Chapitre 93


“Al Fath”

la Conquête de référence



La prise55 de la Mecque (1er janvier 630)56 marque une nouvelle étape dans la propagation de l’islam: Muhammad met la main sur un étape du commerce international de l’époque, et sur un sanctuaire majeur. C’est aussi pour lui une revanche personnelle sur la cité qu’il a du fuir huit ans auparavant.
A la Mecque, le chef des musulmans fait appliquer sa loi, règle ses comptes, et met une touche finale aux rituels. Renforcé théologiquement par sa possession du sanctuaire, et militairement par la masse des nouveaux convertis mecquois, il se lance à la conquête de nouveaux territoires en Arabie, au sud, vers le Yémen, au nord, vers la Palestine, et à l’est, vers le golfe persique. Cependant, La Mecque n’est pas une nouvelle capitale57 . Il reste le temps qu’il faut dans la ville et pas davantage : il n'y a pas d'affection entre lui et les Mecquois, qui doivent le considérer encore comme un traître et un formenteur de sédition.



§ 585. — Les plans initiaux.

Deviner quel sort Muhammad réservait aux Mecquois est difficile. Les ouvrages de vulgarisations présentent une apothéose irénique, marquée par un pardon général et un comportement quasiment christique de la part de Muhammad. C’est oublier que la prise de la Mecque est considérée dès le départ comme une opération diplomatique58 et militaire59 . Les textes présentent une gamme très large de possibilités d’action dont disposent les musulmans. Une chose est claire: potentiellement, l’envahisseur se réserve le droit à la violence, si les circonstances l’exigent.

Les cyniques tergiversations sur le sort de la cité et de sa tribu dirigeante doivnet être replacés dans le contexte des luttes ultérieures, où l’on débat par les armes et par le verbe de leurs statuts respectifs.


1. — Méditations sur le sort de la Mecque et des Quraysh.

Le Coran a conservé des traces des hésitations du chef, entre le pardon et la vengeance. Mais Muhammad s'est déjà vengé de la Mecque en massacrant ses chefs à Badr, en jetant leurs cadavres dans un puits, et en ruinant son commerce.

(Corpus coranique d'Othman 7/92-94).

Nous n'avons envoyé dans une cité aucun prophète sans frapper la population de cette cité de calamité et de malheur, espérant que peut-être ils s'humilieraient (...).
Si les populations des cités avaient cru et avaient été pieuses, nous leur aurions octroyé des dons du ciel et de la terre.
Mais elles ont crié au mensonge et nous les avons emportés en prix de ce qu'elles se sont acquis.

(Corpus coranique d'Othman 16/113-4).
Allâh propose la parabole d'une cité qui a été paisible et tranquille, qui a reçu ses dons en abondance de toutes parts et qui a nié les bienfaits d'Allâh.
Celui-ci, en punition de ce que les gens de la cité ont accompli, leur a fait goûter la faim et la peur.
Un apôtre issu d'eux est venu à eux, mais ils l'ont traité d'imposteur et le tourment les a emportés alors qu'ils étaient injustes.

Le sang des Quraysh.
(Muslim, Sahih 19/ 4395).60
Le messager d’Allah dit:
-Vous voyez les vauriens et partisans des Quraysh.
Et il indiqua en frappant une main sur l’autre qu’ils devraient être tués et dit:
-Retrouvez moi à as Safa.
Alors ils partirent et si quelqu’un d’entre nos voulait qu’un individu particulier soit tué, il a été tué, et personne ne peut offrir de résistance.
Abu Hurayra continue: alors vint Abu Sufyan qui dit:
-Messager d’Allah, le sang des Quraysh est devenu très bon marché. Il n’y aura plus de Quraysh après ce jour.61

Les vauriens des Quraysh ou “l’amour de sa cité”.
(Muslim, Sahih 19/ 4395).62

Il dit:
-Avez vous vu les vauriens des Quraysh?... Quand vous les rencontrerez demain, éliminez-lez les...
Quiconque a été vu avec eux ce jour là a été mis à mort...
Abu Sufyan vint et dit:
-Messager d’Allah, les Quraysh ont péri. Aucun membre de la tribu des Quraysh ne survivra à ce jour.
Le messager d’Allah dit:
-Celui qui entre dans la maison d’Abu Sufyan sera sauf, celui qui dépose les armes sera sauf, celui qui ferme sa porte sera sauf.
Les ansar dirent:
-L’homme est poussé par sa tendresse envers sa famille et l’amour de sa cité.


La grâce pour les Quraysh.
(Muslim, Sahih 19/4399).63

J’ai entendu le saint prophète dire le jour de la conquête de La Mecque: aucun Quraysh ne sera tué pieds et poings liés de ce jour jusqu’au jour du Jugement.


La condamnation des Quraysh.
(Baladuri, Livre des conquêtes VII 39).

-Voyez-vous la foule des Quraysh?
-Nous la voyons, dirent les ansar.
Il fit un signe de la main posée sur l’autre, comme pour dire:
-Tuez-les.”64

2. — La violence légale.

Muhammad insiste sur un problème de droit qui, 1300 ans plus tard, semble futile et inutile : la permission de la violence, pour lui seul, pendant un temps compté. Pour bien se rendre compte de cette bizarrerie juridique, il faut observer l'avant et l'après Muhammad: avant, la Mecque65 , sanctuaire et marché, jouit d'un statut d'asylie totale : aucun acte de violence ne peut y être commis sous peine de sacrilège. Muhammad doit donc rompre avec une coutume séculaire et en même temps, rappeler son caractères temporaire. Mais la vraie raison de l'insistance, c'est le destin ultérieur de la Mecque, centre malgré elle du monde musulman: une ville qui est la cible de violence, de sièges, séditions, sacrilèges et massacres. Les textes tentent de limiter l'expression de la violence, inhérente pourtant au monde musulman, dans son aire la plus sacrée.

Une simple parenthèse.
(Bukhari, Sahih66 3/ 112).
67
Le jour de la conquête de La Mecque... (le prophète) s’adressa aux gens:
-Allah rejette le meurtre de La Mecque. Allah a laissé son prophète et les croyants soumettre les infidèles de La Mecque. Attention! Combattre à La Mecque n’a été permis à personne avant moi et à personne après moi...La guerre à l’intérieur a été légale pour quelques heures ce jour-ci.

La règle et l’exception.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 818).

L’apôtre d'Allah avait donné instruction à ses officiers pour qu’un fois dans la Mecque, ils n’attaquent que ceux qui résistaient, à l’exception d’un petit nombre, qui devaient être tués, même s’ils étaient trouvés sous les rideaux de la Ka’ba.


§ 586. — La Mecque ville ouverte.

Le bilan, en comparaison des autres actions de Muhammad est relativement léger, puisque tout s’est joué avant: il respecte encore sa tribu d’origine et surtout le caractère sacré du sanctuaire. Pourtant, à partir de ce moment, l’ordre règne à la Mecque. Les habitants sont pardonnés, c’est-à-dire convertis, de gré ou de force68 . Le nouveau chef en tire prestige et peut se consacrer à des actes spectaculaires contre le sanctuaire.
C’est l’aboutissement de huit années de lutte, et de plusieurs semaines de manoeuvre, qui ont très habilement miné la résistance des Mecquois.
Pourtant, on décèle ici ou là des traces de combats, rapides et sanglants, qui prouvent bien que quelques Mecquois entendaient résister contre l’inéluctable.



1. — L’entrée triomphale.

Chaque étape, chaque moment, chaque détail de l'entrée du monarque est énoncée pour être mise en valeur . Ce sont surtout des informations sur l'apparence du personnage et quelques paroles erratiques lancées ici ou là. Le thème de l'entrée dans les villes est typique dans l'histoire humaine, comme moment obligée de la propagande monarchique.

(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 282).

Le prophète fit son entrée dans la ville, monté sur un chameau et couvert d'un turban noir. Il était précédé par Ali, portant son étendard, et entouré de muhajirun et d'ansar. Lorsqu'il arriva à la porte de la ville, à l'endroit où était posté Zubayr, il donna l'ordre de dresser sa tente de cuir de Ta’if sur la hauteur où Zubayr avait planté son drapeau.

Muhammad 1er le conquérant.69
(Dawud, Hadith 33/ 4169).70
Le jour de la conquête, le prophète entra dans La Mecque, portant un casque sur sa tête
Quand le prophète d’Allah a conquis La Mecque, le peuple de La Mecque a commencé à amener ses petits garçons pour qu’il puisse les bénir et toucher leurs têtes. On m’a amené, mais j’étais parfumé avec du khaluq et il ne m’a pas touché à cause du khaluq.71

(ibn Sad, Tabaqat 2/172).
L'apôtre d'Allah entra à la Mecque l'année de la Victoire, et sur sa tête il y avait un casque. Ensuite, il l'enleva.


(Dawud, Hadith 14/2586).
Quand le prophète est entré dans la Mecque, sa bannière était blanche.

(ibn Sa’d, Tabaqat I 494).
J’ai vu l’apôtre d'Allah le jour de la victoire de la Mecque, et je n’oublierai pas son visage très blanc et sa barbe très noire. Il y avait des gens face à qui il était grand et d’autres face à qui il était petit.
-Quels étaient ses vêtements?
-Je ne me souviens plus.

(Bukhari, Sahih 66/ 24, 1).
Abdallah ibn Moghaffal a dit:
-J’ai vu l’envoyé d'Allah réciter sur sa chamelle la sourate “La victoire”, le jour de la prise de la Mecque.

(Bukhari, Sahih 64/488, 6).
Le jour de la prise de la Mecque, le prophète entra dans la ville la tête couverte d’un heaume. Comme il venait de le retirer, un homme arriva et dit:
-Ô prophète, ibn Khatal est accroché aux voiles de la Ka'ba.
-Qu’on le tue! s’écria Muhammad.

(Bukhari, Sahih 3/104).72

... si quelqu’un estime que le combat est licite à La Mecque parce que le prophète s’est battu à La Mecque, dis-lui qu’Allah a donné la permission à son apôtre mais il ne l’a pas donné à toi.
Le prophète a ajouté:
-Allah m’a permis à moi seulement pour quelques heures du jour de la conquête (la violence), mais maintenant, la sacralité du lieu est la même qu’avant.
(Bukhari, Sahih 3/112).73
Le jour de la conquête de la Mecque... (le prophète) s’adressa aux gens:
-Allah rejette le meurtre74 de la Mecque. Allah a laissé son prophète et les croyants soumettre les infidèles de la Mecque. Attention! Combattre à la Mecque n’a été permis à personne avant moi et à personne après moi...
La guerre à l’intérieur a été légale pour quelques heures ce jour-ci.

(Bukhari, Sahih 26/ 795).75
... (le prophète a dit, le jour de la conquête):
-Par celui dans la main duquel mon âme se trouve, ce qui suit est sa volonté à ses disciples:
il est obligatoire à ceux qui sont présents de répandre l’information à ceux qui sont absents. Ne devenez pas infidèles après moi, en frappant les cous les uns des autres76.

(Bukhari, Sahih 58/ 122).77
Le jour de la conquête de La Mecque, alors que le prophète avait distribué le butin des Quraysh, les ansar dirent:
-Par Allah, c’est vraiment étrange. Alors que le sang des Quraysh coule encore goutte à goutte sur nos sabres, notre butin de guerre est distribué parmi eux...78


2. — La violence de l’assaut: des versions alternatives.

Ce texte poétique offre un jour nouveau sur la prise de la Mecque, en insistant sur la violence des opérations. Mais c’est le genre littéraire de l’époque qui le veut. Ce document n’est jamais reproduit ailleurs que dans la biographie officielle de Muhammad.

Poème sur la prise de la Mecque.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 831).

Bujayr ibn Zuhayr a écrit, à propos de la conquête:
Muzayna et les Banu Khufaf, ce jour-là
ont expulsé les gens des al Haballaq de chaque ravin.
Ils les ont frappé de leurs sabres acérés,
le jour où le bon prophète est entré à la Mecque.
Nous sommes venus contre eux avec 700 autres des Banu Sulaym
Et un bon millier des Banu Uthman.
Nous avons frappé leurs épaules de taille et d’estoc79
Et nous avons tirés sur eux des traits emplumés.
Vous pouviez entendre dans leurs rangs leurs soupirs
Comme si les pointes entaillées étaient séparées de leurs attaches80
Nous avancions avec nos lances bien droites
tandis que nos chevaux tournoyaient parmi eux.
Nous avons pillé autant que possible
alors qu’ils s’enfuyaient.
Nous avons juré notre foi à l’apôtre d'Allah
En amitié sincère.
Ils ont entendu ce que nous avons dit
Et se sont décidés à partir, ce jour de terreur.


(ibn Sad, Tabaqat II 169).
L’armée toute entière n’a pas rencontrée de concentration de troupes ennemies, à l’exception de Khalid, qui a affronté Safwan ibn Ummayah, Suhayl ibn Amir, Ikrima Abu Jahl avec un groupe de Quraysh, à al Khandama. Ils ont résisté à leur avancée, et leurs bras ont lancé des flèches contre eux. Khalid exhorta ses compagnons à les combattre. Il massacra 24 hommes des Quraysh et 4 des Hudhayl. Les Quraysh subirent alors la pire des défaites.
Quand l’apôtre d'Allah (...) vit le combat, il dit:
-N’avais je pas interdit de combattre?
On lui dit:
-Khalid a été obligé de combattre, alors il l’a fait.
Il déclara:
-Le décrêt d’Allah est le meilleur.
Deux musulmans furent tués: Kurz ibn Jabir et Khalid al Ashqar.

§ 587. — Sacrilèges dans le sanctuaire.

La prise de la Mecque est aussi la prise du sanctuaire antique, qui rappelle les sacs successifs du Temple de Jérusalem par divers ennemis d’Israël.
Muhammad doit marquer sa nouvelle emprise par des gestes spectaculaires et définitifs, qui sont autant de sacrilèges pour les habitants. Ses multiples destructions sont une sorte de voie de faits contre l’ancienne religion, qui doit démontrer sa propre supériorité et celle de son dieu, et qui doit empêcher la poursuite du culte traditionnel81.
Et personne ne s’est jamais vraiment interrogé sur un point important: pourquoi Muhammad n’a t-il pas détruit la Ka’ba elle-même?82



1. — Le tour de la Ka’ba.


Comme au moment du Pèlerinage de l'Accomplissement, Muhammad accomplit les rites traditionnels tout en démolissant ce qu'il trouve sur son chemin, tout en tournant plusieurs fois autour du bâtiment83 . C'est à la fois la célébration et la destruction d'un système qui s'accomplit en même temps.

Démonstration.
(Muslim, Sahih 7/ 2905).84
Le messager d’Allah... marcha rapidement autour de la Maison pour montrer sa force aux polythéistes.

Idolophobie.
(Bukhari, Sahih 43/ 658 et 59/ 583).85
Le prophète entra dans La Mecque et il y avait 360 idoles autour de la Ka'ba. Il commença à frapper les idoles avec un bâton86 qu’il avait en main et déclamant:
-La vérité est venue et l’erreur a disparu!

(Muslim, Sahih 32/3333).
Abdullah ibn Masûd a dit : Quand le prophète entra à La Mecque, - ibn Abu`Umar ajouta : le jour de la Conquête -, il y avait autour de la Ka`ba trois cent soixante idoles. Du bout d'une baguette qu'il tenait à la main, il piqua chaque idole en disant :
-La vérité est venue et l'erreur a disparu. Car l'erreur est destinée à disparaître. La vérité est venue. Et le faux ne peut rien commencer ni renouveler.

(Muslim, Sahih 19/ 4395).87
Le messager d’Allah avait un arc à la main... quand il fut près de l’idole, il commença à lui crever les yeux88 avec l’arc en disant: la vérité a été établie et l’erreur a péri.

(Baladuri, Livre des conquêtes VII 40).89
Le prophète est entré dans La Mecque. Il y avait 360 idoles autour de la Ka'ba. Il commença à les frapper avec un bâton en disant:
-La vérité est venue et l’erreur a disparu... L’erreur était destinée à disparaître90 . La vérité est apparue et l’erreur ne peut plus créer depuis le début ni faire revenir à la vie.

(ibn Sad, Tabaqat II 175).
En vérité, l’apôtre d'Allah est entré dans le sanctuaire et il disait:
-Gloire à Allah91 ! Allah est grand92 !; il priait, mais sans s’agenouiller.


2. — Les saccages dans le bâtiment.

Le saccage doit marquer brutalement le changement de pouvoir sur la ville démontrer la prise de possession sur le sanctuaire, le passage vers un autre système religieux où le dieu Allah obtient la suprématie sur ses parèdres93 , et par dessus tout empêcher le retour de l’ancienne tradition.
Muhammad détruit, saccage, ruine et ne construit rien, n'offre rien, ne donne rien.
Il faut retenir avec précision les objets anéantis par le personnage, aux significations étonnantes.94

(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 282)

Il s'avança jusqu'au temple, où étaient réunis les principaux infidèles, sauf Ikrima ibn Abu Jahl, et Safwan ibn Omayya, qui, ayant appris que le prophète les avaient condamnés à mort, s'étaient enfuis. Ce fut le 20 du mois de ramadan que le prophète fit son entrée solennelle dans le temple. A la porte, il descendit de son chameau, entra dans le parvis et fit ses tournées autour de la Ka'ba. Pendant ce temps, les habitants avaient appris qu'il n'y aurait pas de massacre ; ils quittèrent leurs maisons et se portèrent tous au temple. Après avoir accompli ses tournées, le prophète ordonna d'ouvrir la porte du temple et d'en enlever toutes les idoles, qu'il fit briser ; la plus grande, celle de Hobal, qui était de pierre, fut renversée et jetée à la porte du temple pour servir de seuil, afin que tous ceux qui entraient et sortaient la foulassent aux pieds. Lorsque toutes les idoles furent emportées, le prophète entra dans le temple, et fit une prière de deux prosternations ; puis il sortit, s'arrêta à la porte et regarda sur le parvis, qui était rempli de la foule des habitants de la Mecque.

(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 821).

Il ordonna à Othman ibn Talha de lui donner les clés de la Ka’ba, la porte fut ouverte et il entra. Là, il trouva une colombe en bois. Il la brisa de ses mains, et la jeta par terre. Ensuite, il se tint debout près de la porte de la Ka’ba, alors que les gens de la mosquée, s’attroupaient autour de lui.


(al Sulami). 95
N’as tu pas vu Muhammad et ses hommes, le jour de la victoire, quand les idoles furent démolies? Alors la lumière de Allah brilla de tout son éclat, et le polythéisme fut submergé dans une mer d’obscurité.

(Dawud, Hadith 32/4144)96 .
Le prophète ordonna à Umar ibn al Khattab qui était à al Batha au moment de la conquête de visiter la Ka'ba et de détruire les images qui y étaient. Le prophète n’est pas rentré dedans avant que les images ne soient détruites.

Travail de démolition.
(Baladuri, Livre des conquêtes VII 40).
Il ordonna la démolition des idoles et l’effacement des images qui étaient dans la Ka'ba.

(Bukhari, Sahih 55/ 571 et 59 584).97
(lors de l’entrée à La Mecque), les images d’Ibrahim et d’Ismaël tenant des flèches de divinition dans leurs mains furent enlevées. Le prophète dit alors:
- Qu’Allah les punisse parce qu’ils savaient que (les deux prophètes98 ) n’ont jamais utilisé de flèches pour la divination.
Alors le prophète entra dans la Ka'ba et dit:
-Allahu Akbar dans toutes les directions, sortit et ne fit pas de prière à l’intérieur.

(Bukhari, Sahih 55/ 570).99
Le prophète entra dans la Ka'ba et trouva des images Ibrahim et de Maryam100 . Là dessus, il dit
-Qu’ont-ils fait? Ils savaient que les anges n’entraient pas dans une maison où il y a des images ; et là, une image d’Ibrahim. Et pourquoi l’ont-ils représenté en train de pratiquer la divination par les flèches101 .

(Azraqi, Chroniques de la Mecque I 111).102
Il y avait une image103 d’Abraham comme un vieil homme pratiquant la divination par la manipulation des flèches, un image de Jésus fils de Marie et de sa mère, et une image des anges. Le jour de la conquête, le prophète entra dans la maison et il envoya al Fadl ibn al Abbas chercher de l’eau de Zamzam. Alors il ordonna que toutes soient effacées104 et ce fut fait. Et il regarda l’image d’Abraham et dit:
- Qu’Allah les détruise! Ils l’ont représenté en train de manipuler des flèches divinatoires. Qu’est ce qu’Abraham peut avoir à faire avec des flèches divinatoires?

(Bukhari, Sahih 60/8, 3-4).
Le prophète entra dans le temple. Il y trouva l’effigie d’Abraham et celle de Marie.
-N’ont-ils pas entendu dire que les anges n’entrent point dans un temple où il y a des statues, s’écria le prophète.
Cet Abraham est une statue, comment pourrait-il augurer?

D’après ibn Abbas, quand le prophète vit les statues dans le temple, il n’y entra pas avant qu’on eut exécuté l’ordre qu’il avait donné de les enlever. En voyant la statue d’Abraham et celle d’Ismaël, ayant entre les mains les flèches augurales, il s’écria:
-Allah les maudisse! Par Allah, ces deux statues n’ont jamais rien décidé par les flèches augurales.


3. — Le rite à l’intérieur de la Ka'ba.

La question est importante, puisque la Ka’ba constituant la direction de la prière, on peut légitimement de demander où se trouve la qibla dès que l’on est à l’intérieur ; ce hadith est original parce qu’il évoque une longue présence de Muhammad et sa suite dans le bâtiment. Ce passage illustrant une aporie doctrinale est finalement amusant et il n'est absolument jamais évoqué dans la littérature de vulgarisation105 .

(Bukhari, Sahih 64/77, 6).

ibn Omar a dit: L'année de la prise de La Mecque, le prophète s'avança monté sur sa chamelle El Qaswa ; il avait en croupe Usama et était accompagné de Bilal et de Othman ibn Talha. Il fit agenouiller sa monture auprès du Temple et dit à Othman:
-Apporte-moi la clé.
Il apporta la clé ; il ouvrit la porte et le prophète entra, suivi de Usama, Bilal et Othman, puis la porte fut refermée sur eux. Il séjourna toute une longue journée et sortit ensuite. Alors les fidèles se précipitèrent pour entrer à leur tour et je les devançai. Comme je trouvai Bilal debout derrière la porte, je lui dis :
-Où l'envoyé d'Allah a-t-il fait sa prière?
- Entre ces deux colonnes qui sont en avant, me répondit-il.
Le Temple renfermait six colonnes placées sur deux rangs, et c'est entre les deux colonnes de la première rangée que le prophète avait prié. Il avait la porte du Temple derrière lui, le visage tourné du côté du mur qui fait face à celui qui entre dans le Temple, et était à peu de distance de ce mur. J'oubliai de demander combien il avait fait de prières. A l'endroit où il avait prié il y avait une plaque d'onyx rouge.

(Bukhari, Sahih 56/127).
D'après Abdallah ibn Omar, le jour de la prise de la Mecque, le prophète s'avança du plus haut point de la ville, monté sur son chameau. Il avait Usama ibn Zayd en croupe, et était accompagné de Bilal et d’Othman ibn Talha, l'un des gardiens du temple. Arrivé, il fit agenouiller sa monture dans l'oratoire106 et donna l'ordre qu'on lui apportât la clef de la maison de Allah. Il l'ouvrit, et y entra accompagné d'Usama, de Bilal et d’Othman. Il y demeura tout un jour ; puis, lorsqu'il sortit, les gens s'avancèrent en foule. Le premier qui entra dans la Ka'ba fut Abdallah ibn Omar. Il y trouva Bilal, debout derrière la porte, et lui demanda à quel endroit l'envoyé d'Allah avait prié ; Bilal le lui désigna.
Abdallah ibn Omar ajoute:
-J’oubliai de lui demander combien de raka le prophète avait prié.


4. — Les destructions du sanctuaire.

Il est important que dans la Kaba et autour d'elle, Muhammad soit le seul acteur des destructions, tandis que dans les autres sanctuaires, ce sont des adjoints qui en sont chargés . Par la destruction principale, il assure sur les autres sa supériorité. Les centaines d'idoles disparaissent donc. C'est le dernier moment de se rappeler que l'endroit que Muhammad voulait le plus honorer, vénérer, baiser, était submergé d'idoles impures et qui lui étaient odieuses...

(al Kalbi, Livre des idoles 27).107

Quand, le jour où il conquit La Mecque, l’apôtre de Allah apparut devant la Kabah, il trouva les idoles disposées autour. Alors il commença à percer leurs yeux avec la pointe d’une flèche en disant:
-La vérité est venue et l’erreur a disparu. Vraiment, l’erreur est une chose qui a disparu.
Il ordonna ensuite qu’elles soient abattues et ensuite sorties et brûlées108.


(ibn Sad, Tabaqat 2/1, 99).109
Le prophète envoya des missions de destruction des idoles disposées autour de la Ka'ba, et il les détruire. Parmi elles, il y avait al Uzza, Manat, Suwa, Buwana, Dhul Kaffayn.


Le traitement ultérieur des idoles.
(ibn Jubayr).110

Nous avons été surpris de découvrir à la porte des Banu Shayba de randes et longues marches en pierre, ressemblant à des bancs, rangées devant les trois portes des Banu Shayba. C'est, dit-on, les idoles que les Quraysh adoraient avant l'islam. La plus grande est Hobal et elle est placée entre les deux autres. Elles sont renversées sur la face afin qu'on les foule aux pieds et que tous les fidèles les mettent à mal par la semelle de leurs chaussures. Rien n'y a fait, même pas leurs adorateurs! Louange là celui qui est unique ! Il n'y a d'autre divinité que lui! A propos de ces pierres, la vérité c'est que le prophète (...) ordonna le jour de la conquête de la Mecque de briser les idoles et de les brûler. Alors ce qu'on nous a raconté est donc faux! Ce ne serait que des pierres apportées là qui ont été prises pour des idoles à cause de leur dimension!


5. — Mythe pseudo-fondateur: Abraham à la Mecque.

Le tour de force de la doctrine islamique est de déformer la Bible en détournant l’aventure d’Abraham vers la Mecque , dont il serait le fondateur. Le Coran l’affirme d’abord , puis la Sunna , dans un récit mythologique étonnant, et appartenant à la fin de la prédication mohammédienne, quand il faut régler le statut du sanctuaire conquis sur les Mecquois.111
C'est certainement à ce moment de l'aventure mohammédienne que ce mythe, longuement analysé dans les travaux de J. Chabbi, s'élabore.


(Corpus coranique d'Othman 2/127-8).
Rappelez-vous quand Abraham, avec Ismaël, élevait les assises du temple, disant: Seigneur, accepte ceci de nous!

(Corpus coranique d'Othman 14/40).

Seigneur! j'ai établi une partie de ma descendance dans une vallée sans culture112 , auprès de ton temple sacré pour qu'ils accomplissent la prière.
Fais que des coeurs , chez les hommes s'inclinent vers eux!
Attribue-leur des fruits!
Peut-être seront-ils reconnaissants!

(Corpus coranique d'Othman 3/90-91).
En vérité , le premier temple qui ait été fondé , pour les hommes , est certes celui situé à Bakka , temple béni et direction113 pour le monde114 .
Il s’y trouve des signes évidents: le maqam115 d’Abraham où quiconque entre est en sécurité. Allah a imposé aux hommes le pèlerinage à ce temple.


§ 588. — La soumission.

L’entrée à la Mecque est une occasion de décrire de belles cérémonies de soumission de la populations, et parmi elles, celle des grandes figures mecquoises. Ce thème est aussi un mode de propagande. La soumission de Hind est la plus intéressante. Il s'agit toujours d'islam, ausens strict du terme, mais dans une autre dimension: c'est la soumission envers la divinité pour les musulmans bien sûr, mais aussi celle des infidèles envers la religion musulmane qui doit aboutir finalement à la première forme. Le second sens, guerrier, coercitif et politique, est constamment sous-estimé.


1. — Le discours aux habitants.


Le genre "discours prophétique" est délicat à mettre en oeuvre de la part des chroniqueurs et historiens musulmans: on n'ose guère mettre dans sa bouche autre chose que ce qui est dans le Coran lui-même, sous peine de blasphème. Ils se contournent la difficulté en réduisant au minimum ses adresses à la population, qui, elle, a tout loisir de répondre.
Tabari, grand coraniste, finit par farcir le récit de fragments coraniques qui rassurent quant à son orthodoxie.


(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 282-3).
Il saisit l'anneau de la porte, se tourna vers la foule et, debout sur le pas de la porte, il parla ainsi:
-Louanges à Allah, qui fait triompher son serviteur et qui réalise la promesse qu'il lui a donnée. En effet, il m'avait promis de me ramener à la Mecque ; il l'a fait et il a mis en déroute mes ennemis.
Puis il ajouta:
-Habitants de la Mecque, comment pensez-vous que j'agirai envers vous?
Sohayl ibn Amir, qui n'était pas encore musulman, se leva et dit:
-Je pense que toi, qui es un noble Quraysh, issu d'une famille noble, qui reviens dans ta patrie triomphant de tes compatriotes, je pense que tu as l'intention de traiter avec pitié les vieillards, d'amnistier les jeunes gens, d'épargner les femmes et les enfants, de les grâcier tous, de leur pardonner et de leur laisser la liberté.
A ces paroles, le prophète versa des larmes, et les habitants pleurèrent et sanglotèrent. Puis il reprit:
-Je vous dirai ce qu'a dit mon frère Joseph à ses frères :
Je ne vous ferai pas de reproches aujourd'hui ; Allah vous pardonnera, car il est le miséricordieux d'entre les miséricordieux. 116
Ensuite il ferma la porte du temple, sortit, monta sur son chameau et revint à l'endroit où l'on avait dressé sa tente et y descendit. Chaque corps d'armée campa à la place où il se trouvait, et les habitants de la Mecque vinrent par groupes prononcer la profession de foi117 , comme il est dit dans le Coran:
Lorsque arriveront l'aide et la victoire d'Allah, tu verras les hommes entrer par groupes dans la religion d'Allah, etc118 .
Le lendemain, le prophète prit place sur la colline de Safa. Il fit asseoir Omar au-dessous de lui et le chargea de présenter la formule de foi à tous ceux qui viendraient et de recevoir leur serment. Les habitants de la Mecque devinrent tous des affranchis du prophète ; car, comme ils avaient résisté à Khalid ibn Walid119 , et qu'Allah avait donné au prophète la victoire sur eux, ils étaient devenus sa propriété ; il aurait pu les déclarer tous ses esclaves et les distribuer entre les musulmans. Mais il ne fit pas ainsi ; il les affranchit tous.

Le nouveau statut de la ville.
(Bukhari, Sahih 64/41, 3).

D'après al Maqbori, comme Abu Shorayh disait à Amir ibn Sayd qui envoyait des troupes à La Mecque120 :
-Ô prince, m'autorises-tu à te rapporter les paroles que l'envoyé d'Allah prononça le jour de la prise de La Mecque? Il s'agit de choses que mes oreilles ont entendues, que mon coeur a conservées et que mes yeux ont vues, au moment où le prophète parla. Après avoir loué Allah et exalté ses mérites, il ajouta :
-C'est Allah qui a déclaré La Mecque territoire sacré et non les hommes121 . Il n'est pas permis à quiconque croit en Allah et au Jour dernier, d'y répandre le sang, ni de couper ses arbres. Si quelqu'un s'autorisait du combat livré dans cette ville par l'envoyé d'Allah, répondez-lui que Dieu en m avait donné l'autorisation à son envoyé, et cette autorisation il ne vous l'a pas donnée. Il ne me l'a accordée à moi-même que pour un moment de la journée, et aujourd'hui la ville a repris le même caractère sacré qu'elle avait hier. Que ceux qui sont ici présents le redisent à ceux qui sont absents.
- Et que t'a répondu Amir? demanda-t-on à Abu Shorayh.
-Je sais cela mieux que toi, m'a-t-il dit, ô Abu Shorayh.
Mais ce caractère sacré ne protège ni le rebelle, ni celui qui fuit à cause du sang qu'il a versé, ni celui qui fuit à cause d'une catastrophe.

2. — La conversion de Hind.

Ce texte présente la porte-parole des Mecquoises, Hind, femme d’Abu Sufyan et féroce opposante à Muhammad avec une sorte d'admiration rentrée. Elle se soumet certes, mais la liberté de parole qu’elle est en train de perdre, avec ses consoeurs, n’empêche pas un ton vif, ironique et spirituel de sa part, face à l’exposition rigoureuse des obligations nouvelles. Elle remarque par exemple que les hommes n’ont pas eu droit à de telles questions au cours de leur acte de soumission. C’est la dernière femme à parler librement en public à la Mecque pour les siècles et les siècles122. Une femme et un personnalité attachante, perdue parmi une multitude d'assassins et d'abrutis.

(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 285-6).

Le prophète se tint pendant trois jours sur la colline de Safa pour recevoir le serment des Mecquois. Omar ibn Khattab, assis au-dessous de lui, était chargé de donner, à sa place, la main à ceux qui prêtaient serment. Le quatrième jour, les femmes de la Mecque vinrent, à leur tour, prêter serment123. Hind, craignant pour sa vie, se tenait derrière les autres ; mais c'était elle qui avait décidé Umm Hakim bint Harith, épouse d’Ikrima ; Qomama bint Walid ibn Moghira, épouse de Safwan, et les autres femmes des principaux Quraysh à se rendre sur la colline de Çafa, en leur disant :
-Nous ne pouvons échapper à la nécessité de prêter serment et d'embrasser l'islam.
Abu Sufyan les avait précédées et était venu demander au prophète le pardon de Hind et des autres. Il était pénible au prophète de pardonner à Hind124, et il répondit à Abu Sufyan :
-Je verrai quelle sera la volonté d'Allah.
Alors le verset suivant fut révélé :
Ô prophète, si les femmes croyantes viennent à toi pour prêter serment, et qu'elles s'engagent à ne point associer un être quelconque à Allah, à ne pas commettre de vol, ni d'adultère, à ne pas tuer leurs enfants, à ne pas produire le mensonge qu'elles auraient forgé entre leurs mains et leurs pieds, et à ne pas te désobéir en ce qui est juste, alors fais le pacte avec elles et demande pour elles le pardon d'Allah etc. 125
Par les paroles demande pour elles le pardon d'Allah, le prophète savait qu'Allah leur avait pardonné, et il les fit approcher.
Les femmes chargèrent Hind de porter la parole pour elles, et la firent avancer. Le prophète dit à Omar de parler avec elle et de prendre son engagement126.
Hind dit :
-C'est à toi que nous voulons prêter serment, et c'est avec toi que nous voulons faire notre pacte.
Puis elle se présenta toute confuse devant le prophète, qui lui énuméra les engagements à prendre. A ces paroles : “qu'elles s'engagent à ne point associer à Allah un être quelconque“, Hind répliqua:
-Tu nous imposes des obligations que tu n'as pas imposées aux hommes127 ; mais nous les acceptons, nous ne serons pas infidèles, à condition qu'Allah nous pardonnera le passé.
Ensuite le prophète dit:
-”A ne pas commettre de vol.”
Hind répondit:
-Comment une femme commettrait-elle le vol, vivant dans la maison de son mari, où elle ne trouve que le bien de celui-ci128 ? Je n'ai commis de vol que chez Abu Sufyan, qui est un homme avare et qui ne me donne pas de quoi suffire à mes besoins ni à ceux de mes enfants129 ; je lui ai donc pris ce qu'il me fallait, à moi et à mes enfants ; je n'en ai pas abusé, et il ne s'en est pas aperçu. Le prophète dit:
-Ce que tu prends de ses biens, à son insu, ne constitue pas un vol.
Puis il continua :
- A ne pas commettre d'adultère.
Hind répliqua:
-Une femme libre ne commet jamais d'adultère.
Omar regarda en souriant le prophète, qui connaissait les aventures de Hind et ses relations avec Omar avant l'islam130. Apercevant le sourire d'Omar, il regarda celui-ci, mais il ne lui répondit pas, pour ne pas éveiller l'attention d'Abu Sufyan et de Hind.
Il poursuivit:
-”A ne pas tuer leurs enfants.”
En effet, les Arabes étaient dans l'habitude d'enterrer leurs filles vivantes, afin d'empêcher que, devenues grandes, elles ne leur apportassent du déshonneur131 .
Hind répliqua
- Nous avons mis au monde des enfants et nous les avons élevés ; mais toi, tu les a tués, le jour de Badr132 .
Elle voulait parler de Hanzhala ibn Abu Sufyan, qui avait été tué au combat de Badr. Le prophète continua:
-”A ne pas produire le mensonge, etc.” c'est-à-dire que les femmes ne devaient pas tromper leurs maris, en leur présentant des enfants dont ils n'étaient pas les pères.
Hind répondit :
-Cela est si criminel, qu'il ne faut pas même en concevoir la pensée.
Enfin le prophète dit:
- “et à ne pas te désobéir en ce qui est juste. “
Hind répliqua:
-Si nous voulions te désobéir, nous ne serions pas à cette place.
Ensuite le prophète demanda une coupe, la fit remplir d'eau, y plongea la main et ordonna que toutes les femmes fissent de même, parce qu'il ne pouvait pas tendre la main à chacune d'elles133 . C'est ainsi que fut accompli l'acte du serment.

(Muslim, Sahih 18/4251).
Aïsha a rapporté que Hind, fille d’Oqba et femme d’Abu Sufyan est venu voir l’envoyé d'Allah et a dit:
-Abu Sufyan est un avare. Il ne nous donne pas assez pour mes frias et ceux de mes enfants. Donc je suis contrainte de perdre des parts de ses biens en cachette. Est-ce un péché?
A ce sujet, l’envoyé d'Allah a dit:
-Prends de ses biens ce qui convient et suffira pour toi et tes enfants.

3. — Mariage avec Molayka.

Chaque étape importante de la vie de Muhammad est marquée par un mariage : comme si ses femmes étaient des souvenirs vivants, bibelots procréateurs et champs de labours. Dans le cas présent, le choix ne parait pas judicieux et il suscite des émois dans un harem déjà pléthorique.

(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 287)
Parmi les femmes qui avaient prêté serment, il y avait Molayka, femme distinguée par sa beauté et dont le père, Dawud ibn Malka134 , avait été tué lors de la prise de la Mecque. Le prophète l'épousa. Celle de ses femmes qui était avec lui, Aïsha, ou, selon d'autres, Umm Salama, dit à Molayka:
-Veux-tu gagner l'affection du prophète?
- Je le veux bien, répondit-elle.
- Eh bien, dit l'autre, lorsqu'il s'approchera de toi, dis-lui : “Que Allah me préserve de toi!”
Elle fit ainsi135 . Le prophète lui dit:
-Pourquoi demandes-tu cela, puisque je t'ai accordé ta grâce? et il la répudia.
Muhammad ibn Jarir136 , rapporte que la femme du prophète aurait dit à Molayka:
-N'as-tu pas honte de prendre pour époux celui qui a tué ton père?
Mais il ne faut pas croire qu'une épouse du prophète eut agi ainsi137.


§ 589. — Politique culturelle: l'élimination des poètes et chanteuses.

Muhammad procède à une épuration superficielle, ciblée et amplement suffisante. Sa politique précédente, faite de manoeuvres diplomatiques et de terreur, rend inutile d’autres violences, qui auraient terni l’éclat de son triomphe. Le plus intéressant est la nature des crimes imputés aux proscrits, dont la liste est dûment enregistrée: ils sont surtout coupables de paroles et actes contre la personne du conquérant et aucunement envers les rites ou la conception du divin. L'islam, pour le moment, n'est pas un système religieux et il est donc difficile de le critiquer sur le fond, puisqu'il n'y a pas de fond. La seule référence reste l'autorité de Muhammad, que l'on s'y soumette ou qu'on s'y oppose encore.
La mise à mort de ces gens est une démarche brouillonne, menée dans une ville troublée, par des agents marqués encore par la brutalté de la lutte et l’appel de la vengeance. Ils vont jusqu'à éventrer un personnage sur la Kaba et s'acharnent sur des femmes.
Un certain nombre en réchappe, par la fuite, par hasard et par la conversion, d’autres meurent comme par erreur.

Il importe de bien suivre les événements groupés selon l'ordre des victimes, et de bien noter les motifs de leurs exécutions.



La vengeance avant le sacré.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 818).

L’apôtre d'Allah avait donné instruction à ses officiers pour qu’un fois dans la Mecque, ils n’attaquent que ceux qui résistaient, à l’exception d’un petit nombre, qui devaient être tués, même s’ils étaient trouvés sous les rideaux de la Ka'ba.

La liste de proscrits.
(ibn Sa’d, Tabaqat 2/168).138

L’apôtre de Allah entra par Adhakhir, et interdit de combattre. Il ordonna que six hommes et quatre femmes soient tuées ; ils étaient Ikrima ibn AbuJahl, Habbar ibn al Aswad, Abdallah ibn Sa’d ibn Abi Sarh, Miqyas ibn Sababah al Laythi, al Huwayrith ibn Nuqaydh, Abd Abbah ibn Hilal ibn Khatal al Adrami, Hind Bint Utbah, Sarah, l’affranchie139 de Amir ibn Hashim, Fartana et Qaribah.

(Dawud, Hadith 14/ 2677).140
Le jour où La Mecque a été conquise, l’apôtre de Allah donna sa protection au peuple sauf pour quatre hommes et deux femmes et il les nomma.

(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 283-4).
Le jour suivant, le prophète demanda si l'on avait mis à mort les dix personnes qu'il avait ordonné de tuer. On lui dit qu’Abdallah ibn Abu Sarh141 était caché dans la maison d’Othman. Celui-ci l'amena devant le prophète et sollicita son pardon. Sad ibn Obada, et d'autres ansar se tenaient auprès du prophète, le sabre à la main. Le prophète baissa la tête et garda le silence pendant quelque temps ; enfin il accorda à Othman sa demande. Abdallah prononça la formule de foi, et Othman l'emmena. Lorsqu'ils se furent éloignés, le prophète dit à Sad ibn Obada :
-Aucun de vous ne pouvait-il trancher la tête à cet hypocrite?
J'ai gardé le silence si longtemps, pensant que quelqu'un le tuerait.
Sad répliqua :
-Apôtre d'Allah, il fallait nous faire signe des yeux.
-Si j'avais fait un signe, reprit le prophète, Othman aurait été offensé.
On découvrit le même jour Abdallah ibn Khatal ; il fut tué, par deux des compagnons du prophète : Abul Borda, le Sulaym, et Sad ibn Harith, des Banu Makhzum. Howayrith ibn Moqayth, qui s'était également caché, fut découvert par Ali, qui le tua. Miqyas ibn Sobaba, fut découvert et tué par un homme de sa famille, nommé Salum ibn Abdallah.
Safwan ibn Omayya, s'était enfui. Il avait gagné Jedda142 et voulait se rendre par mer dans le Yemen. L'un de ses amis musulmans, Omayr ibn Wahb, demanda au prophète sa grâce, disant :
-Safwan a peur de toi et veut se jeter à la mer pour se détruire ; donne-lui sa grâce.
Le prophète lui accorda sa demande. Omayr dit :
-Donne-moi un signe que je puisse lui porter, afin qu'il soit rassuré. Safwan était cousin du prophète ; sa mère Hani était fille d’Abd al Muttalib. Ayant reçu du prophète le turban noir que Muhammad avait porté le jour de son entrée à la Mecque, Omayr se rendit auprès de Safwan, qu'il rencontra à Jedda, prêt à s'embarquer. Il lui dit:
-Sois content, le prophète t'amnistie ; comme gage de sa clémence, je t'apporte son turban. Safwan dit :
-Je crains que ce ne soit une ruse par laquelle il veut m'attirer pour me tuer.
Omayr répliqua :
-Il n'emploie jamais la ruse envers personne ; la ruse est proscrite de sa religion143. Il est bienveillant et le plus généreux des hommes ; il est clément et véridique ; il est le fils de ton oncle ; sa grandeur est la tienne et sa puissance t'appartient aussi. Veux-tu fuir ta propre gloire et ta propre grandeur?
Safwan revint, et se présenta devant le prophète, qui lui confirma sa grâce et l'engagea à embrasser l'islam. Safwan refusa.
Le prophète lui dit :
-Tu n'as qu'à choisir entre le sabre et l'islam ; lequel des deux veux-tu?144
Safwan répondit :
-Accorde-moi, pour me décider, un délai de deux mois.
Le prophète lui accorda quatre mois.
Ikrima ibn Abu Jahl, s'était enfui avant Safwan, et avait gagné le Yemen. Sa femme, Umm Hakim ibn al Harith ibn Hisham et oncle d’Ikrima, en prononçant la profession de foi musulmane, demanda au prophète la grâce de son mari. Le prophète la lui accorda ; elle se rendit dans le Yémen et ramena Ikrima, qui vint prononcer la profession de foi à Médine, où le prophète était retourné deux mois après la prise de la Mecque145 , et après l'expédition de Hunayn. Il y arriva en même temps que Safwan, qui fut également amené par sa femme, Qomama bint Walid ibn Moghira, femme vénérable et de noble famille, qui avait prononcé la profession de foi le jour où les femmes avaient prêté serment.
Voilà l'histoire des six hommes que le prophète avait condamnés à être mis à mort. Quant aux quatre femmes, Hind s'était réfugiée dans la maison d'Abu Sufyan ; Sara fut tuée ; l'une des deux esclaves d’Abdallah ibn Khatal, nommée Fartana, fut également mise à mort ; l'autre, Qariba, s'enfuit et ne fut pas rejointe ; elle vécut jusqu'au califat d’Othman ibn Affan.

(ibn Sa’d, Tabaqat I 174).
L’apôtre de Allah ordonna à ses fidèles le jour de la victoire de tuer ibn Abu Sarh, Fartana, ibn al Zibr’ra et ibn Khatal.

(Dawud, Hadith 14/ 2678).146
Le prophète a dit: le jour de la conquête de La Mecque: il y a quatre personnes à qui je ne donne pas de protection sur le territoire sacré et profane.
Il les nomma ensuite. Il y avait deux chanteuses d’al Maqis ; l’une fut tuée, l’autre s’échappa et se soumit à l’islam.

(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 819).
Concernant les deux chanteuses d’ibn Khatal, une a été tuée et l’autre s’est enfuie, jusqu’à ce que l’apôtre d'Allah lui accorde sa grâce, sur demande.
De même pour Sara, qui a vécu jusqu’au temps de Omar, quand un cavalier l’a terrassée dans la vallée de la Mecque, et l’a tuée.
Al Huwayrith a été tué par Ali.

Chasse aux femmes.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 819).

...et Sara aussi, une affranchie des Banu Abdul Muttalib ; et Ikrima ibn Abu Jahl. Sara l’avait injurié à la Mecque. Comme pour Ikrima, il partit au Yémen. Sa femme Umm Hakim bint al Harith ibn Hisham est devenue musulmane et a demandé l’immunité pour lui et l’apôtre d'Allah lui accorda. Elle alla au Yémen à sa recherche et elle le ramena auprès de l’apôtre d'Allah: elle se soumit à l’islam147.

(Baladuri, Livre des Conquêtes 41).
Une esclave chanteuse appartenant à (...) ibn Khatal vint auprès du prophète sous un déguisement. Elle se soumit aussitôt à l’islam et reconnut le prophète comme chef. Ne sachant pas qui elle était, le prophète ne punit point. L’autre chanteuse fut exécutée. Les deux avaient chanté des satires contre le prophète.

(Baladuri , Livre des Conquêtes 42).

ibn as Zibara as Sahmi se soumit à l’islam avant que les musulmans n’aient pu le capturer, et il se mit ensuite à chanter les louanges du prophète.
Le jour de la conquête de la Mecque, le prophète avait déclaré que verser son sang était devenu licite, et pourtant, il ne fut pas puni...

(Dawud, Hadith 38/ 4345).148
“Abdullah ibn Abu Sarh écrivait les révélations de l’apôtre de Allah. Satan l’a séparé (de la communauté) et il a rejoint les infidèles. L’apôtre d’Allah a ordonné de le tuer le jour de la conquête (de La Mecque)...

(ibn Sa’d, Tabaqat 2/ 174).149
Quelqu’un parmi les ansar avait fait le voeu de tuer ibn Abu Sarh.Uthman dont celui était le frère de lait vint, et intercédait auprès du prophète en sa faveur. Les ansar attendaient un signal du prophète pour le tuer. Othman intercéda et Muhammad le laissa partir. L’apôtre de Allah dit ensuite aux ansar:
-Pourquoi n’avez vous pas rempli votre voeu?
-Ô apôtre de Allah! J’avais la main sur la poignée de mon sabre attendant ton signal pour le tuer.
Le prophète dit que faire un signe aurait brisé la confiance.


(Dawud, Hadith 14/ 2677).150
Il dit:
-Apôtre de Allah, reçois le serment de soumission de sa part.
Il leva la tête et le regarda trois fois, refusant trois fois. Puis il accepta le serment. Il se tourna ensuite vers les compagnons et dit:
-Il n’y a personne d’assez intelligent parmi vous pour voir que j’étais réticent à accepter ce serment et pour le tuer?...

(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 818).

Parmi ceux-ci se trouvait Abdullah ibn Abu Sahr, frère des Banu Amir ibn Luayy. La raison de cet ordre était qu’il avait été un musulman et qu’il rédigeait les révélations ; ensuite, il a apostasié, pour revenir vers les Quraysh, et il a fui chez Othman ibn Affan, son beau-frère. Ce dernier l’a caché jusqu’à ce qu’il l’amène devant l’apôtre d'Allah quand la situation à la Mecque redevint calme. Il demanda alors son immunité. On dit que l’apôtre d'Allah est resté silencieux longtemps, avant de dire oui. Quand Othman est parti, il a dit à un de ses compagnons:
-J’ai gardé le silence pour que l’un d’entre vous ait le temps de lui trancher la tête!
Un des ansar dit alors:
-Alors pourquoi n’as tu pas fait un signe, ô apôtre d'Allah?
Il répondit qu’un prophète ne tue pas en pointant du doigt.

(Baladuri, Livre des conquêtes VII 40).
Il a aussi dit: mettez aussi ibn Khatal à mort, même si vous le voyez tenir un rideau151 de la Ka’ba.

(Baladuri, Livre des conquêtes VII 41).
Miqyas avait un frère, Hashim... pris par les ansar pour un polythéiste, par erreur, et tué.
Ali tua ensuite al Huwayrith...
Le prophète a déclaré ensuite qu’il fallait le tuer.

(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 818).

Un autre était Abdullah ibn Khatal, des Banu Taym ibn Ghalib. Il était devenu musulman et l’apôtre d'Allah l’avait envoyé pour récolter l’aumône avec un des ansar. Il avait aussi un esclave (musulman) avec lui. Quand ils s’arrêtèrent, il lui ordonna de tuer une chèvre et pour la manger, puis il est allé se coucher. Quand il s’est réveillé, rien n’avait été fait. Alors il le tua et apostasia.
Il possédait aussi deux chanteuses, Fartana et son amie, qui faisaient des chansons satiriques contre l’apôtre d'Allah ; alors il ordonna de les tuer aussi.

(Bukhari, Sahih 5/582).152
(à l’entrée dans La Mecque), un homme vint et dit:
-ibn Khatal est en train de s’agripper au rideau de la Ka’ba!.
Le prophète dit alors:
-Tuez-le.

(at Tirmidhi, Les vertus et le noble caractère de l’envoyé d'Allah, Hadith 105).
Le jour où la Mecque a été conquise, le prophète portait une casque, quand ils sont entrés dans la ville.
Quelqu’un est venu lui dire:
-Ô , c’est ibn Khatl qui s’est accroché à la couverture de la Kaba!
Le prophète a répondu:
-Tuez-le.

(at Tirmidhi, Les vertus et le noble caractère de l’envoyé d'Allah, Hadith 106).
Anas rapporte que le prophète, quand il est entré dans la Mecque comme conquérant, portait un casque sur son auguste tête. Quand il l’a enlevé, quelqu’un est venu et a dit:
-Ô envoyé d'Allah, ibn Khatl a grimpé sur la couverture de la kaba!
Le prophète a répliqué:
-Il n’est pas parmi ceux ont reçu notre amnistie, tuez-le.
... on m’a dit que le prophète n’était pas en état d’ihram.

(Bukhari, Sahih 59/ 582).153
le jour de la conquête, le prophète entra dans La Mecque, portant un casque sur la tête. Quand il l’enleva, un homme est venu lui dire:
-ibn Khatal s’est accroché au rideau de la Ka'ba.
Le prophète a dit:
-Tuez-le.

(ibn Sa’d, Tabaqat, 2/173-4).154

Man et Musa ibn Dawud disent dans leur version: un homme est venu à lui pour dire:
-Ô apôtre de Allah! ibn Khatal s’accroche au rideau de la Ka’ba.
Le prophète de Allah dit alors:
-Tuez-le (...) Tuez-le partout où vous le trouverez.
Abu Barzah vint et le vit s’accrocher au voile de la Ka'ba.
Il l’éventra.

(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 819).

Abdullah ibn Khatal a été tué par Sayd ibn Hurayth et Abu Barza, ensemble.

(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 819).

Miqyas a été tué par Numayla ibn Abdullah, un de ses proches. La soeur155 de Miqyas a écrit de ce meurtre:
Sur ma vie, Numayla a fait honte à son peuple,
et il a désespéré les invités de l’hiver quand il a massacré Miqyas.
Quiconque a vu quelqu’un comme Miqyas
Qui fournissait de la nourriture aux jeunes mères dans le dénuement.



(Baladuri, Livre des conquêtes 41).
Numaylah al Kinani tua Mikyas al Kinani, le prophète ayant annoncé que quiconque le trouverait devrait le tuer.
(...)
Mikyas avait un frère, Hashim,... pris par des ansar pour un polythéiste, et tué...

(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 819).
Un autre à tuer était Miqyas ibn Hubaba, parce qu’il avait tué un ansar qui avait tué son frère par accident, et il était rentré chez les Quraysh comme polythéiste.

(Baladuri, Livre des conquêtes 41).
Ali tua al Huwayrith, le prophète ayant déclaré que quiconque le trouverait devrait le tuer.

(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 819).

L’apôtre d'Allah s’est installé dans la partie supérieure de la Mecque, et deux de mes beaux-frères156 des Banu Makhzum ont fui chez moi. Ali est venu, jurant qu’il allait les tuer, alors j’ai bloqué la porte de ma maison sur eux, et je suis allé voir l’apôtre d'Allah et je l’ai trouvé en train de se laver dans une vasque dans laquelle se trouvait encore des restes de pâte157. Sa fille Fatima le cachait avec ses vêtements. Il finit son bain, priant huit fois pour la prière du matin. Il vint vers moi, et me demanda pourquoi je venais. Je lui ai dit au sujet des deux hommes et d’Ali. Il dit:
-Nous donnons protection à quiconque reçoit la protection de vous, et nous accordons la sauvegarde158 à ceux que vous protégez. Il ne doit pas les tuer.

(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 823).

Le lendemain de la conquête, ibn al Ahtwa revint à la Mecque pour voir ce qui se passait. Il était polythéiste à ce moment-là. Un des Khuzaa le vit et le reconnut, alors ils le poursuivirent et l’acculèrent au niveau de la muraille, en criant:
-Es tu l’homme qui a tué Ahmar?
-Oui, dit-il, et alors?
Alors Khirash ibn Umayya s’avança avec son sabre tiré, en disant:
-Débarassons nous de cet homme!
On a d’abord pensé qu’il voulait que les gens s’écartent de lui. Mais pas du tout: il se précipita et lui planta son sabre dans le ventre. Par Allah, je voyais ses intestins sortir et se yeux n’étaient plus que de petites fentes sur sa tête, quand il dit:
-Avez-vous fait cela, les Khuzaa?
L’apôtre d'Allah arriva pour dire:
-Cessez ce meurtre! Il y a eu trop de meurtres ici, même si on peut toujours tirer profit de ce genre de choses. Je payerai pour le sang de cet homme.

(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 825).

Safwan ibn Umayya était parti à Jedda159, pour prendre un navire pour le Yémen. Umayr dit au prophète que Safwan, qui avait été chef de sa tribu, allait se noyer, alors il lui demanda l’immunité. Le prophète lui accorda et Umayr demanda aussi un signe pour le prouver. L’apôtre d'Allah lui donna son turban, avec lequel il était entré dans la Mecque. Umayr partit et arriva juste au moment où Safwan allait embarquer. Il le pria de ne pas se suicider160, et montra le gage de sa grâce.
Safwan lui dit de s’écarter et de ne pas lui parler.
Umayr dit:
-Mes parents seront le gage! Il est le plus vertueux, le plus pieux, le plus clément, le meilleur des hommes, mon propre cousin. Son honneur est mon honneur.
L’autre répliqua:
-Je pars par peur de lui.
Il dit:
-Il est trop clément et honorable pour te tuer.
Alors il rentra avec lui, et à l' apôtre d'Allah il dit qu’il avait eu l’immunité par Umayr. Safwan demanda d’avoir 2 mois de changer d’avis, et il lui donna 4 mois pour se convertir.



§ 590. — L’occupation médinoise.

Un certain nombre de hadiths présente les changements rapides qui affectent la vie des Mecquois, avec l’occupation mohammédienne, qui est aussi, pour les Mecquois, celle de leurs détestables voisins du nord.
Ils présentent des similitudes avec le régime théocratique mis en place à Médine. La mise en place de cet ordre se fait beaucoup plus rapidement : il a fallu huit années à la ville pour se plier au diktat. La Mecque doit aller plus vite et l'on voit que la gamme des interdits et contraintes est comme toujours vaste, variée, portée vers l'intimité des personnes.

Le symbole en est l’élimination des monopoles tenus par l’aristocratie mecquoise dans le sanctuaire. Le conquérant élimine tous les privilèges sacerdotaux161 qui étaient détenues par les grandes familles mecquoises: elles en tiraient à la fois prestige et richesse, notamment par l’accueil des pèlerins. C’est un moyen de les abaisser durablement, et de se venger personnellement.


(Muslim, Sahih 3/ 664).162
Je suis allé voir le messager d’Allah le jour de la conquête, et il prenait un bain, alors que sa fille Fatima tenait un rideau autour de lui.

(Muslim, Sahih 17/ 4188).163
Une femme a commis un vol... à La Mecque....alors l’apôtre d’Allah donna sa sentence dans ce cas, et le femme eut les mains coupées.

(Bukhari, Sahih 48/ 816).164
Une femme avait commis un vol au moment de la conquête et elle fut amenée devant le prophète qui ordonna qu’on lui tranche la main... Sa repentance était parfaite165 , et elle s’est mariée plus tard et venait me voir pour que je présente ses besoins au prophète...

(Dawud, Hadith 38/ 4474).166

j’ai vu l’envoyé de Allah le matin de la prise de La Mecque. Un homme ivre fut emmené à lui et il ordonna de le battre. Ils le battirent avec tout ce qu’ils avaient dans les mains... l’apôtre d’Allah lui jeta de la poussière à la figure167.

(Bukhari, Sahih 59/ 590).168
J’ai entendu le prophète dire l’année de la conquête, alors qu’il était à La Mecque:
-Allah et son apôtre ont rendu illicite la vente de vin.

(Muslim, Sahih 10/3840 et 42).169
... l’année de la victoire, alors qu’il était à La Mecque, (le messager d’Allah a dit):
-Allah et le messager d’Allah ont interdit la vente de vin, des carcasses d’animaux, des porcs170 et des idoles.
On lui dit:
-Messager d’Allah, tu vois que le gras des carcasses171 est employé pour calfater les navires et on l’emploie pour boucher les trous.
Là dessus, il dit:
-C’est interdit.
Et le messager d’Allah ajouta:
-Qu’Allah l’exhalté et le majestueux détruise les juifs, parce qu’Allah a interdit l’usage du gras pour eux, et ils l’ont mélangé et l’ont vendu et en ont tiré des bénéfices172 .

(Muslim, Sahih 22/2960).
Interdiction de la vente du vin, de la bête morte, des porcs et des idoles
Il a entendu l'envoyé d'Allah dire, l'année de la conquête, alors qu'il était à La Mecque :
-"Allah et son envoyé ont défendu la vente du vin, des animaux crevés, du porc et des idoles". Et comme on lui disait :
-"Ô envoyé d'Allah que penses-tu des graisses des animaux crevés, qui servent à enduire les vaisseaux, à graisser les peaux et à alimenter les lampes du peuple?".
- "Non, répondit-il, cela est interdit".
Puis, l'envoyé d'Allah ajouta :
-"Que Allah maudisse les juifs! Quand Allah, à lui la puissance et la gloire, leur avait interdit l'usage des graisses des animaux crevés; ils les ont fait fondre, les ont vendues et en ont employé le prix à leur subsistance".

(Bukhari, Sahih 34/112).

Jabir ibn Abdallah a entendu l'envoyé d'Allah dire, l'année de la conquête, alors qu'il était à la Mecque :
-Allah et son envoyé ont défendu la vente du vin, des animaux crevés, du porc et des idoles. Et comme on lui disait :
-Ô envoyé d'Allah que penses- tu des graisses des animaux crevés? elles servent à enduire les vaisseaux, à graisser les peaux et à alimenter les lampes du peuple.
-Ne les vendez pas, répondit-il, cela est interdit.
Puis, l'envoyé d’Allah ajouta :
-Allah maudisse les Juifs! Allah leur avait interdit les graisses des animaux crevés ; ils les ont fait fondre, les ont vendues et en ont employé le prix à leur subsistance173 .

(Corpus coranique d'Othman 9/17-24).

Il n'est point laissé aux associateurs de servir174 la mosquée d'Allah, tout en faisant, pour ce qui les touche, profession d'infidélité.
Que vaines soient les actions de ces gens!
Dans le feu ils seront immortels.
Seuls serviront la mosquée d'Allah ceux qui croient en Allah et au dernier jour, qui accomplissent la prière, donnent l'aumône et ne redoutent qu'Allah.
Peut-être ceux-là seront-ils parmi ceux se trouvant dans la bonne direction.
Ferez-vous de la charge d'abreuver les pèlerins175 et du service de la mosquée sacrée176 des devoirs comparables à ceux de celui qui croit en Allah et au dernier jour, et mène combat dans le chemin d'Allah ?
Croyants et infidèles ne seront point égaux auprès d'Allah.
Allah ne dirige pas le peuple des injustes.
Ceux qui déjà croient, qui, dans le chemin d'Allah, ont émigré et mené combat de leurs biens et de leurs personnes auront un rang plus considérable auprès d'Allah.
Ceux-là seront les gagnants.
Leur seigneur leur annonce grâce et satisfaction émanant de lui, ainsi que des jardins où ils auront un délice permanent et où ils seront, immortels, en éternité.
Allah détient une rétribution immense.

(Corpus coranique d'Othman 9/23-24).
Ô vous qui croyez!, ne prenez pas vos ascendants mâles et vos frères comme affiliés s'ils aiment mieux l'infidélité que la foi!177
Ceux qui, parmi vous, les prennent pour affiliés , alors qu'ils les savent encore infidèles, ceux-là sont les injustes.
Dis aux croyants: Si vos ascendants mâles, vos fils, vos frères, vos épouses et votre clan, si vos biens acquis, un négoce que vous redoutez de voir péricliter et des demeures qui vous sont agréables vous sont plus chers qu'Allah, que son apôtre et que mener combat dans son chemin, alors soyez aux aguets jusqu'à ce qu'Allah vienne avec son ordre!
Allah ne dirige pas le peuple des pervers.

Le fromage des mages.
(Baydaqi, Hadith).178
Quand l’apôtre d'Allah a conquis la Mecque, il a vu un fromage. Il a demandé ce que c’était ; on lui dit que c’était de la nourriture venue de Perse179.
L’apôtre d'Allah répondit alors:
-Enfoncez un couteau dedans, invoquez le nom d’ Allah et mangez!180


§ 591. — Un nouveau départ.

La Mecque est alors considérée comme une base de départ pour la suite des conquêtes en Arabie. L'émigration devient invasion. De très martiales déclarations sont faites alors aux troupes. Pourtant autant, elle n'obtient pas le statut de capital du nouvel Etat mohammédien.

(Muslim, Sahih 20/ 4597).181

... le messager d’Allah a dit le jour de la conquête de La Mecque: il n’y a plus d’Hégire maintenant, il y a le jihad et la sincérité des buts. Si on vous demande de préparer (une expédition pour la cause de l’islam), vous devez aussitôt le faire.

(Bukhari, Sahih 52/ 42).182
....le jour de la conquête de La Mecque, le prophète dit:
-Il n’y aura plus d’émigration après la conquête, mais le jihad et des projets ; quand vous êtes appelés au combat, allez y immédiatement.

(Muslim, Sahih 33/3465).

Mujâshi ibn Masûd As-Sulamî a dit : Etant venu trouver le prophète, je lui dis :
-"Reçois notre serment de prendre part à l'Hégire".
- "L'Hégire est passée, répondit-il; elle est tout entière à ceux qui la firent. Toutefois vous pouvez me prêter serment d'allégeance selon lequel vous vous conformez à l'islam, au jihad et au bien".

(Muslim, Sahih 33/3467).
D'après ibn 'Abbâs, le jour de la prise de La Mecque, le prophète a dit : "Vous n'êtes point tenus d'émigrer, mais vous devez faire la guerre sainte avec une bonne intention. Si on vous invite à faire le jihad, obéissez".

(Muslim, Sahih 33/3468).
D'après 'Aïsha, on interrogea le prophète au sujet de l'hégire. Et lui de répondre :
-"Il n'y a plus d'Hégire après la conquête de la Mecque. Mais il reste la guerre sainte avec une bonne intention. Si on vous invite à faire le jihad, obéissez".

Conséquences de la conquête.
(Bukhari, Sahih 64/53, 5-6).

Mojashi a dit: Après la prise de La Mecque, j'amenai mon frère au prophète et je lui dis :
-Ô envoyé d'Allah, je t’amène mon frère pour que tu recoives son serment à titre de muhajir.
-Le temps est passé maintenant, me répondit-il, des émigrés et des faveurs attachées à ce titre.
-Et alors, repris-je, pourquoi recevras-tu son serment?
-Je recevrai son serment, répliqua-t-il, pour l'islam, la foi et la guerre sainte.
-Plus tard, je rencontrai Abu Mabed qui était l'aîné des deux frères et, sur ma question, il me confirma ce qu'avait dit a (son frère) Mojashi.

Mojashi ibn Masud a dit: J'emmenai mon frère Abu Mabed vers le prophète afin qu'il prêtât serment au titre d'émigré.
-Le temps de l'émigration est passé, répondit le prophète, je recevrai son serment pour l'islam et la guerre sainte.
Plus tard (dit Abu Othman) je rencontrai Abu Mabed et, sur ma question, il me confirma ce qu'avait dit Mojashi.

 

55 AL FATH: “la conquête”, ou “l’ouverture”: une victoire qui permet d’entrer, de pénétrer (dans le cas de pénétration sexuelle, par exemple), de s’agrandir ; cf. A. Jeffery, Foreign Vocabulary in the Quran, Baroda 1938 (réed.2006), , sv. Fath, sur les influences éthiopiennes sur l’évolution du mot. L’expression courante est celle de “Conquête des conquêtes”. La composante principale de l’OLP reprend justement ce titre.

56 Le 10 de ramadan de l’année 8.

57 Longue opposition entre les deux villes, qui se répercutent même dans les futurs affrontements dynastiques; cf. partie XVI.

58 Tout s’est décidé au moment de la défection in extremis d’Abu Sufyan, qui négocie la reddition.

59 Dans le répertoire des expéditions de Waqidi (Kitab al Maghazi, ed. Wellhausen, Berlin, 1889), elle a le matricule 64.

60 Récit d’ Abdullah ibn Rabah depuis Abu Hurayra.

61 Version alternative de la prise de La Mecque.

62 Récit d’ Abdullah ibn Rabah.

63 Récit d’ Abdullah ibn Muti.

64 L’intervention d’Abu Sufyan a lieu juste après.

65 Cf. partie III et VI.

66 Récit d’Abu Hurayra.

67 Bukhari, Sahih ("L'Authentique"), ed. V. Houdas/ W. Marçais, Paris, 1900-4.

68 Il ssont dits TALAQA: affranchis ou relachés, épargnés ; cf. Gaudefroy-Demonbynes 1957, p. 187-8.

69 Cf. le sultan turc Mehmet II Fatih, le conquérant de Constantinople et destructeur de l'empire byzantin.

70 Source internet: usc-msa Compendium of Muslim Texts (Muslim Students Association-University of South California).

71 Hadith: Récit de al Walid ibn Uqbah .

72 Récit de Abu Shurayh.

73 Récit d’Abu Hurayra.

74 L’homidice illégal, non-autorisé par la religion.

75 Extrait du Récit d’ibn Abbas par Ikrima.

76 Ce type de hadith prophétique au sens réel du terme a du être forgé au cours des combats terribles qui se sont déroulés dans la Mecque pendant trois siècles, après la mort de Muhammad, entre les différentes factions musulmanes.

77 Récit d’Anas.

78 Les ansar de Médine se retrouvent dans une mauvaise situation: à la Mecque, ils sont des étrangers, et ils doivent partager le butin des pillages. C’est à partir de janvier 630 que les grognements apparaissent au grand jour.

79 Par la tranche et la pointe de l'épée.

80 Image peu compréhensible.

81 Pour la question du sanctuaire, cf. partie IV et pour les dieux, partie III.

82 Quelques hadiths (cf. partie VI) donnent l’impression d’une hésitation, d’une envie de raser ce vestige de l’édifice, par crainte du retour au paganisme.

83 Cf. parties III et VI sur ces rites pré-islamiques de circambulation.

84 Récit d’ibn Abbas.

85 Récit d’Abdullah ibn Masud.

86 MIHDJAN, la baguette servant à guider le chameau.

87 Récit d’ Abdullah ibn Rabah.

88 Le fait de crever les yeux implique qu’il continue à considérer les statues comme des puissances anthropomorphiques.

89 Al Baladuri, The Origins of the Islamic State, ed. P.K. Hitti, 2002.

90 Corpus coranique 17, 8.

91 SUBHAN ALLAH!

92 ALLAH AKBAR!

93 Cf. partie IV.

94 Cf. partie V.

95 Cité par al Kalbi, Livre des idoles 27

96 Récit de Jabir ibn Abdullah ; le hadith est contredit par les autres: il veut seulement éviter qu’il se produise un contact entre Muhammad et l’idolâtrie.

97 Récit d’ibn Abbas.

98 Pour le Pentateuque, Ismaël n’est pas prophète. Les musulmans ayant déjà à lire et relire un seul livre, on ne peut pas leur en vouloir d'avoir lu vite et mal les autres livres ; au moins, certains les lisaient.

99 Récit d’ibn Abbas.

100 Marie.

101 Il décrit Hobal, qui est le dieu oraculaire de la Ka’ba (cf. partie IV et VI) , mais feint de ne pas le connaître.

102 Al Azraqi, Die Geschichte der Stadt Mekka, ed. F. Wüstenfeld, Die Chroniken der Stadt Mekka I, Leipzig, 1858.

103 L’image peut être une représntation en deux dimensions (fresque) ou suivant la formulation grecque, en trois dimensions (statues).

104 Effacement avec l’eau purificatrice du puits.

105 G. R. Hawting, "We were not ordered with entering it but only with circumambulating it. Hadith and Fiqh on entering the Ka'ba," Bulletin of the School of Oriental and African Studies, 47, 1984.

106 Lieu de prière.

107 ibn Kalbi, Livre des idoles (trad. W. Atallah), Paris, 1969

108 Ailleurs, il est dit qu’elle sont enterrées. on a pu raconter qu' en 1979, au cours de l'assaut contre les ikhwans wahhabites, elles ont réapparu après des explosions souterraines. C'est peu probable: la rumeur a sans doute comme origine l'expression d'une fascination et d'un refoulement psychologique

109 Ed. Bewley.

110 ibn Jubayr, Relation de voyages, ed. de la Pléiade, trad. P. Charles-Dominique, p. 143.

111 J. Chabbi 2008, p. 375.

112 C’est cette allusion à l’aridité du territoire mecquois qui en assure l’identification.

113 HUDA.

114 ALAMUN: les peuples.

115 Sanctuaire.

116 Corpus coranique 12/92.

117 La phrase évoque bien la sitaution des Mecquois, dont la conversion n’est pas absolument volontaire.

118 Corpus coranique 110.

119 Preuve supplémentaire qu’il y a eu des combats.

120 Au cour des guerres de succession du VIIème siècle.

121 C’est jouer avec les mots, et avec les têtes.

122 Pour N. Abbot, Hind est la dernière “reine” arabe ; cf. Abbot, Women, p. 278 ; elle traite de son serment d’allégeance et de son esprit, p. 276-7.

123 Encore un indice de la condition inférieure des femmes, et leur ségrégation nouvelle.

124 c’est la femme d’Abu Sufyan, adversaire obstinée de Muhammad, que la tradion présente comme cannibale à la bataille d ‘Ohod. L’orientation abbasside des sources permet d’expliquer cette bizarrerie: réévauer la figure de Hind permet de dévaluer celle de son époux Abu Sufyan.

125 Corpus coranique 60/12.

126 Il refuse le contact direct avec les femmes mecquoises.

127 Remarque audacieuse.

128 Hind intègre déjà l’idée de réclusion pour les femmes, ou Tabari est influencé par son époque.

129 Façon de dénigrer encore Abu Sufyan, personnage ambigu, et peu aimé par Tabari.

130 Tabari aime relater ce type d’anecdotes ; faire passer Abu Sufyan pour un cocu magnifique n’est désagréable non plus pour un auteur de l'époque abbasside.

131 L’explication de Tabari est très superficielle ; cf. partie II sur le meurtre des filles.

132 La première bataille et première victoire musulmane, suive par un massacre de chefs des Quraysh ; cf. partie VI.

133 Il refuse de toucher les mains des femmes, d’où ce rituel original.

134 Incertain.

135 Histoire vaguement humoristique, qui a le mérite d’illustrer l’ambiance dans les harems.

136 Tabari lui-même.

137 Critique exprimée par Tabari par le biais de l’incrédulité, comme à son habitude. Mais il a tout de même raconté l’affaire...

138 Ed. Bewley.

139 MAWLA.

140 Récit de Sad.

141 Ce personnage, après avoir été épargné d'une façon aussi étrange, deviendra un des grands responsables de l'expansion arabe en Afrique du Nord; fort d'une réputation de sanguinaire, il remplace ensuite al As comme gouverneur de l'Egypte, pour le compte d'Othman.

142 Le port de la Mecque; J. Buchan, Jeddah Old and New, London, 1980.

143 C’est un mensonge en soi: la ruse est encouragée dans le cadre des guerres. Qu’on se souvienne du syllogisme: “Ulysse est crétois, ; tous les Crétois sont menteurs ; Ulysse dit qu’il est crétois, etc....

144 La formule est souvent utilisée pour demander une conversion. Abu Sufyan a du affronter le même dilemne.

145 Médine reste la capitale de son empire naissant.

146 Récit de Sayd ibn Yarbu al Makhzumi.

147 Il y a désaccord sur son sort ; Waqidi dit qu’elle a été exécutée.

148 Récit de Abdullah ibn Abbas.

149 Ed. Bewley.

150 Récit de Sad.

151 KISWA; cf. partie VI.

152 Récit d’Anas ibn Malik.

153 Récit d’Anas ibn Malik.

154 Ed. Bewley.

155 Les femmes s'expriment encore un peu, l'islam n'est pas une chose acceptée par tous et toutes.

156 Récit de Umm Hani bint Abu Talib.

157 C’était un pétrin.

158 IDJIRA.

159 Le port de la Mecque.

160 Le suicide est un acte pratiquement ignoré parmi les Arabes de cette époque.

161 Cf. partie IV.

162 Récit de Umm Hani ibn Abu Talib.

163 Récit d’Aïsha.

164 Récit d’Urwa ibn az Zubayr d’après Aïsha.

165 Sa main a été tranchée néanmoins.

166 Récit d’Abdur Rahman ibn Azhar.

167 Geste magique.

168 Récit de Jabir ibn Abdullah.

169 Récit de Jabir ibn Abdullah.

170 Les porcs sont quasi-absents d'Arabie ; souvent la mention de porcs est un allusion directe aux chrétiens.

171 On manque de résine en Arabie.

172 Souvent les Juifs avaient le contrôle des abattoirs, comme à Yathrib.

173 Muhammad maudit les juifs alors qu'il est maintenant à la Mecque, où ils sont totalement absents. Sa haîne contre eux ne faiblit pas: c'est ce que la Tradition Islamique cherche à montrer, mais tout cela est certainement une fabrication anachronique.

174 YAMURU.

175 SIQAYA: le privilège le plus important dans le sanctuaire. Il est tenu par al Abbas, oncle de Muhammad, qui manigance pour garder cette fonction après la prise de la ville.

176 IMARAT AL MASJIDI.

177 Le verset pourrait servir à diviser les familles, et rejetter leurs membres qui persistent à suivre les cultes traditionnels.

178 Cf.. M. Cook, “Magian Cheese: an archaic problem in islamic law”, Bulletin of the School of Oriental and African Studies 47, 1984.

179 ARD AL AJAM.

180 L’islam est une question de détails.

181 Récit d' ibn Abbas.

182 Récit d’ibn Abbas.