Chapitre 95

Extension du domaine de la lutte

La soumission des peuples arabes



La prise de la Mecque sonne le départ vers de nouveaux horizons: au sud, le Yémen, au nord, la Palestine, à l’est, le Golfe Persique. Muni de nouveaux moyens et débarassé de ses rivaux, Muhammad a les moyens d’une politique d’expansion à grand échelle306 . Les outils sont la guerre, ce qui n’étonne plus, l’intimidation -d’autres diraient le terrorisme- , et la diplomatie quand l’intimidation a porté ses fruits. Les proies sont plus grosses (Ta’if, Hawazin) et plus lointaines (Tabuk, Najran) et plus diverses sur le pan religieux (païens, juifs chrétiens, et mazdéens). La soumission est scellée par la perception de tribus, dont la mise en place sert de modèle aux futurs empires musulmans307.


§ 607. — La nouvelle ambition stratégique.

Muhammad ne se voit plus seulement “roi du Hedjaz”, comme avait pu dire un Juif de Khaybar308. Qu’il en ait été conscient ou non, il est prisonnier, lui et ses compères, de la logique impérialiste, qui condamne celui qui a entamé ce mouvement à le poursuivre sans cesse, sous peine d’effondrement intérieur. Il doit notamment surmonter l’antagonisme des cités rivales de Médine et de la Mecque, en trouvant des dérivatifs ailleurs en Arabie.


1. — Revue des objectifs.

Un extrait de la Sira reconstitue les étapes suivantes, en les faisant passer pour des objectifs: un exemple parmi d'autres du caractère artificiel de la biographie officielle de Muhammad.

Poème d’un conquérant de l’Arabie
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 866-7).

Ushayya al Sulami a écrit:
Nous avons amené nos chevaux, sans les surmener
Depuis Jurash jusqu’aux gens de Zayyan et al Fam,
Tuant les jeunes lions et nous occupant des temples construits avant nous et pas encore détruits.
Si vous vous vantez du meurtre d’ibn al Sharid,
J’ai laissé de nombreuses veuves à Wajj.
J’en ai tué deux, pour venger ibn al Sharid
Que votre promesse de protection a trompé, mais sans honte pour lui.
Nos lances ont massacré les gens de Thaqif
Et nos sabres ont infligé de terribles blessures.
Dites aux hommes qui ont des épouses:
Ne faites jamais confiance aux femmes
Après qu’une femme lui ait dit
“Si les gens de l’expédition ne rentrent pas, je serai dans ma maison
309.


2. — Reprise de l’offensive.

La prise de la Mecque est un autre tournant. Maintenant, l'objectif quasi-obsessionel durant 8 années est atteint et le système risque de tourner à vide, à cause de la victoire elle-même. Le' système impérialiste trouve alors d'autres proies plus lointaines, sous peine de disparaître.
Les moyens d'actions, eux, sont multipliés : les Mecquois grossissent maintenant les rangs des musulmans en quête de butin.

(Bukhari, Sahih 64/53, 8-9).310

D'après Mujahid ibn Jabr al Mekki311, Abdallah ibn Omar disait :
-Il n'y a plus d’ Emigration après la prise de La Mecque.
Ata ibn AbuRebah a dit :
-Accompagné de Obayd ibn Omayr, j'allai faire visite à Aïsha et la questionnai au sujet de, l'Emigration.
-Aujourd'hui, me répondit-elle, il n'y a plus d'émigration. Autrefois le croyant devait fuir pour sa religion vers Allah ou vers son envoyé, parce qu'il craignait d'être empêché, de la pratiquer ; mais aujourd'hui que Allah a mis au grand jour l'islam, que le croyant peut adorer le seigneur là où il le veut, il lui reste la guerre sainte et les intentions312.

(Dawud, Hadith 14/2477).
Nous finirons par envoyer des troupes armées, une en Syrie, une au Yémen, et une en Iraq. ibn Hawalah a dit:
-Choisis pour moi, envoyé d'Allah si tu atteins ce moment.
Il dit:
-Va en Syrie, parce que c’est la terre préférée d’Allah, et c’est là que ses meilleurs serviteurs se rassembleront, mais si tu ne veux pas, va au Yémen, et sors de l’eau de tes réservoirs, parce qu’Allah a un intérêt particulier pour la Syrie et sa population.


3. — La doctrine contre les bédouins.

Muhammad a toujours détesté les bédouins, lui qui est un Arabe des villes313 . Les bédouins se distinguent par leur liberté de pensée et d’action, et par leur humanisme pragmatique314 : ils ont donc tout pour déplaire. Le Coran leur assène en paroles les coups les plus durs.

(Corpus coranique d'Othman 9/98-107).
Les bédouins sont les plus marqués par l'impiété et l' hypocrisie et les plus à même de ne pas savoir les lois contenues dans ce qu'Allah a fait descendre sur son apôtre.
Allah est omniscient et sage.
Parmi les bédouins, il en est qui considèrent comme une charge ce dont ils font dépense en aumône ou à la guerre et qui attendent pour vous les revers.315
Sur eux le revers de l'infortune!
Allah est audient et omniscient.
Parmi les bédouins il en est toutefois qui croient en Allah et au dernier jour et qui considèrent ce dont ils font dépense en aumône ou à la guerre comme des oblations316 agréables aux yeux d'Allah et comme les prières de l'apôtre.
Oui! c'est là oblation pour eux. Allah les fera entrer en sa miséricorde.
Allah est absoluteur et miséricordieux.
Allah a été satisfait des précesseurs, des premiers parmi les muhajirun et des ansar317, ainsi que de ceux qui les suivirent en leur bienfaisance.
Ils ont, eux aussi, été satisfaits d'Allah et celui-ci a préparé pour eux des jardins sous lesquels couleront les ruisseaux, où, immortels, ils demeureront en éternité.
C'est là le succès immense.318
Parmi ceux des bédouins qui sont autour de vous et parmi les habitants de Médine, il est des hypocrites qui sont diaboliques en l' hypocrisie319 .
Vous ne les connaissez point mais nous, nous les connaissons.
Nous les tourmenterons deux fois, puis ils seront livrés à un tourment immense320 .
D'autres, au contraire, ont reconnu leurs péchés et ont mêlé aux œuvres pies d'autres œuvres qui sont mauvaises.
Peut-être Allah reviendra-t-il de sa rigueur contre eux.
Allah est absoluteur et miséricordieux.
Prophète!, prélève sur leurs biens une aumône par laquelle tu les purifieras et tu les repurifieras!321
Prie sur eux! Ta prière est pour eux apaisement.
Allah est audient et omniscient.
Ne savent-ils point qu'Allah, lui seul, peut recevoir le retour de ses serviteurs, sur leurs fautes, qu'il prélève les aumônes et qu'il est le révocateur, le miséricordieux ?
Dis à ces bédouins:
-Agissez!322
Allah verra vos actions, ainsi que l'apôtre et les croyants, et vous serez ramenés à celui qui sait l'inconnaissable et le témoignage.
Alors il vous avisera de ce que vous vous serez trouvé avoir fait.
D'autres sont dans l'incertitude à l'égard de l'ordre d'Allah ou bien il les tourmentera, ou bien il reviendra de sa rigueur contre eux.
Allah est omniscient et sage.

(Bukhari, Sahih 59/15,1-2).
L’envoyé d'Allah a dit:
-Il est proche le temps où la meilleure fortune pour l’homme sera la possession d’un troupeau de moutons, qu’il mène paître sur les cîmes des montagnes, dans les lieux arrosés par la pluie ; il fuira ainsi avec sa religion loin des troubles.

L’envoyé d'Allah a dit:
-La tête de l’infidélité se trouve en Orient ; l’orgueil, la présomption se recontrent chez les possesseurs de chevaux et de chameaux, à la voix rude, qui habitent les tentes de poils ; la paix existe chez les possesseurs de moutons.


4. — La soumission en masse.

En masse, par flots323 , ou en troupeaux, le succès appelant le succès, pour des populations qui croient encore que la puissance mohammédienne est une domination politique classique. On découvre alors une phase d'adaptation surprenante: Muhammad conseille de ne pas être trop exigeant avec les nombreux convertis : encore la politique et ses habilités.
Une fois de plus, le mot "islam" cumule les sens de conversion personnelle à une religion et soumission collective à une puissance politique.


Les conséquences de la prise de la Mecque.
(ibn Sad, Tabaqat § 120).324

Les Arabes attendaient le résultat de l’expédition contre la Mecque, pour se décider à propos de la soumission à l’islam. Ils disaient:
-Faites attention: s’il est vainqueur, c’est qu’il a raison, il est bien le prophète.
Quand nous avons appris le résultat, nous nous sommes précipités pour nous convertir.
Mon père s’est mis en route pour confirmer la soumission de tout le village.


(Muslim, Sahih 3262).325
D’après 'Abû Mûsa ,
le prophète disait à ceux parmi ses compagnons qu'il envoyait en mission: "Promettez aux gens (la bonne récompense) et ne les dégoûtez pas (de la religion), facilitez-leur et ne leur créez pas de difficultés".

(Muslim, Sahih 32-3264).

D'après Anas, le prophète a dit :
-"Facilitez aux gens et ne leur créez pas de difficultés; attachez-les (à l'islam) et ne les en dégoûtez pas".

(Corpus coranique d'Othman 110/1-3).
Quand le secours d’Allah viendra à toi, ainsi que le succès, quand tu verras les hommes entrer dans la religion d’Allah, par flots, glorifie la louange de ton seigneur et demande-lui pardon!
En vérité, il est le révocateur.

§ 608. — La soumission des Banu Jadhima.

La soumission de cette tribu a suscité de nombreux récits: il y eut en effet un incident fâcheux: Khalid a fait preuve d’un zèle excessif en la massacrant en dépit des ordres de son chef, la tribu étant en bonne voie vers la conversion. Muhammad rejette toute responsabilité326, et finit par absoudre sans difficulté son adjoint sanguinaire.

(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 228)
Ensuite le prophète fit partir de la Mecque des détachements de muhajirun et d'ansar, qu'il envoya vers les différentes tribus arabes, pour les appeler à l'islam. Il leur défendit de faire usage de leurs armes et de tuer personne. Khalid fut chargé de se rendre, avec trois cent cinquante hommes, auprès des Banu Jadhima ibn Amir, qui demeuraient dans le désert, en dehors du territoire de la Mecque.
Arrivé sur leur territoire, Khalid fit halte près d'un puits nommé Ghumaysa, où, avant l'époque de l'islam, Fakih ibn Mughira, son oncle, et Awf ibn Abd Awf, en revenant d'un voyage commercial en Syrie, avaient été dévalisés et tués par les Banu Jadhima. Ceux-ci, à l'arrivée de Khalid, prirent les armes. Khalid les appela à l'islam, et ils acceptèrent ; puis il leur dit:
-Pourquoi gardez-vous vos armes, puisque vous êtes musulmans?
Se croyant en sureté, les Banu Jadhima déposèrent les armes. Alors Khalid les fit lier et les fit mettre à mort l'un après l'autre. Le prophète, informé de l'action de Khalid, fut très affligé ; il se tourna vers la Ka'ba327 et s'écria :
- Ô Allah, je suis innocent de ce qu'a fait Khalid !
Il appela Ali, prit du trésor une somme d'argent et le chargea d'aller payer aux survivants le prix du sang versé et de leur restituer le butin enlevé par Khalid. Ali exécuta les ordres du prophète, et, après avoir payé le prix du sang, il distribua aux Banu Jadhima l'argent qui restait.
Lorsque Khalid revint, le prophète lui dit:
-Je t'avais défendu de faire usage des armes!
Il fut vivement blamé. Abd ar Rahman lui dit :
-Tu as commis l'action d'un infidèle !
- Tu mens, répliqua Khalid, j'ai agi conformément au verset du Coran :
Combattez-les, Allah les punira par vos mains, etc. 328 Je les ai fait tuer pour venger ton père.
-Tu mens, répondit Abder Rahman, j'ai tué moi-même le meurtrier de mon père, encore du temps du paganisme ; tu as voulu venger ton oncle Fakih ibn Mughira.
Ils allaient en venir aux mains, lorsque le prophète fit appeler Khalid et lui dit:
-Ne t'attaque pas à mes compagnons ; quand la montagne d'Ohod se changerait en or et que tu la posséderais et la prodiguerais à mes compagnons, tu ne saurais obtenir le mérite que chacun d'eux obtient en un jour329 .

(Waqidi, Livre des expéditions 64a).

...Après la destruction d’Uzza, Khalid fut envoyé contre les Banu Ghadima au sud de la Mecque, pour leur demander d’accepter l’islam, et non pour les combattre. Ils avait avec lui 350 émigrés, Médinois et Banu Sulaym. Les Banu Ghadima ne le soupçonnaient de rien parce qu’ils avaient déjà acceptés l’islam, construit des mosqués et introduit l’appel à la prière.
Mais ils prirent quand même les armes parce qu’ils n’étaient pas sûrs que le groupe armé qui s’approchait n’était un groupe d’Arabes hostiles. Quand Khalid leur demanda de déposer les armes, ils le firent, sauf un, Ghahdam qui ne lui faisait pas confiance et qui craignait que Khalid ne les désarme, ne les ligote ne finisse par les exécuter, pour satisfaire une ancienne vengeance de sang330 . Il devait pourtant céder à la majorité.
Mais le fait qu’il avait raison se manifesta rapidement.
En effet, quand ils déposèrent les armes, Khalid leur ordonna de se ligoter entre eux, et donna ensuite à chacun de ses guerriers un ou deux prisonniers.
Ligotés, ils passèrent la nuit, et seulement déliés pour la prière.
Le matin suivant, les musulmans s’interrogèrent sur le but de ce traitement, soudain, le héraut de Khalid cria que chacun devait tuer son prisonnier. Les Banu Sulaym les tuèrent, alors que les muhajirun et les Médinois protestèrent contre cet ordre et les libérèrent331.
(...)
Pour compenser le sang versé par Khalid, Muhammad envoya Ali vers les Banu Ghadima avec une partie de l’argent qu’il avait emprunté à la Mecque (...) L’apôtre d'Allah assura de nouveau qu’il n’était pas responsable du sang des Banu Ghadima. Plus tard, il redevint agréable envers Khalid duquel il s’était détourné et le tenait en honneur.
Muhammad interdit de parler mal de Khalid parce qu’il était un sabre d’Allah contre les infidèles.

(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 837).
ibn Abu Hadrad al Aslami m’a raconté:
-J’étais dans la cavalerie de Khalid le jour où un jeune homme des Banu Jadhima, qui était à peu près de mon âge est arrivé. Ses mains étaient attachées à son cou par une vieille corde et les femmes étaient regroupées un peu à côté. Il m’a demandé de prendre cette corde pour l’emmener auprès des femmes pour qu’il puisse leur dire ce qu’il avait à dire, et ensuite d ele ramener, et de faire tout ce qu’on voulait de lui. J’ai dit que c’était la moindre des choses, et je l’ai fait pour lui.
Il était parmi elles quand il dit:
-Adieu, Hubaysha, puisque la vie est à son terme.
(...)
Je l’ai ensuite repris ; et il a été décapité.
(...)
Elle est venue vers lui après sa décapitation, et l’a embrassé et elle est ensuite morte à ses côtés.

La responsabilité de Muhammad.
(Bukhari, Sahih 64/58).

Abdallah ibn Omar a dit:
-Le prophète envoya Khalid ibn al Walid chez les Banu Jadhima. Invités par Khalid à embrasser l'islam, les Banu Jadhima, au lieu d'employer la bonne formule332 dirent :
-Seba'na, seba'na!333
Khalid se mit alors à tuer et à faire des prisonniers dans la tribu, et il remettait à l'un de nous chaque prisonnier qu'il avait fait ; puis un jour il ordonna que chacun de nous tuât son prisonnier.
-Je ne tuerai pas mon prisonnier, dis-je alors, et aucun de mes compagnons ne tuera le sien.
-Quand nous revînmes auprès du prophète, nous lui racontâmes la chose. Il leva aussitôt la main et s'écria :
-Ô Allah, je suis innocent devant toi de l'acte commis par Khalid.

Le cas Khalid.334
(ibn Taimiya, Traité de droit 7-8).

Ainsi le prophète utilisa toujours Khalid ibn al-Walid, comme chef de guerre, une fois qu'il se fut converti à l'islam.
Khalid, dit-il, est un sabre qu’Allah a dégaîné contre les infidèles.
Et Khalid, cependant, se conduisait parfois d'une façon que le prophète n'approuvait point.
-Allah, s'écria un jour le prophète en levant les bras au ciel, je suis innoncent, devant toi, de ce que Khalid a commis.
Le prophète avait en effet envoyé Khalid contre les Bana Ghadima. Khalid en avait massacré un grand nombre et s'était emparé de leurs biens, en invoquant des raisons douteuses, alors qu'il n'en avait pas le droit. Quelques-uns des Compagnons du Prophète qui avaient accompagné Khalid ne cachèrent pas leur désapprobation. Le prophète dut payer le prix du sang des Banu Ghadima et leur verser une indemnité pour les dommages causés à leurs biens. Le prophète cependant continua à faire de Khalid son général préféré ; il le considérait en effet comme le plus habile et estimait qu'il avait agi de la sorte avec les Banu Ghadima par une manière d'interprétation personnelle.


§ 609. — La soumission des Banu Juhayna.

Plusieurs informations éparses concernent cette tribu. L'essentiel tourne autour de la concept de la conversion et de ses problèmes techniques: peut-on tuer un tout juste converti, etc... On a déjà vu que ces affaires de conversion sont anachroniques, elles correspondent à une autre phase de l'islam impérial.

(Dawud, Hadith 14/2533).335

Il dit: nous avons attaqué la tribu des Banu Juhayna. Un musulman poursuit un de leurs hommes, le frappa et le rata. Il se blessa lui-même... Les gens se hâtèrent mais le trouvèrent mort... Ils ont demandé:
-Apôtre de Allah, est-il un martyr?
Il dit:
-Oui, et j’en témoigne pour lui.

(Dawud, Hadith 38/4426).336
Une femme appartenant à la tribu des Banu Juhayna vint voir le prophète et dit qu’elle avoir forniqué et qu’elle était enceinte... Quand elle accoucha, (son tuteur) l’amena auprès du prophète... Il ordonna qu’elle soit lapidée à mort

(Bukhari, Sahih 83/11).337
L’apôtre d’Allah nous a envoyé combattre contre les al Huraqa de Juhayna. Nous les avons attaqué le matin et nous les avons battu...

(Muslim, Sahih 1/ 176).338
Nous pillions Huraqat de Juhayna le matin339 . J’ai capturé un homme et il a dit:
-Il n’y a pas de dieu sinon Allah.
Je l’ai attaqué avec une lance... Le messager d’Allah a dit:
-Il a affirmé “Il n’y a pas de dieu sinon Allah” et tu l’as pourtant tué? ...
Là-dessus quelqu’un a dit:
-Allah n’a t-il pas dit: et combats-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’incroyance et que la religion soit entièrement pour Allah?

L’envoyé d'Allah nous avait envoyé contre les gens d’al Huraqat. Nous surprimes la tribu au matin et la mîmes en déroute. Un homme des ansar et moi avions atteint un des ennemis qui, lorsqu’il eut été renversé par nous, s’écria:
-Il n’y a d’autre divinité qu’Allah!
L’ansar s’abstint de le frapper, mais moi je le transperçai de ma lance et le tuait.
A notre retour, à Médine, le prophète qui avait appris la chose, dit:
-Ô Usama, comment l’as tu tué après qu’il avait prononcé ces mots: “Il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah”.
-C’est, répondis-je parce qu’il cherchait seulement ainsi à éviter la mort.
Le prophète m’ayant répété cette observation, j’en arrivai au point de regretter presque d’avoir embrassé l’islam avant ce jour-là.

(ibn Hanbal, Musnad340 IV 89).341
L’envoyé d’Allah nous envoya en expédition à al Hurqa, contre les Juhayna. Nous les poursuivimes et les combattîmes. L’un de leurs hommes, lorsqu’on l’ attaquait, était des plus acharnés contre nous, et lorsqu’ils battaient en retraite, il était de ceux qui protégeait leur retraite. Nous fonçâmes sur lui, moi et un homme des ansar. Lorsque nous l’atteignîmes, il dit: “Pas de dieu sinon Allah!”
L’homme des ansar ne le toucha plus, mais moi je le tuai.
L’envoyé d’Allah l’apprit et dit:
-Usama, tu l’as donc tué après qu’il eut dit: “Pas de dieu sinon Allah”?
Je répondis:
-envoyé d’Allah, il ne disait cela que pour se préserver de la mort!
Mais l’envoyé d’Allah me répéta sa phrase plusieurs fois au point que j’eusse souhaité n’avoir adhéré à l’islam que ce jour-là.342

(Bukhari, Sahih 59/628).343
Le prophète envoya Khalid ibn al Walid à la tribu de Jadhima et Khalid leur ordonna d’embrasser l’islam... mais ils commencèrent à dire Saba’na saba’na.344
Khalid ne cessa pas de les tuer et pris les survivants comme captifs.345


§ 610. — La soumission des Banu Asad.

L’exégèse lit ces versets à la conversion difficile des bédouins des Banu Assad, les “Fils de Lions”.

(Corpus coranique d'Othman, 49/14-18).
Les bédouins ont dit: Nous croyons 346 .
Dis-leur: Vous ne croyez pas!, mais dites: Nous nous sommes convertis à l'islam 347.
La foi 348 n'est pas encore entrée en vos cœurs.
Si vous obéissez à Allah et à son apôtre, Allah ne vous rognera rien de vos bonnes actions. Allah est absoluteur et miséricordieux.
Les croyants sont seulement ceux qui ont reçu la foi en Allah et en son apôtre, qui ensuite n'ont point été pris de doute et qui ont mené combat de leurs biens et de leurs personnes, dans le chemin d'Allah.
Ceux-là sont les véridiques.
Dis encore:
-Apprendrez-vous à Allah ce qu'est vraiment votre religion, alors qu'Allah sait ce qui est dans les cieux et sur la terre ?
Allah, de toute chose, est omniscient.
Les bédouins, ô prophète !, te rappellent comme un bienfait de s'être convertis à l'islam 349 .
Dis-leur: Ne rappelez point comme un bienfait votre conversion à l'islam!
C'est tout au contraire Allah qui vous a accordé un bienfait en vous dirigeant vers la foi, si vous êtes véridiques.
Allah sait l'inconnaissable des cieux et de la terre.
Allah est clairvoyant sur ce que vous faites.

(Tafsir al Jalalayn 49).
Abdullah ibn Abu Awfa rapporte que des Arabes vinrent dire au messager d'Allah :
-"Nous avons embrassé l'islam sans lutter contre toi, mais les Banu Untel t'ont combattu". Allah fit descendre: "Ils se prévalent auprès de toi de leur conversion". (Tabarani) Muhammed ibn Qa'b Al-Qouradhi rapporte: L'an 9 de Hégire, dix individus de Banu Asad, y compris Tulayha ibn Khuwaylid, vinrent chez le messager d'Allah alors qu'il était à la mosquée avec ses Compagnons. Après avoir salué, leur porte-parole lui dit:
-"O messager d'Allah, nous avons attesté qu'il n'y a d'autres divinités qu'Allah l'Unique et que tu et son serviteur et son messager. Nous sommes venus chez toi sans être convoqués. Nous et ceux que nous avons laissés derrière nous, sommes de gens pacifiques".


§ 611. — La bataille d' Hunayn: la soumission des Hawazin.

C’est un épisode important: le dernier danger mençant l’islam disparaît, au cours de la plus grande bataille que l’Arabie avait jamais connue350 jusqu’alors. C’est elle qui décide du contrôle irréversible de la péninsule.
Après la prise de la Mecque, la confédération tribale des Hawazin peuvent être inquiets: le rapport de force a changé en leur défaveur. Leurs ennemis mecquois sont renforcés par les Médinois, appauvris par la rupture du commerce et surtout mus par une nouvelle idéologie dont l’agressivité a fait ses preuves. La vieille opposition entre nomades et sédentaires prend donc un tour nouveau avec la prise du pouvoir par Muhammad. Celui-ci peut compter sur des forces redoublés, dont il doit tester l’efficacité.
L’effort de guerre est sans précédent mais il montre de graves faiblesses, dont le Coran se fait l’écho: le camp musulman n’est pas aussi uni qu’il parait et beaucoup n’ont pas encore compris l’avantage que l’on peut tirer de la guerre la soumission des ennemis. La masse des combattants a encore enflée, et l’arithmétique inquiète les combattants, qui savent que les parts du butin iront toujours en s’amenuisant. Les Médinois commencent à gronder face aux nouveaux convertis et l’opposition va croissante.
Dans ce contexte sombre, la bataille est longue, pénible et acharnée et les troupes musulmanes sont loin d’être exemplaires, notamment parce qu'elles manquent de cohérence, après les agrandissements de l'empire.
La victoire est pourtant au bout de l’épreuve. Les Hawazin sont défaits , seul compte alors le partage de leur immense butin, et de nombreuses captives qui réconfortent un moment les vainqueurs de leurs charmes contraints. Là encore, c’est l’affaire de quelques révélations judicieusement placées, pour assouvir ces impérieuses pulsions viriles. Ces questions de butins paraissent de scabreux affaires de comptabilité: il n’en est rien. C’est le moteur de l’expansion, de tous les impérialismes. Ceux qui ont été pillés et qui se sont convertis sont à leur tour enclins à admettre une idéologie qui encourage le pillage des ennemis. Dans la société musulmane qui se construit, le montant des parts classe les individus et les clans dans la hiérarchie des honneurs et de la puissance. Ici, les convertis récents et fragiles de la Mecque sont favorisés au détriment des vieux combattants de la cause, d’où des grognements inusités et cocasses. Cet acte d’autorité, strictement arbitraire, et habile au niveau politique est resté dans la tradition comme l’épisode du “Ralliement des coeurs”351.

(ibn Sad, Tabaqat II 191).

L’apôtre d'Allah partit à la tête de 12 000 hommes contre les Hawazin, et il en a tué autant que ce qu’il avait fait contre les Quraysh à Badr352 . L’apôtre d'Allah a pris de la poussière d’al Batha et l’a jeté contre leurs visages, et ils ont fui.


1. — Difficultés de mobilisation.


L’exégèse voit en ces bédouins des alliés attentistes, nouveaux convertis sans entrain, et parmi eux, surtout les Banu Juhayna. 353

(Corpus coranique d'Othman 48/11-16).
Ceux des bédouins laissés en arrière te diront:
-Nos biens et nos familles nous ont préoccupés et nous ont empêchés de te suivre.
Pardonne-nous !
Ils diront de leurs bouches ce qui n'est point en leurs cœurs.
Demande-leur :
-Qui donc possédera quelque chose pour vous, à l'encontre d'Allah, s'il désire vous faire tort ou s'il désire vous donner profit ?
Non!
Allah est bien informé de ce que vous f aites.
Non ! vous avez conjecturé que l'apôtre et les croyants ne retourneraient jamais parmi les leurs !
Cela, dans vos cœurs, a été paré de fausses apparences.
Vous avez conjecturé la conjecture mauvaise.
Vous êtes un peuple de sans-loi.
Celui qui n'aura pas cru en Allah et en son apôtre sera châtié, car nous avons préparé un brasier pour les infidèles.
A Allah la royauté des cieux et de la terre.
Il pardonne à qui il veut et il tourmente qui il veut.
Allah est absoluteur et miséricordieux.
Voulant changer l'arrêt d'Allah, ceux laissés en arrière diront, quand vous vous mettrez en marche pour des masses de butin, afin de les prendre354:
-Laissez-nous vous suivre!
Réponds-leur :
-Vous ne nous suivrez point!
Ainsi a parlé Allah, auparavant!
Ils diront :
-Non ! vous nous portez envie!
Non point! ils ne se trouvent que peu comprendre.
Dis à ceux des bédouins laissés en arrière :
-Vous êtes appelés contre un peuple plein d'une redoutable vaillance355.
Ou bien vous les combattrez ou bien ils se convertiront à l’islam356 .
Si vous obéissez, Allah vous donnera une belle rétribution, alors que si vous leur tournez le dos, comme vous avez tourné le dos antérieurement, il vous infligera un tourment cruel357.

Problèmes de fournitures.
(Tabari, Livre des prophètes et des rois IX 1659).358
L’apôtre d'Allah décida d’aller contre les Hawazin et on lui dit que Safwan ibn Umayyah avait des armures et des armes. Il lui fit envoyer ceci:
-Loue les nous, pour que nous puissions combattre l’ennemi demain.
Safwan dit:
-Tu l’exiges par la force, Muhammad?
l’apôtre d'Allah dit:
-Non, juste comme une location, juste le temps de te les rendre.
Safwan dit que dans ce cas, il n’avait acune objection et il lui fournit 100 cottes de mailles avec une bonne quantité d’armes.


2. — Les adversaires.

Les Hawazin sont présentés comme des bédouins prestigieux, de grand style, courageux, héritiers de la tradition glorieuse des Arabes et ils suscitent l'admiration : c'est la dernière opposition en Arabie. Aussitôt après débutent les agressions hors d'Arabie, contre les Arabes chrétiens de l'empire byzantin.
Ils seront donc difficilement battus.

La confédération des Hawazin.
(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 286-94).

Le prophète avait fait son entrée à la Mecque le vingtième jour du mois de ramadan. Il y était resté onze jours, d'autres disent quinze. Au mois de shawwal, il partit pour l'expédition de Hunayn, pour attaquer les Hawazin et les Thaqif359 .
Il s'était formé à Hunayn un rassemblement d'Arabes de différentes tribus répandues dans le désert et dans le Ta’if. Lorsque le prophète partit pour s'emparer de la Mecque, ils se réunirent sur le territoire de Ta’if, et résolurent d'aller au secours des Quraysh, si ceux-ci le leur demandaient. Après la prise de la Mecque par les musulmans, tous ces Arabes, composés de Banu Hawazin, de Thaqif, de Banu Hilal, de Banu Jusham, se disposèrent à marcher contre le prophète. Ils donnèrent le commandement à Malik ibn Awf, des Banu Nasr. Les Thaqif étaient les principaux habitants de Ta’if360 . Malik parcourut tout le désert et amena des troupes de toutes les tribus qui ne s'étaient pas encore jointes à l'armée. Il y avait parmi les Banu Jusham un vieillard, âgé de cent vingt ans, nommé Durayd ibn Simma. Il était aveugle et débile361, mais distingué par la force de son intelligence et de son jugement. Il avait, dans sa jeunesse, livré beaucoup de combats, et avait une grande expérience de la guerre. Malik le fit venir et lui demanda conseil. La tribu de Malik avait des liens de parenté avec celle des Hawazin, notamment avec les Banu Sad ibn Bakr, parmi lesquels le prophète avait été élevé. Malik leur fit demander leur concours ; ils répondirent :
-Muhammad est notre nourrisson362 ; il a grandi parmi nous, nous ne pouvons pas faire la guerre contre lui.
Cependant Malik fit tant de démarches qu'il obtint d'eux aussi une troupe de guerriers. Il fit tant qu'il réunit sous ses ordres, de gré ou de force, une armée de trente mille soldats de toutes les tribus arabes.
A deux journées de marche de la Mecque, il y a, du côté de Ta’if, un endroit nommé Dhul Nahal, où les Arabes tenaient une foire annuelle. Près de ce marché, il y avait un vaste champ, appelé Wadi363 Hunayn. Malik conduisit son armée à Hunayn. Il avait ordonné que chaque homme amenat avec lui sa femme, ses enfants et ses troupeaux, espérant que, à cause d'eux, les soldats combattraient jusqu'à la mort. Ils vinrent donc à Hunayn, et réunirent leurs familles, leurs troupeaux et leurs biens dans la vallée d'Awtas. Durayd ibn Simma, entendant les cris des enfants et des troupeaux, demanda ce que c'était que ce bruit. On lui répondit que Malik avait ordonné aux soldats d'amener leurs familles et leurs biens, afin qu'ils luttassent avec plus d'ardeur364 .
Durayd fit appeler Malik et lui dit, en présence de tous les chefs de l'armée:
-Que signifie ce cortège de femmes, d'enfants et de troupeaux?
Malik répliqua:
-J'ai pris la disposition de placer derrière les guerriers leurs femmes et leurs enfants, afin qu’il ils combattent mieux.
Durayd dit:
-Les femmes n'ont rien à faire avec le combat. Il faut désespérer des Arabes qui t'ont obéi en cela. Ce n'est pas là une bonne mesure de guerre, c'est une faute. Il ne faut pas que, dans le combat, le guerrier soit préoccupé de sa famille et de ses biens ; rien ne brise plus vite le courage des troupes que le souci du sort de leurs familles. Maintenant suis mon conseil: envoie ces femmes et ces enfants à Ta’if, pour y rester renfermés. Les hommes auront ainsi l'esprit libre ; car, étant préoccupés, ils ne pourraient pas combattre365 .
Malik ne suivit pas le conseil de Durayd, et continua sa marche vers Hunayn. Lorsqu'on fit halte, il dit à Durayd :
-Le jour du combat, j'engagerai tous les soldats à m'apporter les fourreaux de leurs sabres, que je ferai briser, afin qu'ils sachent qu'ils doivent combattre.
Durayd se mit à rire et dit à Malik, dont la fortune consistait surtout en un nombre considérable de brebis:
-Tu devrais, ô Malik, faire paître les brebis ; tu n'es pas propre à faire la guerre366 . Un homme qui ne veut pas combattre et qui veut s'enfuir n'a pas besoin du fourreau ; ne peut-il pas fuir avec le sabre nu? Cherche plutôt à enflammer le courage des soldats pour le combat.

(Waqidi, Livre des expéditions 64b).
ibn Abu Khadrad s’introduit dans l’assemblée des Hawazin et entendit dire:
-Jusqu’à maintenant, Muhammad n’avait pas eu affaire avec des hommes qui savaient se battre. Demain matin, mettez-vous devant votre bétail et vos gens et brisez les fourreaux des sabres et attaquez avec 20 000 sabres comme un seul homme, parce que la victoire est à celui qui attaque.

(Muslim, Sahih 5/2309).
Nous avons conquis la Mecque, puis nous avons lancé une attaque contre Hunayn. Les polythéistes sont venus, formant les plus beaux rangs que j’ai jamais vus. Ils avaient formé d’abord des rangs de cavaliers, puis de fantassins et de femmes derrière eux. Ensuite, des rangs de moutons, de chèvres et autre bétail. Ils étaient un grand peuple par le nombre et leur nombre atteignait 6000.

(Waqidi, Livre des expéditions 64b).

Un cavalier qui avait regardé depuis une colline annonça que les Hawazin étaient tous venus avec leur bétail et leurs familles et leurs chameaux. Muhammad dit alors avec un sourire:
-Ceci sera demain, si Allah le veut, le butin des musulmans.


3. — L’engagement.

Les opération sont décrites avec un grand sens du détail: on peut déplorer cependant que l'accent soit mis, comme toujours, sur le héros central autour duquel les troupes, l'Arabie, le monde tournent encore.

La réaction de Muhammad.
(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 291).

Le prophète, informé du rassemblement des bédouins à Hunayn, réunit une armée de douze mille hommes, composée des dix mille qu'il avait conduits à la Mecque et de deux mille Mecquois qui venaient d'embrasser l'islam. Ces derniers, commandés par Abu Sufyan ibn Harb, n'étaient pas encore sincèrement attachés à l'islam, et le prophète, pour gagner leurs coeurs à la foi, leur fit des dons, et, plus tard, lors de la répartition du butin de Hunayn, il les favorisa également (...). On rapporta au prophète que Safwan ibn Omayya, avait chez lui un grand nombre de cuirasses, que les Quraysh lui avaient confiées. Il fit appeler Safwan, qui n'était pas encore musulman, et le pria de lui prêter ces cuirasses. Safwan dit :
-Ô Muhammad, tu veux t'en emparer par la force.
-Non, répliqua le prophète, je veux les emprunter ; quand je reviendrai de l'expédition, je te les rendrai.
Safwan alla chercher les cuirasses et les remit au prophète. Puis, ayant été instruit que l'armée ennemie était forte de trente mille hommes, il craignit que les troupes du prophète ne fussent vaincues, et ses cuirasses perdues. Il demanda qui était le chef de l'armée des bédouins ; apprenant que c'était Malik ibn Awf, qui était un homme de condition moyenne, il sollicita du prophète la permission de prendre part à l'expédition, et le prophète la lui accorda. Safwan dit à Abu Sufyan :
-Je me joins à l'armée à cause de ces cuirasses ; si Muhammad remporte la victoire, je rentrerai naturellement en possession de ce que je lui ai prêté ; si la victoire reste aux bédouins, Malik n'est pas assez terrible pour m'enlever mon bien.
Abu Sufyan l'approuva.
Le prophète quitta la Mecque avec ses douze mille hommes, le septième jour du mois de shawwal, après avoir nommé gouverneur de la ville Attab ibn Asayd, de la famille d’Abd a Schams. Lorsque ces troupes, complètement armées, arrivèrent en vue d'une hauteur qu'il fallait franchir, Abbas ibn Abdul Muttalib, monta au sommet, et, voyant le nombre considérable des musulmans, il dit :
-Aujourd'hui, ce n'est pas le nombre des soldats qui nous fait défaut, et ce n'est pas par le nombre qu'on pourra nous vaincre.
Le prophète lui dit :
-Ne parle pas ainsi, mon oncle ; dis plutôt :
La victoire ne vient que d'Allah, le puissant et le sage.367
En effet, lorsque les deux armées furent en présence, le jour de la bataille, les musulmans furent d'abord mis en fuite, à cause de cette parole d’Abbas368, jusqu'à ce qu'Allah envoyat à leur secours les anges, qui combattirent, et qu'il mit la confusion dans les rangs des ennemis, qui furent saisis de terreur et s'enfuirent, comme il est dit dans le Coran :
Allah vous a secourus dans plusieurs rencontres, par exemple à la journée de'Hunayn, lorsque vous vous enorgueillissiez de votre grand nombre, qui ne vous servit de rien ; la terre devint trop étroite pour vous, quelque vaste qu'elle fut, et alors vous avez tourné le dos ; ensuite Allah fit descendre sur le prophète et sur les croyants son raffermissement, et ils revinrent ; et il envoya des troupes d'anges que vous ne vites pas. 369

Les effectifs des troupes musulmans.
(Waqidi, Livre des expéditions 64b).

Muhammad entra à la Mecque le mois de ramadan et resta 15 jours, et le samedi du 6 de shawwal, il se mit en guerre contre les Hawazin (...) Son armée comportait 12 000 hommes parmi lesquels 2 000 Mecquois.
-Si nous rencontrons les Banu Shayban, cela ne nous ferait rien, étant donné notre supériorité. Aujourdhui, personne ne peut nous vaincre, dit un des compagnons de Muhammad.
(...)
Les muhajirun avaient 700 hommes et 300 chevaux370 , les Médinois, 4000 hommes et 500 chevaux.
Les Aslam, 4000 hommes et 30 chevaux, et ils avaient deux bannières. (...) Les Ghifar, 300 hommes avaient une bannière.
Les clans des Kinana (...) 200 hommes avaient une bannière. (...) Les Layth avaient à eux seuls 250 hommes. Les Kab ibn Amir 500 hommes, avaient deux ou trois bannières. Les Muzayna, mille hommes et 100 chevaux, avaient trois bannières. (...) Les Guhayna, 8000 hommes et 50 chevaux, avaient quatre bannières. (...) Les Ashga, 3000 hommes avaient deux bannières (...). Les Sulaym, 1000 avaient trois bannières. (...)

Le souvenir de la défaite d’Ohod.
(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 293).

Le lendemain de l'arrivée de l'armée musulmane dans la vallée de Hunayn, la bataille s'engagea. Malik disposa ses soldats en ordre de bataille, et plaça derrière eux leurs femmes, leurs enfants et tous leurs biens. Le prophète, en formunt ses rangs, posta les deux mille Mecquois au loin, et il les observa, en disant en lui-même:
-Ils pourraient aussi bien être contre nous qu'avec nous.
Il fit rester Abu Sufyan et Safwan ibn Omayya, avec les Mecquois, et lui-même avec ses compagnons se disposa à combattre. Il parcourut les rangs, monté sur sa mule blanch371 e, dont Abbas tenait la bride et Abu Sufyan ibn Harith ibn Abdul Muttalib, la queue372 ; Ali, le sabre à la main, était devant lui, et les muhajir et les ansar l'entouraient. Malik ibn Awf, commanda une charge générale ; ses trente mille hommes373 se jetèrent en même temps sur les musulmans, qui, au premier choc, furent mis en déroute ; pas un seul ne tint pied. De ces dix mille hommes, muhajir et ansar, neuf seulement restaient auprès du prophète, à savoir: Abu Bakr, Omar, Ali, Abbas et son fils Fadhl, Abu Sufyan374 , ibn Harith, et son frère Rabia, Usama ibn Zayd. Les ennemis triomphaient.
Un des guerriers ennemis, monté sur un chameau et ayant à la main une lance, jetait par terre tous ceux qu'il frappait. Voyant le prophète au milieu d'un petit nombre de personnes, il le reconnut et voulut s'attaquer à lui. Un des ansar et Ali ibn Abu Talib, se glissèrent derrière le chameau, coupèrent les jarrets de l'animal et firent tomber le guerrier à la renverse ; l'ansar se précipita sur lui et le tua. Ali s'avança, le sabre à la main, et lutta contre les ennemis pour les éloigner de la personne du prophète ; ensuite il revint et se plaça devant lui pour le protéger contre toute autre attaque.
Les ennemis poursuivaient leur succès ; ils massacraient les musulmans et faisaient des prisonniers. Les deux mille Mecquois les regardaient de loin, et comme l'islam n'avait pas encore pris racine dans leurs cœurs, ils manifestèrent leur infidélité en se réjouissant de la défaite des musulmans. Ils dirent :
-Muhammad a cru que ceux-ci étaient semblables aux Mecquois, qu'il a subjugués comme des femmes ; mais voilà de nobles Arabes ; qu'il montre sa valeur contre eux!
Il y avait parmi les Mecquois un homme nommé Shayba ibn Othman, qui était devenu musulman. En voyant les musulmans en déroute, il fut entrainé à l'infidélité et il se dit en lui-même:
-Muhammad va maintenant trouver la mort ; il vaut mieux qu'il meure de ma main, afin que la mort de mon père soit vengée par moi.
Il tira son sabre et se dirigea du côté où se trouvait le prophète. Lorsqu'il arriva près de cet endroit, ses yeux s'obscurcirent, il ne vit rien et il ne put avancer, se tournant vers les Mecquois, il recouvra la vue. Alors il reconnut qu'il ne pourrait pas exécuter son dessein ; il retourna vers l'armée mecquoise et demeura à sa place.
Un autre Mecquois, nommé Kalada ibn Jabal, frère utérin de Safwan, se tenant près de ce dernier, lui dit:
-La magie de Muhammad375 est impuissante aujourd'hui. Dans les livres qui traitent des guerres sacrées376 , il est dit que ces paroles ont été prononcéés par Abu Sufyan377. Safwan ibn Omayya, répondit à celui qui venait de parler ainsi:
-Tais-toi! Que ta bouche et tes dents soient enfoncées ! Nous attendons ici, aujourd'hui, l'issue de la lutte : celui qui remportera la victoire sera notre maître. Il vaudrait mieux pour nous que ce fut Muhammad, qui est de la famille des Quraysh et d'origine noble ; tandis que Malik ibn Awf, est un Hawazin, pâtre de brebis, qui commande aujourd'hui les bédouins et qui, demain, s'emparera du gouvernement du Tihama, du désert et de la Mecque378 .

Une sentinelle consciencieuse.
(Dawud, Hadith 14/2495).

Il se tenait à côté de l’envoyé d'Allah, et le salua, puis dit:
-J’ai continué à progresser jusqu’à arriver au sommet du ravin, où l’envoyé d'Allah m’avait ordonné de me poster, et jusqu’au matin, j’ai regardé en contrebas, sans voir personne.
L’envoyé d'Allah lui a demandé:
-Es tu descendu de ton cheval dans la nuit?
Il répondit:
-Non, sauf pour prier et faire mes besoins.
L’envoyé d'Allah déclara:
-Tu as gagné ton entrée au paradis.


4. —La panique des musulmans.

Cette phase du combat rappelle fâcheusement Ohod : il y a peut-être eu une contamination entre les deux événements. C'est une occasion, dans ces circonstances difficiles, de juger de la solidité et de la fidélité des nouveaux convertis. Le résultat n'est guère flatteur.
Au pire moment, Muhammad pousse une exclamation étrange , dans laquelle il se présente faussement comme le fils du fameux Abd al Muttalib.


(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 844-5).
Ils étaient organisés et parfaitement préparés, et par Allah, nous avons été terrorisés, quand leurs escadrons ont attaqué comme un seul homme. Les gens ont rompu la ligne et ont fui sans faire attention aux autres.
L’apôtre d'Allah s’est replié sur la droite et a dit:
-Où allez-vous? Venez à moi! Je suis l’apôtre d'Allah. Je suis Muhammad ibn Abdallah!
Mais les chameaux fonçaient et se rentraient dedans les uns les autres. Les hommes fuyaient, sauf un petit groupe de muhajirun et d’ansar, qui sont restés avec le prophète.
(...)
Les hommes fuyaient et les vilains Mecquois qui étaient avec l’apôtre d'Allah virent aussi la fuite des hommes, au point de commencer à laisser éclater leur animosité. Abu Sufyan disait:
-Leur fuite ne s’arrêtera qu’au bord de la mer!
Il avait des flèches divinatoires dans son carquois379.
Jabala ibn Ummaya dit:
-La sorcellerie est sûrement inutile maintenant...
Safwan cria:
-Taisez-vous! Qu’Allah écrase vos bouches! Je préfère être dirigé par un Quraysh que par un Hawazin!

(at Tirmidhi, Les vertus et le noble caractère de l’envoyé d'Allah, Hadith 234).
On avait demandé à Bara ibn Azid:
-Vous avez abandonné l’envoyé d'Allah et vous avez fui au moment de la bataille de Hunayn?
Il répondit:
-Non! L’envoyé d'Allah n’est pas reparti, seuls quelques gens de l’armée (plusieurs de la tribu de Sulaym et quelques jeunes convertis de la Mecque), qui paniquaient se sont enfuis quand le peuple des Hawazin a lancé des flèches. L’envoyé d'Allah (avec qui se trouvaient les plus grands des compagnons) chevauchait une mule dont Abu Sufyan tenait les reines.
L’envoyé d'Allah récita le couplet suivant:
-En vérité, sans doute je suis le prophète. Je viens des enfants d’Abd al Muttalib.

(Bukhari, Sahih 56/97).

Abu Ishaq a dit: Un homme ayant demandé à al Bara:
-Est-ce que vous avez pris la fuite, au jour de Hunayn, ô Abu Umara?
Je l'entendis répondre :
-Non, par Allah, l'envoyé d'Allah ne revint pas en arrière ; mais il était arrivé que les jeunes d'entre ses compagnons et ceux d’entre eux équipés à la légère étaient sortis sans cuirasses, sans armes ; ils allèrent du côté d’habiles archers, gens des Hawazin et des Banu Nasr, qui tiraient presque toujours juste. Ces gens leur envoyèrent une décharge de flèches, qui ne pouvaient guère manquer le but. Alors les musulmans se portèrent vers le prophète, qui chevauchait une mule blanche, conduite par son cousin Abu Sufyan (...). Le prophète descendit de sa monture, invoqua l'aide divine, puis il dit :
-C'est moi le prophète, sans mensonge ; c'est moi le fils d’Abd al Muttalib380, puis il mit en rangs ses compagnons.

(Muslim, Sahih 32-3325).

D'après Al Barâ, un homme vint lui demander :
-"Est-ce que vous avez pris la fuite, au jour de Hunayn, ô Abu`Umâra?".
- "Non, par Allah, l'envoyé d'Allah n'a pas pris la fuite, mais il était arrivé que les plus jeunes et les plus pressés d'entre ses compagnons étaient sortis sans cuirasses et sans armes; ou bien ils étaient équipés à la légère. Ils allèrent du côté des archers habiles, gens des Hawâzin et des Banû Nasr, qui tiraient presque toujours juste. Ces gens leur envoyèrent une décharge de flèches qui ne pouvaient guère manquer le but. Alors les musulmans se portèrent au prophète qui chevauchait sa mule blanche, alors que Abu Sufyân ibn al Hârith ibn abd al Muttalib381 en tenait la bride. Le prophète descendit de sa monture, invoqua l'aide divine, puis il dit :
-"C'est moi le prophète, sans mensonge; c'est moi le fils de Abd al Muttalib "; puis il mit les musulmans en rangs.

Dernière poésie d’un chevalier arabe.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 847).
Comme les hommes fuyaient, Malik ibn Awf dit à son cheval382 :
En avant, Muhaj! C’est une journée difficile
Celle où toi et moi nous retournons sans cesse au combat.
Si les rangs de devant et de derrière sont rompus
Ils viennent encore groupes par groupes
Les escadrons que mes yeux se fatiguent à compter
Je continue à frapper de ma lance qui dégouline de sang
Quand les lâches qui se cachent sont humiliés
Je ferai une belle entaille d’où le sang giclera avec bruit,
le fer de lance brisé à l’intérieur ;
le sang surgissant en son milieu,
parfois par à-coups, parfois d’un jet continu,
le fer de lance brisé à l’intérieur.
Ô Zayd, ô ibn Hamham, où fuyez vous?
Maintenant, les dents sont parties, l’âge est venu.
Les femmes ont longs voiles blancs savent
que je ne suis pas novice dans ces affaires
Quand la femme chaste est sortie hors de ses rideaux
383 .

Le dernier carré.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 864).

Abbas ibn Mirdas a ausi chanté:
Nous avons assisté l’apôtre d'Allah, furieux, à ce moment,
avec un millier de guerriers, à l’écart des hommes désarmés
Nous avons porté son étendard au bout de nos lances
Son soutien le protégeant dans un mortel combat,
Nous l’avons teint de sang, puisque c’était sa couleur,
Le jour d’Hunayn, quand Safwan a chargé de sa lance.
Nous étions son aile droite en islam,
Nous avons la charge du drapeau et l’avons assumé.
Nous étions ses gardes du corps, avant les autres troupes,
Il nous a consultés, et nous l’avons consulté.
Il nous a ordonnés, et nous a appelés ses intimes devant les autres
Et nous l’avons aidés contre ses adversaires.
Allah récompense largement ce merveilleux prophète Muhammad
Et le renforce par la victoire, parce qu’Allah est son soutien.


5. — Le tournant de la bataille.

Il est présenté comme venant de Muhammad lui-même, assisté d'Abbas, enfin présent dans la geste sanglante, et venant de la divinité, qui envoie des anges à la rescousse . Soudain, les guerriers musulmans se mettent à massacrer à loisir, comme pourvus d'une énergie surhumaine.

La riposte des musulmans.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 294 ).

Le prophète, en voyant le succès des ennemis et la détresse des musulmans, ainsi qu'il est écrit dans le Coran 384 dit à Abbas :
-Mon oncle, à la journée d'Ohod, l'armée ayant été dispersée loin de moi, de même qu'aujourd'hui, s'est ralliée, à ton appel ; fais retentir ta voix aujourd'hui encore.
Abbas cria à haute voix dans le camp :
ansar d'Allah et de son prophète! ô vous385 qui avez juré fidélité au prophète dans la nuit d’Aqaba et le jour de Hodaybiyya386, sous l'arbre, voici le prophète qui vous appelle!
Les muhajirun qui s'étaient enfuis s'étaient dirigés vers la Mecque ; les ansar s'étaient cachés dans la vallée de Hunayn, derrière les collines, les élévations de sable, et dans les gorges ; car ils étaient trop éloignés de Médine et ne pouvaient pas prendre le chemin de la Mecque. En entendant la voix d’Abbas, tous ceux qui étaient cachés répondirent :
-Nous voilà ! nous voilà! et ils sortirent les uns après les autres, et vinrent rejoindre le prophète. Étant au nombre de trois cents hommes, ils firent une charge générale sur les infidèles, rompirent leurs rangs et revinrent ensuite prendre position devant le prophète. D'autres accoururent de tous côtés les rejoindre et augmenter leur nombre ; ils firent une nouvelle charge et enfoncèrent le centre de l'armée des infidèles, qui se mirent à fuir, laissant entre les mains des musulmans leurs femmes, leurs enfants, leurs troupeaux et leurs biens.
Le prophète, mettant pied à terre, tira son sabre Dhul Faqar387 et se jeta dans la mêlée. Ce fut la seule fois qu'il prit part personnellement au combat388 . L'armée répéta après lui le vers suivant :
Je suis le prophète, sans imposture.
Je suis le descendant d'Abd a Muttalib389.

En même temps, Allah fit descendre du ciel des anges ; les infidèles furent saisis de terreur et furent mis complètement en déroute ; un grand nombre d'entre eux furent massacrés: vingt, trente, jusqu'à cinquante infidèles périrent de la main d'un seul musulman.
Malik ibn Awf, se tenait au milieu des gens de sa famille, des Hawazin et des Thaqif. Soixante et dix hommes avaient déjà été tués devant lui. Son porte-drapeau, nommé Dhul Khimar tomba. Malik ordonna à un homme nommé Othman ibn Abdallah, de relever le drapeau ; Othman n'obéit point. Malik, voyant que personne ne voulait relever le drapeau et que l'armée était taillée en pièces et en pleine déroute, prit également la fuite avec ceux de sa famille, et se dirigea vers Ta’if, ville bien fortifiée et habitée par des Thaqif et des Hawazin, où il s'enferma avec les gens de ces deux tribus. Il refusa l'entrée de la place aux autres bédouins, auxquels il recommanda de gagner l'extrémité du désert ou de retourner dans leurs tribus.
Les musulmans, en poursuivant les ennemis, tuèrent tous ceux qu'ils purent atteindre. Un homme nommé Rabia ibn Rafi, des Banu Sulaym, rencontra Durayd, qui était assis sur un chameau conduit par un homme. Rabia s'approcha, tua le conducteur, fit coucher le chameau et frappa de son sabre le cou de Durayd, dont la peau était devenue comme du vieux parchemin ; le sabre ne pénétra pas profondément.
-Tu veux me tuer? dit Durayd.
- Certainement.
- Qui es-tu?
- Je suis Rabia ibn Rafi.
- Quand tu m'auras tué, reprit Durayd, ce sera comme si tu avais tué ta mère ; car c’est moi qui ai délivré de la captivité ta mère, ta grand-mère et ton aïeule390 .
Rabia frappa de nouveau Durayd, mais le sabre ne pénétra pas.
Durayd dit:
-Prends mon sabre qui est suspendu sur le chameau ; ne frappe pas à l'endroit où la peau ne recouvre que l'os, mais frappe là où il y a de la chair, pour que le sabre y pénètre mieux.
Rabia tira le sabre, tua Durayd et apporta sa tête au prophète.391

(Corpus coranique d'Othman 9/25-27).
Allah vous a certes secourus en maintes circonstances dramatiques, ainsi qu'à la journée de Hunayn392 quand, grisés par votre nombre, celui-ci ne vous servit à rien, quand la terre, en dépit de son étendue, vous parut trop étroite et que vous tournâtes le dos393 .
Allah fit alors descendre394 sa présence divine395 sur son apôtre et les croyants.
Il fit aussi descendre des légions396 que vous ne voyiez point397.
Il infligea le tourment à ceux qui étaient infidèles398 .
Voilà la récompense des infidèles.
Ensuite, Allah reviendra plus tard de sa rigueur, contre qui il voudra.
Allah est absoluteur et miséricordieux.

(Dawud, Hadith 14/2554).

Le prophète a appelé notre cavalerie “cavalerie d’Allah”, et quand la panique nous a atteints, quand la panique nous a submergés, il nous a commandé d’être unis, d’avoir de la patience et de la persévérance ; et c’est ainsi que nous avons combattu.

(Bukhari, Sahih 58/ 221).399

L’apôtre d’Allah, alors qu’il prenait le départ pour la bataille d’Hunayn, a dit:
-Demain, si Allah le veut, nous camperons à Khayf Banu Kinana, là où les païens ont prêté leur serment d’infidélité...


(Dawud, Hadith 38 4473).400
Un homme qui avait bu du vin fut amené devant le prophète alors qu’il était à Hunayn. Il lui jeta de la poussière à la figure. Il ordonna à ses compagnons de le battre avec leurs chaussures et tout ce qu’il avaient à la main. Il dit ensuite:
-Laissez-le.

(Muslim, Sahih 19/ 4385)401 .
Alors le messager d’Allah a pris des caillous et les a jetés à la face des infidèles. Il dit:
-Par le seigneur de Muhammad, les infidèles sont défaits402.


(Muslim, Sahih 19/ 4392).403
Le messager d’Allah descendit de sa mule, pris une poignée de poussière et la jeta à leurs faces en disant :
-Que leurs visages soient déformés!
... Ils s’enfuirent, et Allah l’exhalté et le glorieux les défit, et le messager d’Allah distribua leur butin parmi les musulmans.

Les victimes musulmanes d’Hunayn.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 857).
Les noms de ceux qui ont été martyrisés à Hunayn sont404 :
-Des Quraysh des Banu Hashim: Ayman ibn Ubayd.
-Des Banu Asad ibn Abdal Uzza: Yazid ibn Zamaa. Un cheval appelé al Janah l’a fait tomber et l’a tué.
Des ansar: Suraqa ibn a Harith, des Banu Ajlan.
Des Ashariyun: Abu Amir al Ashari.



6. — Le butin.

Il semble absolument gigantesque, car les Hawazin, véritables nomades, avaient tout emporté avec eux. Le partage pose des problèmes insolubles, et crée des situations délicates. Il apparaît comme le prélude et le présage des immenses dépouilles des empires perses et byzantins.
Par le fait du prince, Muhammad impose un partage injuste mais habile, provoquant des remoux dans la bande de ses partisans, aussi âpres au gain que peu sensibles au discours religieux.


(Dawud, Hadith 14/ 2495).405

Le jour d’Hunayn, nous avancions avec l’apôtre de Allah depuis un long moment... Un cavalier est venu et dit:
-Apôtre d’Allah, je suis allé en avant et j’ai escaladé une montagne et j’ai vu les Hawazin tous ensemble avec leurs femmes, leur bétail, leurs moutons, rassemblés à Hunayn.
L’apôtre de Allah sourit et dit:
-Ce sera le butin des musulmans demain si Allah le veut...

Une conversion intéressée.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 879).
L’apôtre d'Allah interrogea l’ambassade des Hawazin à propos de Malik ibn Awf et ils dirent qu’il était à Ta’if avec les Thaqif. L’apôtre d'Allah leur dit de lui dire que s’il venait à lui comme musulman, il lui rendrait sa famille et es biens, et il ajouterait 100 chameaux. Entendant cela, Malik sortit de Ta’if. (...) Il sortit de nuit, monta son cheval, chevaucha vite (...) pour rejoindre l’apôtre d'Allah, à al Jirana ou à la Mecque. Il lui rendit sa famille, ses bien et ajouta 100 chameaux. Il devint un excellent musulman et à un moment, il déclara:
-Je n’ai jamais vu ou entendu parler d’un homme comme Muhammad dans le monde entier....

Les cadavres mis à nu.
( ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 850).

Un jeune esclave chrétien non-circoncis406 fut tué avec Othman407 et alors qu'un des compagnons était en train de dépouiller les morts des Thaqif408, il dénuda l'esclave pour le voler, et vit qu'il n'était pas circoncis. Il appela alors avec la voix la plus forte et disant:
-Arabes, venez voir! Allah sait que les Thaqif ne sont pas circoncis!
Mughira ibn Shuba le retint, parce que cela l'inquiétait que cette nouvelle ne circule parmi les Arabes, et il lui dit de ne pas dire cela, parce que l'homme concerné était seulement un esclave chrétien.
Ensuite, il dénuda les autres corps pour montrer qu'ils étaient bien circoncis.

(Muslim, Sahih 19/ 4340).409
Les dépouilles d’un ennemi tué reviennent à son meurtrier.

(Bukhari, Sahih 89/282).410
L’apôtre d’Allah a dit, le jour d’Hunayn: celui qui tue un infidèle et qui en a une preuve ou un témoin, alors les armes du mort seront à lui.

Le partage du butin des Hawazin.
(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 295-6).

Lorsque le prophète fut assuré que les ennemis étaient en déroute411, il ordonna aux musulmans de les poursuivre et de ramasser le butin ; car les troupeaux, les femmes et les enfants étaient dispersés, et un certain nombre avaient été tués. Il fit partir environ quinze cents hommes, en plusieurs divisions, ayant chacune un chef, et leur ordonna de poursuivre les fuyards, l'espace de trois journées de marche, en se répandant de différents côtés, dans le désert, de tuer tous ceux qu'ils pourraient atteindre, et de ramener les femmes, les enfants et les troupeaux. Les soldats exécutèrent ces ordres, et, le quatrième jour, on avait ramené tous les troupeaux que les ennemis avaient conduits avec eux, des boeufs et des brebis en si grande quantité qu'Allah seul en connut le nombre. Il y avait en outre six mille femmes et enfants.
Parmi les femmes captives se trouvaient celles des Banu Sad ibn Bakr qui avaient pris part à la guerre. C'était la tribu dans laquelle le prophète avait été en nourrice, et où il avait une sœur de lait, nommée Usma bint Halima. Halima était morte, ainsi que son mari, Harith ibn Abdallah ibn Abdal Uzza. Usma était mariée à un homme de la tribu de Sad, qui venait d'être tué dans le combat. Lorsqu'on amena Usma avec les autres femmes captives devant le prophète, celui-ci ne la reconnut pas ; car il y avait cinquante ans qu'il ne l'avait vue, et elle était devenue vieille. Elle s'approcha de lui et lui dit :
-Je suis la fille de Halima, je suis ta sœur ; et elle lui en donna plusieurs preuves412 .
Le prophète la reconnut alors, et il versa des larmes ; ensuite il ôta son manteau de ses épaules, l'étendit par terre, prit Usma par la main et la fit asseoir sur ce vêtement. Le lendemain, il lui demanda ce qu'elle préférait, rester auprès de lui ou retourner dans sa tribu. Usma demanda à retourner dans sa tribu, et le prophète l'y renvoya, après lui avoir donné deux esclaves, un homme et une femme, un chameau et une brebis, pris sur le butin.
On avait réuni tous les captifs et tout le butin, pour en faire le partage, lorsqu'on fut averti que Malik ibn Awf, s'était jeté dans la forteresse de Ta’if, où se trouvaient avec lui les Hawazin et les Thaqif. Le prophète, sans faire le partage, leva le camp et se dirigea vers Ta’if. Il fit halte à proximité de Ta’if, à un endroit nommé Jayrrana, et y resta ce jour. Il fit amener tous les prisonniers et réunir tout le butin, et en confia la garde, jusqu'à son retour de Ta’if, à Masud ibn Amir, à la tête de mille hommes.413

(Muslim, Sahih 32-3295).

Abu Qatâda a dit : L'année de Hunayn, nous partîmes avec l'envoyé d'Allah . Au moment de la rencontre avec l'ennemi, il y eut du désordre parmi les musulmans. Je vis alors un des polythéistes qui allait tuer un musulman. Je me détournai vers lui et, m'approchant par derrière, lui déchargeai un coup de sabre sur l'artère de l'épaule. Cet homme se retourna alors contre moi, me serra dans ses bras au point que je me crus perdu. Mais ce fut lui qui tomba mort et alors, il me lâcha. Comme je rejoignis `Umar ibn al Khattâb, il me dit :
-"Qu'ont donc les hommes?".
- "C'est l'ordre d'Allah", lui répondis-je.
Les musulmans revinrent et le prophète s'assit et dit :
-"Que celui qui a tué un ennemi et qui peut en fournir la preuve, s'empare de ses dépouilles".
Je me demandai vainement qui pourrait fournir une preuve en ce qui me concernait et m'assis. Le prophète répéta ce qu'il avait déjà dit une première, puis une seconde fois. A chaque fois, je me levai et je me demandai qui pourrait témoigner en ma faveur et comme ce fut en vain, je m'assis. A la troisième fois, le prophète me dit :
-"Qu'as-tu donc, ô abu Qatâda?".
Je lui racontai mon aventure.
- "Il dit vrai, déclara un homme, les dépouilles du mort sont chez moi, donne-lui-en la valeur pour que je les garde".
- "Non, par Allah! Il n'en sera pas ainsi, s'écria Abu Bakr, le prophète n'ira pas délibérément faire tort à un des lions d'Allah qui combattent dans le sentier d'Allah et son prophète et te donner les dépouilles conquises par lui!".
- "Tu as raison", répondit le prophète et, s'adressant à l'homme, il lui enjoignit de me remettre les dépouilles.
L'homme me les donna et, avec leur prix, j'achetai un jardin chez les Banû Salima. Ce fut le premier bien que j'acquis depuis mon entrée en islam.

(Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois III 301-2).

Ensuite il partagea le tout, et donna à chaque cavalier deux parts, et une part à chaque fantassin. Il employa une partie du butin à faire des dons aux Mecquois (...) au nombre de dix, reçurent mille chameaux ; chacun d'eux en eut cent ; c'étaient: Abu Sufyan et son fils Moawiya414 ; Hakim ibn Hizam ; Nasr ibn Harith ; Ala ibn Haritha, des Banu Thaqif ; Harith ibn Hischam, frère d'Abu Jahl ; Safwan ibn Omayya ; Suhayl ibn Amir ; Huwaytab ibn Abd al Uzza, et Uyayna ibn Hisn. Le prophète leur donna ces biens afin de faire naître dans leurs coeurs de l'attachement pour l'islam415. D'autres Quraysh, ainsi que quelques poètes416, reçurent des lots de cinquante chameaux. Abbas ibn Merdas ibn Sulaym, qui était aussi poète, refusa les cinquante chameaux que le prophète lui avait attribués et fit une pièce de vers contre lui.
Le prophète dit à Ali :
-Coupe cette langue qui s'attaque à moi417, c'est-à-dire donne-lui ce qu'il faut pour le satisfaire.
Ali porta le nombre des chameaux à cent. La distribution se fit ainsi par cent et par cinquante chameaux, et par cent et par deux cents brebis. Un des muhajirun avait, sur la route, fait marcher son chameau à côté de celui du prophète et avait touché son pied avec les lourds souliers qu'il portait. Le prophète, qui en avait ressenti une vive douleur, lui avait donné un coup de fouet sur la cuisse, en lui disant :
-Va plus loin, tu m'as blessé au pied.
La douleur fit pousser des cris à cet homme, et il dit :
-Apôtre d'Allah, tu m'as brisé la jambe!
A la distribution du butin, le prophète lui donna cent brebis. Le prophète n'assigna aucune part aux ansar. Après avoir donné des lots de cent et de cinquante chameaux aux Quraysh, aux muhajir et aux bédouins, il acheva le partage en attribuant à chaque homme des Quraysh et des bédouins six chameaux et quarante brebis. Les ansar furent mécontents, se séparèrent de l'armée et allèrent camper à part, dans un enclos.
Un homme d'entre les Banu Tamim vint trouver le prophète et lui dit :
-Apôtre d'Allah, sois juste dans la répartition.
Le prophète répliqua :
-Qui donc serait juste si je ne le suis pas?
L'autre répondit :
-Dans cette distribution, au moins, tu t'es montré injuste ; tu donnes à l'un cent, à l'autre dix et rien à un autre.
Omar voulut tuer cet homme ; mais le prophète lui dit:
-Ne le fais pas ; car cet homme aura des compagnons, des gens de sa descendance qui viendront après moi, et qu'on appellera Khawarj418 ; ceux-ci rejetteront l'autorité des imam419 et des princes, et ils s'élanceront en dehors de la foi comme la flèche part de l'arc ; ils ne conserveront rien de l'islam.
Saïd ibn Obada, ansar, chef des Khazraj420, se présenta devant le prophète et lui dit:
-Apôtre d'Allah, tous les ansar de Médine, Aws et Khazradj, qui sont dans l'armée veulent retourner à Médine.
-Pour quelle raison? demanda le prophète.
-Que disent-ils?
Sad répondit :
-Ils disent: Le prophète se détourne de nous et nous abandonne421 , pour se tourner vers sa patrie et ses compatriotes, des gens dont le sang coule des pointes de nos sabres ; il leur donne ces biens, et ne nous en fait aucune part. Lorsqu'ils le forcèrent à sortir de la Mecque et qu'il chercha du secours, n'est-ce-pas nous qui sommes venus lui prêter serment? Nous l'avons fait venir à Médine, nous lui avons offert nos biens, nous avons lutté contre les Mecquois à Badr et à Ohod, et nous lui avons fait le sacrifice de nos vies422 . Lorsque, à Hunayn, l'armée prit la fuite, pourquoi son oncle Abbas n'a-t-il pas appelé Abu Sufyan, Safwan ou Suhayl, ibn Amir? Non, il a appelé les ansar!
-C'est là leur langage? dit le prophète.
- Oui.
- Par Allah! dit-il, si j’avais su qu'ils parleraient ainsi, je leur aurais donné le tout ! Mais j'avais pensé que l'islam était assez fortement enraciné dans leurs coeurs pour ne pas être ébranlé à cause des biens de ce monde423 .
Le prophète se rendit avec Sad dans l'enclos où étaient les ansar ; il prit place, et tous se réunirent autour de lui ; puis il leur parla ainsi424 :
-Vous savez, ô ansar, que je vous regarde comme mes compatriotes, et les habitants de la Mecque comme des étrangers, et que je les traite comme tels425. J'ai confiance en vous et en votre foi. Quelle autre signification aurait donc la Fuite426 , sinon celle-là? On sait que, en quittant la Mecque pour venir au milieu de vous, j'ai pris pour ma famille les ansar. Vous savez que, lorsque je suis venu, Allah n'était pas avec vous. C'est lui qui, par moi, vous a délivrés de la discorde qui régnait parmi vous et des luttes que vous souteniez, Aws et Khazraj, les uns contre les autres. J'ai éloigné de vous de nombreux fléaux. J'étais un prophète que les hommes accusaient d'imposture, et vous m'avez considéré comme véridique ; mes compatriotes m'ont renié, et vous avez cru en moi ; ils m'ont chassé, et vous m'avez accueilli ; ils m'ont exilé, pauvre, de ma patrie, et vous m'avez assisté de vos biens ; ils sont venus à ma poursuite jusqu'aux portes de votre ville, et vous vous êtes sacrifiés pour moi, et vous avez versé votre sang pour moi. Je me suis reposé sur vous en toute circonstance, et vous m'avez toujours secouru. Maintenant j'ai pris sur moi de donner ma part du butin et la vôtre à ces hommes dont la foi n'est pas encore affermie, afin de gagner leurs cœurs à l'islam Quant à votre foi, j'en étais sûr, et je me suis dit que vous ne vous soucieriez pas de ces biens terrestres que je donnerais à ceux dont la foi n'est pas solide, et que votre foi n'en souffrirait pas ; et, de même que j'ai abandonné ma part personnelle, j'ai cru pouvoir aussi disposer de la vôtre. N'êtes-vous pas contents, ô ansar, tandis que chacun ramène chez lui chameaux et brebis, de revenir de cette expédition en ramenant avec vous le prophète d'Allah? Je le jure par Allah, si le monde entier marchait d'un côté, et les ansar d'un autre côté, j'irais avec les ansar et me regarderais comme l'un d'eux!
Les ansar versèrent tous des larmes, puis ils s'écrièrent:
-Apôtre d'Allah, nous sommes contents, nous sommes contents!
Le prophète leva ses mains, se tourna vers le ciel et dit:
- Allah, sois propice aux ansar et à leurs enfants!
Les ansar répondirent :
-Amin427 .
Tous furent heureux, et le prophète se retira.


(Muslim, Sahih 3296).428
'Abû Qatâda a dit:
L'année de Hunayn, nous partîmes avec l'Envoyé d'Allah . Au moment de la rencontre avec l'ennemi, il y eut du désordre parmi les musulmans. Je vis alors un des polythéistes qui allait tuer un musulman. Je me détournai vers lui et, m'approchant par derrière, lui déchargeai un coup de sabre sur l'artère de l'épaule. Cet homme se retourna alors contre moi, me serra dans ses bras au point que je me crus perdu. Mais ce fut lui qui tomba mort et alors, il me lâcha. Comme je rejoignis `Umar ibn Al-Khattâb, il me dit:
-"Qu'ont donc les hommes?".
- "C'est l'ordre d'Allah", lui répondis-je. Les musulmans revinrent et le prophète s'assit et dit:
-"Que celui qui a tué un ennemi et qui peut en fournir la preuve, s'empare de ses dépouilles". Je me demandai vainement qui pourrait fournir une preuve en ce qui me concernait et m'assis. Le prophète répéta ce qu'il avait déjà dit une première, puis une seconde fois. A chaque fois, je me levai et je me demandai qui pourrait témoigner en ma faveur et comme ce fut en vain, je m'assis. A la troisième fois, le prophète me dit:
-"Qu'as-tu donc, ô 'Abû Qatâda?".
Je lui racontai mon aventure.
- "Il dit vrai, déclara un homme, les dépouilles du mort sont chez moi, donne-lui-en la valeur pour que je les garde".
- "Non, par Allah! Il n'en sera pas ainsi, s'écria 'Abû Bakr, le prophète n'ira pas délibérément faire tort à un des lions d'Allah qui combattent dans le sentier d'Allah et Son prophète et te donner les dépouilles conquises par lui!".
- "Tu as raison", répondit le prophète et, s'adressant à l'homme, il lui enjoignit de me remettre les dépouilles.
L'homme me les donna et, avec leur prix, j'achetai un jardin chez les Banû Salima. Ce fut le premier bien que j'acquis depuis mon entrée en Islam.


Le partage des chameaux des Hawazin.
(ibn Taimiya, Traité de droit 24).

...le prophète donna cent chameaux à Abu Sufyan ibn Harb, à Safwan ibn Umayya, à Uyayna ibn Hisn et à al Aqra ibn Habis. A Abbas ibn Mirdas il en donna moins de cent ; celui-ci protesta:
-Partages-tu mon butin et celui de mon cheval Ubayd entre Uyayna et al-Aqra?
Ni Hisn, ni Habis n'occupent dans la société un rang supérieur à celui de Mirdas.
Je n'ai jamais été inférieur à l'un deux.
Celui que l'on humilie aujourd'hui ne pourra plus, demain, lever la tête.
Le prophète compléta alors à ibn Mirdas le nombre de cent chameaux. Ce hadith est rapporté par Muslim. Ubayd est le nom d'un cheval qui appartenait à ibn Mirdas.

(Muslim, Sahih 5/2308).
Les polythéistes subirent la défaite, l’envoyé d'Allah a pris une grande quantité de butin, et il l’a distribué parmi les gens récemment convertis de la Mecque, et ne donna rien aux ansar.
Les ansar dirent:
-Au moment du danger, c’est nous qui avons été appelé à l’aide. Mais le butin est donné à d’autres que nous!
Cette remarque vint aux oreilles du prophète, et il les rassembla sous sa tente, et dit:
-Quelle est ce bruit qui est venu jusqu’à moi sur votre comportement?
Ils restèrent silencieux.

(Bukhari, Sahih 63/1, 3).

L’année de la prise de la Mecque, le prophète ayant donné du butin à des Quraysh, les ansar s’écrièrent:
-Par Allah, voilà qui est étrange. Alors que nos sabres dégouttent encore du sang des Quraysh429, on leur rend le butin que nous avons fait sur eux.

Les gratifications d’Hunayn.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 880-1).

L’apôtre d'Allah donna des cadeaux à ceux dont leurs coeurs devaient être gagnés, notamment les chefs de son armée. Il donna aux suivants 100 chameaux:
-Abu Sufyan.
-son fils Muawiya430.
-Hakim ibn Hizam.
-al Harith ibn Hisham.
-Suhayl ibn ibn Amir.
-Huwaytib ibn Abdul Uzza.
-al Ala ibn Jariya.
-Uyayna ibn Hishn.
-al Aqra ibn Habis.
-Malik ibn Awf.431
-Safwan ibn Umayya.

Récompense au mérite.
(Bukhari, Sahih 64/54,7).
Abu Qatada a dit:
-L'année de Hunayn, nous partîmes avec l'envoyé d'Allah. Au moment de la rencontre avec l'ennemi il y eut du désordre parmi les musulmans. Je vis alors un des polythéistes qui allait tuer un musulman. Avec mon sabre, je frappai par derrière le polythéiste sur l'épaule et fendis sa cuirasse. Cet homme se retourna alors contre moi, me serra dans ses bras au point que je me crus perdu. Mais ce fut lui qui mourut et il me lâcha. Rejoignant alors Omar, je lui dis :
-Qu'ont donc les fidèles ?
-Allah en a décidé ainsi , répondit-il.
Les musulmans revinrent alors à leur place.
Le prophète s'assit et dit :
-Que celui qui a tué un ennemi et qui peut en fournir la preuve, s'empare de ses dépouilles.
Je me demandai vainement qui pourrait fournir une preuve en ce qui me concernait, et m'assis. Le prophète répéta ce qu'il avait déjà dit une première, puis une seconde fois. Alors je me levai et, m'étant demandé vainement qui pourrait témoigner en ma faveur, je m’assis.
Le prophète répéta encore ce qu'il avait déjà dit et, comme je me levai de nouveau, il s'écria :
-Qu'as-tu donc, ô Abu Qatada? Je lui racontai mon aventure.
- Il dit vrai, déclara un homme ; les dépouilles du mort sont chez moi, donne-lui en la valeur pour moi432 .
- Non, par Allah! il n'en sera pas ainsi, s'écria Abu Bakr.
Le prophète ne saurait plus s'adresser à un des lions d’Allah qui combattent pour Allah et son envoyé, s’il te donnait les dépouilles de celui qu'il a tué.
- Tu as raison, répondit le prophète à Abu Bakr, et, s'adressant à l'homme, il lui enjoignit de me remettre les dépouilles. L'homme me les donna et, avec le prix de ces dépouilles, j’achetai un jardin chez les Banu Salima. Ce fut le premier bien que j'acquis depuis que étais musulman.
Suivant un autre isnad433 , Abu Qatada aurait dit:
-Le jour de Hunayn, je vis un musulman aux prises avec un polythéiste. Un autre polythéiste se glissa derrière le musulman pour le tuer par surprise. Je me hatai vers ce second polythéiste qui leva la main pour me frapper, mais je le devancai et lui coupai la main. Alors cet homme me serra vigoureusement au point que je craignis pour ma vie ; puis il tomba à genoux et me lâcha. Je le repoussai et le tuai. Après cela, les musulmans prirent la fuite et je fis comme eux. Apercevant Omar ibn al Khattab, qui était resté à la tête des fidèles, je lui dis:
-Qu'ont donc les fidèles?
-Ainsi Allah l'a voulu, me répondit-il. Peu à peu les fuyards revinrent vers l'envoyé d'Allah qui dit:
-Celui qui pourra fournir la preuve qu'il a tué un ennemi aura droit à ses dépouilles.
Je me levai et cherchai des témoins du meurtre de mon polythéiste, mais je ne vis personne qui put témoigner en ma faveur. Je m'assis, puis j'imaginai de parler de mon cas à l'envoyé d'Allah. Alors un homme de l'entourage du prophète dit :
-Les armes de l'homme tué dont on vient de parler sont chez moi. Rachète-les moi pour lui.
-Pas du tout, s'écria Abu Bakr ; il ne faut pas donner ces dépouilles à une petite hyène des Quraysh434, et laisser sans rien un des lions d’Allah qui combattent pour Allah et son envoyé. L'envoyé d'Allah se leva et me remit les armes, et, avec leur prix, j'achetai un jardin. Ce fut le premier bien que j'acquis depuis que j'étais musulman.


8. — Le viol des captives.

Des hadiths et un extrait coranique rappellent un moment piteux de la victoire : des musulmans sont pris de scrupules alors qu'ils sont sur le point de violer leurs captives. Ce n'est pas l'acte lui-même qui les perturbe, mais le statut des femmes, considérées comme impures . Le Coran apporte, comme presque toujours, des solutions favorables à leurs pulsions les plus urgentes. Dans ces moments, le dieu mahométan semble particulièrement miséricordieux.
Le fait est peu connu.


(Dawud, Hadith 11/ 2153).435
Dois-je dire ce que j’ai entendu de l’apôtre d’Allah le jour d’Hunayn?
Il n’est pas licite pour un homme qui croit en Allah et dans le Jour Dernier d’arroser ce qu’un autre a semé avec son eau436 ; il n’est pas licite pour un homme qui croit en Allah et dans le Jour Dernier d’avoir une relation sexuelle avec une femme captive qui a ses règles437 ; il n’est pas licite pour un homme qui croit en Allah et dans le jour dernier de vendre le butin qui n’est pas partagé.

(Muslim, Sahih 8/ 3432).438
... à la bataille d’Hunayn, le messager d’Allah envoya une armée à Awtas, rencontra l’ennemi et le combattit. Ayant vaincu et pris des captives, les compagnons du messager d’Allah semblèrent hésiter à avoir des relations sexuelles avec elles, parce qu’elles étaient mariées à des polythéistes.
Alors Allah, le plus élevé, leur envoya à ce sujet:
Et (aussi) les femmes déjà mariées, sauf celles que vos mains droites possèdent 439.

Le sort des prisonnières païennes: viol, conversion et libération.
(Waqidi, Livre des expéditions 64b).

En ce qui concerne le traitement des femmes prisonnières, lui fut révêlée la sourate 4/28. Les femmes enceintes devaient restées intactes jusqu’à la naissance. Les autres devaient rester intactes jusqu’aux prochaines règles. Muhammad déclara aussi que le coït interrompu n’était pas interdit440 .

Le sort des enfants des païens.
(Waqidi, Livre des expéditions 64b).
A la poursuite des ennemis, les musulmans se mettaient à massacrer tant et tant qu’ils n’épargnaient plus les enfants ; jusqu’à ce que Muhammad ne les fit cesser.
Usayd ibn Hudayr dit alors:
-Mais ce ne sont que des enfants de païens!
Muhammad dit:
-N’êtes vous pas, pour les meilleurs d’entre vous, aussi des enfants de païens? Chaque enfant est né comme Allah l’a créé jusqu’à ce qu’il apprenne à parler, et ses parents en font alors un juif ou un chrétien441.


9. — Le chantage sur les vaincus.

Muhammad demande dans les négociations aux envoyés des Hawazin de choisir entre leurs troupeaux et leurs femmes : l'alternative proposée, comme on le verra, est aussi cynique que cruelle. Elle achève de démoraliser les vaincus et ils finissent par se convertir sous une double contrainte.

(Baladuri, Livre des conquêtes X 55).

Quand les Hawazin furent battus à la bataille de Hunayn, et Durayd ibn Simmah fut égorgé, les survivants se réfugièrent à Awtas.

La pression sur les Thaqif.
(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 301-4).

Les Hawazin, les Thaqif et les Banu Sad, à Ta’if, vinrent trouver Malik ibn Awf, et lui dirent:
-Comment pourrions-nous demeurer avec toi, tandis que nos femmes et nos enfants sont entre les mains de Muhammad, qui va maintenant les donner comme esclaves à ses compagnons? Avant qu'il les ait réduits en esclavage, nous irons le trouver pour embrasser l'islam.
Ils suivirent donc le prophète, et une partie d'entre eux se firent musulmans. Un certain nombre vinrent à Jayrrana et dirent au prophète:
-Tels et tels d'entre nous sont devenus musulmans, les autres veulent le devenir aussi. Maintenant traite-nous favorablement ; ne nous déshonore pas ; agis comme ta noblesse le demande ; il ne te convient pas à toi de faire ce qui nous est permis à nous autres bédouins, de réduire en esclavage nos femmes et nos enfants et de faire disparaitre de la terre notre race. Si tu n'es pas clément envers nous aujourd'hui, qui donc le sera?
Ils implorèrent ainsi le prophète. Puis un vieillard d'entre les Banu Sad ibn Bakr, nommé Zuhayr ibn Sorad, se leva, prit le prophète sur son cœur, car il l'avait souvent gardé dans son enfance, du temps de son séjour dans la maison de Halima, et dit:
-Ô Muhammad tu vois ici parmi nous tes oncles, tes tantes et tes proches. Si le roi de Rum ou le roi des Khazars442, ou Harith Abu Shimr, le Ghassanide, prince de Syrie, ou Numan ibn al Mundhir, le roi des Arabes443 , avaient été élevés parmi nous, et que nous fussions tombés en leur pouvoir, comme nous sommes entre tes mains, nous aurions pu espérer être bien traités par eux et obtenir notre grâce. Or tu es plus clément que tous les princes ; comment pourrais-tu réduire en captivité tes oncles et tes tantes et les livrer à des étrangers?
Le prophète, ému jusqu'aux larmes, dit :
-Que voulez-vous? Voulez- vous vos biens ou vos familles?
Les Banu Sad répondirent:
-Quant aux biens et aux troupeaux, nous pourrons toujours en acquérir d'autres ; mais nous ne pourrions pas recouvrer nos femmes et nos enfants. Il n'est pas honteux de perdre ses biens, mais il y a honte à perdre sa famille.
Le prophète répliqua :
-Les femmes et les enfants qui sont ma part et celle de mes proches, des Banu Hashim, je vous les donne.
Il ajouta:
-Demain, au moment où j'accomplirai la prière du matin, répétez vos instances devant les musulmans444 .
Le lendemain, lorsque le prophète célébrait la prière du matin et que toute l'armée se tenait derrière lui, au moment où il tourna le dos au mihrab, les Hawazin, les Thaqif et les Banu Sad se levèrent, firent entendre leurs supplications et conjurèrent le prophète de leur rendre leurs femmes et leurs enfants. Le prophète répondit :
-Ces captifs n'appartiennent pas à moi seul, mais à tous les musulmans. Quant à ma part et à la part de ma famille, des Banu Abdul Muttalib et des Banu Hashim, je vous la rends.
Alors les musulmans s'écrièrent:
-Nous abandonnons aussi la nôtre.
Les muhajir et les ansar rendirent tous leur part. Mais Oyayna ibn Hisn, qui était présent avec les Banu Fazara ; Aqra ibn Habis, qui était à la tête des Banu Tamim ; et Abbas ibn Merdas, qui commandait les Banu Sulaym, déclarèrent qu'ils ne rendraient point leur part, parce qu'il y avait hostilité entre eux et les Hawazin et les Thaqif.
Le prophète dit:
-Vous en avez le droit ; mais ceux de vos hommes qui abandonneront leur part des captifs recevront de moi six brebis pour chaque tête.
Alors les Banu Temim, les Banu Sulaym et les Banu Fazara consentirent également.
Le prophète rendit la liberté aux six mille femmes et enfants, et les remit entre les mains des Hawazin ; il garda seulement la famille de Malik ibn Awf, qui était resté dans la forteresse.
Les Hawazin dirent:
- Apôtre d'Allah, Malik n'ose pas venir à toi, après tout ce qu'il a fait contre toi.
Le prophète répliqua :
-Dites-lui de ma part que, s'il vient, je lui rendrai sa femme, ses enfants et ses biens, et que je lui donnerai en outre cent chameaux.
Il continua de camper en cet endroit jusqu'à ce que tous les captifs fussent remis entre les mains des Hawazin. Ali, Omar et Othman, qui avaient eu, du butin, chacun une jeune fille, les rendirent sans les avoir touchées. Omar avait donné la sienne à son fils Abdallah. Ensuite les Hawazin partirent.
Malik ibn Awf, ayant reçu le message du prophète, quitta la forteresse, à l'insu des Thaqif, se rendit auprès du prophète, qu'il trouva encore à Jayrrana, et embrassa l'islam. Le prophète lui rendit sa femme, ses enfants et ses biens, lui donna le commandement sur tous ceux des gens de Ta’if qui étaient devenus musulmans, et lui ordonna de faire la guerre aux Banu Thaqif qui se trouvaient dans la forteresse, jusqu'à ce qu'il eut réussi à s'en emparer. Malik partit, rassembla tous ceux qui, en quittant la forteresse, s’étaient soumis à l'islam, les conduisit sous les murs de la ville, dont il fit le siège. Il y resta deux mois, après lesquels les habitants, épuisés par les attaques et les souffrances, vinrent trouver le prophète et firent la paix avec lui. Au moment où Malik partit de Jayrrana, le prophète n'avait pas encore fait le partage du butin, et les soldats craignaient qu'il n'en rendit encore une autre portion. Ils insistèrent donc auprès de lui pour qu'il fit la répartition en ce lieu même. Le prophète le leur promit. Puis ils mirent la main sur lui, en disant:
-Nous ne te laisserons pas partir que tu n'aies fait le partage.
Ils lui ôtèrent son manteau, et tous crièrent et firent des démonstrations grossières445.
Le prophète leur dit:
-Rendez-moi mon manteau. Je le jure par Allah, si le nombre des troupeaux eut été égal à celui des arbres du Tihama446 , je vous les aurais donné sans hésitation! Vous savez que j'ai droit à un cinquième de tout le butin. Eh bien, je vous abandonne cette part!


(Bukhari, Sahih 38/ 503).447
“Quand les délégués448 de la tribu des Hawazin sont venus auprès de l’apôtre d’Allah, après la conversion, il se leva. Ils lui demandèrent de leur rendre leurs biens et les captives...


(Bukhari, Sahih 47 778).449
“(L’apôtre d’Allah leur dit):
-Le problème concerne d’autres gens que moi maintenant... donc vous pourrez choisir: soit les captives soit vos biens.”450

(Musa ibn Oqba 16).451
Les captifs des Hawazin était 6000 hommes, femmes et enfants, quand l’apôtre d'Allah rentra. Il donna à quelques femmes prises par les Quraysh le choix de rester ou de partir, et elles décidèrent de rentrer chez elles452 .

(Dawud, Hadith 13/2469).

Alors qu’Omar observait l’itikaf453 dans la mosquée, des gens se mirent à crirer fort:
- Allah est le plus grand!
Il dit:
-Que se passe t-il, Abdullah?
Il répondit:
-Ce sont les captives des Hawazin que l’apôtre d’Allah a libérées.
Il ajouta:
-Et cette jeune esclave aussi?
Il l’envoya chercher.

(Bukhari, Sahih 64/54,5).

Marwan et El Miswar ibn Makhrama racontent que l'envoyé d'Allah se leva lorsque la députation des Hawazin, devenus musulmans, vint le trouver, comme les Hawazin demandaient qu'on leur rendit leurs troupeaux et leurs captifs, l'envoyé d'Allah leur répondit:
-J'ai avec moi les fidèles que vous voyez, et quand je parle j'aime par-dessus tout dire la vérité. Choisissez donc l'un de ces deux partis: Ou vos captifs, ou vos troupeaux454. Je vous ai attendus (avant d'en disposer).
Le prophète avait en effet attendu leur venue pendant dix et quelques jours après son retour de Ta’if. Quand ils virent que l'envoyé d'Allah, ne leur rendrait que l'une des deux choses, ils déclarèrent qu'ils optaient pour les captifs.
Alors l'envoyé d'Allah se leva au milieu des musulmans ; il loua l’ envoyé d'Allah autant qu'il en est digne et, passant au fait, il dit:
-Nos frères sont venus à nous pleins de repentir, aussi j'estime que je dois leur rendre leurs captifs. Que ceux d'entre vous qui veulent accepter cette restitution sans indemnité, le fassent. Quant à ceux d’entre vous qui désirent jouir de leur butin, mais qui acceptent que je les en indemnise sur le premier butin que Allah fera tomber entre nos mains, qu'ils le disent.
Les fidèles répondirent à la fois :
-Ô envoyé d'Allah, nous acceptons la restitution sans indemnité.
-Je ne puis savoir ainsi, reprit le prophète, ceux qui acceptent et ceux qui n'acceptent pas. Rentrez chez vous, et vos chefs me feront connaitre votre décision.
Les fidèles rentrèrent chez eux, où leurs chefs les consultèrent, et revinrent ensuite trouver l'envoyé d'Allah et lui annoncèrent que tous accepteraient la restitution sans indemnité.
-Tel est, dit ibn Shihab , ce que j'ai appris au sujet des captifs des Hawazin.

La bataille d’Hunayn par un orientaliste du XVIIème siècle.
(Barthélémy d’Herbelot, Bibliothèque Orientale... , s.v. Mohammed).455
Mahomet ayant appris que les tribus de Haouazen et de Thekif marchaient au nombre de quatre mille hommes pour l'attaquer, alla au devant d'eux avec douze mille, ce qui fit dire à un des siens, ces paroles : « Le petit nombre sera seulement battu aujourd'hui par le plus grand ». Ce discours plein d'une vaine complaisance et d'une confiance téméraire sur ses propres forces fut condamné par Mahomet, et il arriva en effet que le petit nombre défit et mît d'abord en fuite le plus grand, comme il est porté expressément dans le chapitre Taoubat ou de la pénitence en ces termes : « Dans la bataille de Giuneïn vous admiriez vos forces qui étaient beaucoup supérieures à celles de vos ennemis ; cependant, elles n'empêchèrent pas que vous ne fussiez battus. Le terrain que vous ne croyez pas avoir assez d'étendue, se rétrécit pour votre fuite. Mais, lorsque vous eûtes recours à Dieu, il vous donnera enfin la victoire ».
La déroute des Mahométans fut si grande effectivement en cette journée, qu'il ne demeura que quatre seules personnes près de Mahomet, à savoir, Ali, Abbas, Abousofian et Abdallah.
Mahomet qui n'était pour lors monté que sur une mule, voyant les ennemis fondre sur lui de tous côtés voulut se jeter au milieu d'eux, en disant ces paroles pour les intimider : « je suis le Prophète qui ne ment point, je suis le fils d'Abdel Mothleb. » Car il faut remarquer ici que ses ennemis lui donnaient le titre qu’il méritait en l'appelant « le Prophète menteur », et que lui au contraire se qualifia « le Prophète qui ne ment point », pour les épouvanter davantage.
Cependant, les quatre personnes qui étaient demeurées auprès dc lui, et qui ne voulaient point tant de bravoure dans leur Prophète l'arrêtèrent et empêchèrent qu'il ne s'engageât plus avant, comme il voulait faire, dans le gros des ennemis, louant sa valeur incomparable de ce que le jour d'une bataille il avait pris une monture de si peu de défense, telle qu'était une mule.
Mahomet se voyant arrêté dit à Abbas : « Puisque vous ne voulez pas que je me jette dans la mêlée, rappelez donc les fuyards ». Ce fut alors qu'Abbas, qui surpassait en force de voix tous les siens, commença à crier, à gorge déployée : « Où allez-vous serviteurs de Dieu? Son envoyé est ici. Vous qui faites paître l'acacie à vos chameaux, et qui êtes ce peuple fidèle, duquel il est parlé dans le Livre de Dieu : vous en faveur de qui les promesses du ciel ont été faites ; vous fuyez! » À cette voix, il y eut environ cent des fuyards qui tournèrent visage, et qui vinrent se rendre auprès de leur général, qui leur ayant mis le cœur au ventre, les fit retourner à la charge. Mais, le nombre était si inégal qu'ils auraient été taillés en pièces sans l’inspiration que Mahomet eut de réciter la prière que fit Moïse, lorqu'il fendit la Mer rouge pour donner passage aux Israëlites. Cette prière est : « Seigneur, vous êtes seul digne de louange, vous êtes le refuge des affligés, et vous secondez infailliblement ceux qui vous invoquent ».
Mahomet ayant fait cette prière descendit de sa mule et prit une poignée de sable qu'il jeta vers ses ennemis en prononçant ces paroles : « Que leurs visages soient couverts de honte et de confusion ». Après quoi il ajouta ceues-ci : « Fuyez, c'est le Dieu de Mahomet qui vous le commande ». Ces paroles ne furent pas plutôt dites que les yeux et les bouches de ces infidèles furent incontinent remplis de sable, ce qui les mit tout à fait hors de combat, et fut cause par conséquent de leur entière défaite.
Le texte de l'Alcoran porte : « Dieu envoya sur son Prophète, et sur les Fidèles sa miséricorde, en faisant descendre du ciel son esprit avec des troupes invisibles d'anges qui les secoururent, et une punition très sévère sur les infidèles ; car, telle est la rétribution que les uns et les autres doivent attendre ». Les interprètes ajoutent du leur, que ces anges étaient vêtus de blanc, portant des tiares sur leurs têtes et des baudriers sur leurs épaules de couleur de feu, montés sur des chevaux pies marqués de différentes couleurs.
La punition de ces Infidèles fut grande ; car, les Musulmans après avoir passé par le fil de l'épée tout ceux qui portaient les armes, firent six mille esclaves de leurs femmes et enfants, gagnèrent vingt-quatre mille chameaux, et quarante mille moutons, outre quatre mille onces d'argent, qui était une très grande somme parmi les Arabes du désert ou Champêtres, tels qu'étaient ceux-là. Les mêmes interprètes remarquent que de ceux qui-restèrent de ces deux tribus si maltraitées plusieurs embrassèrent le Musulmamisme. Car, il est dit dans la suite du texte de ce chapitre, que Dieu après cela accorda le don de pénitence, c.-à-d. fit grâce à ceux qu'il lui plût.


§ 612. — Le siège de Ta’if.

Il est la conséquence directe de la bataille d’Hunayn: les Thaqif sont les alliés des Hawazin. Muhammad a un vieux compte personnel à règler avec la cité, qui l’avait traité avec mépris aux premiers temps de la prédication456. De plus, les guerriers musulmans acceptent difficilement d’avoir pris la ville de la Mecque sans avoir pu la piller, comme de coutume. Ils ont besoin de compensation, ce que souvent Muhammad leur procure.
Mais la ville est la seule de toute l’Arabie qui soit fortifiée et son siège est un échec cuisant. Malgré leurs efforts techniques, les musulmans ne sont pas prêts mentalement à ce défi.
Mais il retourne la situation à son avantage en utilisant les captifs d’Hunayn comme otages: la guerre contre les infidèles justifie tout.



1. — Le début du siège.

On insiste peu sur le rôle de Muhammad dans l'histoire de l'artillerie. Les sources musulmanes aiment à le présenter ainsi.457
Les appels à la divinité paraissent peu efficaces, au point qu'il faille alors recourir aux catapultes et balistes.

(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 301-4).

Le lendemain, le prophète leva son camp et se dirigea sur Ta’if. Il y trouva renfermés tous les Hawazin et les Thaqif qui avaient pris la fuite à Hunayn, ainsi que Malik ibn Awf. Après avoir solidement fermé les portes, ils avaient construit des ouvrages de fortification tout autour de la ville, placé des pierres sur les murs et tout préparé pour la défense. Il y avait à Ta’if un chef nommé Urwa ibn Masud, qui avait combattu à Hunayn. Le prophète, croyant qu'il se trouvait dans la ville, le fit demander pour lui parler. On lui répondit qu’ Urwa s'était rendu dans la ville de Jorash458 pour chercher du cuir que l'on y fabriquait ; mais la vraie raison de son voyage était de chercher à Jorash quelqu'un qui leur fit des machines de guerre.
Le prophète assiégea la ville pendant quinze jours, sans succès. Les ennemis lancèrent du haut des murs sur l'armée musulmane des flèches et des pierres. Tous ceux qui purent s'échapper de la forteresse devinrent musulmans. Lors de ce siège, le prophète fit mettre à mort un musulman des Banu Layth, qui avait tué un homme des Banu Hudhayl. Ce fut la première fois que la peine du talion fut appliquée d'après la loi musulmane.
Plusieurs musulmans furent tués par les flèches lancées des murs de la ville. Le quinzième jour, comme la quantité de traits devenait de plus en plus grande, le prophète retira son armée d'auprès des murs, et lui fit prendre position un peu plus loin, hors de la portée des flèches. (...) Il y avait là un verger contenant beaucoup de fruits et appartenant à un homme qui se trouvait dans la forteresse. Le prophète lui envoya dire qu'il ferait détruire son verger s'il ne sortait pas de la place459. Cet homme refusa de sortir, et le verger fut dévasté, sur l'ordre du prophète. (...) Le prophète resta dix jours dans cette position. Il envoyait chaque jour l'armée sous les murs pour attaquer, et les soldats combattaient en protégeant leurs têtes avec des boucliers ; mais les assiégés leur lançaient des flèches, des pierres et des pieux ardents, qui brulaient ceux qu'ils atteignaient. Voyant l'impossibilité de prendre la forteresse, le prophète ordonna de détruire les vignes460 et les clos des habitants, de faire tomber les murs et d'arracher les arbres.

Muhammad, saint patron des artilleurs.
(ibn Hisham, Notes n°840).461

L’apôtre d’Allah a tiré sur eux avec des catapultes. Quelqu’un que je crois m’a dit que l’apôtre d'Allah a été le premier à utiliser une catapulte462 en islam, et qu’il a tiré sur les gens de Ta’if.

(ibn Sa’d, Tabaqat I 368).
Urwa ibn Masud et Ghaylan ibn Salama n’étaient pas présents au siège de Ta’if. Ils étaient à Jurash463 en train de s’exercer à la manipulation de catapultes464 , de ballistes465 , et de tortues466 . Ils revinrent auprès de l’apôtre d'Allah, et ils installèrent les catapultes, ballistes, et tortues. Puis Allah révéla la vérité de l’islam à Urwa...467

L’espoir de la chute de Ta’if.
(Bukhari, Sahih 67/113).
Umm Salama rapporte que le prophète étant chez elle, alors qu’un effeminé s’y trouvait également, l’efféminé dit au frère de Abu Salama, Abdallah ibn Abu Omayya:
-Si Allah vous accorde la prise de Ta’if, je te mènerai chez Bint Ghaylan ; quand elle se montre de face, elle montre quatre plis de graisse, et vue de derrière, elle en montre huit.
-Ne laissez pas entrer chez vous des individus comme cet homme! s’écria le prophète.


3. — L’abandon du siège.

Le siège, en dépit des grands moyens déployés, est une échec cuisant, qui n'est pas trop longuement présenté par les sources . Mais les assiégés ont perdu d'avance, puisque toute la péninsule obéit à Muhammad. Ce succès peut leur faire espérer une position favorable dans les négociations.


(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 301-4).

Enfin, vingt-cinq jours après le commencement du siège, il dit à Abu Bakr:
-J'ai fait un rêve cette nuit ; il m'a semblé qu'on apportait une coupe de cuir, que l'on a placée devant moi. Un oiseau, qui ressemblait à un coq, est venu et a voulu y tremper son bec ; mais, malgré ses efforts, il n'a pu y parvenir.
Abu Bakr, qui savait bien interpréter les songes468 , dit :
-Apôtre d'Allah, il en sera de même de cette forteresse ; nous ne pourrons pas la prendre.
Le prophète répondit :
-Je le crois aussi.
Ensuite il tint conseil avec ses compagnons sur ce qu'il y avait à faire: si l'on devait continuer le siège, ou l'abandonner et revenir une autre fois.
Nawfal ibn Moawiya, des Banu Sulaym, dit :
-Apôtre d'Allah, l'ennemi est dans la forteresse comme la bête de proie dans son trou ; aussi longtemps qu'on reste à l'entrée, on ne peut la faire sortir ; si l'on se retire, on ne manque pas de s'en emparer.
-Tu as raison, répliqua le prophète.
Le lendemain, il donna à Omar l'ordre de lever le siège, et il quitta Ta’if, après avoir fait dévaster les clos et arracher les arbres. Douze musulmans avaient été tués par les projectiles des ennemis: quatre Quraysh, sept ansar et un homme des Banu Layth. Le prophète conduisit l'armée à Jayrrana, pour distribuer entre ses compagnons le butin de Hunayn, qu'il avait laissé en ce lieu.

(Baladuri, Livre des conquêtes X 55).
Quand les Hawazin furent battus à la bataille d’Hunayn, le chef des Hawazin, du moment, Malik ibn Awf, s’enfuit à Ta’if469 , où il trouva la population prête au siège, avec leurs fortifications réparées et leurs provisions rassemblées. Là, il s’installa.
Le prophète conduisit ses hommes à Ta’if.
Les Thaqif lancèrent des pierres et des flèches sur les musulmans, et le prophète installa une baliste contre la forteresse. Les musulmans avaient aussi un mantelet470 fait de cornes de vaches471 , et contre lui, les Thaqif jetaient des barres de fer rougies qui l’incendièrent, tuant les musulmans qui étaient en dessous.
Le siège de Ta’if par le prophète a duré quinze jours en tout.

(Baladuri, Livre des conquêtes X 56).

C’est à la bataille de Ta’if qu’Abu Sufyan perdit son oeil472.
(...)
Il y a avait des juifs sur le territoire de Ta’if (...) établis pour le commerce. Sur eux fut imposée la capitation473.

(Muslim, Sahih 19/ 4393). 474
Ses compagnons dirent:
-Doit-on partir sans l’avoir conquise?
Le messager d’Allah dit:
-Faisons une attaque ce matin.
Ils le firent et furent blessés par des flèches.

(Bukhari, Sahih, 78/68, 3).
Lorsque l’envoyé d'Allah était à Ta’if, il annonça un jour que nous partirions le lendemain s’il plaisait à Allah. Quelques uns des compagnons de l’envoyé d'Allah dirent alors:
-Nous ne partirons pas avant d’avoir pris cette ville.
-Alors , dit le prophète, allez au combat ce matin.
Ils y allèrent et un terrible combat s’engagea dans lequel il y eut de nombreux blessés.
-Demain, dit de nouveau l’envoyé d'Allah, nous partirons, si Allah le veut.
Comme tout le monde se taisait, l’envoyé d'Allah se mit à rire475 .

(Muslim, Sahih 32-3329).

D'après Abdullah ibn Omar, le prophète avait mis le siège devant Taïf sans obtenir le moindre résultat. Le prophète dit alors :
-"Nous allons, si Allah veut, retourner (à Médine)".
Les fidèles étaient peinés de cette résolution :
-"Comment, s'écrièrent-ils, nous partons sans prendre la ville!".
Le prophète ordonna alors :
-"Attaquons donc la ville demain matin".
L'attaque eut lieu et il y eut de nombreux blessés.
- "Demain, si Allah veut, dit le prophète, nous retournerons (à Médine)". Et comme les fidèles témoignèrent leur contentement, le prophète se mit à rire.

La liste des morts à Ta’if.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 875).

Voici les noms des musulmans martyrs au siège de Ta’if:
Des Quraysh: du clan des Banu Umayya: Sayd ibn Sayd al As ; Urfuta ibn Jannah, un allié des al Asd ; du clan des banu Taym banu Murra: Abdullah ibn Abu Umayya, tué d’une flèche ; du clan des Banu Adiy: Abdullah ibn Amir ibn Rabia, un allié ; du clan des Banu Sham ibn Amir: Al Sayb ibn al Harith, et son frère Abdullah ; du clan des Banu Sad ibn Layth: Julayha ibn Abdullah.
Des ansar: des Banu Salima: Thabit ibn al Jahda ; des Banu Mazin ibn al Najjar: al Harith ibn Sahl ; des Banu Sayda: al Mundhir ibn Abdullah ; des al Aws: Ruqaym ibn Thabit.
Douze compagnons de l’apôtre d'Allah ont été martyrisé à Ta’if.


4. — La soumission négociée des Thaqif.
Le succès militaire des Thaqif ne sert à rien: ils sont totalement isolés dans un Arabie soumise politiquement à Muhammad. Commencent alors de longues et tragiques négociations, où ce peuple tente de sauvegarder l’essentiel, en pure perte.

La conversion des Thaqif.
(Waqidi, Livre des expéditions 64c)

Urwa ibn Masud ... se convertit à l’islam. Quand Urwa arriva à Ta’if, il entra dans sa maison. Quand il refusa le salut des païens et leur demanda de se convertir, ils se mirent en colère et l’accusèrent d’être devenu sabéen, l’insultèrent, et s’éloignèrent pour comploter contre lui. Le matin, Urwa monta sur le toit de sa maison et annonça la prière. A ce moment, un homme des Ashlaf, de la même tribu que lui, tira sur lui. Les siens l’ensevelirent avec ceux qui étaient morts au siège de Ta’if. Muhammad le compara à Sahib Jasin, qui avait aussi été tué alors qu’il appelait son peuple à l’islam.
(...)
Amir lui dit:
-Contre l’islam qui se répand de plus en plus, les Thaqif seraient isolés et désarmés, incapables de faire même un pas en dehors de leurs forteresses. Abdajil lui donna entièrement raison et le conseil de Ta’if était d’accord pour dire qu’il fallait faire la paix avec l’islam pour obtenir la tranquilité.
(...)
Les négociations sur le contrat avaient commencé à propos de la soumission des Thaqif. Ils demandèrent qu’on leur permit de forniquer, de prendre des intérêts et de boire du vin. Muhammad refusa ces demandes à cause de la sourate 17/34, 2/278, 5/92...476
La plus grand difficulté concernait la Rabba477 . Une fois le contrat conclu, leurs envoyés demandèrent à Muhammad de leur laisser encore pour trois ans, pour laisser du temps aux attardés, aux femmes et aux enfants, ou deux ans, en même un an, ou au moins un mois. Mais Muhammad était impitoyable, il les dispensait de l’obligation de détruire la divinité eux-mêmes.

Les demandes des Thaqif478 .
Les Thaqif seront exemptés des offices de prières quotidiennes.
Ils seront également exemptés de payer la taxe479 .
La ville de Ta’if sera reconnue comme ville sainte.
Ils seront exemptés de “servie militaire480 ”.
Le temple de l’idole ne sera pas détruit.
La prostitution ne leur sera pas interdite.
Le prêt d’argent à intérêt ne sera pas non plus interdit.
Il ne leur sera pas défendu de boire de l’alcool.

(Baladuri, Livre des conquêtes X 55).
Ensuite, le prophète partit à Jiranah pour présider au partage des captifs et du butin d’Hunayn.
Les Thaqif, craignant son retour, envoyèrent une ambassade, et ils firent un accord stipulant qu’ils devenaient musulmans, qu’ils gardaient lerus biens sous forme d’argent ou de trésors enfouis. Le prophète leur imposa la condition qu’ils ne pratiquent pas l’usure et qu’ils ne boivent pas de vin481.

(Muslim, Sahih 44/4553).
Abu Mûsa a dit : J'étais auprès du prophète au moment où il était campé à Al-Jirâna entre La Mecque et Médine et Bilâl lui tenait compagnie. Un bédouin vint alors trouver l'envoyé d'Allah et lui dit : "Ne vas-tu pas accomplir la promesse que tu m'as faite, ô Muhammad?".
- "Réjouis-toi de la bonne nouvelle, répondit l'envoyé d'Allah, (tu vas être satisfait)".
- "Voilà bien souvent, reprit le bédouin, que tu m'annonces la bonne nouvelle". Alors s'avançant vers Abu Mûsa et Bilâl, comme s'il était irrité, l'envoyé d'Allah dit :
-"Ah! Il refuse la bonne nouvelle. Eh bien! Acceptez-la tous deux".
Les deux dirent : "Nous acceptons".
L'envoyé d'Allah se fit apporter un vase plein d'eau, y lava ses mains et son visage, puis, ayant craché dedans, il leur dit :
-"Buvez-en et versez-vous-en sur le visage et la poitrine et réjouissez-vous de la bonne nouvelle".
Tous deux prirent le vase et firent ce que l'envoyé d'Allah leur avait dit. Alors Umm Salama leur cria de derrière le rideau :
-"Donnez le reste à votre mère".
Et ils lui en gardèrent un peu.

Le traité de soumission de Ta’if.
(Reconstitution).482
I. Par le nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux.
2. C'est un écrit du prophète Muhammad envoyé d’Allah, pour (la tribu de) Thaqif.
3. Il écrivit : Il leur est du l'assurance de Allah hors Duquel il n'y a point de Allah, et l'assurance du prophète Muhammad, ibn Abdallah, relativement au contenu de ce document.
4. Leur vallée, en sa totalité, est sacrée, et l'interdit y est exercé au nom de Allah sur ses arbres sauvages et son gibier, contre toute oppression, tout vol, et tout méfait.
5. Et ce sont les Thaqif qui, plus que tous autres, ont droit à la possession de (la vallée de) Wajj. Leur ville muraillée ne sera point traversée (par force), et nul musulman n'y pénétrera avec le dessein de les y dominer. Ils apporteront à leur ville muraillée dans leur vallée tout ce qu'ils voudront comme constructions ou autres.
6. On ne devra ni les rassembler ni les assujettir à la dîme, ni leur faire subir aucune contrainte dans leurs biens ou dans leurs personnes.
7. Ils forment une communauté faisant partie des musulmans, et pourront pénétrer où ils voudront parmi les musulmans et entrer là où ils désireront entrer.
8. Et tout captif entre leurs mains leur appartiendra, car ils auront plus que tous autres le droit de le posséder, afin d'en user à leur gré.
9. Toute dette non assurée en leur faveur par un gage et parvenue à échéance rend le débiteur qui ne la paie pas coupable d'une usure que désavouent Allah et son envoyé ; quant aux créances qu'ils possèdent par-delà ,c'est-à-dire échéant à une époque autre que celle de la foire annuelle de Ukaz en vertu d'un gage, elles leur seront remboursées en capital à Ukaz.
10. Toute dette dans le public en faveur des Thaqif, se trouvant inscrite dans leurs registres le jour de leur islamisation, leur sera due.
11. Tout dépôt ou bien ou personne483 , appartenant aux Thaqif, et se trouvant dans le public, que se sera approprié son dépositaire comme butin, ou qu'il aura perdu, sera remboursé.
12. Toute personne parmi les Thaqif, absente lors de la conclusion des présentes, ou tous biens, jouiront de la même protection que ceux qui sont présents ; en outre, tout ce qui leur appartient à Liyah, jouira de la même protection que celle due à Wajj.
13. Tout allié des Thaqif ou commerçant étranger se trouvant chez eux aura le même traitement que les Thaqif.
14. Si un accusateur quelconque accuse les Thaqif, ou si un oppresseur quelconque les opprime, un tel ne sera obéi ni concernant les biens des Thaqif, ni concernant les personnes ; par contre le prophète et les musulmans les aideront contre celui qui les opprimera.
15. Toute personne qu'ils n'aimeront pas voir entrer chez eux, n'entrera pas chez eux.
16. Le marché et la vente auront lieu dans les cours des maisons.
17. Leur chef ne sera choisi que parmi eux : sur les Banu Malik leur chef, et sur les Ahlaf leur chef.
18. De tout vignoble appartenant aux Quraysh, mais qu'arroseront les Thaqif, la moitié du produit ira à celui qui l'aura arrosé.
19. Aucune dette assurée par un gage, en leur créance, ne portera d'intérêt ; si les débiteurs trouvent les moyens de payer (le capital immédiatement), ils le feront ; s'ils ne trouvent pas les moyens de paiement, la dette sera reportée jusqu'au mois de jumada al ula de l'année suivante. Quiconque est parvenu à l'échéance de sa dette et ne la paie pas, commet une usure !
20. De toute créance qu'ils auront dans le public, il ne leur sera du que le capitale.
21. Tout prisonnier qu'ils posséderont, si son maitre le vend, il pourra le faire : et pour celui qui n'aura pas été vendu, la rançon sera de dix chamelles de deux qualités: la moitié en quatrième année, et l'autre moitié en troisième année d'age, bonnes et grasses.
22. Quiconque aura acheté un objet, y aura droit.

§ 613. — L’expédition d’Awtas.

Après ces grosses opérations, il reste aux musulmans à nettoyer les derniers points de résistances politiques et religieuses.

(Baladuri, Livre des conquêtes X 55).
Quand les Hawazin furent battus à la bataille de Hunayn, et Durayd ibn as Simma fut égorgé484, les survivants se réfugièrent à Awtas.

(Bukhari, Sahih 64/55).
Abu Musa a dit: Lorsque le prophète en eut terminé avec l'affaire de Hunayn, il envoya Abu Amir avec des troupes vers Awtas. Abu Amir atteignit Durayd ibn Simma, qui fut tué dans cette rencontre où ses compagnons furent mis en déroute, grâce à Allah.
Abu Musa ajouta:
-Le prophète m'avait envoyé avec Abu Amir.
Un Banu Jusham ayant tiré une flèche atteignit Abu Amir au genou où la flèche resta fixée. Je me portai vers Abu Amir et lui dis:
-Ô mon oncle, qui a tiré sur toi ?
- Voici, me dit-il en me le montrant, celui qui a tiré sur moi pour me tuer.
Je me dirigeai vers cet homme qui, dès qu'il me vit, s'enfuit. Je me mis à sa poursuite en lui criant :
-N'as-tu pas honte de fuir ? Ne vas-tu donc pas t'arrêter ?
L’homme des Banu Jusham s'étant alors arrêté, nous échangeâmes deux coups de sabre et je le tuai. Puis j’allai dire à Abu Amir que j’avais tué son adversaire.
-Enlève-moi la flèche, me dit Abu Amir.
Je la lui enlevai et un liquide coula de la plaie.
-Ô fils de mon frère, me dit Abu Amir, salue le prophète de ma part et demande lui qu'il implore pour moi le pardon de Allah.
Abu Amir me désigna pour le remplacer dans son commandement et, peu de temps après, il mourut. Au retour de cette expédition, j'entrai dans la maison du prophète, qui était couché sur un lit de cordes recouvert d'un tapis ; les cordes du lit avaient marqué leurs empreintes sur son dos et sur son flanc485 . Je lui racontai notre aventure et celle de Abu Amir qui lui demandait d'implorer pour lui le pardon de Allah. Le prophète demanda de l'eau, fit ses ablutions et, levant les mains, il s’écria:
-Ô Allah, pardonne à Obayd Abu Amir!
Et je vis le blanc des aisselles du prophète486.
Le prophète ajouta ensuite ces mots :
-Ô Allah, au jour de la Résurrection, place-le au-dessus d'un grand nombre de tes créatures!
Alors, comme je lui demandais d'implorer pour moi aussi le pardon d’Allah, le prophète reprit:
-Ô Allah, pardonne ses péchés à Abdallah ibn Qays et, au jour de la Résurrection, assure-lui une place honorable!
Abu Burda a dit :
-L'une de ces invocations fut faite pour Abu Amir, l'autre pour Abu Musa.

(Muslim, Sahih 44/4554).
Abu Mûsa a dit : "Lorsque le prophète eut terminé la bataille de Hunayn, il envoya Abu Amir à la tête d'une armée vers 'Awtâs. Abu Amir atteignit Durayd ibn as Simma, Durayd fut tué dans cette rencontre où ses compagnons furent mis en déroute, grâce à Allah". Abu Mûsa ajouta : Le prophète m'avait envoyé avec Abu Amir, un homme des Banû Jucham ayant tiré une flèche atteignit Abu Amir au genou où la flèche resta fixée. J'arrivai auprès de Abu Amir et lui dis : "Ô mon oncle, qui a tiré sur toi?".
- "Voici, me répondit Abu Amir en me montrant Abu Mûsa, celui qui a tiré sur moi pour me tuer".
Abu Mûsa poursuivit : Je me dirigeai vers cet homme qui, dès qu'il me vit, s'enfuit. Je me mis à sa poursuite en lui criant :
-"N'as-tu pas honte de fuir? Tu n'es pas un Arabe? Ne vas-tu donc pas t'arrêter?".
Cet homme s'étant alors arrêté, nous échangeâmes deux coups de sabre et je le tuai. Puis j'allai dire à Abu Amir que Allah avait tué son adversaire.
- "Enlève-moi la flèche", me dit Abu Amir. Je la lui enlevai et le sang coula de la plaie.
- "Ô fils de mon frère, me dit Abu Amir, salue l'envoyé d'Allah de ma part et demande lui qu'il implore pour moi, Abu Amir, le pardon d'Allah".
Abu Amir me désigna pour le remplacer dans son commandement et, peu de temps après, il mourut. Au retour de cette expédition, j'entrai dans la maison du prophète qui était couché sur un lit de cordes recouvert d'un tapis; les cordes du lit avaient marqué leurs empreintes sur le dos et sur le flanc de l'envoyé d'Allah . Je lui racontai notre aventure et celle de Abu Amir qui lui demandait d'implorer pour lui le pardon d'Allah. L'envoyé d'Allah demanda de l'eau, fit ses ablutions et, levant les mains –jusqu'à je pus voir le blanc de ses aisselles-, il s'écria :
-"Ô Seigneur! Pardonne à Ubayd Abu Amir!".
Le prophète ajouta ensuite ces mots : "Seigneur, au Jour de la Résurrection, place-le au-dessus d'un grand nombre de tes créatures- ou des gens!".
Alors, comme je lui demandai d'implorer pour moi aussi le pardon d'Allah, le prophète reprit :
-"Seigneur! Pardonne ses péchés à Abdullah ibn Qays et, au Jour de la Résurrection, assure-lui une entrée honorable!".

§ 614. — La soumission des Banu Usayd.

(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 311)
Au commencement de la neuvième année, des députations d'Arabes vinrent de différents côtés du désert pour embrasser l'islam, entre autres quelques gens des Banu Usayd, qui dirent au prophète:
-Nous venons sans avoir été contraints par les armes ; ne nous impose ni l'obligation de la prière, ni la dîme. Le verset suivant fut révélé à leur intention:
Ils te croient leur obligé, parce qu'ils embrassent l'islam. Dis : Ne me croyez pas votre obligé pour votre conversion ; au contraire, c'est Allah qui mérite votre gratitude, etc. 487

§ 615. — La soumission des Banu Tayyi.

Une grande tribu chrétienne au nord de l'Arabie, qui a même son nom aux Arabes dans de nombreux documents chrétiens.488
(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 311).

Muhammad ibn Jarir rapporte dans cet ouvrage que, après cette expédition, le prophète envoya Ali vers les demeures des Banu Tayyi, au milieu desquels avait résidé Hatim Tayy. Les Banu Tayyi habitaient une contrée située entre deux montagnes. Ils étaient les plus considérés de tous les bédouins, à cause de Hatim, dont la libéralité était célèbre parmi tous les Arabes.
Hatim était mort ; c'était son fils Adi qui exerçait maintenant l'autorité parmi eux. Il était chrétien et, craignant que le prophète n'envoyat une armée contre lui, il fit engraisser ses chameaux et les prépara pour la fuite, se proposant de se rendre, avec sa famille et ses biens, en Syrie et de s'y fixer parmi les chrétiens. Le lieu de sa résidence était entre la Syrie et le Hedjaz. Le prophète fit donc partir Ali à la tête d'un détachement, en lui disant:
-Peut-être pourras-tu amener avec toi le fils de Hatim, qui est un homme distingué ; il est possible qu'Allah lui donne la grâce de l'islam.
Ali se rendit vers les Banu Tayy. A son approche, Adi plaça sa famille et ses biens sur des chameaux et se sauva en Syrie, en abandonnant les gens de sa tribu, et sans emmener sa sœur, qui était une femme âgée, distinguée par son intelligence, sa sagesse et son éloquence, et qui jouissait aussi d'une grande autorité dans sa tribu489. Lorsque Ali arriva, ne trouvant plus Adi, il s'empara de sa sœur490 .
Il y avait dans la tribu un temple renfermant une idole de pierre, que Hatim et les Banu Tayy avaient adorée. Ali détruisit le temple et brisa l'idole. Il trouva dans le temple deux sabres sur lesquels les gens de la tribu lui donnèrent les renseignements suivants: Ce sont deux sabres fameux parmi les Arabes ; l'un est appelé Rusub, et l'autre, Mikhdsam. Ils ont appartenu à Harith ibn Abu Shimr, le Ghassanide, qui en a fait cadeau à Hatim. Celui-ci les a possédés jusqu'à sa mort ; en mourant, il nous a recommandé de les suspendre dans le temple, et, dans le cas où nous serions attaqués inopinément par un ennemi, de nous en servir. Ali prit ces deux sabres, emmena la fille de Hatim et revint auprès du prophète.
Le prophète fit construire pour cette femme une tente de cuir à la porte de la mosquée ; car il ne voulait pas la réduire en esclavage, par considération pour son père, qui était très honoré parmi les Arabes. Elle habita cette tente pendant trois jours. Or, un jour que Muhammad se rendait à la mosquée, elle sortit de la tente, se présenta au prophète et lui dit:
-Apôtre d'Allah, je suis une femme âgée, fille d'un homme illustre ; toi, tu es distingué par ta générosité et ta clémence ; il faut que tu me rendes ma liberté, afin que je puisse rejoindre mon frère.
Le prophète répondit :
-Pourquoi voudrais-tu te rendre auprès de ton frère, qui a fui devant Allah et devant son prophète?
Après avoir prononcé ces paroles, il entra dans la mosquée. Le lendemain, elle lui répéta sa demande, et le prophète lui fit la même réponse. Le troisième jour, lorsqu'elle le sollicita de nouveau, le prophète lui dit:
-Je t'accorde ta demande, mais attends que tu aies trouvé un compagnon de route qui puisse te conduire.
Elle attendit donc en patience. Enfin il arriva à Médine quelques Arabes qui, apprenant que la fille de Hatim était retenue captive, vinrent la trouver. Elle leur demanda de l'emmener avec eux quand ils s'en retourneraient ; puis elle dit au prophète qu'elle avait trouvé des compagnons de route. Le prophète lui permit de partir et lui donna un vêtement, un chameau et des provisions pour le voyage. Elle partit et se rendit en Syrie, auprès de son frère. Elle était plus agée que ce dernier, et, en l'abordant, elle lui fit des reproches de ce qu'il l'avait abandonnée et laissée tomber en captivité, en se sauvant lui-même avec sa famille. Son frère la consola et la pria de lui pardonner. En causant avec elle, il lui demanda:
-Comment as-tu trouvé cet homme, et quel parti me conseilles-tu de prendre?
Elle répondit :
-Je pense que tu dois te rendre auprès de lui ; car, si c'est un prophète, il n'y a pas moyen de lui résister ; si c'est un roi, il vaut mieux pour toi avoir avec lui des relations amicales.
Adi répliqua :
-Tu as raison.
Il monta sur un chameau et vint à Médine. Il trouva le prophète dans la mosquée, entouré de ses compagnons ; il s'arrêta à distance et le salua.
-Qui es- tu? lui demanda le prophète.
- Je suis Adi ibn Hatim, des Banu Tayyi.
Le prophète se leva, ce qu'il ne faisait jamais pour un infidèle, fut-il l'homme le plus important, le prit par la main et le conduisit à sa maison, ne voulant pas le laisser dans la mosquée, parce qu'il était idolâtre491. En se dirigeant vers sa maison, il fut abordé dans la rue par une femme, qui lui adressa une demande. Le prophète s'arrêta et, tout en tenant la main d’Adi, il écouta la requête de la femme. Adi pensa en lui-même:
-Cet homme n'est pas un roi, c'est un prophète ; car, s'il était roi, il ne montrerait pas tant de condescendance.
Le prophète avait un coussin rembourré d'herbe. Arrivé à sa maison, il fit asseoir Adi sur ce coussin et lui-même prit place devant lui, sur la terre. Adi dit en lui- même:
-Ce n'est pas ainsi qu'agirait un roi.
Puis le prophète lui parla ainsi:
-Allah t'a donné tout ce qu'il faut en ce monde, le pouvoir au milieu de ton peuple et un nom célèbre dont tu as hérité de ton père. Que perdrais-tu si Allah te donnait aussi l'autre monde? Tu l'aurais, si tu acceptais la religion dont je te parle.
Adi garda le silence. Le prophète continua :
-Peut-être hésites-tu à l'accepter, parce que ceux qui ont adhéré à cette religion sont peu nombreux et pauvres492 , qu'elle a beaucoup d'ennemis, et que sa puissance n'est pas considérable. Mais, par Allah qui m'a créé, cette religion régnera un jour de l'orient à l'occident ; on viendra du royaume de Kesra493 en pèlerinage à ce temple, et Allah donnera aux sectateurs de cette religion des richesses incalculables. Ensuite le prophète lui présenta la formule de foi, et Adi devint musulman. Après avoir séjourné quelque temps à Médine, il retourna dans sa tribu, qui embrassa également l'islam.
Lorsque le bruit se répandit parmi les bédouins qu’Adi avait été si bien traité par le prophète, et que lui aussi avait embrassé l'islam, ils firent les considérations suivantes:
-Cet homme est devenu puissant. Tous les Quraysh sont musulmans, et tous ceux qu'il attaque sont vaincus ; leurs femmes et leurs enfants sont emmenés en esclavage, et leurs biens sont pillés. Il ne nous reste d'autre moyen de salut que de lui envoyer des députés et d'embrasser sa religion.
En conséquence, toutes les tribus arabes, sans exception, envoyèrent des députations au prophète, embrassèrent l'islam et se soumirent aux obligations de la loi musulmane. Le prophète envoya dans chaque tribu des personnes pour enseigner aux hommes les dogmes et le culte, et pour recevoir la dîme.

§ 616. — La soumission des Banu Hamdan.

(Tabari, Livre des prophètes et des rois III 319).

Dans la même année, le prophète chargea Khalid ibn Walid, de se rendre dans une ville du Yémen, habitée par les Banu Hamdan, pour les convertir à l'islam. Khalid partit. Mais les habitants de cette ville refusèrent de se convertir. Comme le prophète ne lui avait pas ordonné d'employer la force, Khalid, après avoir passé six mois parmi eux sans succès494 , écrivit, dans son embarras, une lettre au prophète. Celui-ci ordonna à Ali de se rendre dans cette ville, d'appeler les habitants à l'islam et de renvoyer Khalid. Les habitants de la ville devinrent croyants au premier appel d’Ali, qui revint auprès du prophète et lui fit part de cette conversion. Le prophète fut très satisfait, et agréa leur profession de foi495.

La mission de Muadh au Yémen.
(ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 957).

L’apôtre d'Allah a envoyé Muadh et il lui a donné des instructions et des ordres, et a dit:
-Traite les correctement et pas durement ; annonce leur de bonnes nouvelles et ne rejette pas les gens. Tu vas vers un peuple avec des Ecritures, qui te demandera la clé du paradis. Dis leur que c’est de témoigner qu’il n’y a de dieu qu’Allah, et qu’il n’a pas d’associé.
Muadh partit et fit comme c’était ordonné.
Une femme est arrivée et lui a demandé:
-Ô compagnon de l’apôtre d'Allah, quels sont les droits d’un homme sur sa femme?
Il dit:
-Honte à toi! une femme ne remplit jamais les obligations qu’elle a envers son époux, alors essaye d’abord de remplir tes obligations!
Elle dit:
-Par Allah, si tu es compagnon de l’apôtre d'Allah, tu dois savoir quels sont les droits de l’époux sur la femme.
Il dit:
- Si tu rentres chez toi, et que tu trouves avec ses narines pleines de pus et de sang, et que tu les suces jusqu’à les faire disparaître, là tu auras vraiment rempli tes obligations!496

(Bukhari, Sahih 64/60, 3).
Sad ibn Abu Borda rapporte que le prophète envoya son grand-père, Abu Musa, avec Moath dans le Yémen.
-Employez la douceur plutôt que la violence, les promesses plutôt que les menaces, et soyez toujours d'accord, leur recommanda le prophète.
-Ô Prophète d’Allah, dit Abu Musa, dans mon pays on use d’une boisson tirée de l'orge, le mizr, et d'une autre boisson tirée du miel, le bit. 497
-Toute boisson enivrante est interdite, répondit le prophète.
Comme les deux chefs retournaient (dans leurs districts), Moath demanda à Abu Musa comment il récitait le Coran.
-Je le récite, répondit Abu Musa, tantôt debout, tantôt assis, tantôt sur ma monture et toujours fragments par fragments498.
- Moi, lui répliqua Moath, je dors, je me lève et me recouche, et j'estime que mon sommeil a la même valeur que ma veille.
Abu Musa avait dressé une tente où chacun des deux chefs venait visiter son collègue. Un jour que Moath était venu faire visite à Abu Musa , il vit un homme enchaîné.
-Qu'est-ce que ceci? demanda-t-il.
-C'est, répondit Abu Musa, un Juif qui a embrassé l'islam et qui ensuite a apostasié.
-Alors, s'écria Moath, je vais lui trancher la tête.

§ 617. — La soumission de Suda.

(ibn Sa’d, Tabaqat I 384-5).
L’apôtre d'Allah envoya Qays ibn Sad vers le Yémen, avec ordre de ravager le territoire de Suda. Celui-ci campa dans les environs de Qanat avec 400 musulmans. Un habitant de Suda vint se renseigner sur leur armée, puis arriva auprès du prophète, à qui il dit:
-Je viens en représentant de ceux que j’ai laissé derrière moi, pour te dire de retirer ton armée, car je garantis que nous nous soumettons à toi.

§ 618-Soumission des Banu al Harith de Najran.

(ibn Sa’d, Tabaqat I 399).
L’apôtre d'Allah envoya Khalid ibn al Walid avec 400 musulmans contre les Banu al Harith à Najran (...). Il leur demanda de se soumettre à l’islam trois fois avant de combattre. Il fit ainsi et un des membres des Banu Harith ibn Kab répondit. Ils acceptaient de se soumettre. Il resta chez eux pour leur enseigner l’islam, ses règlements, le livre d’Allah et la tradition du prophète.

 

306 Tableau général du mouvement dans Gaudefroy-Demonbynes 1957, p. 207-217

307 Cf. partie XIII.

308 Pour recevoir librement des visites.

309 Hadith particulièrement répandu, sous des variantes multiples.

310 "Le Mecquois": un historiographe local.

311 Cf. le principe selon lequel l’intention vaut l’action. Un des hadiths les plus repris.

312 Sa mise en nourrice est le seul vrai point de contact affectif avec ce monde ; cf. partie VII.

313 Cf. partie II.

314 Ils correspondent en tous points à la définition des Hypocrites.

315 Offrande à la divinité.

316 La hiérarchie subsiste entre les deux groupes.

317 C. Gilliot, “Imaginaire social et Magazi: le ‘succès décisif” de la Mecque”, Journal Asiatique 274, 1987.

318 Attention à cette notion, toujours mal traduite, et impossible à traduire ; cf. partie X.

319 ici, on note une inflation dans la haîne: les adversaires seront trois fois punis, au lieu d’une fois.

320 Une amende, ou une taxe, pour les punir de leur comportement, ou simplement de leur attitude.

321 C’est-à-dire “combattez!”.

322 La formule est coranique.

323 A propos de la tribu de Garm. Ed. Wellhausen (Skizzen).

324 www.al-idlam.com (Le Royaume d’Arabie Saoudite . Ministère des Affaires Islamiques, des Waqfs, de l’Appel et de l’Orientation).

325 C’est encore une rupture dans le comportement traditionnel bédouin, où le chef est d’ordinaire totalement responsable des faits commis par ses subordonnés ; cf. Chabbi 1997, p. 606 ; Gaudefroy-Demonbynes 1957, p. 190.

326 Le dieu de Muhammad réside encore dans le bâtiment, ou est le bâtiment lui-même. Les réflexes font très vite revenir le chef vers les habitudes antiques.

327 Corpus coranique 9/14 ; on voit que les versets ont des applications immédiates, et qu’ils peuvent être très vite pris au pied de la lettre. La réaction de Khalid, exécuteur patenté, est en fait celle d’un théologien. Il interprête le texte, et inaugure d'une certaine façon la théologie musulmane (par la justification d’un massacre).

328 Voilà une belle absolution. Muhammad ne veut pas perdre ou démotiver ses meilleurs éléments. Depuis que Khalid et son sabre sont à son service, l'islam a fait de grands progrès en Arabie.

329 Cf. partie II.

330 Nouvel indice de dissension entre les troupes musulmanes, toujours prêtes à se déchirer, tandis que seul le butin peut les apaiser. Leur allure est alors celle d’une meute.

331 ASLAMA: soumission.

332 "Nous sommes sabéens".

333 Sur la suite de sa carrière, et sa mise à pied, K. Athamwa, “The appointment and dismissal of Khalid b. al Walid from the supreme command”, Arabica 41, 1994.

334 Récit d'AbuSalam.

335 Récit de Imran ibn Husayn.

336 Récit d’Usama ibn Zayd ibn Haritha.

337 Récit d’Usama ibn Zayd.

338 Ce type d’attaque matinale prend exemple sur la prise de Khaybar ; l’attaque surprise n’est pas précédée par l’appel à la conversion (DAWA).

339 "Sacré" : se dit d'une catégorie spéciale de hadiths, sensés provenir directement de la divinité.

340 Trad. A.L. de Prémare 2002.

341 Trad. A.L. de Prémare 2002.

342 Récit du père de Salim.

343 “Nous sommes sabéens!” ; le mot a ultérieurement le sens d’apostats.

344 Muhammad ne se considère pas comme coupable de cet acte.

345 AMANNA.

346 ASLAMNA.

347 IMAN.

348 ASLAMA.

349 Watt 1960, p. 91 ; H. Lammens, Encyclopédie de l'Islam2 III p. 598.

350 TALIF AL QULUB.

351 Jugement excessif: les deux batailles sont d’importante très différente.

352 Cf. Gaudefroy-Demonbynes 1957, p. 591-3.

353 Le butin est alors la principale motivation, ce que le livre déclare ouvertement.

354 Il semble que cette formule fait justement référence aux Hawazin, réputés pour leurs capacités militaires.

355 Le choix habituel. Les Hawazin sont encore païens.

356 Il se peut que ce passage fasse référence au comportement des troupes pendant la bataille peu de temps après.

357 Version arabe - Ed. State of New York University.

358 Les habitants de Ta’if, alliés aux Hawazin, sont attaqués juste après.

359 Cf. partie VI.

360 Faible physiquement. A son âge, on peut comprendre cet état.

361 Cf. partie VII.

362 Lit de rivière sèche.

363 En fait, ce sont des nomades, ce que les Arabes sédentaires, et Tabari, ne comprend pas.

364 Malik avait suivi une ancienne tradition, qui veut que les bédouins aient davantage de courage en combattant devant les leurs.

365 Une petite insulte entre bédouins. Le vieux a l’autorité pour lui.

366 Corpus coranique 3/122.

367 C’est un converti très récent.

368 Corpus coranique 9/25-6.

369 Ils sont une élite, la troupe la plus agressive, et ont le plus de cavaliers dans leurs rangs.

370 S. Bashear, "Riding Beasts on Divine Missions: an Examination of the Ass and Camel Traditions," Journal of Semitic Studies, 36 (1991).

371 C'est une position qui relie à Muhammad les deux ancêtres des dynasties abbassides et ommeyades. Le lien est la mule blanche, et le premier est présenté plus avantageusement que le second.

372 L’effectif est sûrement gonflé ; plus l’ennemi est nombreux, plus la victoire est glorieuse.

373 La liste n'est pas innocente: elle recense des personnalités impliquées dans les luttes de pouvoir qui suivront la mort du chef.

374 Les anciennes accusations mecquoises, vieilles de dix ans, n’ont pas changé.

375 Guerres saintes, ou expéditions, conviendrait mieux.

376 C’est ce que dit la biographie officielle, la Sira. Abu Sufyan étant à l’origine de la dynastie ommeyade, de tels propos auraient nui à sa réputation.

377 Les antagonismes ancestraux surgissent à nouveau, entre citadins et nomades.

378 La pratique est pourtant interdite par Muhammad ; ces flèches spéciales n’ont pas de pointes.

379 Cf. partie VII.

380 Son nom complet.

381 Ce type de poésie animalière rappelle un thème fréquent de la poésie anté-islamique ; cf. partie II.

382 Quand le camp de l’ennemi est pris et ses femmes agressées.

383 Corpus coranique 9/25.

384 Abbas lui même n’est pas de ce groupe ; sa conversion est très fraîche.

385 Cf. partie XIV.

386 D’ordinaire, c’est le sabre d’Ali, de forme très particulière ; cf. partie XV.

387 Ce n'est pas exact: il combat aussi à Ohod dans des conditions proches de celles-ci.

388 Il préfère utiliser son papponyme, plus prestigieux.

389 L’argument, typique de l’ancienne tradition, n’est plus efficace, le meurtrier étant emporté par le zèle de la religion.

390 Les offrandes de têtes tranchées à Muhammad sont relativement fréquentes, notamment dans le cas des assassinats ciblées. Le sujet a peu intéressé jusqu'à maintenant.

391 C’est la deuxième fois qu’une bataille est mentionnée par Muhammad dans le Coran, après Badr.

392 Allusion à la première phase de la bataille, où une partie des musulmans récemment convertis s’enfuit.

393 ANZALA.

394 SAKINA.

395 JUNUD.

396 LAM TARAWHUM. Des anges auraient donc participé à la bataille, comme à Badr; cf. partie 5 sur les anges.

397 ADHDHABA AL LAHDIN KAFARU. Comme toujours, l’infortune est expliquée théologiquement par les imperfections humaines, comme une punition. Ici sont mentionnés des détails tactiques du champ de bataille ; Gaudefroy-Demonbynes 1957, p. 194-5.

398 Récit d’Abu Hurayra.

399 Récit de Abdurrahman ibn al Azhar.

400 Récit d’Abbas.

401 Sur ces pratiques magiques, cf. partie II.

402 Récit de Salama.

403 Sans doute les victimes principales, celles dont les descendants pourront se prévaloir.

404 Récit de Sahl al Hanzaliyyah.

405 GHULF.

406 La doctrine musulmane permet de dénuder l’enemi mot pour le dépouiller complètement. Le récit sert de jurisprudence, dans les cas où l'on hésite à qualifier ou non une personne de musulman, notamment sur le champ de bataille.

407 La tribu principale de la région de Ta'if, près de la Mecque.

408 Récit d’ Abu Qatada.

409 Récit d’Abu Qatada.

410 Pour ne pas commettre la même erreur qu’Ohod.

411 Cf. partie VII.

412 Le nombre de gardes indique la taille du butin.

413 Le futur calife.

414 Il est remarquable que Muhammad soit contraint de corrompre avec des biens matériels ces gens, pour les attirer vers l’islam. La ferveur spirituelle ne semble pas efficace.

415 Muhammad s’entoure de poètes à sa solde, qui doivent le louer et vilipender ses adversaires.

416 C’est-à-dire: “empêche-le de se plaindre”, en lui donnant ce qu’il veut. Muhammad a un sens aiguisé des métaphores tranchantes.

417 On peut penser qu'il s'agit des Kharidjites, secte hérétique particulièrement violente et incontrôlable.

418 (Jurjani, Livre des Définitions 221). al imam. "L’imam, le chef préposé. C’est un personnage qui détient l’autorité ultime dans les domaines religieux et temporel , I. Yusuf , Encyclopaedia of the Qur'an, sv. imam.

419 C’est lui mènera la tentative de coup-d’Etat des Médinois après la mort de Muhammad. Il est déjà le représentant des ansar, ce que l’autre récit omet de mentionnner. Il est à leur tête depuis la mort d’ibn Ubayy ; cf. partie XI.

420 Simplement en les frustrant du butin: l’affectif se mêle au rentable.

421 Les reproches sonnent étrangement, du son étrange de la vérité: on pouvait croire les ansar heureux de mourir pour Allah et pour le prophète. Or, ils ont l’air d’y tenir à leur vie plus que supposé, et acceptaient le sacrifice pour des raisons plus prosaïques que prévu. De plus, c’est pour le “prophète” et non pour la divinité qu’ils ont le sentiment d’avoir combattu, comme si toutes les exhortations coraniques n’avaient pas du tout été entendues.

422 L’attachement à l’islam n’est une chose si solide. Elle se renforce naturellement par l’octroi de biens matériels. Que serait devenu l’islam du XXème siècle sans les ressources pétrolières?

423 Des discours aussi longs de Muhammad sont très rarement retranscrits par la tradition ; d’ordinaire son autorité prophétique et ce qui il présente au public comme une révélation divine suffisent à convaincre ; celui-ci revêt donc une importance toute particulière. Il se distingue aussi par un effort de qualité dans la rhétorique. Pour l’auteur véritable du texte -Tabari- c’est toujours une affaire délicate que de reconstituer la parole prophétique, en concurrence avec le message coranique.

424 Muhammad fait une distinction claire entre les deux. La Mecque est au final une ville sujette, malgré son prestige.

425 L’Hégire.

426 “C’est bien” ; cf. AMEN en araméen.

427 www.al-idlam.com (Le Royaume d’Arabie Saoudite . Ministère des Affaires Islamiques, des Waqfs, de l’Appel et de l’Orientation).

428 La prise de la Mecque aurait-elle été plus sanglante que décrit auparavant?

429 Eponyme de la dynastie ommeyade; M. A. J. Beg, "Mu`âwiya: a Critical Survey,"Islamic Culture 51, 1977; E. L. Petersen, "'Ali and Mu'âwiyah:The Rise of the Umayyad Caliphate," Acta Orientalia 23, 1959; Gerald R. Hawting, The First Dynasty of Islam. The Umayyad Caliphate AD 661-750, Carbondale, 1987.

430 Le chef des Hawazin est gracié, puis stipendié, alors que le vieux Durayd a été exécuté.

431 L’homme persiste à réclamer la propriété des biens, et veut se faire rembourser.

432 Chaî ne de transmission.

433 L’expression très crue vise Abu Sufyan et son fils.

434 Récit de Ruwayfi ibn Thabit al Ansari.

435 C’est-à-dire d’avoir une relation sexuelle avec une femme enceinte.

436 Il faut attendre un peu pour assouvir ses pulsions.

437 Récit de AbuSayd al Khudri.

438 Corpus coranique 4/24 ; la formule désignerait celles qui sont asservies: on a donc le droit de les violer, en toute circonstance.

439 Muhammad veille à la sexualité de ses troupes en tout point. Il avait dit le contraire au cours du raid des Banu Mustaliq ; cf. partie XIII.

440 C’est une des applications de la notion mystérieuse de la FITRA, “nature”: elle pemet de convertir instantanément les enfants capturés ; sur la notion, Cf. G. Bobillot, La conception originelle (fitra), ses interprétations et fonctions chez les penseurs musulmans, Le Caire, (IFAO) 2002.

441 Des Turcs établis en Russie méridionale, souvent convertis au judaïsme. L'allusion est clairement anachronique.

442 Rappel des anciennes prétentions des rois lakhmides ;cf. partie VI.

443 Dans ce cas-ci, Muhammad ne se sent pas assez d’autorité pour exiger la restitution des biens partagés: là encore, l’économie de prédation prime sur la doctrine islamique.

444 Une démonstration d’irrespect envers le chef suprême, sceau des prophètes etc.... Mais il n’est à ce moment qu’un chef de bande, en difficulté face à ses troupes qui se mutinent. Sous la pression, il cède aussi sa part personnel. Les grands hommes ont leurs petits moments.

445 Région côtière de l'Arabie occidentale.

446 Récit de Marwan ibn al Hakam.

447 NAQIB.

448 Récit de Marwan ibn al Hakam et al Miswar ibn Makhrama.

449 Il s’agit des biens non-distribués dans le butin.

450 ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah (ed. Guillaume p.XLVI).

451 Le modèle social imposé par Muhammad n’est guère attirant pour les femmes nomades.

452 Une retraite pieuse.

453 Le choix proposé est particulièrement pervers: les vaincus choisissent bien entendu leurs familles, mais la perte de leur troupeaux met en danger l’ensemble de leur communauté.

454 Publiée à Paris en 1697.

455 Cf. partie VI.

456 Long commentaire sur les machines de guerres par M. Hamidullah 1953, p. 37-8 et Gaudefroy-Demonbynes 1957, p. 197, sur les différentes variations de versions sur les origines des armes.

457 Gérasa, à la frontière byzantine.

458 Il avait déjà utilisé le vandalisme contre les juifs des Banu Nadir.

459 Ta’if est connue pour son vignoble.

460 Sira, ed. Guillaume.

461 MANJANIQ, du grec manganikon.

462 Gérasa.

463 AL ARRADAT.

464 AL MANJANIQ.

465 AL DABBABAT.

466 Les connaissances en balistique contre l'acquisition de l'islam : le marché est fort équitable.

467 Une technique divinatoire.

468 Pourtant,il avait été largement gratifié par Muhammad: cela n’a pas suffi à l’attacher solidement à l’islam.

469 DABBAD en arabe: une machine de siège faite de bois et de peau, pour approcher la muraille, d’où l’assimilation à la “tortue”..

470 Elles s’enflamment moins facilement que le bois.

471 Dans la tradition populaire, le borgne a toujours mauvaise réputation ; cf. le DAJJAL.

472 JIZYA ; D.C. Dennett, Conversion and the poll-tax in early islam, Cambridge, Mass. 1950 ; P. Hardy, Encyclopédie de l'Islam2 II, p. 573-81.

473 Récit d’ ibn Amir.

474 Il aime avoir raison ; même au détriment de ses troupes.

475 Ta’if faisait office de villégiature pour les riches Mecquois: le climat y était meilleur.

476 La Maitresse ; le nom “seigneur” au féminin ; cf. le Rabb de la Ka’ba (partie IV).

477 Reconstitution de Hamidullah 1979, p. 461.

478 ZAKAT.

479 JIHAD.

480 Ta’if était réputé pour son vignoble.

481 Reconstitution de Hamidullah, Documents n° 181.

482 Esclave.

483 Décapité, selon une autre source. Cela revient au même.

484 Encore cette fascination étrange pour le corps prophétique...

485 La remarque est assez habituelle: le spectacle de l'intimité prophétique semble provoquer une émotion suprême, proche de la fièvre érotique ; sur les tensions homosexuelles dues à l'admiration du personnage de Muhammad, cf. partie IX.

486 Corpus coranique 49/17.

487 TAYAYE, TAYEYE.

488 C’est une façon déguisée de dire qu’elle était devenue chef(fe) dans la tribu, choses incompréhensible pour les musulmans.

489 Le fait semble banal, à ce moment de l'aventure mahométane.

490 Il est “souillé” d’idolâtrie, selon l’expression consacrée.

491 Avec le résultat des pillages, ils ne sont pas pauvres: mais il y a toujours un problème de rapport fragile entre les ressources volées et les nouveaux convertis, qui doivent aussi être satisfaits.

492 La Perse.

493 Khalid est un violent, à la frontière de la psychopathie ; le contre-emploi ne lui réussit pas.

494 Il existe une concurrence certaine entre les jeunes compagnons de Muhammad qui les conduit à une certaine surenchère dans le zèle pour le combat et le prosélytisme.

495 Les inscriptions du Yémen indiquent que le statut de la femme y est relativement correct ; cf. partie I ; ici, l’anecdote est particulièrement répugnante, pour illustrer la soumission nouvelle de la femme.

496 Sortes de bière et d'hydromel?

497 Il n‘a guère le choix: le Coran n’est pas réuni à cette époque, ni même rédigé ; c’est un anachronisme patent de l’auteur.

498 AM AL WUFUD, de avril 630 à avril 631.