassembleront autour de toi ; car la plupart vivent encore.
Le prophète dit à Abbas :
-Mon oncle, appelle-les.
Abbas, qui avait une voix très forte, gravit la montagne et cria :
-Musulmans, ne vous affligez pas, le prophète d'Allah est vivant!
Le repli des Mecquois.
(Waqidi, Livre des expéditions 291.)
Quand nous renouvelâmes l'attaque contre eux, nous frappâmes un certain nombre d'entre eux et ils se dispersèrent dans toutes les directions, mais plus tard un groupe se rallia. Les Quraysh tinrent alors conseil et dirent :
-La victoire est à nous, partons. Car nous avions entendu qu'ibn Ubayy s'était retiré avec un tiers de leurs forces, et certains des Aws et des Khazraj étaient restés à l'écart du combat et nous n'étions pas sûrs qu'ils ne nous attaqueraient pas. De plus, nous avions plusieurs blessés, et tous nos chevaux avaient été blessés par les flèches. Donc ils se mirent en route. Nous n'avions pas atteint Rawha que plusieurs d'entre eux vinrent à notre rencontre, et nous continuâmes notre chemin.
7. — La blessure de Muhammad.
C'est là que le public musulman retient son souffle, quoique le suspens reste mince: la personne même de Muhammad, quasi-idole païenne, est touchée physiquement par les Mecquois. Les derniers fidèles font rempart de leurs corps pour le protéger. Mais le corps sacré est touché, superficiellement certes, mais le sang sublime coule, sa lèvre superbe est fendue et une divine dent de devant est brisée: atroce profanation de l'idole prophétique. On imagine sans peine la fureur du prophète outragé dans son apparence, tant vantée dans la littérature islamique349 .
Protection rapprochée.
(Waqidi, Livre des expéditions 19).
Muhammad cria:
-Qui pourrait mettre sa vie en danger pour moi?
C’est alors que cinq hommes de Médine se mirent en avant.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1403).350
Alors Ziyad ibn al Sakan surgit avec cinq auxiliaires (...) et il se battirent pour protéger le messager d’Allah. Homme après homme ils furent tués jusqu’à ce que seul reste Ziyad -ou Umarah- ; et il se battit jusqu’à ce que ses blessures le rendent incapable de combattre. A ce moment, un groupe de musulmans revint et repoussa l’ennemi.
Le messager d’Allah dit:
-Amenez-le près de moi.
Ils l’amenèrent et fit de son pied un coussin pour lui de telle façon qu’il mourut avec la joue sur le pied du messager d’Allah.
La blessure de Muhammad.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 571).
Les musulmans furent mis en fuite et l’ennemi en massacra beaucoup. C’est un jour de jugement et d’épreuve dans lequel Allah a honoré plusieurs hommes du martyre, jusqu’à ce que l’ennemi n’atteigne l’envoyé, qui fut frappé avec une pierre de telle façon qu’il tomba de côté et qu’une de ses dents fut brisée, son visage éraflé et sa lèvre fendue. L’homme qui le blessa s’appelait Oqba ibn Abu Waqqas. (...).
L’incisive du prophète a été brisée le jour d’Ohod et son visage éraflé. Le sang commença à couler sur son visage et il a commencé alors à s’essuyer, disant à un moment:
-Comment un peuple peut-il prospérer quand il a taché le visage du prophète de sang, alors qu’il l’appelle à leur seigneur?351
(Bukhari, Sahih 4/ 52, 152).
Le casque du prophète fut écrasé sur sa tête, le sang couvrit son visage, et il perdit une dent de devant352. Ali apporta de l’eau dans son bouclier et Fatima la file du prophète le nettoya. Mais quand elle vit que le saignement augmentait avec l’eau, elle prit un bout de tissu, le brûla, et mit les cendres sur la blessure du prophète, et le sang cessa de couler.
(Muslim, Sahih 32-3345).
D'après Sahl ibn Sad, comme on l'interrogea sur la blessure dont fut atteint le prophète, à la bataille d'Uhud, il répondit :
-"L'envoyé d'Allah fut blessé au visage; il eut une dent incisive brisée, et son casque fracassé sur sa tête. Fâtima, la fille de l'envoyé d'Allah lavait le sang de sa blessure, tandis que Alî ibn Abu Tâlib lui versait l'eau se trouvant dans le creux de son bouclier. Lorsque Fâtima vit que l'eau ne fait qu'augmenter le flot de sang, elle prit une natte, la brûla et, lorsque celle-ci fut calcinée, elle l'appliqua sur la blessure et alors le sang s'arrêta de couler".
(Muslim, Sahih 32-3347).
Abdullah ibn Masûd a dit : Il me semble encore voir l'envoyé d'Allah, parlant de l'un des prophètes ayant été frappé par son peuple et qui essuyait le sang coulant sur son visage en disant :
- "Seigneur, pardonne à mon peuple, car ils ne savent pas".353
(Muslim, Sahih 32-3348).
D'après Abu Hurayra, l'envoyé d'Allah a dit :
-"Vive est la colère d'Allah contre des gens qui ont ainsi traité son prophète".
Et, ce disant, il montrait sa canine (brisée). Le prophète ajouta :
-"Vive est la colère d'Allah contre un homme que l'envoyé d'Allah a tué dans la guerre sainte".
(Bukhari, Sahih 64/24, 1-2).
L’envoyé d'Allah a dit:
-Vive sera la colère d’Allah contre des gens qui ont traité ainsi son prophète.
Et ce disant, il montrait ses canines.
-Vive, ajouta t-il encore est la colère d’Allah contre un homme que l’envoyé d'Allah a tué dans le jihad.
(...)
Vive est la colère d’Allah contre celui que le prophète a tué dans le jihad.
Vive est la colère d’Allah contre ceux qui ont fait couler le sang du visage du prophète.
(Muslim, Sahih 19, 4420).
...le messager d’Allah a dit:
-Grande est la colère d’Allah contre ceux qui ont cela cela au messager d’Allah, et en disant cela, il montrait sa dent de devant.
Le messager d’Allah a aussi dit: grande est la colère d’Allah contre celui qui a été tué par le messager d’Allah, sur le chemin d’Allah, l’exhalté et le glorieux.
Colère de Muhammad.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1408).354
Sad disait:
-Par Alah, jamais je n’ai été aussi assoiffé par l’envie de tuer quelqu’un que dans le cas de Uqba ibn al Waqqas. Bien que je ne sache pas qu’il était de méchant caractère, ni haï de son peuple355, le fait que le messager d’Allah a dit:
- “Puisse la colère d’Allah être puissante contre celui qui a ensanglanté le visage du messager d’Allah”, cela me suffisait.
Un poème sur l’agresseur de Muhammad.
(Hassan ibn Thabit).356
Quand Allah récompense un peuple pour ses faits
Et quand le Rahman les punit
Puisse mon seigneur t’affliger, Uqayba ibn Malik
Et t’apporter une punition mortelle avant que tu ne meurs.
Tu as tendu la main avec une mauvaise intention vers le prophète,
Tu as ensanglanté sa bouche. Que ta main soit coupée!
As tu oublié Allah et l’endroit où tu iras
Quand ta mauvaise fortune s’emparera de toi.
8. — Guerre et religions.
C'était bien une bataille de religion qui avait eu lieu, comme il y a des guerres de religion. Quelques témoignages suffisent à montrer que "les dieux se sont faits la guerre".
Affrontement théologique.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 203).
La première affliction était la défaite, et la seconde leur crainte qu’Abu Sufyan ne fut venu au haut de la montagne pour recommencer le combat. Cependant Abu Sufyan s'écria:
-Triomphe à Hobal!
Le prophète dit à Omar de répondre :
-Allah est au-dessus de Hobal357 et plus puissant.
Ensuite le prophète dit à ses compagnons :
-Venez, ils sont au-dessus de nous.
Il voulut gravir la montagne, mais la pesanteur de ses deux fortes cuirasses l'empêchait de marcher. Il y avait là, sur la montagne, une pierre sur laquelle il désirait s'asseoir. Talha ibn Abdallah, l'aida en posant les pieds du prophète sur sa nuque et en le soulevant ainsi jusqu'à la pierre, où il s'assit. Le prophète lui dit :
-Tu viens de mériter le paradis.
Abu Sufyan, en le voyant, cria :
-Journée358 pour journée! c'est-à-dire, vous avez eu votre victoire à Badr, et nous à Ohod.
Le prophète répliqua:
-Ce n'est pas la même chose. Vos morts sont dans l'enfer, et les nôtres dans le paradis359.
(at Tirmidhi, Les vertus et le noble caractère de l’envoyé d'Allah, Hadith 103).
... le prophète d’Allah portait deux cuirasses sur son corps auguste à la bataille d’Ohod. Le prophète a voulu monter en haut d’une colline, mais il n’ a pas pu le faire à cause du poids de ces cuirasses. Alors il a demandé à Talha de s’asseoir et avec son aide, il a monté la colline.
Zubayr a dit:
-J’ai entendu le prophète dire “C’est devenu wajib360 pour Talha.
(at Tirmidhi, Les vertus et le noble caractère de l’envoyé d'Allah, Hadith 104).
A la bataille d’Ohod, le prophète portait deux cuirasses, l’une sur l’autre.
La participation des anges.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 204).
Les infidèles, rentrés dans leur camp, voulurent y passer la nuit pour recommencer le combat le lendemain. Au moment de la prière de l'après-midi, Allah envoya du ciel des anges pour remplir de terreur les cœurs des infidèles. Sauf dans la journée de Badr, les anges n'ont jamais combattu361 .
Magie du combat.
(ibn Sad, Tabaqat II 28).
Ikrima a dit:
-Alors frappe leurs cous362.
Il ajouta:
-On vit alors une tête d’homme être tranchée mais on ne voyait pas qui la tranchait. De même, une main humaine était tranchée, et personne n’était vu en train de le faire.
Des anges en uniformes.
(ibn Sad, Tabaqat II 29).
Les anges qui sont descendus le jour de Badr avaient des turbans jaunes.
9. — Le bilan de la défaite.
Il est dressé de manière variée: d'abord par des listes quasi-officielles, ensuite par la mention de cas particuliers, et enfin, par des interventions qui se veulent divines.
Les pertes musulmanes.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 208).
Il n'y avait pas une seule maison à Médine où il n'y eut un deuil. Lorsque le prophète rentra dans la ville, il entendit les lamentations à la porte de la mosquée. Il en demanda la signification. On lui répondit que c'étaient les femmes des ansar qui pleuraient les morts d'Ohod. Il dit en versant des larmes :
-Hamza n'a pas de femmes qui le pleurent!
Les amis du prophète rentrèrent chez eux et envoyèrent leurs femmes pleurer Hamza. Depuis lors jusqu'à ce jour, il est d'usage à Médine, dans les lamentations sur les morts, que l'on mentionne d'abord Hamza et qu'on pleure sur lui. Il y a désaccord sur le nombre des musulmans tués à Ohod. Muhammad ibn Jarir363 dit qu'il y a eu soixante et dix tués, autant qu'il y avait eu d'infidèles tués à Badr. Les commentateurs du Coran prétendent que les musulmans n'ont perdu que la moitié du nombre des infidèles tués à Badr, c'est-à-dire trente-cinq. Ils émettent cette opinion à propos et comme explication du verset suivant du Coran364 :
Quand vous avez éprouvé le revers, vous leur en aviez fait éprouver auparavant deux fois autant365.
Cependant Muhammad ibn Ishaq, l'auteur du livre des Maghazi366, et Muhammad ibn Jarir rapportent l'un et l'autre qu'il y a eu à Badr soixante et dix infidèles tués et soixante et dix prisonniers. Donc ce verset du Coran s'explique ainsi, que les infidèles ayant tué à Ohod soixante et dix musulmans, mais n'ayant pas fait de prisonniers, leurs pertes ont été doubles de celles des musulmans.
Allah seul connait la vérité.
Les victimes de la défaite d’Ohod.
(Corpus coranique d'Othman 2/148-152).367
Ô vous qui croyez! demandez aide à 1a constance et à la prière!
Allah est avec les constants.
Ne dites point de ceux qui sont tués dans le Chemin d'Allah368 : ils sont morts.
Non point! ils sont vivants mais vous ne le pressentez pas.
Certes, nous vous éprouverons par un peu de crainte, de faim et de diminution dans vos biens, vos personnes et vos fruits!
Mais fais grâcieuse annonce aux constants qui, atteints par un coup du sort, disent:
-Nous sommes à Allah et à lui nous revenons!
Sur ceux-là, des bénédictions et une miséricorde venues de leur seigneur!
Ceux-là sont dans la bonne direction.
(Corpus coranique d'Othman 3/166).
A ceux qui ont répondu à Allah et à l’envoyé, après avoir été atteints par la blessure de Ohod369, à ceux qui, parmi eux, ont été bienfaisants et pieux, une rétribution immense.
(Bukhari, Sahih 4, 52,70).
Des gens avaient bu de l’alcool le matin de la bataille de Ohod et ont été martyrisés le même jour.370
(Bukhari, Sahih 56/19, 2).
Jabir ibn Abdallah a dit:
-Au matin d’Ohod, certains burent du vin ; puis ils trouvèrent la mort du martyre371.
(Bukhari, Sahih 23/ 35, 1).
Le jour d’Ohod, on apporta le cadavre de mon père qui avait été mutilé et on le plaça devant l’envoyé d’Allah. On l’avait couvert d’un vêtement et je voulus m’en approcher pour le découvrir. A deux reprises mes parents m’en empêchèrent. L’envoyé d’Allah venait de donner l’ordre d’emporter le cadavre, lorsqu’il entendit la voix d’une femmme poussant des cris:
-Qui est-ce qui crie? demanda t-il?
-C’est, répondit-on la fille d’Amir (ou la soeur d’Amir).
-Pourquoi pleure t-elle? ou -qu’elle ne pleure pas-, reprit-il ; puisque les anges n’ont pas cessé un instant d’ombrager ce corps de leurs ailes jusqu’au moment où on l’a porté en terre.
(Bukhari, Sahih 23/73, 1).
Le prophète donna l’ordre d’ensevelir les guerriers tués à Ohod deux par deux dans la même pièce d’étoffe. Puis pour chaucun de ces couples, il s’enquit de celui des deux qui savait le plus le Coran, et quand on le lui eut désigné, il le fit placer le premier dans la fosse. Après cela, il ajouta:
-Je témoignerai en faveur de ces braves au jour de la résurrection.
Il enjoignit qu’on les ensevelit couverts du sang de leurs blessures sans les avoir lavés. Le prophète ne fit point de prières pour eux.
(Dawud, Hadith 14/ 2514).
Le prophète a dit:
-Quand vos frères ont été tués à la bataille d’Ohod, Allah a pris leurs esprits dans les jabots d’oiseaux372 qui les ont emportés vers les rivières du paradis, pour manger des fruits et s’installer dans des lampes d’or à l’ombre du trône. Là, ils apprécieront la douceur de leur nourriture, la boisson et le repos, et ils diront:
-Qui dira à nos frères que nous sommes vivants au paradis pourvus de provisions, pour qu’ils ne se désintéressent pas du jihad et ne répugnent pas à faire la guerre?
Allah le plus haut a dit:
- Je leur dirai cela de vous ; et Allah a descendu le verset:
Et ne considérez pas ceux qui ont été tués sur le chemin d’Allah.....
(ibn Kathir, Tafsir 2).
La vie délicieuse des martyrs.
... les martyrs sont en vie et reçoivent de quoi vivre.
Les âmes des martyrs sont à l’intérieur d’oiseaux verts373 et se déplacent dans le paradis comme elles le veulent. Ensuite, elles prennent refuge dans les lampes qui pendent sous le trône d’Allah.
...
L’âme du croyant est un oiseau qui se nourrit dans les arbres du paradis jusqu’à ce qu’Allah ne la renvoie dans son corps quand la personne renaît.
Musulman l’espace d’un instant.
(Dawud, Hadith 14/2531).
Amir ibn Uqaysh était prêteur dans la période pré-islamique374 . Cela lui déplaisait d’accepter l’islam, avant de l’accepter. Il vint le jour de la bataille d’Ohod et demanda:
-Où sont mes cousins?
Les gens dirent:
-A Ohod.
-Et untel? et untel?
-A Ohod.
Alors il mit sa cotte de maille et monta sur son cheval ; et il avança vers eux. Les musulmans lui dirent:
-Ecarte-toi, Amir.
Il dit:
-Je suis devenu croyant.
Il se battit et fut blessé. On l’emmena dans sa famille avec sa blessure.
Sad ibn Muadh demanda à sa soeur:
-Demande-lui s’il a combattu sans esprit partisan, sans haîne pour eux et Allah.
Il dit:
-Sans haîne pour Allah et son envoyé.
Il mourut et entra au paradis. Il n’a pourtant jamais fait une seule prière pour Allah.
La liste des musulmans tués.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah, 607-9).
Les musulmans martyrisés à Ohod en compagnie de l’envoyé sont les suivants:
Emigrants375 des Quraysh:
Parmi les Banu Hashim:
Hamza que Wahshi l’esclave de Jubayr ibn Mutim a tué.
Parmi les Banu Umayya ibn Abdu Shams:
Abdullah ibn Jahsh, un allié des Banu Asad ibn Khuzama.
Parmi les Banu Abdul Dar:
Musab ibn Umayr que ibn Qamia al Laythi a tué.
Parmi les Banu Makhzum Yaqaza:
Shammas ibn Uthman.
Total 4
Ansar:
Parmi les Banu Abdul Ashhal:
Amir ibn Muadh ; al Harith ibn Anas ibn Rafi ; et Umara ibn Ziyad ibn al Sakan ; Salama ibn Thabit ibn Waqsh et Amir son frère (...) ; et Rifaa ibn Waqsh ; et Husayl ibn Jabir Abu Hudhayfa qui était al Yaman (les musulmans l’ont tué par accident et Hudhayfa a dû payer le prix du sang pour cette mort) et Sayfi et Habab ibn Qayzi ; et Abbad ibn Sahl ; et al Harith ibn Aws ibn Muadh.
Total 12.
Les hommes de Ratij:
Iyas ibn Aus ibn Atik ibn Amir ibn Abdul Alam ibn Zawra ibn Jusham ibn Abdul Ashhal ; et Ubayd ibn al Tayyihan ; et Habib ibn Yazid ibn Taym. = 3
Parmi les Banu Zafar:
Yazid ibn Hatib ibn Umayya ibn Rafi. =1
Parmi les Banu ibn Awf de la subdivision des Banu Dubaya ibn Zayd:
Abu Sufyan ibn al Harith ibn Qays ibn Zayd ; Hanzala ibn Abu Amir ibn Sayfi ibn Numan ibn Malik ibn Ama, l’homme lavé par les anges, que Shaddad ibn al Aswad ibn Shawb al Laythi a tué. =2
Parmi les Banu Ubavd ibn Zayd:
Unays ibn Qatada. =1
Parmi les Banu Thalaba ibn Amir ibn Auf: Abu Uayya, frère de Sad ibn Khaythama par sa mère ; et Abdullah ibn Jubayr ibn al Numan qui commandait les archers376 =2
Parmi les Banu al Salm ibn Imrul Qays ibn Malik ibn al Aws:
Khaythama Abu Sad ibn Khaythama. =1
Parmi leurs alliés des Banu al Ajlan:
Abdullah ibn Salama. =1
Parmi les Banu Muawiya ibn Malik:
Subay ibn Hatib ibn al Harith ibn Qays ibn Haysha. =1
Parmi les Banu al Najjar, du clan des Banu Sawad ibn Malik ibn Ghanm:
Amir ibn Qays et son fils Qays ; et Thabit ibn Amir ibn Zayd ; et Amir ibn Makhlad. =4.
Parmi les Banu Mabdhul: Abu Hubayra ibn al Harith ibn Alqama ibn Amir ibn Thaqif ibn Malik ibn Mabdhul ; et Amir ibn Mutarrif ibn Alqama ibn Amir. =2
Parmi les Banu Amir ibn Malik:
Aws ibn Thabit ibn al Mundhir =1
Parmi les Banu Adiy ibn al Najjar:
Anas ibn al Nadr ibn Damdam ibn Zayd ibn Haram ibn Jundub ibn Amir ibn Ghanm ibn Adiy ibn al Najjar. =1
Parmi les Banu Mazin ibn al Najjar:
Qays ibn Mukhallad et Kaysan, un de leurs esclaves =2.
Parmi les Banu Dinar ibn al Najjar:
Sulaym ibn al Harith ; et Numan ibn Abdu Amir. =2
Parmi les Banu al Harith ibn al Khazraj: Kharija ibn Zayd ibn Abu Zuhayr ; et Sad ibn al Rabi ibn Amir ibn Abu Zuhayr qui ont été enterrés dans une seule tombe ; et Aws ibn al Arqam ibn Zayd ibn Qays ibn Numàn ibn Malik ibn Thalaba ibn Kab =3
Parmi les Banu al Abjar, les Banu Khudra:
Màlik ibn Sinan ibn Ubayd ibn Thalaba ibn Ubayd ibn al Abjar le père de Abu Sayd al Khudri ; et Sayd ibn Suwayd ibn Qays ibn Amir ibn Abbad ibn al Abjar ; et Oqba ibn Rabi ibn Rafi ibn Muawiya ibn Ubayd ibn Thalaba ibn Ubayd =3
Parmi les Banu Sayda ibn Kab ibn al Khazraj: Thalaba ibn Sad ibn Malik ibn Khalid ibn Thalaba ibn Haritha ibn Amir ibn al Khazraj ibn Sayda ; et Thaqif ibn Farwa ibn al Badi. =2
Des Banu Tarif, la famille de Sad ibn Ubada: Abdullah ibn Amir ibn Wahb ibn
Thalaba ibn Waqsh ibn Thalaba ibn Tarif ; et Damra, un allié des Juhayna. =2
Parmi les Banu Awf ibn al Kharaj des clan des Banu Salim de la subdivision des ibn al Ajlan ibn Zayd ibn Ghanm ibn Salim: Nawfal ibn Abdullah ; Abbas ibn Ubada ibn Nadla ibn Malik ibn al Ajlan ; Numan ibn Malik ibn Thalaba ibn Fihr ibn Ghanm ibn Salim ; al Mujadhdhar ibn Dhiyad, un allié des Baliy ; et Ubada ibn al Hashas, les trois derniers dans la même tombe. =5
Parmi les Banu al Ubla:
Rifaa ibn Amir =1.
Parmi les Banu Salima du clan des Banu Haram: Abdullah ibn Amir ibn Haram ibn Thalaba ibn Haram ; Amir ibn al Jamh ibn Zayd ibn Haram, enterrés ensemble ; Khallad ibn Amir ibn al Jamuh (...). ; et Abu Ayman client de Amir ibn al Jamuh, =4.
Parmi les Banu Sawad ibn Ghanm: Sulaym ibn Amir ibn Hadida et son client Antara ; et Sahl ibn Qays ibn Abu Kab ibn al-Qayn. =3.
Parmi les Banu Zurayq ibn Amir:
Dhakwan ibn Abdu Qays ; et Ubayd ibn al Mualla ibn Lawdhan. =2
Le nombre total des musulmans morts en incluant les muhajirun et les ansar est de 65 hommes.
(Muslim, Sahih 43/4248).
D'après 'Uqba ibn 'Amir, le prophète sortit un jour pour aller faire la prière funéraire sur les martyrs de la bataille d'Uhud comme on priait sur les morts. Ensuite il se rendit à la chaire et dit :
-"Moi, je vous devancerai et serai votre témoin (au Jour de la Résurrection). Par Allah, je vois dès maintenant mon Bassin (au Paradis). J'ai reçu les clés des trésors de la terre - ou selon une variante les clés de la terre. Par Allah, je ne crains pas qu'après (ma mort) vous redeveniez polythéistes; ce que je redoute seulement, c'est que vous vous querelliez pour (la possession) des biens de ce monde".
Le voyage des morts.
(Tabari, Tafsir 3/170).
D'après ibn Abbas, l'envoyé leur dit ceci: Lorsque vos frères tombèrent au combat à Ohod, Allah mit leur esprit dans des gésiers d'oiseaux du paradis, buvant l'eau de ses fleuves, mangeant de ses fruits et se posant sur des lampes d'or à l'ombre du Trône377 .
En découvrant l'excellence de leur boisson et de leur nourriture, et la qualité de cet ombrage, ils dirent :
-Si seulement nos frères savaient comment Allah a agi avec nous, ils ne s'asbtiendraient pas de combattre et ne s'éloigneraient pas de la bataille!
Allah, puissant et majestueux, leur dit alors:
-Je leur ferai savoir ces choses de votre part et c'est ainsi qu'Allah fit descendre ces versets sur son envoyé378 .
(Muslim, Sahih 33/3523).
Anas a dit : Mon oncle dont je pris le nom n'avait pas pris part à la bataille de Badr avec l'envoyé d'Allah . Il en fit désolé et dit : "Je n'ai pas pris part au premier combat livré par le prophète aux polythéistes. Mais, si Allah me permet d'assister à un autre en compagnie du prophète, Il verra comment je me comporterai". Et il craignit de dire autre chose. Ensuite, il assista en compagnie du prophète à la bataille d'Uhud. Et comme Sa'd ibn Mu'âdh se présentait à lui, Anas lui dit :
"Ô Abu 'Amr où (vas-tu)?".
-"Je sens, lui répondit-il, le parfum du Paradis s'exhalant d'Uhud".
Il ajoute : Nous trouvâmes tué et son corps percé de plus de quatre-vingts blessures, coups de sabre, de lance, de flèches. Sa sœur, ma tante Ar-Rubayyi bint An-Nadr a dit :
-"Je n'ai reconnu mon frère que du bout d'un de ses doigts"; et ce verset fut révélé : Il est, parmi les Croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Certains d'entre eux ont atteint leur fin et d'autres attendent encore; et ils n'ont varié aucunement (dans leur engagement) il dit :
-"On croyait qu'il avait été révélé au sujet de lui et de ses compagnons".
Un mort vivant.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1419).379
Alors que les gens s’occupaient de leurs morts, le messager d’Allah dit:
-Qui peut aller voir si Sad ibn al Rabi est parmi les vivants ou les mots?
Sad était le frère des Banu al Harith ibn al Khazraj. Un homme des ansar proposa de chercher pour le messager d’Allah. Il trouva Sad gisant blessé, parmi les morts, et lui-même à l’agonie, et il lui dit:
-Le messager d’Allah m’a ordonné de voir si tu étais parmi les morts ou les vivants.
Il répondit:
-Je suis parmi les morts. Donne au messager d’Allah mes salutations, et dis lui que Sad lui dit: “Qu’Allah te donne un meilleure récompense que n’importe quel autre prophète a reçu de sa communauté”. Donne aussi mes salutations aux gens, et dis leur que Sad leur dit: “Vous n’avez aucune excuse sous le regard d’Allah, tandis que quelqu’un atteint le prophète pendant que vous avez les yeux qui clignent”.
Sad mourut juste après, et l’homme revint tout raconter au messager d’Allah.
Les reproches d’un père.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1423).380
...Hatib ibn Ummayah avait un fils Yazid ibn Hatib, qui avait été blessé au moment de la bataille d’Ohod, et ramené mourant parmi les siens. Ces gens se rassemblèrent autour de lui et les musulmans et musulmanes commencèrent par dire:
-Réjouis-toi, ibn Hatib, des bonnes nouvelles qu’apportent le paradis.
Hatib était un vieil homme, élevé dans la jahiliyya, et sa nature hypocrite est apparue quand il dit:
-Vous le félicitez de quoi? Un jardin de rue381 ?
Par Allah,vous avez égaré ce garçon en lui faisant perdre la vie, et vous m’avez frappé par la douleur à sa mort.
Un cas de suicide.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1423).382
Il y avait parmi eux un étranger, dont les origines étaient inconnues, appelé Quzman383. Quand les gens mentionnaient son nom, le messager d’Allah disait:
-C’est quelqu’un du peuple de l’enfer
Le jour d’Ohod, il combattit durement, tuant neuf ou huit polythéistes de sa propre main, brave, courageux, redoutable. A la fin, il fut empêché de continuer à cause de ses blessures et emmené au camp des Banu Zafar. Des musulmans lui dirent:
-Tu as combattu vaillamment aujourd’hui, Quzman, réjouis-toi!
-Me réjouir de quoi? Par Allah, je n’ai combattu que pour l’honneur de mon peuple ; je n’ai pas combattu pour autre chose.
Quand la douleur fut trop forte, il prit une flèche de son carquois, se trancha les poignets, et se vida de son sang384 .
Le messager d’Allah apprit cela et dit:
-J’atteste que je suis vraiment le messager d’Allah.
La visite d’Ohod au XIVème siècle.
(ibn Battuta).385
Parmi les nobles lieux, citons:
Ohod, la montagne bénie, dont le prophète a dit: Ohod est une montagne qui nous aime et que nous aimons386 .
se trouve au nord de la noble Médine, à environ une parasange. En face, se trouvent les martyrs vénérés avec la tombe de Hamza, oncle paternel du prophète, tombe entourée de celle des martyrs morts à Ohod, au sud de la montagne.
10. — Règlement de comptes.
Après la défaite, le jeu consiste à deviner qui est responsable. Omettant d’emblée l responsabilité prophétique, les textes jettent l’opprobre sur les munafiqun, les traîtres et plus tard les juifs.
Muhammad s‘en veut un petit peu, de son autoritarisme, dans son Coran, et promet de plus consulter ses ouailles.
Les dissensions entre musulmans.
(Corpus coranique d'Othman 3/153).
Prophète, c’est par quelque grâce de ton seigneur que tu as été conciliant envers eux.
Si tu avais été rude, dur de coeur, ils auraient fait sécession, autour de toi.
Efface donc pour eux leur faute, et pardonne-leur.
Consulte-les donc désormais sur toute affaire.
La défection des Arabes pendant la bataille.
(Corpus coranique d'Othman 3/117).
Et rappelle toi, prophète! quand tu partis le matin, de ta famille, plaçant les croyants à des postes de combat!
Allah est audient et sage.
Rappelle quand deux parties d’entre vous songèrent à fléchir alors qu’Allah était leur patron! Que sur Allah s’appuient les croyants!
La crainte de la trahison à Médine.
(Corpus coranique d'Othman 3/112-116).
Ni leurs biens ni leurs enfants ne serviront à rien contre Allah, à ceux qui sont infidèles.
Ceux-là seront les hôtes du feu où ils seront immortels.
Ce dont ils font dépense on œuvres vains, en cette vie immédiate, est à l'image d'un vent chargé de grêle qui a frappé la récolte de gens injustes et qui a détruit cette récolte.
Allah ne les a pas lésés, mais ils se sont lésés eux-mêmes.
Ô vous qui croyez!, ne prenez pas de confidents en dehors de vous!
Ils ne vous épargneront nulle déconvenue ; ils aimeraient que vous soyez dans la peine ; la haîne jaillit hors de leurs bouches et ce que cachent leurs poitrines est pis encore.
Nous vous avons expliqué les signes, si vous vous trouvez raisonner.
Vous êtes tels que voici : vous aimez ces gens alors qu'ils ne vous aiment pas ; vous croyez à l'Ecriture tout entière alors que lorsqu'ils vous rencontrent, ils disent:
-Nous croyons! , et que, se trouvant seuls, ils se mordent les doigts de rage, à cause de vous.
Dis à ces gens:
-Mourez de rage! Allah connait les pensées des cœurs.
Si un bonheur vous touche, cela leur fait mal, alors que si un malheur vous atteint, ils s'en réjouissent.
Si vous êtes constants et pieux, leur machination ne vous nuira en rien.
Allah, en sa science, embrasse ce qu'ils font.
Malédiction sur les victimes de Muhammad.
(Muslim, Sahih 19, 4420).
Le messager d’Allah a aussi dit:
-Grande est la colère d’Allah sur une personne qui a été tuée par le messager d’Allah sur le chemin d’Allah, l’exhalté et le glorieux.
Réflexion musulmane sur la défaite.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 593).
Le jour d’Ohod est un jour de jugement, de calamité, d’examen de conscience, par lesquels Allah a testé les croyants et a mis les hypocrites en jugement, ceux qui professaient la foi avec leurs langues et cachaient l’incroyance dans leurs coeurs ; et un jour où Allah a honoré avec le martyre ceux qui ont combattu.
Responsabilité de la défaite d’Ohod.
(Corpus coranique d'Othman 3/144-146).
Allah a été loyal envers vous, en sa promesse, tant que vous conteniez les infidèles, avec sa permission.
Après vous avoir fait voir le succès désiré387, Allah vous a soutenus jusqu'à ce que vous fléchissiez, jusqu'à ce que vous vous disputiez le butin et soyez désobéissants388.
Parmi vous, il en est qui désirent les biens de ce monde tandis que d'autres désirent ceux de la vie dernière.
Ensuite, Allah vous a fait reculer devant les infidèles pour vous éprouver.
Il a certes effacé pour vous cette faute.
Allah est détenteur de la faveur envers les croyants.
11. — Conséquences sociales à Médine.
Le nombre important des victimes de guerre impose d’improviser une législation inégalitaire et pataude sur les héritages et les orphelins: les musulmans ont commencé à amasser du bien, dans les circonstances que l’on sait, et il faut maintenant qu’ils se déchirent entre eux pour le partage.
La législation sur les héritages.
(Corpus coranique d'Othman 4/8-18)
Aux héritiers hommes, une part de ce que laissent les père et mère et les proches.
Aux femmes, une part de ce que laissent les père et mère et les proches, que ce soit peu ou que ce soit beaucoup.
Part imposée!
Quand assistent au partage ceux liés par la parenté, les orphelins et les pauvres, attribuez-leur une part de l'héritage et adressez-leur un propos reconnu convenable.
Voici ce dont Allah vous fait commandement au sujet de vos enfants: au mâle, portion semblable à celle de deux filles ; si les héritières sont au-dessus de deux, à elles les deux tiers de ce qu'a laissé le défunt ; si l'héritière est unique, à elle la moitié et à chacun de ses père et mère, le sixième de ce qu'a laissé le défunt si celui-ci a un enfant mâle.
S'il n'a point d'enfant mâle et qu'héritent de lui ses père et mère, à sa mère, le tiers ; si le défunt a des frères, à sa mère, le sixième après dévolution des legs par testament du défunt, et extinction des dettes.
De vos pères et de vos fils, vous ne savez qui sont les plus utiles pour vous.
Imposition d'Allah !
Allah est omniscient et sage.
A vous la moitié de ce que laissent vos épouses, si elles n'ont pas un enfant. Si elles ont un enfant, vous le quart de ce qu'elles ont laissé après dévolution des legs par testament des défuntes ou extinction des dettes.
A elles le quart de ce que vous laissez, si vous n’avez pas un enfant si vous avez un enfant, à elles le huitième de ce que vous laissez après dévolution des legs, par testament de vous ou extinction des dettes.
Si un homme ou une femme se trouvent laisser un héritage sans avoir d'ayant-droit, alors qu'ils ont un frère ou une sœur, à chacun de ceux-ci, le sixième de l'héritage ; s'il y a plusieurs frères ou sœurs, ils sont en indivis pour le tiers, après dévolulion des legs par testament ou extinction des dettes.
Nulle contrainte!
Commandement venant d'Allah!
Allah est omniscient et longanime.
Voilà les lois d'Allah.
Quiconque obéit à Allah et à son envoyé, Allah le fera entrer en des jardins sous lesquels couleront les ruisseaux, où il restera, immortel.
C'est là le succès immense.
Quiconque, au contraire, désobéit à Allah et à son envoyé et transgresse ses lois, Allah le fera entrer dans un feu où il restera, immortel.
A ce transgresseur, un tourment avilissant.
Conséquences sociales à Médine: législation sur les orphelins.389
(Corpus coranique d'Othman 4/2-11).
Donnez leurs biens aux orphelins!
Ne rendez pas le mal pour le bien!
Ne mangez pas leurs biens, à côté de vos biens!
Le faire est grand péché.
Si vous craignez de n'être pas équitables à l'égard des orphelins...
Epousez donc celles des femmes qui vous seront plaisantes, par deux, par trois, par quatre, mais si vous craignez de n'être pas équitables, prenez-en une seule ou des concubines!
C'est le plus proche moyen de n'être pas partiaux.
Donnez leurs douaires à vos femmes, spontanément.
Si elles vous font don grâcieux de quelque chose de leur douaire, mangez-le en paix et tranquillité !
Ne remettez pas aux insensés vos biens qu'Allah vous a donnés pour subsister!
Donnez aux insensés le nécessaire sur ces biens!
Vêtez-les et tenez-leur un langage reconnu convenable!
Éprouvez les orphelins jusqu'à ce qu'ils atteignent le moment du mariage!
Si vous découvrez en eux capacité de se conduire, remettez-leur leurs biens!
Ne mangez pas ceux-ci en prodigalité et dissipation, avant que grandissent ces orphelins!
Que le riche s'abstienne de prélever sur ces biens pour élever son pupille, mais que le besogneux mange sur ces biens, de la manière reconnue convenable.
Quand vous leur remettrez leurs biens, requerrez témoignage à leur encontre!
Combien Allah suffit pour réclamer le compte!
Que les tuteurs soient emplis de crainte comme si au lieu de leurs pupilles, ils laissaient une descendance faible pour laquelle ils craignent.
Qu'ils soient pieux envers Allah et adressent à leurs pupilles un propos plein de raison.
Ceux qui mangent injustement les biens des orphelins mangent ce qui, dans leurs entrailles, sera du feu en enfer et ils affronteront un brasier.
(Bukhari, Sahih 64/ 18, 2-3).
Jabir rapporte que l'envoyé d'Allah lui dit :
-O Jabir, t'es-tu marié?
-Oui, lui répondis-je.
-Et qui as-tu épousé? Une vierge ou une femme ayant été déjà mariée?
-Ce n'est pas une vierge, repris-je, mais une femme ayant déjà été mariée.
-Pourquoi pas une vierge qui t'aurait égayé? répliqua le prophète.
-C'est parce que, lui répondis-je, mon père a été tué à la bataille de Ohod et qu'il a laissé neuf filles qui sont mes neuf sœurs. Il m'eut été pénible de leur donner pour compagne une jeune fille ignorante comme elles ; c'est pourquoi j'ai choisi une femme qui put les peigner et s'occuper d'elles.
- Tu as en raison, me dit le prophète.390
Jabir ibn Abdallah rapporte que son père, qui périt martyr au combat de Ohod, laissa des dettes et six filles391 .
- Lorsque le moment de la récolte des dattes fut venu, raconte Jabir, j'allai trouver l'envoyé d'Allah et lui dis:
-Tu sais que mon père a péri martyr au combat de Ohod et qu'il a laissé de nombreuses dettes. Je voudrais que ses créanciers te vissent.
-Va, répondit le prophète, et dispose chaque espèce de dattes en tas séparés.
Je fis ce qu'il m'avait dit et le priai ensuite de venir. Quand les créanciers le virent, ils semblèrent plus exigeants à ce moment. Voyant comment ils agissaient, le prophète tourna trois fois autour du plus gros tas et s'assit ensuite sur ce tas en me disant :
-Appelle maintenant tes créanciers.
Il ne cessa de leur donner des mesures de dattes jusqu'à ce que, grâce à Allah, les dettes de mon père fussent payées. Je me serais estimé satisfait que Allah eut payé les dettes de mon père, même si je n'avais plus eu une seule datte à rapporter à mes murs. Or Allah avait épuisé tous les tas, sauf celui sur lequel le prophète était assis, qui me parut n'avoir pas diminué du tout, même d’une seule datte.392
12. — La victoire chez les Mecquois.
C'est la joie à la Mecque, mais on ne la présente pas dans les détails. Le public musulman n'a pas le coeur d'assister au soulagement de ces gens.
(ibn Kalbi, Livre des Idoles 24).393
C’est à ce moment qu’Abu Sufyan ibn Harb s’était adressé, après la victoire d’Ohod, en ces termes:
-Sois exalté, Hobal! c’est-à-dire ; “Que ton culte l’emporte!”.
L’envoyé d’Allah (...) avait riposté:
-Allah est plus haut et plus puissant394 .
Chant d’Abu Sufyan.
(Ib Sad, Tabaqat II 1, 33).
Dressez l’idole Hobal
Le dieu est le plus grand et le plus majestueux.
Nous avons l’idole Uzza que vous n’avez pas.
Le dieu est notre allié et non le vôtre.
Message d’Abu Sufyan à Muhammad.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1410).395
Abu Sufyan leur demanda:
-Muhammad est-il parmi vous? Certains de vos morts ont été mutilés! Je ne l’ai pas ordonné, je ne l’ai pas défendu. Cela ne me réjouit pas, cela ne m’attriste pas...396
Chanson de Hind sur la victoire des Mecquois.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 637).
Je reviens avec le coeur plein de chagrin
Parce que certains dont je voulais me venger se sont échappés
Hommes des Quraysh qui étaient à Badr
Des Banu Hashim, et du peuple de Yathrib
J’ai remporté quelque chose de l’expédition
Mais pas tout ce que j’espérais.
Poème satirique d’Omar397 contre Hind.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois VII 1416-7).398
Cette femme ignoble est devenue insolente,
en plus d’être vulgaire, comme d’habitude,
depuis qu’elle mélange l’insolence et l’incroyance.
Qu’Allah maudisse Hind,
à distinguer parmi les Hind,
celle qui a un gros clitoris399,
et qu’Allah maudisse son époux avec elle.
Est-elle partie à Ohod sur un chameau tranquille,
parmi l’armée, sur un chameau sellé?
C’est un chameau au pas lent, qui ne’avance pas,
qu’il soit grondé ou réprimandé.
Grimpe sur ta monture avec ton cul,
Hind, assouplis tes tendons en les frappant d’une pierre.
Son cul et son sexe sont couverts d’ulcère,
comme résultat de voyage long et à toute vitesse sur ta selle.
compagnon continue de la soigner
avec de l’eau dont elle s’éclabousse et de feuilles de sidr.
Es-tu parti si rapidement en quête de vengeance,
pour ton père et pour ton frère, le jour de Badr?
Et pour ton oncle, qui avait été blessé au cul,
gisant dans son sang, et ton frère,
tous enroulés dans la poussière du puit?
Te rappelles-tu l’acte dément que tu as commis?
Hind, malheur à toi, la honte de ton âge.
13. — La réaction de Muhammad.
Dans ces circonstances dramatiques, le chef fait preuve de sang foid et d’énergie. Au lieu de se morfondre, et de panser ses plaies, il ordonne simplement de poursuivre les vainqueurs. Il démontre que l’on peut à la fois fin politique et complètement psychotique.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 588).
La bataille a eu lieu le jour du sabbat au milieu du mois de shawwal et le matin du dimanche, le 16 du mois, le héraut de l’envoyé appela les hommes à la poursuite de l’ennemi et annonça que personne ne sortirait avec nous s’il n’était pas présent à la bataille de la veille.
(...)
L’envoyé sortit donc faire une démonstration de force contre l’ennemi pour leur croire qu’il les poursuivait, et qu’il était en position de force et que leurs pertes ne les avaient pas affaiblis.
(ibn Sad, Tabaqat II 57).
L’expédition de l’apôtre d'Allah contre al Hamra a eu lieu le 8 shawwal, du 32ème mois après l’Hégire.
Quand l’apôtre d'Allah rentra d’Ohod, un groupe d’ansar importants passèrent la nuit en garde près de sa porte, et les musulmans passèrent la nuit à panser leurs blessures. Quand l’apôtre d'Allah fit les prières du matin, il demanda à Bilal de proclamer400 que l’apôtre d'Allah avait ordonné de poursuivre l’ennemi, et que ceux qui n’avaient pas participé aux combats précédents devaient partir.
(...)
Il sortit avec son visage blessé, un bandeau sur son front, son incisive brisée, l’intérieur de sa lèvre inférieure blessée, son épaule droite affaiblie par le coup porté par ibn Qamia et ses genoux égratignés.
(...)
L’apôtre d'Allah monta sur son cheval et les gens marchèrent avec lui. Il détacha trois personnes des Banu Aslam en avant-garde, qui allèrent chercher les empreintes de pas des polythéistes. Deux d’entre eux trouvèrent les polythéistes à Hamra al Asad.
Muawiyya l’Ommeyade.
(Maqrizi, Livre du contentieux 41).401
L’un d’entre eux était Muawiyya ibn al Mughira. Il avait été parmi ceux qui ont mutilé le corps d’Hamza. Quand il a été battu et mis en fuite à Ohod402, il a cherché refuge auprès d’Othman ibn Affan et lui a demandé sa protection, parce que l’apôtre d'Allah avait donné des ordres pour qu’il soit poursuivi n’importe où. Il fut extirpé de la maison d’Othman et amené devant l’apôtre d'Allah. Le prophète le rendit à Othman avec le serment que s’il le trouvait à proximité de Médine, après trois nuits, il serait exécuté sans faute. Othman lui donna équipement et vivres pour partir et il partit la quatrième nuit.
L’apôtre d'Allah déclara:
-Muawiyya est seulement parti ce matin et il ne s’est pas beaucoup éloigné: alors vous pouvez lui donner la chasse et le tuer.
Ils s’emparèrent de lui, et Zayd et Ammar le tuèrent.
Appel à la discipline après la défaire d’Ohod.
(Corpus coranique d'Othman 3/132-144).
Ceci est un exposé pour les hommes, une direction et une exhortation pour les pieux.
Ne vous abandonnez pas, ne vous attristez point, alors que vous êtes les plus hauts, si vous êtes croyants!
Si une plaie saigne en vous, une plaie semblable a saigné en ce peuple impie.
Ces jours heureux et malheureux, nous les faisons alterner parmi les hommes pour reconnaître ceux qui croient et prendre, parmi vous, des témoins - Allah n'aime pas les injustes -, pour faire briller ceux qui croient et rejeter dans l'ombre les infidèles.
Comptez-vous, croyants !, entrer dans le jardin alors qu'Allah n'a pas encore reconnu, parmi vous, ceux qui ont mené combat, ni encore reconnu les constants ?
Certes, vous souhaitiez la mort avant de la rencontrer.
Vous l'avez vue et vous êtes dans l'expectative.
Muhammad n'est qu'un apôtre.
Avant lui, les autres apôtres ont passé.
Eh quoi s'il meurt ou s'il est tué, retournerez-vous sur vos pas ?403 Quiconque retournera sur ses pas ne nuira à Allah en rien et Allah récompensera ceux qui sont reconnaissants.
Il n'est à personne de mourir sinon avec la permission d'Allah.
Ecrit fixé!
Quiconque désire la récompense de la vie immédiate, nous lui en donnons une part, et quiconquedésire la récompense de la vie dernière, nous lui en donnerons une part.
Nous récompenserons ceux qui sont reconnaissants.
Combien de prophètes ont combattu ayant avec eux de nombreux disciples!
Ceux-ci ne fléchirent point sous ce qui les atteignit, dans le chemin d'Allah ; ils ne faiblirent et ne cédèrent point.
Allah aime les constants.
Leur seul propos était:
-Seigneur! pardonne-nous nos péchés et notre excès dans notre conduite ! Affermis nos talons et secours-nous contre le peuple des injustes!
Allah leur a donné la récompense de la vie immédiate et la belle récompense de la vie dernière. Allah aime les bienfaisants.
Ô vous qui croyez!, si vous obéissez à ceux qui sont infidèles, ils vous ramèneront sur vos pas et vous vous en retournerez, perdants.
Non! Allah est votre maître et il est le meilleur des auxiliaires.
Nous jetterons l'effroi dans les cœurs de ceux qui sont infidèles, en prix d'avoir associé à Allah ce par quoi il ne fait descendre nulle probation.
Leur refuge sera le feu.
Combien détestable est l'asile des injustes!
Muhammad tente de regrouper ses troupes à la fin de la bataille d’Ohod.
(Corpus coranique d'Othman 147-148).
Allah vous a infligé souci après souci, Allah vous a éprouvés, quand vous remontiez vers Médine404 , sans vous retourner vers personne, tandis que l'envoyé d'Allah, sur votre arrière, vous rappelait, afin que vous ne vous attristiez pas sur le succès qui vous avait échappé ni sur ce qui vous avait atteints.
Allah est bien informé de ce que vous faisiez.
Allah vous a infligé souci après souci.
Ensuite, il a fait descendre sur vous, après ce souci, une sécurité, un sommeil qui couvrait un parti parmi vous tandis que, pris par leur propre souci, pensant sur Allah autre chose que la vérité - à savoir ce que pense la gentilité405 -, les gens d'un autre parti cachaient en leur âme ce qu'ils ne te dévoilaient point et disaient:
-Nous avions eu une part à l'ordre, nous n'aurions pas eu de tués.
Réponds: Si vous étiez restés dans vos demeures, ceux dont le meurtre a écrit, seraient allés à leurs couches où ils auraient trouvé la mort.
Tout cela a eu lieu pour qu'Allah éprouve ce qui est en poitrines et pour mettre en lumière ce qui est en vos cœurs.
Allah connait bien les pensées des cœurs.
La visite du champ de bataille d’Ohod au début du XIXème siècle.
(J. L. Burckhadt, Travels in Arabia, Londres, 1829, p. 364-5).
Une des principales zyara406 , ou lieu sacré à visiter de Médine est Ohod, avec la tombe d’Hamza, l’oncle de Muhammad. La montagne d’Ohod est une partie d’une grande chaîne, qui s’en sépare presque dans l’est de la plaine, de façon à apparaitre comme isolée. Elle est à 3/4 d’heure de marche de la ville. La quatrième année de l’Hégire, quand Muhammad eut fixé sa résidence à Médine, les Quraysh idolâtres, dirigés par Abu Sufyan ont envahi cette région, et se sont installés au niveau de la montagne. Muhammad sortit de la ville et combattit là, en infériorité, en la plus dure des batailles qu’il engagea. Son oncle Hamza fut tué, avec 75 de ses fidèles: lui-même fut blessé, mais il tua de sa propre lance un homme des plus braves dans le camp opposé, et remporta au final une victoire complète. La tombe d’Hamza et des 75 martyrs, comme on l’appelle, fait l’objet d’une visite spéciale à Ohod.
J’ai commencé à pied, avec mon cicerone407 , par la porte syrienne, en compagnie de quelques autres visiteurs ; en effet, on pense qu’il n’est pas prudent de s’aventurer là seul, de peur de brigands bédouins. La visite se fait d’ordinaire les jeudis. Nous sommes passés là où le hajj syrien campe, où quelques puits et citernes à demi ruinés, faits de pierre, approvisionnent les pèlerins en eau durant leur séjour de trois jours dans les lieux, sur leur trajet depuis ou vers la Mecque.Un peu plus loin, se trouve un petit kiosk408 , avec un dôme, maintenant à demi-ruiné, appelé el Gorayn, où le chef de la caravane installe son domaine provisoire.Plus loin, la route change complètement de nature: des palmiers dattiers se dressent ici et là, et plusieurs points où les gens cultivent sont visibles, quand les pluies sont abondantes. A un mille de la ville se trouve un édifice ruiné de pierre et de brique, où une courte prière est récitée en souvenir de Muhammad, qui a mis ici sa cotte de maille, au moment de rencontrer l’ennemi. Plus loin, encore, il y a une grande pierre, sur laquelle, dit-on, Muhammad s’est appuyé quelques minutes sur le chemin d’Ohod ; le visiteur doit alors pressser son dos contre la piere, et réciter la Fatiha, ou chapitre premier du Coran.
En approchant de la montagne, on traverse un torrent, vers de l’est et du sud-est, avec de l’eau d’une profondeur de 2 pieds, conséquence d’une pluie qui avait eu lieu 5 jours auparavant.Il avance parfois si fort qu’il devient infranchissable, et inonde toute la contrée environnante. A l’est du torrent, le terrain menant à la montagne est nu, rocheux, en faible pente, sur lequel se trouve une mosquée, entourée d’une douzaine de maisons en ruine, autrefois villa de détente pour les gens des riches villes d’alentour ; près d’elles, une citerne, remplie de l’eau du torrent. La mosquée est un édifice carré, solide, de petites dimensions. Son dôme a été abattu par les wahhabites, mais ils ont épargné la tombe. La mosquée regroupe la tombe de Hamza et des principaux personnages morts dans la bataille. (...) Les tombes sont dans un espace ouvert, et comme celle de Bekya, de simples monticules de terre, avec quelques cailloux disposés autour. A côté, un petit portique
qui sert comme mosquée. Une courte prière est dite ici, et les pèlerins avancent vers les tombes, où ils récitent le chapitre de Yaseyn (du Coran), ou un court passage de al Khalas, 40 fois ; après quoi, Hamza et ses compagnons sont invoqués pour intercéder auprès du tout-puissant, et obtenir pour le pèlerin et sa famille, foi, santé, richesse, et la destruction de leurs ennemis. De l’argent est déposé sur les coins de la mosquée, des tombe, au muezzin, à l’imam, etc...
Plus loin vers la la montagne, qui n’est qu’à portée de fusil, une petite coupole marque l’emplacement où Muhammad a été blessé dans la bataille par une pierre, qui lui a fait sauter 4 de ses dents de devant, et l’a fait tomber par terre. A courte distance de la coupole, il y a les tombes de 12 autres compagnons morts dans le combat. Ils forment ainsi des tas de gravas et de pierre, ce qui fait que leurs tombes respectives ne sont plus reconnaissables. Les prières sont dites, à nouveau, avec le passage du Coran qui dit à propos des morts:
“-Ne pense pas que ceux qui ont été tués en guerre avec les infidèles sont morts ; non, ils vivent, et leur récompense est d’être avec leur seigneur.
Une phrase employée encore pour l’encouragement, même de nos jours, par des soldats turcs dans leurs batailles contre les Européens.409
La montagne d’Ohod est constituée de granite de couleur varié ; j’y ai trouvé de l’obsidienne, mais pas de lave. La montagne entière mesure quatre milles de long, de l’est à l’ouest. Ayant été le site de la fameuse bataille, qui a tant contribué à renforcer le parti de Muhammad, et sa nouvelle religion, il n’est pas surprenant que le Jebel Ohod soit l’objet d’une vénération particulière.410
§ 578. — La “drôle de bataille” du fossé.
En 627, les Mecquois tentent de prendre l’offensive, encouragés par leur victoire à Ohod. Ils rassemblent une confédération de tribus et attaquent Médine411.
Muhammad, conseillé par un Perse, fait creuser un fossé412 protecteur qui bloque les charges de cavalerie. Dès lors, les deux camps s’installent face à face, et s’affrontent à coup d’injures et de projectiles.
La coalition se désagrège au bout de 15 jours et les Mecquois lèvent le siège: les Bédouins ne sont pas habitués à une guerre statique et longue, et ils défont leur union aussi vite qu'ils l'ont formée.
Passé un moment d’angoisse, la communauté musulmane se ressaisit, reprend confiance: elle élimine alors physiquement la dernière opposition interne et organisée, celle des Juifs des banu Qurayza, et prépare la conquête de la Mecque413 .
Une belle leçon de machiavélisme, en vérité.
1. — La thèse du complot juif.
La tradition islamique a insisté trop lourdement sur les manoeuvres de la dernière tribu juive ; mais cela ressemble trop à une justification a posteriori de son élimination. C’est donc une sorte de “Protocole des Sages de Médine” qui est élaboré ici, bien longtemps avant celui que l'on connait.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 669).
Un certain nombre de juifs a formé un parti contre l’envoyé, parmi lesquels Sallam ibn Abul Huqayq, Huyyay ibn Akhtab, Kinana ibn Abul Huqayq, Hawdha ibn Qays, Abu Ammar al Wayli avec des membres des Banu Nadir et Banu Wayl ; ils sont allés à la Mecque voir les Quraysh et les inviter à se joindre à eux pour une attaque contre l’envoyé d'Allah pour qu’ils puisent s’en débarasser conjointement.
Les Quraysh dirent:
-Ô vous les Juifs, vous êtes le premier peuple de l’Ecriture414 et vous connaissez la nature de notre affrontement avec Muhammad. Est-ce notre religion la meilleure, ou la sienne?
Ils répondirent que leur religion était certainement la meilleure et qu’ils avaient plus de légitimité que lui415.
Le traité416 de défense de Médine.
(Waqidi, Livre des Expéditions II 440) . 417
1-Les Quraysh ne recevront pas de protection, et personne ne les soutiendra.
2- Il y aura un soutien entre eux contre quiconque tentera une attaque traitre et inattendue sur Yathrib.
3- Quand ils seront amenés à faire une trêve, ils feront la trêve et l’accepteront.
4-S’ils sont appelés à la même chose, les croyants418 devront l’accepter pour eux.419
5- En vérité, ceux qui sont en guerre pour la religion420 , chaque groupe de gens est responsable de la défense d’une part de secteur se trouvant en face d’eux.
6-Les juifs des Aws, leurs clients et eux-mêmes sont (considérés?) sur la même base que les gens de l’accord, avec observation complète des accords de la part des gens de cet accord.
7-Le respect des stipulations de chacun efface la trahison421 .
8-Allah est un sécurité pour le respcet des traités et le plus honoré par le respect de ce qui est sur cet accord.
La riposte anti-judaïque du Coran.
(Corpus coranique d'Othman 4/54-58).
N'as-tu point vu ceux à qui a été donnée une part de l'Écriture ?
Ils croient aux Jibt et aux Taghut422 et disent de ceux qui sont infidèles:
-Ceux-ci sont dans une meilleure direction que ceux qui se disent croyants.
Ces gens sont ceux qu'Allah a maudits.
Or, à quiconque est maudit par Allah, tu ne trouveras pas d'ansar.
Ces gens ont-ils une part de la royauté ?
Ils ne donnent point aux hommes une pellicule de datte!
Jalouseront-ils ces gens-ci de ce qu'Allah leur a accordé de sa faveur ?
Mais nous avons donné à la famille d'Abraham l'Écriture, la sagesse et avons donné à cette famille une royauté immense.
Parmi les descendants d’Abraham, il en est qui croient à cette Écriture tandis qu’il en est qui s’en écartent.
Combien la géhenne suffira à ceux-ci comme brasier.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 223).
Ils résolurent d'envoyer les plus considérables d'entre eux à la Mecque pour demander aide aux Quraysh, afin de tomber tous ensemble sur le prophète. Dans le cas où ceux-ci ne viendraient pas à leur secours, ils voulaient continuer d'observer le traité. En conséquence, les principaux juifs partirent pour la Mecque, eurent une entrevue avec les principaux Quraysh et leur dirent :
-Vous savez ce qui vous est arrivé de la part de Muhammad, à la journée de Badr. Quant à nous, nous avons encore plus à souffrir de lui. Maintenant nous autres juifs, nous nous sommes tous concertés pour lui faire la guerre. Voulez-vous vous joindre à nous, pour que nous l'attaquions tous ensemble?
Les Quraysh consentirent et s'allièrent aux juifs et aux tribus arabes.
L’angoisse des Médinois face à l’attaque.
(Corpus coranique d'Othman 33/9-11).423
Ô vous qui croyez!
Rappelez vous le bienfait d’Allah envers vous, quand des armées marchèrent contre vous et que nous envoyâmes contre eux vent et légions424 d’archanges invisibles pour vus!
Allah, sur ce que ces ennemis faisaient, fut clairvoyant, quand ils marchèrent contre vous, de toutes parts, quand vos regards se détournèrent de terreur, que vos coeurs remontèrent à votre gorge et que vous en êtes venus à suspecter Allah.
En cette circonstance, les croyants furent éprouvés et violemment ébranlés.
La résistance de Médine.
(Corpus coranique d'Othman 33/13).
Rappelez-vous quand un parti d'entre eux vous dit:
-Ô gens de Yathrib425 !, ne restez point! retournez-vous-en!
Rappelez-vous quand une fraction d'entre eux demanda la permission au prophète de se retirer, en disant:
-Nos demeures sont sans défense! Elles n'étaient point sans défense ! Ils voulaient seulement fuir.
Si Yathrib426 avait été forcée, et si, ensuite, on leur avait réclamé le reniement427 de leur foi, ils l’eussent accordé, mais ne seraient demeurés que peu de temps, dans Yathrib.
Ils avaient certes fait pacte antérieurement, avec Allah, de ne point tourner le dos.
Or, du pacte conclu avec Allah, il sera demandé compte428 .
Dis-leur donc: Fuir ne vous sera pas utile. Si vous fuyez la mort ou le combat, vous ne jouirez de la vie que peu de temps.
Dis-leur encore: Qui peut vous mettre hors de portée d'Allah, soit qu'il vous veuille un mal, soit qu'il vous veuille une grâce ?
Ils ne se trouveront, en dehors d'Allah, ni patron ni ansar.
Allah saura reconnaître ceux qui suscitent des obstacles, parmi vous, croyants ! et ceux qui disent à leurs frères:
-Venez à nous! et qui ne déploient que peu d'ardeur pour notre cause, en étant chiches envers vous.
Quand vient le danger, tu vois ces gens te regarder, les yeux révulsés de foi, comme celui que la mort assaille.
Mais lorsque le péril est parti, ils vous ardent de leurs langues acérées, chiches à vouloir le bien.
Ceux-là ne croient point Allah rendra vaines leurs actions et cela, pour Allah, est aisé.
Ces gens comptent que les factions ne sont pas parties et si les factions viennent, ils aimeraient à se retirer au désert, parmi les bédouins ; ils interrogeraient ainsi sur ce qui arrive. S’ils aviaent été parmi nous, ils n’auraient combattu que peu.
2. —Le fossé de Salman.
Le personnage est largement développé par la tradition abbasside, qui fait de Salman le digne représentant de la Perse au sein de l’épopée mohammédienne429 . Cette initiative l’associe à un épisode un peu glorieux, une seule fois dans sa carrière. Il est très peu évoqué par ailleurs, et traîne un passif de mazdéen teinté de christianisme.
Ici se distingue l’avancée culturelle et technique des Perses sur les Arabes ; mais les textes ne peuvent le dire plus clairement.
La proposition de Salman.
(Tabari, Histoire des prophètes et des rois III 224).
Le prophète, averti que tous les infidèles ensemble allaient venir l'attaquer, réunit ses compagnons et délibéra avec eux. Tous furent d'avis que l'on devait s'enfermer dans la ville. Salman, le Persan , dit :
-Chez nous autres Perses, quand une armée nombreuse vient attaquer une ville dont l'armée n'est pas en état d'aller au-devant de l'ennemi, on creuse autour de la ville un fossé, pour empêcher les cavaliers d'y entrer.
Le prophète et tous ses compagnons approuvèrent ce conseil de Salman, et le prophète ordonna de creuser autour de Médine un fossé profond de vingt coudées et large également de vingt coudées. Le travail fut divisé par portions ; chaque portion de quarante coudées fut attribuée à dix hommes. Les hypocrites se moquèrent du prophète parce qu'il s'enfermait dans la ville. Cependant, il venait chaque jour assister au travail, assis dans une tente qu'on avait construite pour lui, afin que les hommes, en sa présence, eussent plus de zèle. Après un mois, le fossé était achevé.
(Muslim, Sahih 32-3366).
Sahl ibn Sa`d a dit : L'envoyé d'Allah vint vers nous pendant que nous creusions le Fossé et que nous en transportions la poussière sur nos épaules et s'écria :
-"Mon Seigneur, la seule vie, c'est celle de l'au-delà! Pardonne aux ansâr et aux muhâjirûn!".
Le creusement du fossé
(Bukhari, Sahih 52, 87).
L’envoyé d’Allah alla vers le fossé et vit que les émigrants et les auxiliaires creusaient dans le très grand froid du matin, et qu’ils n’avaient pas d’esclaves pour le faire. Il remarqua leur fatigue et leur faim, et dit:
-Ô Allah! La vraie vie est celle de l’au-delà, alors pardonne aux auxiliaires et aux émigrants.
En réponse, les émigrants et auxiliaires dirent:
-Nous sommes ceux qui avons fait un serment d’allégeance à Muhammad, celui de poursuivre le jihad aussi longtemps que nous vivrons.
(Tafsir al Jalalayn 33).
Khatir ibn Abdullah ibn 'Amir al Muzani rapporte, d'après son père et son grand père, que le messager d'Allah traça, l'an des Factions, la ligne où on devait creuser le fossé. Allah fit sortir du fossé un rocher rond et blanc. Le messager d'Allah prit la pioche et le frappa. Le rocher fut brisé et une lueur en jaillit et éclaira le deux extrémités de Médine. Lui et les musulmans proclamèrent la grandeur d'Allah. Ce phénomène se répéta après le deuxième et le troisième coup et le prophète proclama avec les fidèles la grandeur d'Allah. En l'interrogeant sur cela, il répondit:
-"Au premier coup, les palais de Hira et les Madayn de Khosroès me furent éclairés. Alors Jibril me dit que ma communauté les prendra. Au deuxième coup, les palais rouges au pays des Byzantins me furent éclairés et Jibril m'assura que ma communauté les prendra. Au troisième coup, Les palais de Sanaa me furent éclairés et Jibril me dit que ma communauté fera leur conquête."
Les hypocrites dirent alors:
-"N'êtes-vous pas étonnés de l'entendre vous raconter cela, vous faire de vains désirs et de fausses promesses et vous dire qu'il a vu à partir de Yathrib les palais de Hira, les Madayn de Khosroès et que vous allez les conquérir, alors que vous creusiez la tranchée à cause de votre crainte sans pouvoir vous exposer à l'ennemi?"
A cette occasion, Allah fit descendre:
-"Et quand les hypocrites et ceux qui ont la maladie au cœur disaient: "Allah et son messager ne nous ont promis que tromperie..."
(Muslim, Sahih 32-3365).
Al Barâ a dit :
Le jour du Fossé, le prophète transporta avec nous des déblais, au point que la poussière couvrit son ventre, en récitant ces vers :
Par Allah! n'était toi, nous ne serions pas dans la bonne voie,
nous ne ferions ni l'aumône, ni la prière .
Fais descendre sur nous la sérénité,
Car, notre religion, ceux-là (les infidèles) l'ont refusée,
Car les chefs des impies ont refusé notre religion,
quand ils cherchent la tentation 430, certes, nous dirons
: Non! Et il appuyait sur le dernier mot, en élevant sa voix.
(ibn Sad, Tabaqat II 81).
L’apôtre d'Allah a travaillé avec eux de ses mains, pour encourager les musulmans. Il assigna à chaque tribu une section à creuser. Les muhajirun creusaient du côté de Ratij à Dhubab et les ansar creusaient de Dhubab à la montagne des Banu Ubayd. Dans tout Médine, les maisons étaient construites si proches les unes des autres que l’ensemble apparaissait comme une forteresse. Les Banu Abd al Ashhal creusaient de derrière Ratij jusqu’au niveau de la mosquée. Les Banu Dinar creusaient près de Jurba jusqu’à l’emplacement de la maison d’ibn Abu al Janub, là où elle se trouve maintenant431. Ils finirent le fossé en 6 jours. Les musulmans placèrent femmes et enfants dans les forts.
(Bukhari, Sahih 64/29, 6).
Jabir ibn Abdallah a dit: pendant qu'on creusait le fossé, j'avais remarqué que le prophète souffrait vivement de la faim. Aussitôt je me rendis auprès de ma femme et lui dis:
-As-tu quelque chose à manger ? je viens de voir que le prophète souffrait vivement de la faim.
Elle me sortit un sac contenant un sa432 d'orge ; et, comme nous avions un petit mouton familier de la maison, je l'égorgeai, pendant qu'elle s'occupait à moudre l'orge. Elle acheva sa besogne en même temps que la mienne, puis elle découpa le mouton et le mit dans la marmite. Quant à moi, je retournai vers l'envoyé d'Allah.
-Surtout, me dit ma femme, ne m'expose pas à quelque affront vis-à-vis de l'envoyé d'Allah et de ceux qu'il amènera avec lui.
Arrivé auprès de l'envoyé d'Allah de Allah, je le pris à part et lui dis:
-Nous avons égorgé un petit mouton que nous avions, et fait de la farine avec un sa d'orge que nous possédions, viens et amène quelques personnes avec toi.
Le prophète se mit alors à crier :
-Eh! les gens du Fossé, Jabir a préparé un banquet, venez et dépêchez-vous.
Puis, s'adressant à moi:
-Ne retirez pas, me dit-il, votre marmite du feu, et ne pétrissez pas votre pâte avant que je sois arrivé.
Je rentrai chez moi et l'envoyé d'Allah y arriva, précédant la foule.
-Qu'as-tu fait, malheureux ? s'écria ma femme en me voyant.
- J'ai fait ce que tu m'avais dit de faire, lui répondis-je.
La femme apporta de la pâte au prophète qui cracha dessus ; il bénit ensuite la pâte, et allant vers la marmite il y cracha également ; puis, l'ayant bénie, il dit:
-Appelle une boulangère pour qu'elle fasse le pain avec moi, et prends du bouillon de la marmite sans la retirer du feu.
Il y avait là mille convives et, je le jure par Allah, ils mangèrent à satiété, et pourtant ils laissèrent des vivres, tant ils étaient repus. La marmite bouillait toujours et la pâte avec laquelle nous faisions le pain n'avait pas diminué de volume.433
Prophétie dans la tranchée.
(Hanbal, Musnad 4/303).434
Pendant le creusement de la tranchée, un gros rocher apparut. Les compagnons incapables de le déplacer, se référèrent à l’apôtre d'Allah. Il vint avec un levier et une pioche, et démolit le rocher. A chaque coup, une étincelle se produisait et, grâce à l’inspiration d’Allah, il donnait quelques prophéties réjouissantes, concernant les conquêtes futures, disant:
-On m’a donné les clés de Byzance, on m’a donné les clés de la Perse, on m’a donné les clés du Yémen.
(Ibn Hanbal , Musnad 10613).
Le jour de la tranchée, nous avons dit:
-Ô envoyé d'Allah, que pouvons-nous dire comme prière? Parce que nos coeurs sortent de nos gorges!
Il répondit:
- oui, Ô Allah, recouvre nos injustices et déplace nos craintes!
(Ibn Hanbal , Musnad 13808).
Quand le prophète et ses compagnons creusaient la tranchée, ils étaient très fatigués, à tel point que le prophète a attaché une pierre sur son estomac à cause de sa faim.
(Bukhari, Sahih 64/29,8-10).
al Bara a dit : Le jour du Fossé, le prophète transporta des déblais, au point que son ventre était couvert de poussière ; il récitait alors ces vers435:
Par Allah ! n'était Allah, nous ne serions pas dans la bonne voie,
nous ne ferions ni l'aumône, ni la prière.
Fais descendre sur nous la quiétude et affermis nos pieds,
si nous rencontrons l'ennemi.
Certes, si ceux qui nous oppriment veulent
que nous nous révoltions (contre toi) nous refuserons.
Et il élevait la voix en disant :
-Nous refuserons, nous refuserons.
(...)
D'après ibn Abbas, le prophète a dit :
-Le vent d'Est m'a assuré la victoire et le vent d'Ouest a fait périr les Ad.
(...)
El Bara a dit: Au jour des Confédérés et du Fossé, j'ai vu l'envoyé d'Allah transporter de la terre du fossé ; la poussière me dérobait la vue de la peau de son ventre. Le prophète était très velu. Pendant qu'il transportait de la terre, il récitait ces mots en vers rajaz de ibn Rawaha :
Ô Allah! sans toi nous ne serions pas dans la bonne voie,
nous ne ferions ni l'aumône, ni la prière.
Fais descendre sur nous la quiétude et affermis nos pieds,
si nous rencontrons l'ennemi.
Certes, si ceux qui nous oppriment veulent
que nous nous révoltions. (contre toi), nous refuserons.
Et il appuyait sur le dernier mot, en faisant traîner le son de sa voix436 .
(Bukhari, Sahih 56/33).
Anas a dit: L'envoyé d'Allah, s'étant rendu au fossé, trouva les muhajirun et les ansar occupés à creuser par une matinée froide, car ils n'avaient pas d'esclaves capables d'accomplir ce travail. Le prophète, voyant la faim, la fatigue qu'ils supportaient, s'écria :
-Allah, la seule vie, c'est celle du monde à venir!
Pardonne à tout ansar et à tout muhajir.
Et eux lui répondirent:
-C'est nous qui, dans notre serment à Muhammad,
avons promis le bon combat, toujours tant que nous vivrons.
(Bukhari, Sahih 56/34,1-3).
Anas a dit : Muhajirun et ansar se mirent à creuser un fossé autour de Médine, transportant la terre sur leurs dos ; et ils disaient :
-C'est nous qui, dans notre serment à Muhammad,
avons promis fidélité à l'islam toujours tant que nous vivrons.
Le prophète leur répondait:
-Allah! le seul vrai bien est celui de la vie à venir ;
bénis, ô Allah! tout ansar et tout muhajir!
(...)
al Bara a dit: Je vis l’envoyé d'Allah, le jour de la bataille des Nations437 , transporter de la terre du fossé, à tel point que la blancheur de son ventre en était maculée438 . Il disait :
-Sans toi, nous n'aurions pas été conduits dans la bonne voie ; nous n'aurions connu ni l'aumône, ni la prière ; fais descendre sur nous la sérénité, et affermis nos pas à la rencontre de l'ennemi. Ceux qui se montraient injustes envers nous, nous avons repoussé l'épreuve à laquelle ils voulaient nous soumettre.
(Bukhari, Sahih 56/161).
El Barda dit: Au jour du Fossé, je vis l'envoyé d'Allah transporter tant de terre, que l'abondante masse de poils439 qui recouvrait sa poitrine disparut sous la poussière. Il chantait à voix très haute le rajaz440 d’Abdallah ibn Rawaha, et disait:
-Ô Allah! sans toi nous ne serions pas dans la bonne voie ;
Nous ne ferions ni l'aumône, ni la prière ;
Fais descendre sur nous la sérénité ;
Et affermis nos pis dans les rencontres dangereuses ;
Les ennemis nous ont accablés d'injustice ;
Et, lorsqu'ils'ont voulu nous éprouver, nous les avons repoussés.
Le miracle de la salive.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 671).
Alors qu’ils travaillaient à creuser, un gros rocher leur causa une grande difficulté, et ils s’en plaignèrent à l’envoyé. Il demanda de l’eau, et cracha dedans ; ensuite, il pria comme Allah voulait qu’il prie ; puis il éclaboussa l’eau sur le rocher. et ceux qui étaient présents dire:
-Par celui qui a envoyé un prophète avec la vérité, il l’a pulvérisé comme si c’était du sable mou qui ne résiste ni à la hache, ni au burin.
Le Fossé au XIIème siècle.
(ibn Jubayr).441
Avant d’arriver dans la ville, du côté ouest, à portée de flèche, on trouve le fameux Fossé que le prophète fit creuser à l'époque de la Confédération des partis. Entre ce fossé et la ville, à droite, on trouve, à droite de la route, une source dite du prophète est entourée d'un vaste anneau oblong au centre duquel jaillit la source et qui ressemble à un bassin allongé.
3. — Les opérations.
Le siège est par définition statique. Il n'y a presque pas d'affrontement, essentiellement des tirs de flèches et des injures. En fait, la confrontation est psychologique et diplomatique. Muhammad excelle dans le domaine, pour le malheur de ses adversaires.442
Les alliés.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 670).
Les Quraysh marchèrent sous le commandement d’Abu Sufyan ibn Harb ; les Ghatafan443 étaient conduits par Uyayna (...) avec les Banu Fazara ; et al Harith ibn Awf (...) avec les Banu Murra ; et Misar ibn Rukhayla (...) avec ceux de son peuple d’Ashja qui le suivaient.
Allusion probable à l’offensive des Mecquois dans le Coran.
(Corpus coranique d'Othman 8/49).444
Ne soyez pas comme ces infidèles qui sortirent de leur habitat, avec pompe et ostentation publique, qui s’ écartaient d’Allah alors qu’Allah de sa science enveloppait ce qu’ils faisaient.
L’investissement de Médine.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 673).
Comme l’envoyé avait fini la tranchée, les Quraysh arrivèrent et campèrent dans le lit des torrents de Ruma entre al Juruf et Zughaba, avec dix mille de leurs mercenaires noirs et les alliés des Banu Kinana et le peuple de Tihama. Ghatafan vint avec ses alliés du Najd et s’installa à Dhanab Naqma en direction d’Ohod.
La drôle de bataille.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 225 ).
Lorsque les infidèles aperçurent le fossé autour de Médine, ils furent frappés d'étonnement ; car ils n'en avaient jamais vu auparavant. Ne pouvant pas le franchir, ils venaient chaque jour aux portes de la ville. Le prophète restait au bord du fossé, et personne ne sortait de la ville pour combattre. Il y passait également les nuits, tandis que les hypocrites rentraient dans la ville pour dormir, et ils disaient :
-S'il arrive, pendant la nuit, un accident à Muhammad, au moins serons-nous à l'abri dans nos maisons.
Il est dit dans le Coran :
Quelques-uns d'entre eux demandèrent au prophète la permission de se retirer, en disant : Nos maisons sont sans défense, etc445 .
Les infidèles restèrent vingt-six jours, sans qu'il y eut d'engagement ; seulement les deux armées lancèrent de loin des traits l'une sur l'autre, et trois hommes de l'armée des incrédules furent tués.
Abu Sufyan, l’Ommeyade.
(Maqrizi, Livre du contentieux 35).446
Parmi eux, il y avait Abu Sufyan Shakhr ibn Harb ibn Umayya, chef de la coalition447 qui a été organisée contre l’apôtre d'Allah le jour d’Ohod, là où 70 des plus formidables compagnons de l’apôtre d'Allah ont été tués, parmi lesquels Hamza, le lion d’Allah. Il a aussi combattu l’apôtre d'Allah à la bataille de la tranchée. A cette occasion, il a écrit au prophète en ces termes:
“En ton nom, ô Allah, je jure par Allat, al Uzza, Isaf, Nayla et Hobal, j’ai marché contre toi dans le but de te détruire entièrement. Je vois que tu as trouvé refuge derrière une tranchée et tu as évité de nous rencontrer, mais tu recevras de moi un coup comme celui que tu as reçu à Ohod.
Une tentative d’assaut.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 677).
Le siège continua sans véritable combat mais quelques cavaliers des Quraysh, parmi lesquels Amir ibn Abu Wudd, Ikrima ibn Abu Jahl448, Hubayra ibn Abd Wahb, Dirar ibn al Khattab le poète, endossèrent leurs armures et foncèrent sur les positions des Banu Kinana en disant:
-Préparez vous à combattre et vous verrez ce que sont de vrais chevaliers aujourd’hui!
Ils galopèrent jusqu’au niveau du fossé et stoppèrent là. Ils se mirent à crier:
-C’est un stratagème que les Arabes n’avaient jamais employé avant!
Un duel “par dessus la jambe”.449
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 22).
L'un des principaux Quraysh, suivi de six hommes, se jeta dans le fossé, mais il ne put parvenir à le franchir. Lorsqu'ils voulurent retourner, ils descendirent de leurs chevaux sur lesquels ils remontèrent ensuite. Ali ibn Abu Talib, les voyant, sauta dans le fossé, le franchit et provoqua le Quraysh. Celui-ci dit :
-Je ne voudrais pas que tu fusses tué de ma main.
Ali répondit :
- Moi, je veux que tu périsses de la mienne.
L'infidèle, furieux, mit pied à terre, et attaqua Ali qui lui asséna un coup, le renversa et lui trancha la tête.
(...) Les deux champions450 se jetèrent l'un sur l'autre et luttèrent depuis le matin jusqu'à l'heure de la première prière ; chacun d'eux parait les coups de son adversaire.
Enfin Ali dit à Amir :
-N'as-tu pas dit que tu ne te ferais pas aider?
-Quel secours ai-je amené? demanda Amir.
-C'est ton fils qui arrive à ton aide, répondit Ali.
Amir se retourna pour regarder, et en ce moment Ali le frappa de son sabre et lui coupa une jambe.
Amir, en tombant, dit :
-Ô Ali, tu as usé de ruse!
Ali répliqua :
-Le combat est une ruse451 .
Amir prit sa jambe coupée et la jeta sur Ali. Celui-ci le frappa de nouveau et le fendit en deux moitiés ; ensuite il franchit le fossé et revint auprès des musulmans.
Lorsque la poussière se fut dissipée, les infidèles aperçurent le cadavre d’Amir.
Le cri de guerre des musulmans.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah, notes).452
Aux batailles du Fossé et des Banu Qurayza, le cri des compagnons de l’envoyé était
-Ha Mim! 453 , ce qui voulait dire:
-Ils ne seront pas aidés!”.
Les insultes aux Quraysh.
(Bukhari, Sahih 9, 36).
Jabir ibn Abdallah rapporte que Omar ibn Khattab vint le jour du Fossé, après que le soleil fut couché, et se mit à injurier les infidèles de Quraysh.
-Ô envoyé d'Allah, dit-il ensuite, je n'ai fait ma prière de l'après-midi qu'au moment où le soleil allait se coucher.
- Par Allah ! répondit le prophète, moi, je ne l'ai pas faite du tout. Alors nous allâmes à Bothan, le prophète fit ses ablutions pour la prière ; nous les fîmes également, puis il fit la prière de l'après-midi après que le soleil fut couché, et ensuite il fit la prière du coucher du soleil.
(Bukhari, Sahih 75/405).454
Nous étions avec le prophète le jour de la bataille du Fossé. Le prophète a dit:
-Qu’Allah remplisse les tombes et les maisons des infidèles de feu...
(Bukhari, Sahih 56/98/1-3).
Ali a dit: au jour de la bataille des Nations, l'envoyé d'Allah dit:
-Puisse Allah remplir leurs demeures et leurs tombeaux de feu455 ! ils nous ont empêchés de faire la prière du milieu456, jusqu'au moment où le soleil a disparu.
Abu Horayra a dit: Le prophète répétait dans son invocation457:
Ô Allah! sauve Salama ibn Hisham!
ô Allah! sauve al Walid ibn al Walid!
ô Allah! sauve Ayyash ibn Abu Rabia!
ô Allah! sauve les faibles d'entre les musulmans!
Mais, ô Allah! fais sentir le poids de ton châtiment à Mudar!
ô Allah! donne-leur des années de disette comme celles de Joseph.
Abdallah ibn Abu Awfa a dit: L'envoyé d'Allah, à la bataille des Nations, prononça l'invocation suivante contre les polythéistes:
-Ô Allah! ô révélateur du Coran, ô justicier diligent! mets en déroute les nations ; ô Allah! envoie-leur la déroute et le tremblement.
4. —La guerre secrète.
C'est là que l'on voit que la guerre se déroule hors des combats, de part et d'autre du fossé: les Mecquois tentent de se rallier les Médinois résistants et les juifs qui restent. Muhammad fait ce qu'il peut pour distendre la cohésion des alliés des Mecquois.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 227).
Ils furent découragés et ne revinrent plus pour combattre. Un homme notable d'entre les banu-Ghatafan, nommé Nuaym ibn Masud, à qui Allah avait donné de l'inclination pour l'islam458 , se leva pendant la nuit, sortit de sa tente, se présenta au prophète, fit profession de foi et dit :
-Apôtre d'Allah, il y a longtemps que je suis croyant en secret ; maintenant donne-moi tes instructions.
Le prophète lui dit :
-Je désire que tu te rendes auprès des infidèles et que tu cherches à les diviser.
Noaym avait des relations d'amitié avec les chefs de l'armée et notamment avec Abu Sufyan. Il revint dans la même nuit, réunit les juifs des Banu Qurayza et leur parla ainsi :
-Vous connaissez mes sentiments envers vous et mon désir de vous donner des avis utiles. Je crois que votre position à l'égard de Muhammad n'est pas la même que celle des Quraysh et des juifs qui sont venus de loin. Ceux-ci se repentent d'être venus ; demain ils s'en retourneront, chacun regagnera son pays, et vous ne pourrez plus rester ici. Ne voyez-vous pas que vous êtes campés ici depuis longtemps et qu'ils ne commencent pas le combat, attendant que vous le commenciez? Si c'est vous qui devez triompher, avez-vous besoin d'eux?
Les juifs répondirent:
-Tu as raison ; maintenant quel conseil nous donnes-tu?
Noaym dit :
-Je pense que vous ne devez pas combattre contre Muhammad avant d'avoir reçu des Mecquois et des Banu Ghatafan des otages, les fils de personnes notables, qui resteraient entre vos mains jusqu'à ce que vous en ayez fini avec Muhammad.
Les Qurayza dirent:
-Il faut faire ainsi, tu nous donnes un bon conseil459 .
(...)
Noaym les quitta et se rendit auprès d'Abu Sufyan. Avant convoqué les principaux Quraysh, il leur tint ce langage:
-Vous connaissez mon ancienne amitié pour vous. J'ai appris un fait que je veux vous communiquer, mais que vous ne devez révéler à personne, jusqu'à ce qu'il se manifeste par lui-même. Vous savez que les juifs de Qurayza avaient avec Muhammad un traité, qu'ils ont rompu pour s’unir à vous. Ils s'en repentent maintenant ; ils craignent que vous ne vous en retourniez et qu'ensuite Muhammad ne se jette sur eux. Ils lui ont donc fait dire qu'ils se repentaient et lui ont proposé de capituler.
Ils lui ont fait dire encore :
-Nous demanderons aux Quraysh de nous donner des otages, et quand, sous ce prétexte, nous aurons entre nos mains les enfants des principaux d'entre eux, nous te les livrerons pour que tu les fasses mettre à mort. Nous te serons ainsi agréables.
Noaym ajouta:
- Je vous ai prévenus, afin que, s'ils vous demandent des otages, vous ne les donniez pas, car vous exposeriez leur vie.
Les Quraysh le remercièrent en disant:
-Nous te sommes obligés pour ce que tu viens de faire.
Ensuite Noaym alla trouver les Banu Ghatafan et leur parla dans le même sens.
La discorde entre alliés.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 228).
Cela se passa le jour du vendredi. Dans la nuit, Abu Sufyan et les Ghatafan firent dire aux juifs de Qurayza :
-Arrivez demain, nous attaquerons.
L'affaire traîne en longueur, il faut prendre un parti. Les juifs répondirent :
- Nous avons demain le sabbat, où il nous est impossible d'aller combattre.
Abu Sufyan leur envoya un nouveau message en ces termes :
- Si vous ne venez pas pour prendre part à cette attaque, nous nous en retournerons ; nous ne pouvons pas rester ici plus longtemps.
Les juifs dirent alors:
-Ce que Noaym nous a dit se réalise.
Ils firent donc répondre à Abu Sufyan :
-Vous êtes des gens venus de loin ; nous ne voulons pas nous unir à vous pour combattre, avant que vous nous ayez confié vos enfants comme otages.
Abu Sufyan, en recevant ce message, dit :
- Les paroles de Noaym se vérifient.
Il fit dire aux juifs :
-Nous ne vous livrerons pas d'otages ; si vous venez, nous attaquerons ; sinon, nous nous en irons.
La division s'était ainsi mise dans les rangs des ennemis.
5. — La victoire.
Il n’y a pas eu de bataille, mais il y a une victoire tout de même, stratégique et psychologique plus que réellement tactique.
Revers climatiques.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 228).
A la tombée de la nuit, Allah déchaîna sur le camp des infidèles un vent qui renversa toutes leurs tentes. Les ennemis furent remplis de terreur, car un violent orage menaçait d'éclater. Abu Sufyan résolut de s'enfuir. Le prophète fit la prière du coucher ; après avoir prononcé le salut, il remarqua de loin le vent, la poussière et l'orage dans le camp des infidèles.
La victoire par le soutien divin.
(Corpus coranique d'Othman 33/25)
Quand les croyants virent les factions, ils s’écrièrent:
-Voilà ce dont nous ont menacés Allah et son apôtre. Allah et son apôtre ont été véridiques!
Mais cela n’a fait qu’accroître leur foi et leur soumission.
Parmi les croyants, il est des hommes qui furent fidèles au pacte conclu par eux avec Allah. Parmi eux, il en est dont le destin s’est accompli alors que, parmi eux, il en est qui sont dans l’attente, invariables en leur attitude.
Cela s’est produit afin qu’Allah récompense les véridiques, de leur foi, alors qu’il tourmente les hypocrites, s’il le veut, ou qu’il revient de sa rigueur contre eux.
Allah est absoluteur et miséricordieux.
Allah a renvoyé les infidèles, pleins de leur courroux, sans qu’ils aient obtenu un succès.
Allah a épargné aux croyants de combattre.
(Tafsir al Jalalayn 33).
“Ô vous qui croyez! Rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous, quand des troupes vous sont venues...”: Ô vous qui croyez! Souvenez-vous les bienfaits d'Allah sur vous quand les factions incrédules sont venues à vous pendant que vous creusiez le fossé. Nous envoyâmes contre elles un vent glacial et des anges que vous n'avez pas vus. Allah voyait alors tout ce que vous faisiez: le creusagçe du fossé et la coalition des polythéistes. Huzayfa rapporte: La veille du jour où nous étions assaillis par les coalisés, nous nous trouvions assis en rangs, tandis que Abu Sufyan et les factions qui étaient avec lui se tenaient en haut de nous et les Banu Qurayza en bas. Nous craignions que ces derniers ne nuisissent à nos familles. Cette nuit-là était très obscure et le vent soufflait. Alors les hypocrites commencèrent à demander l'autorisation du prophète de rentrer chez eux prétendant que leurs maisons étaient sans défense, mais en fait, elles ne l'étaient pas. Il accorda cette autorisation sans aucune objection et les hypocrites s'esquivèrent. Le prophète vint auprès de chacun d'entre nous. En arrivant chez moi, il me dit:
-"Va et apporte moi des nouvelles de l'ennemi".
Je me dirigeai vers leur camp alors que le vent ne soufflait que sur ce camp sans le dépasser même pas de la distance d'un empan. Par Allah, il me semble entendre encore le bruit des pierres qui tombaient sur eux, et le vent emportait leurs couches et leurs effets. Les uns disaient aux autres:
-"Levez le camp! Levez le camp!".
(Ibn Hanbal, Musnad 22823).
Il460 m’a dit:
-Ô Huthayfa, va infiltrer les gens (qui sont contre les musulmans) et vois ce qu’ils préparent, et ne dis pas un mot avant de retourner.
Alors je suis parti et j’ai infiltré ces gens alors que les vents461 et les soldats d’Allah faisaient ce qu’ils faisaient, ne laissant à ces armées aucun chaudron, foyer ou bâtiment.
Alors Abu Sufyan ibn Harb se dressa et dit:
-Ô peuple des Quraysh, que chacun vérifie qui est à côté de lui.
Alors j’ai pris la main de l’homme près de moi, et j’ai dit:
-Je suis le fils de quelqu’un...462
Ensuite Abu Sufyan a dit:
-Ô peuple des Quraysh, par Allah, votre domaine habituel n’est plus un endroit convenable463 ; les chevaux sont morts, les Banu Qurayza nous ont abandonnés - nous avons reçu d’eux ce que nous ne voulions pas, et le vent nous a donné ce que vous avez vu. Par Allah, nos chaudrons ne tiennent plus debout, les feux ne durent pas, et les édifices ne tiennent pas. Alors, reculez autant que moi je vais reculer.
(Tafsir anonyme de Cambridge 33).464
Allah, depuis les cieux, a envoyé un vent pour arracher les piquets de leurs tentes, éteindre de leurs feux, et renverser les écuries où ils avaient installés leurs chevaux, de telle façon qu’ils sont tombés les uns sur les autres. Et les anges criaient:
-Allah est grand!
(ibn Hisham, Conduite de l’envoyé d’Allah 700).
Les défenseurs du fossé l’abandonnèrent et j’ai entendu l’envoyé d’Allah dire:
-Les Quraysh ne nous attaqueront pas cette année, mais c’est nous qui les attaquerons.
En effet, les Quraysh n’ont pas attaqué après cela ; c’est lui qui les a attaqués jusqu’à ce qu’Allah fasse la conquête de la Mecque à travers lui.
Les pertes de la “bataille”.
(ibn Hisham, Conduite de l’envoyé d’Allah 699).
Seulement six musulmans furent tués durant la bataille du fossé:
Parmi les Banu Abdul Ashhal:
Sad ibn Muath465 ; Anas ibn Aws ibn Atik ibn Amir, et Abdullah ibn Sahl. =3
Parmi les Banu Jusham banu al Khazraj du clan Banu Salima:
al Tufayl ibn al Numan et Thalaba ibn Ghanama. =2.
Parmi les Banu al Najar du clan Banu Dinar:
Kab ibn Zayd, frappé par une flèche perdue. =1
Trois polythéistes furent tués:
Parmi les Banu Abdul Dar:
Munabbih ibn Uthman ibn Ubayd ibn al Sabbaq, frappé par une flèche et qui mourut à la Mecque.
Parmi les Banu Makhzum Banu Yaqaza:
Nawfal ibn Abdullah ibn al Mughira. (...)
Parmi les Banu Amir ibn Luayy du clan Banu Malik ibn Usl: Amir ibn Abdu Wudd qu’Ali a tué.
(ibn Sad, Tabaqat II 85).
Ceux qui ont été tué à la bataille du Fossé sont:
Anas ibn Aws, appartenant aux Banu Abd al Ashhal, tué par Khalid.
Abdallah ibn Sahl al Ashhali.
Thalabah ibn Anamah, tué par Hubayrah
Kab ibn zayd, appartenant aux Banu Dinar, tué par Dirar ibn al Khattab.
Parmi les polythéistes, furent tués Othman ibn Munabbih ibn Ubayd, appartenant aux Banu Abd al Dar.
Le règlement des comptes.466
(Bukhari, Sahih 4/52, 68).
Quand l’envoyé d’Allah est rentré de la bataille du fossé, il déposa ses armes, et prit un bain ; alors Gabriel, dont la tête était couverte de poussière, apparut disant:
- Tu as déposé tes armes!
-Par Allah, je n’ai pas encore déposé les armes...
137 C’est du moins ce que l’on dit dans beaucoup de livres. Ils ne rentrent jamais dans les détails des opérations ci-dessous.
138 Octobre 624 ; Corpus coranique 3/12 ; 8/ 5, 12, 19, 42, 47, 48.
139 J.M.B. Jones, “The Chronology of the Maghazi- A textual survey”, Bulletin of the School of Oriental and African Studies 1957 n°9 ; ramadan 2 ; étude touristico-religieuse de M. Hamidullah, dans The battlefields of the prophet, Woking 1953, avec des photographies et un croquis du site de la bataille, p. 11-13 ; W.M. Watt, Encyclopédie de l'Islam2 II, p. 892 ; description de Burckhardt, Reisen in Arabien 1830, p. 614-9 ; sur les parallèles bibliques, Hans von Mzik, Die Gideon-Saul-Legende und die überlieferung der Schlacht bei Badr. Ein Beitrag zur ältesten Geschichte des Islam, Vienne 1916 ; J. Nawas, Encyclopaedia of the Qur'an, sv. Badr; Edward Sell,The Battles of Badr and Uhud, 1909; Josef Horovitz, Biographien der medinischen Kämpfer Muhammeds in der Schlacht bei Bedr de Abd-Abdallah Muhammad Ibn-Sad Katib al-Waqidi, Leyde, 1904. .
140 La rupture avec les juifs, le changement de qibla, l’émergence du personnage d’Abraham, débarrassé de sa judaïté.
141 Le toponyme BADR est courant ; il est aussi le nom d’un des ancêtres des Quraysh.
142 Corpus coranique 2/47, 2/122, 5/13 etc...
143 Yaqut, Buldan I 357b-358a, trad. Prémare 2002.
144 YAWM.
145 Ce qui explique théologiquement la défaite d’Ohod
146 Cf. partie II.
147 La titulature du personnage est donnée tout entière, du fait des circonstances, et parce qu’il est en posture de commandement.
148 KITAP AL MAGHAZI sans doute de Waqidi.
149 L’exégèse attache ce verset au contexte du début du combat.
150 Selon la tradition, les fautifs seraient des membres des clans médinois des Banu Salama et Banu Haritha.
151 La caravane, et non la troupe de secours.
152 Attribution probable à ce contexte (selon R. Blachère).
153 La première dénomination pour les musulmans: les “croyants”, et plus tard, les “soumis”.
154 Pratique païenne de sélection du bétail destinée au rituel ; cf. partie III.
155 Il semble que les muhajirun n’aient pas été très motivés par l’entreprise (pour une fois), qui revient à piller les biens de leurs compatriotes (d'où des risques de vengeance) . En revanche, pour les ansar, cela ressemble à une routine.
156 A. Grohmann, Arabic Papyri from Hirbet al Mird, Louvain 1963, p. 82-3, n°71.
157 Et non pas “Envoyé d’Allah”, ou “Messager”: la titulature officielle est postérieure.
158 De manière assez réaliste, le toponyme ancien, Yathrib, est utilisé quand on assiste à la scène du point de vue des Mecquois. Sinon, on parle de Médine.
159 Expression qui montre les premiers musulmans sous un autre jour tout à fait réaliste.
160 Une montagne sacrée, cf. partie IV.
161 Le titre est révélateur.
162 Personnage important de la fin de la vie de Muhammad (qui est son neveu), et pour l'instant, notable influent dans le conseil de la Mecque. On le voit ici pratiquer la religion traditionnelle.
163 La Ka’ba.
164 Pour les vendettas arabes, cf. partie II.
165 Il reste quelque chose de la verve satirique des Arabes anciens. Ici, elle subsiste au niveau de la basse insulte, essentiellement scatologique. On parle beaucoup d’excréments à Médine sous Muhammad ; cf. partie II et XII; A. C. Barbier de Meynard, “Surnoms et sobriquets dans la littérature arabe”, JA 10, 1907..
166 La tradition aime à voir Muhammad comme un enfant violent.
167 Le jaune est pourtant une couleur méprisée au Proche-Orient ; cf. l'invention des étoiles jaunes imposées aux Juifs d’Egypte par les sultans fatimides.
168 En Perse. Tabari en est originaire et ne perd jamais une occasion de mentionner cette région.
169 Ces détails sont là pour prouver l’impureté corporelle des Mequois, et leur luxe avilissant.
170 La tradition, rédigée à l’époque abbasside, doit montrer qu’il ne manifeste pas de solidarité avec les Mecquois.
171 Ce proche de Muhammad est parmi les derniers à se convertir ; ce genre de remarque est faite pour le dédouaner de cette souillure.
172 La parole qui suit donne une importance toute particulière au personnage, à Médine ; il ne faut l’oublier quand on sait son rôle dans le massacre des Banu Qurayza.
173 AMAN.
174 Ed. Guillaume, n. 404.
175 La lettre d’Urwa est un document qui n’est pas connu de la biographie officielle ; elle figure dans la version intégrale des Histoires de Tabari ; cf. Watt, Mahomet à Médine, p. 22 ; M. Lecker, “The preservation of Muhammad’s letters”, in People, tribes and Society in Arabia around the time of Muhammad, Ashgate, 2005, p. 11-14; W. Raven, Encyclopaedia of the Qur'an V p. 31, sur Urwa.
176 Ed.State of New York University.
177 Corpus coranique 8/7.
178 Substiles considérations, qui rappellent à quel point le système tribal est contraignant sur le plan politique. Sur ce point, l'Etat mis au point par Muhammad se révèle bien plus efficace, notamment dans le domaine de l'agressivité.
179 Corpus coranique 8/42.
180 Geste magique traditionnel ; cf. partie III.
181 Corpus coranique 7/49.
182 Revanche sur les affronts (peu importants au demeurant) subis à la Mecque ; il n'y a pas d'autre motif possible à ce moment.
183 C’est à dire le meilleur d’elle-même. Le foie est un organe privilégié sur le plan rituel, un peu comme si la Mecque se sacrifiait, ou plutôt était sacrifiée par les musulmans. La notion de sacrifice est partout présente dans les combats : on ne fait pas que tuer l'ennemi, on le consacre comme victime.
184 Le fait de polluer l’eau d’un puit est un sacrilège grave dans le désert. Dans le combat, dès le départ, le récit insiste sur l’irrespect des règles admises. L'irrespect semble parfaitement revendiqué, et d'une manière fort légère. Les valeurs sont totalement inversées, du fait de la mise en place de l'islam.
185 Mais il faut aussi noter que ces révélations sont intégrées au contexte de la bataille suivante, celle d’Ohod. Ce qui compte dans cette affaire, c'est l'habilité de l'exégèse à manipuler les fragments coraniques.
186 Les puits.
187 Corpus coranique 8/43
188 Corpus coranique 8/45.
189 Corpus coranique 8/46. Tabari étant avant tout un commentateur de Coran, de formation, il ne peut s’empêcher de citer à tout moment.
190 Sira, ed. Guillaume, n. 372.
191 Pour se distinguer des polythéistes.
192 La biographie officielle refuse d’attribuer cet acte scandaleux dans un milieu désertique à Muhammad lui-même ; cf. même phénomène pour le massacre des Banu Qurayza.
193 Muhammad n’aime pas cer type d’affrontement qui rappel trop la tradition arabe. Il avait du moins l’avantage de limiter les pertes. Lui préfère les assauts en masse et le dit d’ailleurs dans le Coran ; cf. partie XIII.
194 La vieille méthode de combat, qui a l’avantage d’épargner le sang de nombreux combattant. Mais ici, cela ne suffit plus.
195 Ils ne respectent pas les règles du duel.
196 Source internet: risala.net.
197 Ce n’est pas très malin.
198 Indice de long voyage.
199 Corpus coranique 8/9
200 La fraternité des deux est une notion des plus bizarres, qui rappelle les traditions chrétiennes.
201 Petit problème de communication, ou de surdité ; en fait, c’est une inflation des chiffres, dans l’exhaltation du combat. Dans les moments de tension, tout le monde peut dire n’importe quoi. Le Coran mentionne (2/119-20) cinq mille anges. Tabari étant d'origine mazdéenne, ces personnages lui sont fort familiers.
202 Corpus coranique 3/119-121.
203 Corpus coranique 8/12.
204 Déformées.
205 Toute l’effrayante évocation prédédente devait illustrer le verset suivant. Il y a de la jubilation dans la description des meurtres.
206 Corpus coranique 8/17.
207 C. Bellamy, “The Sacred Muslim Practice of Beheading.” FrontPage Magazine.com, May 13, 2004. http://www.frontpagemag.com/Articles/ReadArticle.asp?ID=13371.
208 Toute la haîne qui s’est accumulée sur le personnage peut enfin s’exprimer, après les années de lutte à la Mecque ; cf. partie IX.
209 Source internet: msa-usc Compendium of Muslim Texts.
210 Un des premiers compagnons, qui a fui en Ethiopie. Il est célèbre pour ce meurtre et aussi pour le nombre de ses blessures reçues à Ohod. Il est mort vers 650.
211 La même anecdote répugnante est reprise par la Tradition islamique qui l'applique au meurtre d'Abu Rafi ; cf. partie XI.
212 Source internet: usc-msa Compendium of Muslim Texts.
213 Maqrizi, Livre du Contentieux et de la lutte concernant les relations entre les Banu Ummaya et les Banu Hashim, ed. C.E. Bosworth, Journal of Semitic Studies monograph n°3, Manchester 1980.
214 Version arabe - Ed. State of New York University.
215 Symbole d'impuissance et de faiblesse.
216 Le MALA de la Mecque.
217 HASAB: combustible.
218 Les Egyptiens poursuivant les Hébreux; au sens large, et pour les temps actuels, le Pharaon et ses gens sont les ennemis de la religion; cf. les termes de la propagande des Frères Musulmans en Egypte actuelle.
219 Allusion à l’épisode de la traversée de la Mer Rouge.
220 Qutayla, des Quraysh, est la soeur d’al Nadir ibn al Harith, décapité par Ali.
221 R. R. Khawan, La poésie arabe, Paris, 1995, p. 67-8.
222 Le vers est particulièrement ambigu: il apparaît comme une interpolation ultérieure, destinée à rehausser tant bien que mal la position de Muhammad dans l’affaire.
223 Edition Essalam, Paris.
224 Sic.
225 Sic.
226 Sic.
227 Tabari écrit sous les Abbassides : mentionner ainsi un membre de la famille ommeyade ne devait pas déplaire.
228 Inversion totale de la situation: l’acte extrême exige cette remarque qui veut justifier la rupture.
229 Bukhari tente d’atténuer par ces informations la gravité de l’acte.
230 (Guilllaume), p. XLIV; W. Raven, Encyclopaedia of the Qur'an V p. 32 sur Musa ibn Uqba.
231 Maqrizi, Livre du Contentieux et de la lutte concernant les relations entre les Banu Ummaya et les Banu Hashim, ed. C.E. Bosworth, Journal of Semitic Studies monograph n°3, Manchester 1980.
232 Id.
233 Les Ommeyades.
234 L'Histoire de Tabari, résumée par un auteur persan.
235 C’est son père.
236 Sur ce personnage important, chef des opposants à Muhammad, cf. partie IX.
237 On insiste ici sur l’impureté du personnage, par cette mort ignominieuse. L’impureté est simplement l’idolâtrie. Il fallait aussi choisir le pire des sorts pour cet homme, dénoncé nommément par Muhammad dans le Coran.
238 La date de cette sourate pourrait être bien postérieure à la mort même d’Abu Lahab.
239 C'est surtout l'occasion de montrer qui les a tués et qui doit en tirer vanité.
240 La tribu mecquoise qui regroupe le plus grand nombre d'ennemis de Muhammad, et des Banu Hashim au-delà.
241 C’est peu: mais l’aristocratie est durement touchée (les morts du puits) et les Mecquois ont un faible potentiel militaire. Il faut toujours se méfier des nombres “exacts”.
242 ibn Hisham, d'ordinaire, retranche plutôt qu'il n'ajoute; ici, il a dû recueillir de lui-même des traditions sur le bilan des victimes.
243 Notes n° 532, ed. Guillaume de la Sira.
244 ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 536, 538.
245 Son père Oqba.
246 Ainsi sont désignés les partisans de Muhammad.
247 Les autorités de la tradition ont tenté de dénier à Hind la paternité de ces vers de qualité: c’est une femme,en effet ; cf. ibn Hisham, Notes, n. 557, 558, 561.
248 Le poète assassiné sur ordre de Muhammad, cf. partie X.
249 Surnom d’un Yéménite?
250 T. S. Thomas,”Prisoners of war in islam: a legal inquiry”, The Muslim World 87, 1997; Ameur Zemmali, Combattants et prisonniers de guerre en droit islamique et en droit international humanitaire, Paris, 1997; Erwin Gräf, “Religiöse Und Rechtliche Vorstellungen Über Kriegsgefangene in Islam Und Christentum” , Die Welt des Islam 8, 1963
251 Peuples injustes et immoraux dans l'Ancien Testament, repris ici en référence.
252 Corpus coranique 14/39.
253 Corpus coranique 5/118 ; il n’y a pas trace dans les Evangiles d’une telle phrase.
254 Corpus coranique 71/27.
255 Corpus coranique 10/88.
256 Corpus coranique 8/68-70.
257 C’est une remarque personelle - et fausse- de l’auteur. Du moins doit-on remarquer cette tentative de compréhension des autres cultures.
258 Ce type de phrase sonne comme un addition très ultérieure, pour tenter d'établir une cohérence pour l'ensemble, particulièrement contradictoire.
259 Ce type de dispute autour du butin, peu glorieuses confrontations entre les croyants- devait être fréquent ; on en trouve des traces dans les expéditions de pillage. Ces questions de “justice distributive”, parfaitement immorales au demeurant, sont la base du droit musulman, la première tentative de législation.
260 Il n’y a aucune prescription sur le partage du butin dans l’Evangile ; Tabari ne l’a sans doute jamais lue.
261 ANFAL.
262 Corpus coranique 8/1.
263 Récit de Abdullah ibn Abbas.
264 Intéressante opposition des âges, que l'on trouve dans toute société archaïque ; d'ordinaire, les plus âgés dominent. Mais ici, seule compte la participation au combat et elle justifie cette inversion révolutionnaire.
265 Muhammad finit par libérer ceux qui ne peuvent pas payer: les enchères n'ont pas eu le succès escompté.
266 ibn Sad aime décrire l’emplacement précis des lieux, ce qui n’a guère d’intérêt ici.
267 S. M. Zwemer, “The sword of Mohammed and Ali”, The Muslim World 21, 1931.
268 Cf. partie II sur les Arabes et le butin.
269 Formule ironique.
270 Ce discours a sans doute été tenu au moment de la bataille d’Ohod.
271 L'exégèse est unanime à lier cette formule aux deux camps opposés à Badr.
272 Déjà, au début des guerres mohammédiennes, apparaît la résistance passive de certains contre les appétits belliqueux de Muhammad ; le phénomène est encore plus visible avec les derniers épisodes, et l'intégration des bédouins ; cf. parties XV et XIX.
273 D’après les exégètes, la victoire de Badr.
274 ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 525.
275 Relation de voyages (ed. de la Pléiade, p. 215).
276 Id. p. 483.
277 Pèlerins.
278 MASHHAD, les tombes des martyrs.
279 La date pourrait être confirmée par la mention d’une éclipse de lune, le 19 novembre 625 ; cf. Gaudefroy-Demonbynes 1957, p. 138 ; Corpus coranique 3/ 139, 144, 152, 159, 167, 172 ; 57/ 3, 11.
280 R. Vesely, “La bataille d’Uhud chez al Waqidi”, Studia Semitica I, Bratislava, 1965 ; H. Hamidullah, 1953, p. 18 ; C. F. Robinson, Encyclopédie de l'Islam2 X p.843; Edward Sell,The Battles of Badr and Uhud, 1909.
281 Gaudefroy-Demonbynes 1957, p. 142 déclare sobrement : “Il y a beaucoup d’assassinats en ces jours sombres”.
282 Exposé dans Watt 1960, p. 49.
283 Il faut marquer toujours les interprétations du sceau de l'incertitude: il est très probable que tous les détails de la bataille ont été inventés à partir de ces quelques versets anodins ou sybillins: pour combler la curiosité du public, on glose et on fabule au point de donner à cette bataille toutes les apparences de la réalité. Par ce raisonnement, on est certainement plus proche de la réalité ou de la probabilité. Tout autre point de vue est contaminé par des conceptions théologiques, naïves, malhonnêtes ou musulmanes. Cette remarque brusque vaut pour toutes les intégrations d'extraits coraniques dans des contextes pseudo-historiques présentés par la Tradition Islamique.
284 ibn Hauqal, KITAP SURAT AL ARD, ed. Kramers/Wiet, Beyrouth 1964.
285 Celui-ci devient par la suite un musulman plus fanatique encore que les autres.
286 Version arabe - Ed. State of New York University.
287 P. Lory, Le rêve et ses interpétations en islam, Paris 2003 et M. J. Kister, "The Interpretation of Dreams," Israel Oriental Studies, 4, 1974 ; L. Kinberg, Encyclopaedia of the Qur'an, sv. dreams and sleep.
288 Le personnage est anonyme ; mais on pense bien sûr à ibn Ubayy.
289 Allusion, selon les commentaires, à l’attitude équivoque de deux clans, les Banu Salama et les Banu Haritha.
290 Ce type de disproportion est couramment évoquée au cours des combats d’Israël contre ses ennemis ; cf. Lévitique 26/7-9.
... vous poursuivrez vos ennemis, qui tomberont sous votre épée ; cinq d’entre vous en poursuivront cent, et cent en poursuivront dix mille, et vos ennemis tombent sous vos épées.
Le texte coranique s'inscrit là aussi dans un contexte proche-oriental.
291 Sira (ed. Guillaume), n. 586.
292 Il le reste jusqu’à sa mort, et échappe aux proscriptions mohammédiennes.
293 Muhammad doit laisser subsister un conseil des notables de Médine: le fait est rarement rappelé et il montre que son pouvoir n'est pas si absolu qu'il paraît et qu'il doit admettre des institutions précédentes. Le totalitarisme mohammédien (cf. partie XII) n'a que faire d'institutions collectives de décision.
294 Dynastie mythique.
295 ANSAR.
296 Le JIHAD.
297 Par ces détails topographiques, on remarque que le paysage n'est plus celui des bédouins et du désert.
298 L'individu est exceptionnellement épargné.
299 Il n'a pas compris l'essence du jihad musulman.
300 Nombre important qui est à la mesure de l’opposition aux musulmans dans Médine.
301 Corpus coranique 3/160.
302 La suite lui donne tort ; il ne peut pas contraindre ibn Ubayy à combattre: celui-ci est encore un puissant chef de tribu.
303 Le futur rédacteur du Coran.
304 Sur l'archerie dans la théologie musulmane, cf. partie XV.
305 Cet ordre, qui ne sera pas respecté, est au centre de la défaire musulmane.
306 Le futur "Sabre de l'Islam" (SAYF AL ISLAM), fer de lance des conquêtes.
307 Cf. partie VI.
308 Cf. partie IV; S. Noja, “Hubal = Allah”, Reconditi: Instituto Lombardo Di Scienze E Lettere 28, 1994 .
309 La remarque vise à abaisser le niveau du sentiment religieux chez l’adversaire.
310 C'est-à-dire comme des bédouins, selon la tradition.
311 C’est Muhammad qui prend l’initiative de l’attaque.
312 Son nom évoque l’aspect des vertèbres.
313 Le récit satisfait la soif de savoir du public shiite de Tabari ; ce type d’armes a souvent été interdit dans les armées ; E. Mittwoch, Encyclopédie de l'Islam2 II, p. 239-40 ; le fourreau aurait contenu le hadith suivant: “Un musulman ne peut pas être tué pour un infidèle”.
314 S. M. Zwemer, “The sword of Mohammed and Ali”, The Muslim World 21, 1931.
315 C’est cette transmission qui a rendu l’objet si populaire chez les shiites.
316 Ali n’est efficace que dans les combats ; en temps de paix (il y en a peu), il ne laisse aucune trace et passe comme un incompétent notoire, ce que confirme la suite de sa carrière.
317 ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah, (ed. Guillaume), p. 373.
318 Ch. Pellat, “Sur quelques femmes hostiles au prophète”, La vie du prophète Mahomet, Colloque de Strasbourg 1980, Paris 1983, p. 81-2. Les femmes peuvent encore chanter, et pourront le faire encore quelque temps sous les Ommeyades, quand la doctrine n'est pas complètement fixée.
319 Vénus.
320 Récit de Amir ibn Sad.
321 SAWA.
322 Il est bien vu de tuer et d'humilier l'adversaire en même temps. Muhammad se divertit dans de telles conditions.
323 Encore une allusion dénigrante ; cf. partie XII sur les préjugés raciaux et sociaux. L'individu est sans doute un esclave militaire.
324 Le personnage, troisième calife et éditeur officiel du corpus coranique, n’a pas une grande réputation, dans la tradition musulmane. Ce récit doit l'abaisser encore.
325 Récit d’Aïsha.
326 Version arabe - Ed. State of New York University.
327 Il ne l'abandonnera jamais, jusqu'à sa mort: Muhammad ne peut pas contester un personnage aussi proche et puissant.
328 G.M. Meredith-Owens, Encyclopédie de l'Islam2 III p. 156-7, notamment sur les légendes et les romans dont ce personnage est le héros.
329 Cf. partie X.
330 Un esclave abyssin d’Abu Sufyan.
331 C’est un esclave, qui a obéi à un ordre et en attend une récompense ; pour la suite de sa carrière qui le voit devenir musulman et meurtrier, cf. partie XVII.
332 Ed. Guillaume, n. 613.
333 ASSAD ALLAH ; ASSAD AR RASUL.
334 Il est en fait sacrifié selon l'ancien mode.
335 NAFS.
336 TAWAB.
337 Il répète la formule durant la bataille de Hunyan, quand la situation devient critique; cf. partie XVIII.
338 L'avertissseur.
339 Corpus coranique 33/23.
340 Michael Lecker, "The Emigration of 'Utba b. Abî Waqqâs from Mecca to Medina," Bulletin of the School of Oriental and African Studies, 59, no. 1, 1996
341 Somme de Hadiths Qudsi, ed. M. Boudjenoun, Paris 2006.
342 Traditions.
343 Corpus coranique 3/169.
344 Hind est particulièrement calomniée dans les sources, essentiellement abbasside, parce qu’elle est à l’origine, et bien malgré elle, de la dynastie des Ommeyades ; F. Buhl, Encyclopédie de l'Islam2 III, P. 471, sur la malignité des sources à son égard ; malgré l’atrocité de son geste, par extraordinaire, elle est épargnée au cours de la conquête de la Mecque: on doit respecter suspicieux face à la description des atrocités commises dans le camp adverse, surtout quand on montre que les femmes sont les coupables.
345 Maqrizi, Livre du Contentieux et de la lutte concernant les relations entre les Banu Ummaya et les Banu Hashim, ed. C.E. Bosworth, Journal of Semitic Studies monograph n°3, Manchester 1980.
346 Les Ommeyades.
347 Un des quelques cas où le chef intervinent directement dans le combat: ici, il tue personnellement. On connait deux ou trois autres occurences à peu près sûres. Ces informations pourtant du plus haut intérêt sont particulièrement occultées dans la littérature contemporaine.
348 Corpus coranique 3/147.
349 Cf. partie VII.
350 Version arabe - Ed. State of New York University.
351 L'épisode est une réminiscence des récits bibliques du Coran, ceux des peuples maudits pour avoir outragé les messagers prophétiques.
352 M. Hamidullah 1953, p. 21, signale dans son croquis de la bataille une tombe de “la dent cassée du Prophète”. L’iconophobie n’exclut vraiment pas ni l’idolâtrie ni le ridicule; D. S. Margoliouth, “The relics of the prophet Mohammed”, The Moslem World 27, 1957.
353 La formule se rapproche des thèmes chrétiens de la Passion.
354 Version arabe - Ed. State of New York University.
355 Il existe une sorte de soupçon dans cette phrase vis à vis de Muhammad.
356 ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 572.
357 Cf. partie IV.
358 YAWN.
359 Les deux adversaires échangent des propos à la manière des héros pré-islamiques ; mais ils ne parlent plus le même langage ; tout échange tourne court, alors qu’autrefois, les assauts rhétoriques donnaient naissance à des oeuvres poétiques.
360 Une intercession pour lui ,de la part de Muhammad.
361 Ils participeront (?) de nouveau au combat à Honayn: ils paraissent efficaces...
362 Citation coranique inégrée dans un ordre durant le combat: Corpus coranique 8/12.
363 Tabari.
364 Le Coran est une source préférable à toute autre, même si celle-ci est vraie. Tabari est un orthodoxe, sur ces points.
365 Corpus coranique 3/159.
366 Waqidi, l’auteur du Livre des Expéditions. Maghazi, a donné de façon lointaine, le français “magazin”. A distinguer d'ibn Ishaq, l'auteur primitif de la Sira.
367 Attribution possible.
368 La guerre.
369 Mention directe de la bataille dans le texte coranique ; le mot “blessure” a peut-être été transformé dans le récit dans l’épisode de la blessure réelle infligée à Muhammad.
370 Le récit doit dissuader les envies de boire avant le combat. Les circonstances guerrières sont propices à la prise d'alcool, qui atténue l'angoisse. Mais ici, le fanatisme remplace avantageusement l'alcool.
371 Les exégètes affirment que le fait a eu lieu avant la prohibition de l’alcool.
372 Influence mazdéenne? Les cadavres y sont dévorés par des oiseaux.
373 Influence possible des traditions mazdéennes.
374 JAHILIYYA.
375 MUHAJIRUN. Il semble qu'ils ont été bien moins touchés que les Ansars, quand on observe les listes. L'élite musulmane ne doit pas être présentée comme trop abattue par la défaite, et tout le poids est porté par la catégorie subalterne.
376 Le responsable de la défaite, si l'on suit les textes.
377 KURSI.
378 Tabari cite près d'une vingtaine de propos concordants sur ce point, notamment d'ibn Masud, rapportés par Masruq
379 Version arabe - Ed. State of New York University.
380 Version arabe - Ed. State of New York University.
381 Plante vénéneuse poussant sur les tombes.
382 Version arabe - Ed. State of New York University.
383 Le nom paraît persan.
384 Encore un mort hallal.
385 in Voyageurs Arabes, ed. de la Pléiade, p. 481.
386 Sur les montagnes sacrées ou divines, cf. partie IV.
387 Mot-à-mot: “ce que vous aimiez”.
388 Un groupe d’archers plus avide que les autres guerriers muusulmans a abandonné sa position pour se ruer sur le butin avant les autres. Le chef n’est certes pas content du tout.
389 Il faut se rappeler que Muhammad est présenté lui aussi comme un orphelin, pour se distinguer fortement de la figure du Christ, le Fils du Père, pour les chrétiens; cf. partie VII.
390 Sur Muhammad et sa conception des femmes, cf. partie XII.
391 Donc, surtout un passif.
392 Comme Jésus aurait multiplié les pains, Muhammad se fait fort de multiplier les dattes ; la datte est comme l'unité de compte principale du monde musulman primitif.
393 ibn Kalbi, Livre des idoles (trad. W. Attalah), Paris, 1969
394 A noter que Muhammad ne dit pas que Allah est le seul, selon la doctrine habituelle.
395 Version arabe - Ed. State of New York University.
396 Abu Sufyan est un vrai chef, raisonnable et responsable, ce qui se voit à cette simple réflexion de sa part.
397 L’auteur est réputé pour sa misogynie, ce qui est déjà un tour de force, dans ce contexte. Certains estiment que toutes les mesures défavorables aux femmes ont été prises sous du règne d’Omar, ce qui est très improbable. Son prophète était déjà largement atteint par le vice de la misogynie. Toute sa vie privée en porte la trace.
398 Version arabe - Ed. State of New York University.
399 Elle n’est pas excisée, et par conséquent, suspecte de lubricité, comme toutes les femmes dans cet état. Sur l'excision, cf. parties II et XII.
400 Le muezzin et héraut officiel du nouvel Etat.
401 Maqrizi, Livre du Contentieux et de la lutte concernant les relations entre les Banu Ummaya et les Banu Hashim, ed. C.E. Bosworth, Journal of Semitic Studies monograph n°3, Manchester 1980.
402 Sans doute après la bataille.
403 C'est sans doute cette suite de verset sur la mortalité de Muhammad qui a suscité le récit détaillé de sa mise en danger durant la défaite d'Ohod.
404 Une des très rares mentions du toponyme dans le corpus.
405 JAHILIYYA.
406 Visite religieuse.
407 Guide local.
408 Lieu ombragé pour la détente des personnalités importantes (et ottomanes).
409 Témoignage remarquable de l'efficacité de la rhétorique mohammédienne.
410 Sur l'adoration des montagnes par les Arabes, cf. partie IV.
411 Le KHANDAQ ; c’est aussi la bataille “des confédérés” ou “factions”: AHZAB (singulier HIZB); K.A.C. Creswell, Fortification in Islam before A.D. 1250, Londres, 1952; l'épisode devient une référence.
412 Le mot est d’origine persane : c'est peut-être ce qui a poussé les sources à lier l'épisode à la figure de Salman.
413 Cf. partie XI.
414 ALK AL KITAP.
415 Cette affirmation de la part de Juifs est très invraisemblable.
416 AHD.
417 trad. R.B. Serjeant, “The Sunnah Jamaiah”, Bulletin of the School of Oriental and African Studies 61, 1978.
418 MUMIN.
419 Ces deux articles veulent éviter qu’un groupe ne conclue une paix séparée avec l’ennemi.
420 DIN.
421 Formule propitiatoire primitive.
422 Les faux dieux.
423 Salwa el Awa , ‘Relevance Relations in the Qur’an : An Example from Surat Al-Ahzab’, Journal of Linguistics, 2000
424 JUND: le mot est d’origine pelhevi (moyen-perse) “armée”; cf. A. Jeffery, The Foreign Vocabulary, sv. JUND.
425 Le nom primitif, et pré-islamique de Médine.
426 Le texte reprend exceptionnellement l’ancien nom de la ville.
427 FITNA ; la traduction ne peut pas être exacte.
428 Cf. la “constitution de Médine”, partie X.
429 Dwight M. Donaldson, “Salman the Persian” , The Muslim World 19, 1929
430 AL-FITNA.
431 Du temps d’ibn Sad.
432 Unité de mesure du blé.
433 La salive prophétique est un levain prodigieux.
434 ibn Hanbal, Musnad, Le Caire 1894.
435 Normalement Muhammad n’aime pas la poésie, maudit ceux qui en font et refuse d’y recourir. Mais l’amour des Arabes pour cette discipline suscite l’invention de telles anecdotes, qu’autorise le contexte guerrier.
436 Cette précision est une précauton: il ne faut surtout pas montrer Muhammad en train de chanter, et chanter autre chose que le Coran!
437 Traduction vieillie du nom de la bataille.
438 La peau blanche de Muhammad, sur la cuisse, le ventre ou les aisselles a régulièrement excité les fantasmes masculins. Si le fait est patent et clairement attesté, la cause profonde en reste inconnue. La peau blanche est plutôt la marque des femmes, ce qui attire les rudes guerriers. Mais cela ne suffit pas à déclarer, en paraphrasant Malaparte, que Muhammad est une femme. Sur les fantasmes liés au corps mohammédien, cf. partie VII.
439 Sur les poils de Muhammad, cf. partie VII. On évoque d'ordinaire une élégante pilosité.
440 Poésie versifiée.
441 in Voyageurs Arabes, ed. de la Pléiade, p. 481.
442 Iqbal Afzal, The Prophet's diplomacy : the art of negotiation as conceived and developed by the Prophet of Islam, Cape Cod (Mass.), 1975
443 La grande confédération nomade à l’est de la Mecque.
444 Le verset peut aussi concerner Ohod.
445 Corpus coranique 33/13.
446 Maqrizi, Livre du Contentieux et de la lutte concernant les relations entre les Banu Ummaya et les Banu Hashim, ed. C.E. Bosworth, Journal of Semitic Studies monograph n°3, Manchester 1980.
447 AL AZHAB.
448 Le fils du pire ennemi de Muhammad.
449 L’épisode est à la fois atroce et amusant ; mais l’humour, comme souvent dans l’histoire musulmane est involontaire, ou méchant. La description du duel est inspirée par ceux de Badr.
450 BARRAZ: combattant singulier.
451 C’est une réplique célèbre de Muhammad, selon les hadiths.
452 Sira, n. 702.
453 Les lettres (sans doute erratiques) au début des sourates 40, 41, 43, 45, 46 ; le sens reste mystérieux et a servi de terrain de jeux aux exégèses les plus inutiles.
454 Récit d’Ali ibn Abi Talib.
455 La menace, inédite, s’adresse aux morts, et non plus aux vivants seulement.
456 ASR.
457 QUNUT.
458 La traduction de Zotenberg écrit volontiers "islamisme", qui est ici simplifié en "islam", même si les deux termes sont très proches, voire équivalents dans leur signification véritable.
459 Le récit doit justifier le massacre ultérieur de la tribu, accusée de trahison.
460 Muhammad.
461 Peut-être une façon de mentionner la participation des anges aux combats.
462 C’est à dire “untel”.
463 Formule pour rappeler que la situation est mauvaise.
464 Cité par Ali Dashti, p. 146.
465 Il meurt après le combat, de ses blessures, et après avoir condamné à mort les Banu Qurayza ; cf. partie XI.
466 Cf. partie XI pour l'épilogue de la bataille: le massacre des Banu Qurayza.